Mise en garde. Le texte qui accompagne les illustrations est peut-être sujet à critiques.
Il s'agit d'un récit autobiographique et le lecteur ne doit pas s'offusquer de l'orthographe, la grammaire et la syntaxe qui n'est pas toujours très correcte.
L'auteur s'excuse sincèrement auprès de celui qui aurait des reproches à lui attribuer.
Pour visualisé les itinéraires, recopier l'adresse GPX et chargez-là dans l'application gratuite à cette adresse : http://www.visugpx.com/
Quelques jours auparavant dans ma paroisse, j’ai rencontré monsieur le curé pour lui expliquer le but que je m’étais fixé. Ce fut une conversation agréable. Elle prendra fin par l’apposition de mon premier cachet sur ma crédential. Ce papier est mon laissez-passer qui m’ouvrira les portes des multiples refuges sur les chemins menant à Saint Jacques de Compostelle.
Voilà, j’attends ce moment depuis plusieurs mois. Ce n’est pas sans craintes et appréhensions mais que tout est décidé, il faut partir. Ce moment en vaut bien un autre. Reste que ce n’est pas vraiment une étape authentique du périple, puisque je reviendrai coucher à Lahage. Ma femme me rejoindra au terminus de cette étape pour faciliter le logement de ce jour.
Je ne pouvais pas réaliser ce périple sans passer par le monastère d’Orval et ensuite accéder en France en évitant la Basilique d’Avioth.
Lorsque je suis parti ce matin, il faisait gris et légèrement pluvieux. Je porte pour la première fois mon sac à dos ; j’ai emporté un minimum, dix kilos. Je vais devoir porter au moins ce poids, pendant pas mal de jours.
Coté entrainement, ma résistance physique est satisfaisante. Cela fait plusieurs mois que je m’entraine et n’ai pas rencontré de difficultés majeures. Je passe devant chez Chrystelle, il est 8h03 lorsque je monte la route vers le « gros cron ». Mon passage est complètement inaperçu car tout le monde semble encore endormi. Je me retrouve bien vite dans la forêt. J’ai choisi cet itinéraire en prenant les sentiers (et un peu de hors-piste) dans les bois car ce chemin est exceptionnel. Sous le pont d’Avioth, j’ai déjà trop chaud et j’enlève une épaisseur. Je connais bien le chemin, lors de mon entrainement, je prenais souvent ce chemin en partie. Je suis chez moi, je connais bien ces forets pour m’y avoir baladé régulièrement. Les sentiers sont courants et il faut un bon sens de l’orientation pour ne pas se perdre dans ce dédale de pistes qui se terminent en cul de sac. On déambule ainsi parmi les charmes, les chênes et principalement des hêtres dans nos forêts de Gaume. On croise aussi de temps en temps quelques épicéas. Je m’engage dans une allée empierrée. Le mouvement impétueux des eaux a creusé le lit d’un ruisseau et sculpté la vallée. Je flâne ainsi admirant le paysage cela me conduit sans que je me rende vraiment compte au bord des lacs qui inondent le bassin de « La Soye ». Je traverse la route puis poursuit mon chemin le long de celle-ci. Après le château de la Soye, je rentre à nouveau dans la forêt. Il est dix heures, lorsque j’aborde l’abri forestier situé à un carrefour. A cet endroit il ne me faut pas me tromper, je dois poursuivre à gauche. Le chemin monte et se termine en cul de sac. Au bout de ce traçage, je dois me diriger « Nord-Est à 10h » pendant environ 500m à travers les taillis. Je remarque que lors de ma prospection c’était très facile à se repérer, mais c’était encore l’hiver. A présent en ce début de saison des repousses, la végétation s’est relativement développée.
Le début de piste, en pente très raide, est facile car une grande allée a été éclaircie et c’est très bien dégagé. Peu de temps après, je rejoins un autre chemin. Celui-ci mène sur la route d’Orval à Virton. Il débouche à proximité de Limes. Je ne peux l’emprunter longtemps, cela me mènerait trop loin. Après un kilomètre, je me dirige à nouveau « Nord-Est à 10h ». Derechef, je franchi une zone non balisée et rapidement, j’aboutis sur la route qui conduit à la brasserie d’Orval. Route que je longerai jusqu’à l’abbaye. Je rentre par la porte cochère. Je pénètre dans le monastère. Il me faut trouver le responsable qui m’estampillera ma crédential. Cela ne prend guère de temps, il y a peu de monde en ce moment. Il est onze heures et je poursuis mon chemin. Un peu de grand-route puis je rentre à nouveau dans les bois. La forêt est vite remplacée par des prairies. L’on peut voir le vallon, il s’étend à perte de vue juste découpé dans le lointain par un village. Le temps s’est éclairci légèrement, les nuages sont chassés par un vent puissant. Je descends sur Margny, c’est mon premier village de France situé en région Ardennes. Après, je suis sur la route qui rejoint Herbeuval. D’après mon GPS je peux gagner un kilomètre et demi en longeant la rivière et rejoindre directement la route qui conduit à Breux. C’est un peu du tout terrain, je travers un coin champêtre avec des vaches qui paissent. Elles se demandent sans doute quel est cet individu à l’allure peu courante, qui traverse leur champ. Près d’un étang, je quitte la pâture et rapidement je retrouve la route. C’est très calme, sur les bas-côtés des tas de bois de chauffage attendent que l’on veuille bien les ramasser. Il est midi passé, alors un casse-croute serait le bienvenu. Je m’installe à l’abri du vent, mais le soleil est très égoïste. Après une pause d’une demi-heure, je n’ai vraiment pas trop chaud. Je reprends mon sac à dos. La route présente un raidillon assez sérieux, je le sais pour l’avoir déjà parcouru. Sur un kilomètre, il produit un déniveler de septante mètres. A Breux, je me dirige vers Avioth. J’aimerais avoir un cachet également en ses lieux mais le village est désert :
« Où vais-je trouver quelqu’un ? »
La basilique est ouverte, mais il n’y a pas une âme qui vive. Il y fait un froid de canard dans cet édifice, on entend le vent se déchainer dans les hauteurs des travées. Je ressors et me dirige vers la mairie. Un panneau m’indique que l’heure d’ouvertures ne correspondent aucunement à celle du moment présent. Je pousse quand même la porte. Etonnement de ma part contre toute espérance, c’est ouvert. Je pénètre dans le bâtiment, naturellement personne.
« Il y a quelqu’un ? » dis-je a tout hasard.
Aucunes réponses, donc je m’apprête à repartir, assez dépité, j’en conviens. Puis venant de l’étage, une personne très courtoise se présente et me demande :
« Oui, c’est pourquoi ? ».
Je lui explique donc mon souhait. Elle me dit que je ne suis pas un cas unique, des hollandais (ou des allemands, je ne sais plus) sont passés la semaine dernière. Ils voyageaient aussi comme pèlerin. Quelques mots, et le troisième cachet sur ma crédential apparait. Je laisse la dame à ses occupations, et je me dirige vers Thonne-la-Long.
J’ai un ami qui y habite à qui je compte rendre visite. Vous le connaissez sans doute, il s’agit de Jean-Claude Delhez originaire d’Etalle, il est écrivain. Mais voilà, j’ai oublié de le prévenir que passerais ce jour. Donc pour plus de sécurité, je préviens mon épouse que j’ai fini mon périple d’aujourd’hui. Elle viendra me chercher dès que possible. Je rentre dans Thonne-la-Long quand la voiture se profile.
Nous avons bien tenté de repasser chez mon ami. Mais voilà, comme je le pressentais il est absent de son domicile.
Le contre-rendu de la journée est positif. Dans ces conditions, je peux continuer.
06 mai 2015
Journée tampon avant le grand départ. Derniers préparatifs. Avec la tente, le gros sac de couchage, le petit réchaud à gaz, casseroles minimum je monte à 14km c’est trop lourd. Je fais une petite charrette à une roue genre « cadi » avec des matériaux ultra légers, récupérés d’une tonnelle de jardin qui a morflée pendant un coup de vent.
07 mai 2015
Montmédy – Dun-sur-Meuse (Meuse) 29 km – 269 m 01Montm-Dun.GPX
Le sac à dos me semble plus lourd qu’avant-hier. La charrette n’est pas géniale. Je suis obligé de la pousser devant moi, elle est toujours en déséquilibre. Par contre le temps est remarquable. Pas un nuage dans le ciel. Certes, il ne fait pas très chaud mais la saison commence seulement.
Ce sont des lieux que je connais, j’y passe de temps en temps à vélo, lorsque je programme un long parcours.
Je passe quelques villages, ce sont des agglomérations très petites. Quelques maisons se regroupent autour de l’église. Ensuite, c’est les champs, quelques cultures de maïs et de colza. Quelques collines boisées se profilent dans le lointain. Et je me traine dans ce paysage.
Je suis à peine partit que je plane déjà dans mes pensées. Ça commence assez bizarrement. Je ne suis pas convaincu du choix que je viens de prendre. Pourtant, j’ai attendu ce moment depuis des mois. J’abandonne à peu près tout et tous mes proches. Je me lance vraiment seul dans une aventure rocambolesque. Est-ce bien raisonnable ? Ah, bien sûr, je ne l’ai jamais montré dans ma société de tous les jours, j’ai bien trop de fierté pour cela. J’ai une appréhension inhabituelle surtout je crois de ne pas réussir. Je ne peux abandonner, pas si vite. C’est sans doute, un instant d’incertitude.
La charrette a encore fait un écart et je suis obligé de la rediriger. Cela me fait revenir à la réalité. Je traverse un petit village. Peu après, une opportunité va tout changer au déroulement des opérations futures.
Je passe devant un tas de rebuts un peu à l’écart de toutes choses. Je découvre une étendue d’objets hétéroclites à l’usage désuet. Ils sont exposés aux intempéries pourrissant là depuis sans doute une éternité. C’est un endroit isolé et assez discret. Il en existe quelques fois au détour d’un chemin ou à l’orée d’un bois, c’est encore un héritage de notre civilisation actuelle.
Toutefois, mon regard est attiré par quelque chose de spécial. Je me dirige vers l’endroit et :
« … Mais oui bon sang, c’est une poussette de bébé ! »
Il y a quelque chose de brisé, de désarticulé dans cet ensemble que je viens de m’approprier. C’est recouvert de boue, c’est assez saugrenu. Mais les quatre roues sont intactes et ma fois je crois bien que je viens de trouver mon auxiliaire de voyage.
Je suis encore un peu perplexe. Je dépose mon surplus de bagage sur cet élément providentiel et je continue mon chemin. J’ai toujours mon sac sur le dos. Ce qui peut paraitre insolite puisqu’il me serait tout de même plus facile de placer l’ensemble de ma charge sur la « charrette ». Cela ne me vient même pas à l’esprit. Je ferai encore au moins un kilomètre avant de me rendre contre de cette absurdité. Lorsque j’en prends conscience, je m’arrête donc et regarde si je peux agencer quelque chose pour disposer l’ensemble de mes bagages de façon la plus adéquate.
« Super, tout est en place. En réalité, ce n’est pas si con que ça comme idée »
Et quoi qu’il en soit, cet engin roule impeccablement.
Et c’est ainsi que je traverse Dun-sur-Meuse. Je me rends illico au camping. Ce sera mon premier jour en autonomie totale.
Il est environ 14h00. Je rentre dans le camping situé le long de la rivière, à la sortie de Dun sur la commune de Doulcon.
Je m’entretiens brièvement avec les personnes de la réception. L’homme très affable de conseils m’indique le chemin le plus commode pour poursuivre ma marche. Je ne suis pas vraiment disposé pour suivre ses conseils. J’ai un itinéraire bien établis avec mon GPS, et je me fie à 100% à ma préparation initiale. J’aurais peut-être dû l’écouter.
Je m’installe donc. A cette époque de l’année, il a peu de campeurs. Ce sont une majorité de hollandais.
Cela a beau être le premier jour, je dois aller faire les courses chaque jour. Chaque fois que cela se révèle possible, faute de devoir porter une charge supplémentaire. Même si j’avoue avec l’attelage que je possède cela va être rondement plus commode. Il y a une petite épicerie à quelques encablures du camp. Elle est très bien achalandée. Demain c’est jour férié en France, et ce sera impossible de me réapprovisionner.
Maintenant, je vis également un autre problème. Il me faut recharger toutes mes batteries des appareils que je possède, GPS et portable. Les accus du GPS prennent relativement plus de temps à se saturer d’énergie. Mais c’est mon outil indispensable. Je suis parti sans aucunes cartes routières ou autres cartes IGN détaillées. Ce qui fait que, je sais déjà qu’à chaque camping, je devrai faire le planton aux prises de courant des sanitaires. Parfois, je pourrai également le laisser à la réception. La plupart de temps, ils ne sont pas contraires. Je n’ai jamais dû payer un centime pour obtenir l’électricité dans tous les hébergements visités.
Comme il n’est pas tard, et comme je ne suis pas trop épuisé, je vais faire le tour de la ville. Je reste un long moment au bord du canal. Une péniche aborde les berges, c’est la fin de la journée et de la semaine aussi d’ailleurs. Elle s’amarre de l’autre côté du pont et le personnel de bord l’abandonne pour quelques jours sans doute.
le 8 mai 2015
Dun-sur-Meuse – Châtel-Chéhéry (Ardennes) 36 km – 450 m 02DunChatel.GPX
Lorsque je me lève le matin, il fait plutôt frisquet. Il y a une humidité incroyable de plus, la pelouse a été tondue les jours précédents sans que l’herbe soit ramassée. Ce qui fait que si l’on y prend garde on en traine partout. De toute façon, je n’ai pas très bien dormi. Cela fait pas mal de temps que je n’ai pas dormis sur un matelas d’un centimètre d’épaisseur. C'est-à-dire autant se couché à même le sol. Je me suis retourné une quantité de fois, sans savoir comment me poser. Si je me mets sur le côté, j’ai ma main et mon bras que s’endort. Le mieux, c’est encore de rester à plat sur le dos et si ça semble dur, attendre que cela se passe. Cependant, je dois avoir tout de même bien récupérer car après la douche du matin, chance l’eau est bien chaude, je me sens d’attaque pour gravir une montagne. De toute façon, ça ne sera pas le cas aujourd’hui.
Avec mon chargement sur ma charrette improvisée, je m’aperçois bien vite que la situation deviendra rapidement pénible, si je roule autre part que sur des petites routes. Pour l’instant mon itinéraire ne prévoit que des routes. On éclaircira la situation plus tard pour les destinations ultérieures.
Je quitte rapidement l’agglomération. Je me dirige vers Cléry-le-petit sur la D164 :
« Joli nom n’est-ce pas ?»
J’ai agencé ma charrette de façon à mettre sécher mon linge. Exposé au soleil cela devrait être vite sec. C’est une région légèrement vallonnée avec quelques forêts à l’horizon. Dans les prairies paissent des vaches. Peu d’activités, aujourd’hui c’est comme si c’était dimanche. Je passe devant un monument. C’est un hommage aux morts de la 5eme division américaine pendant la guerre 14/18. Ce type d’édifice est abondant dans cette région, les hostilités de l’époque avaient été farouchement meurtrières.
Toutefois maintenant la campagne est très calme. Mon parcours me conduits aux abords des champs de colza en pleine floraison. Cette infinité d’un jaune éclatant qui oscille sous la brise angélique véhicule une douce paix printanière. D’emblée, il n’y pas âme qui vive. Je voyage dans un désert de verdure sans présence humaine. Tout a l’air abandonné, sauvage, dépouillé de toute vie. En réalité, sur toute la journée, je ne croiserai qu’une personne. Celle-ci était en train de couper quelques fleurs dans son jardin. Je lui glisse quelques paroles banales. Cela me distrait quatre minutes, puis je reprends ma marche. Il est bientôt midi, je décide de prendre ma pause « déjeuné ». Comme le temps est toujours serein, j’en profite pour remonter sommairement ma tente afin de la faire sécher de la rosée du matin.
Après la pause, Nantillois se profile. C’est une petite bourgade Lorraine surtout occupée par une majorité de fermes. Suivra Cierges-sous-Montfaucon, Gesnes-en-Argonne puis Exermont. Il fait très chaud et lourd par moment. Le ciel progressivement se couvre. Au loin, j’entends raisonner le tonnerre.
« Vais-je subir un orage ?
J’entendrai des vrombissements presque toute la journée et ce n’est que vers 14h00 que j’aurai une petite averse. Elle sera très brèves.
Vers 15h00, j’arrive au camping. C’est un terrain surtout réservé aux campeurs. Ils viennent pour passer un weekend tranquille. Je m’installe puis je visite les abords et remarque une piscine. Je décide donc d’en profiter. La température de l’eau est fraiche, seulement 17°, mais cela me réconforte. Je savoure ce moment de détente. Naturellement, je suis le seul à me baigner. Des gosses ont essayés de me rejoindre et se sont très vite découragés.
En soirée, je fais un brin de causette avec une famille de pécheurs.
J’ai vraiment bien dormi jusque 2h30 mais après, je me retourne sans arrêt. Même problème qu’hier, c’est une façon de s’accommoder à la rudesse du sol. Ensuite, à force de ruminer, l’inquiétude me gagne. En discutant hier avec les résidents du camping, on a regardé une carte. Le trajet que j’ai établit est un peu à côté de la plaque. Si je veux marcher pour marcher, je n’ai qu’à le respecter. Je commence déjà à douter sur la confiance totale à mon GPS. De surcroît, je ne suis qu’au début de mon parcours. Dans un premier temps, ils m’ont fait remarquer qu’à Varenne, il y avait un endroit où loger. Cela aurait pu m’avantager pour le lendemain. L’avantage d’être revenu en partie sur mes pas pour atteindre Châtel-Chéhéry, est que j’ai pu bénéficier de la piscine. Je pense qu’il me faut changer de stratégie. Je me suis donc relevé cette nuit pour refaire tout l’itinéraire de la journée. J’établis le parcours avec une application « Tom-Tom » que j’ai sur mon portable mais ce n’est pas vraiment pratique pour un parcours à pied.
Si je me rends à Sainte-Menehould directement, je gagne un jour sur mon planning. Il n’y a pas à réfléchir longtemps, j’adopte.
Il va de soi, que je me suis rendu aux sanitaires pour profiter à recharger tout mon appareillage. Reste que je me suis recouché une bonne heure plus tard. Cependant, je regagne ma tente l’esprit serein, et je repars dans les limbes rapidement.
Il est 6h30, lorsque j’émerge. Je glisse en dehors de mon abri. Tout est encore endormi.
Il fait gravement nuageux. Il me faut remballer le plus rapidement possible avant qu’il ne pleuve. Après avoir avalé mon déjeuner, je pousse ma poussette pour rejoindre le village qui se trouve en haut de la butte.
Je quitte le village et me retrouve sur une toute petite route rapidement envahie par la forêt dense et oppressante. Il semble que la pluie a oublié de tomber mais le ciel est vraiment chargé. Ne nous plaignons pas tant que la route est sèche, tout va bien.
J’ai déjà parcouru sept kilomètres, je longe un charmant petit lac situé en contre bas d’un talus boisé. Déjà, je me rapproche d’un petit village. Je traverse Binarville. Je passe devant un petit pavillon à l’architecture remarquable. C’est un bâtiment classique à deux étages, construit au siècle précédent et de nature lorraine. Il se présente en biais vis-à-vis de la route et possède trois façades. La structure du bâtiment a été réalisée en brique mais chaque retour des baies ainsi que les linteaux sont unis et blanc. Le fronton est le principal élément architectural, il se termine en arc de cercle et est surmonté d’une pastille en pierre sculptée. La corniche est superbement décorée par un liseré en faïence qui arbore des motifs floraux en arabesque. On voit de suite que l’on a affaire à un bâtiment administratif, car l’inscription « Mairie » trône au sommet. Il est a remarqué que sur l’autre mur, celui faisant face à la rue, une ancienne horloge est enserré dans la muraille. Toutefois, l’heure reste figée à quinze heure vingt. Je continue sur la D63 et passe devant l’église, la chaussée est un peu plus large mais la circulation est quasi inexistante. Bientôt, je retrouve les champs de maïs, l’horizon est bouché. Lorsque je descends sur Vienne le Château, enfin le ciel se dégage. La circulation s’intensifie mais toujours dans un même sens, et cela m’arrange d’avantage que ce n’est pas de mon côté. J’apercevrai bientôt, qu’il y a une porte ouverte à un lieu de mémoire. Je passe mon chemin, je n’ai jamais prêté beaucoup d’attention à ces évènements. Je remarque cependant qu’au cimetière militaire de Servon-Melzicourt plus de dix mille soldats allemands ont perdu la vie au cours de la 1ère guerre mondiale. Preuve de la barbarie des combats de l’époque. Je continue par monts et par vaux dans l’étendue forestière. A Vienne le château, je m’arrête à la boulangerie. Il est près de midi et je me procurerais volontiers un dessert afin d’améliorer mon ordinaire. Je mange sur un parking le long de la grand-route, avant le lieu-dit « La Renarde ». Il est tout de même midi trente.
Le vent s’est levé, il a chassé les nuages. Ainsi, je peux mettre sécher ma tente et j’en profite pour recharger une de mes batteries sur mon chargeur solaire. Ça marche du tonnerre.
A la fin de mon repas, je m’aperçois que mon éclair au chocolat a salement morflé. Le sucre recouvrant le gâteau s’est collé sur le papier d’emballage et l’objet en question est visiblement aplati. Les bords ouverts débordent de crème. C’est bien la dernièrement fois que je prends ce genre de pâtisserie. J’apprécie quand même ce moment délectable.
Après Vienne-la-ville, la route est un peu plus dangereuse. Je dois faire attention de me placer tout au bord de la route. Je prends alors une petite route qui m’est renseignée mais qui est dans un état déplorable. Naturellement, elle est déserte. A Moiremont, je traverse un petit village à l’aspect notoire. Ses maisons à colombage présentent une certaine grâce. En empruntant la D84, j’allonge mon parcourt de de deux kilomètres, mais c’est un choix prudent pour préserver une tranquillité qui n’a pas de prix. Charmante petite bourgade qu’est Neuville-au-Pont. Sur la place, la mairie de fin 19ème est à côté d’une superbe église du 15ème siècle. Elles sont situées côte à côte sur un ilot central.
Mais il me reste encore quatre à cinq kilomètres à parcourir pour arriver en bordure de Sainte Menehould et cela devient assez éprouvant. Il me faudra ensuite traverser la ville, car le camping est à l’écart. Lorsque je suis au centre-ville, je passe devant une boutique « Orange », où je pense pouvoir recharger ma carte GSM. J’ai pris un abonnement chez eux. On me remballe aussi sec. On me prie d’aller dans un bar/tabac ou au supermarché. Eprouvé par cette journée harassante, je fulmine en moi-même et soliloque :
« Bande de cons, comment est possible qu’ils ne vendent même pas de recharges dans leur connerie de boutique».
Je me rends donc au camping à l’autre bout de la ville. Je passe devant l’ancienne gare occupée à l’instant par un cirque. Chance, non loin de là, se situe le centre commercial. Je reviendrai bientôt quand j’aurai fini de m’installer. L’accueil au camping est très sympathique.
Il me propose un emplacement deux fois trop grand pour l’espace que je peux occuper. L’homme est en train de tondre la pelouse. Dès qu’il aura fini, on s’occupera des papiers. Quand je lui dis que je compte me rendre à Compostelle, il me dit :
« Ce n’est pas chose courante de voir des pèlerins passer par ici, mais vous n’êtes pas le premier. J’ai eu la visite de trois personnes, début de semaine passée. Mais il faisait tellement affreux qu’ils ont dût louer un mobil home ».
J’en suis bien aise de leur passage, cela crédibilise mon itinéraire.
« Bon, ce n’est pas tout ça, mais va falloir que j’aille faire quatre courses ».
Marcher sans bagages est plus commode. Je remonte la route qui passe au-dessus de l’ancienne ligne de chemin de fer. Le « Super U » n’est pas bien loin. Et bien sûr, je peux m’approvisionner en carte de téléphone, ainsi je vais pouvoir donner quelques nouvelles à mon épouse. Encore faut-il que je puisse réussir la manœuvre. Sur mon ticket, il faut lire :
- Appelez gratuitement le 224 ou #126 puis laissez-vous guider.
« Manquerais plus que cela, qu’il faille payer pour recharger »
Comme c’est la première fois cela ne va pas être coton. On n’a beau dire la technique moderne ce n’est pas toujours accessible à tout le monde. Bon, après un certain temps et plusieurs essais ça fonctionne quand même. (Mon appareil se verrouille trop vite – impossible de l’éliminer, note d’un expert - et ce sera toujours la croix et la bannière pour y arriver. Plus tard, j’ai même demandé à une employée d’un bar/tabac si elle ne voulait pas procéder, et bien elle n’y est pas parvenue.)
Ce soir, j’étais bien décidé de me payer un resto, mais je n’ai rien trouvé qui me plais : donc je retourne au camp. Je vais faire des macaronis c’est beaucoup plus simple. Ce soir, je parlerai à ma femme. Quelques mots en vitesse, pour lui dire que tout va bien.
le 10 mai 2015
Sainte-Menehould - Chalon en Champagne Bus:45km
Je ne vais pas justifier ma décision. Mais, cette étape est trop importante pour la réaliser en un jour. N’ayant pas trouvé de quoi loger, il ne me reste qu’un choix relatif. Soit je fais un bivouac n’importe où, soit je prends le train jusque Chalon. Pas de bol, la gare SNCF est supprimée. Ben oui, on l’a vu tantôt. Le cirque occupe toutes les installations ferroviaires. Après renseignement, un bus SNCF de substitution relie tout de même les deux villes.
Mon bus est à 12h57 à la médiathèque, au centre de la ville. Reste à voir si avec mon barda, je vais être accepté dans le bus. Remarque, Il y a une chose de sensationnel, c’est que ma poussette se replie. Cela me permet de repartir les charges en plusieurs paquetages.
Donc, je n’ai pas eu de soucis. J’arrive à 14h00 à la gare de Chalon.
J’ai encore plus d’une heure pour me rendre au camp. Je peux ainsi visiter la ville.
Les premiers jours ont été éprouvants. J’admettrai que je n’ai pas encore trop pris l’habitude.
Au camping, une salle de détente est mise à disposition. Je passe donc le reste de l’après-midi a me reposer. Une fois n'est pas coutume.
Le camping était vraiment bien. J’ai été un peu gêné par l’éclairage entourant les parcelles. Il reste allumé toute la nuit. C’est un peu dérangeant, lorsque l’on est sous tente et à proximité d’un lampadaire. La toile est tellement fine qu’elle est loin d’être opaque. Comme il m’est coutume de dormir dans une chambre sombre, je corrige cet inconvénient en couvrant le haut de mon visage par une serviette. Dans quelques temps, je m’habituerai.
Une majorité de Hollandais sont installés au camping. Il me vient à l’esprit une anecdote.
Au cours de la journée, je me rends au bloc sanitaire afin de d’accomplir une tâche courante et nécessaire, c'est-à-dire faire ma vaisselle. Le local est déjà occupé par un groupe de quatre hommes attelé à cet ouvrage. Comme moi aussi je viens nettoyer mes ustensiles, je leur adresse la parole :
« Chapeau les gars, les femmes ont bien de la chance. »
Je ne pense pas avoir été bien compris. Aucun n’a relevé la tête.
J’ai vraiment bien dormis cette nuit et la sieste prolongé de la veille m’a requinqué.
Je sors du camp qu’il est 7h30. J’avais prévu de sortir par l’arrière afin de couper au court, mais chaque sortie est verrouillée. Je suis de ce fait obligé de faire le tour par l’avant. Léger détour pour attaquer rondement la journée.
Je rejoins le canal latéral à la Marne jusqu'à Vitry le François. Ainsi, une grande partie de mon trajet s’effectuera à l’abri de la circulation routière.
Le chemin débute par un chemin assez irrégulier déformé par des saillies causées par le passage de tracteurs. Sur le côté, un massif d’arbres bas abrite un tas d’ordures. L’attribuerons-nous, à une nouvelle preuve d’incivilité ? Je remarque cependant, dans ce tas de brol immonde, une perspective intéressante. J’aperçois un tapis en mouse. Il est de deux centimètres d’épaisseur et il est repliable en quatre parties. En outre, Il est recouvert par un revêtement plastifié. Dans dix ans, s’il se trouve toujours au même endroit, il sera inlassablement dans le même état complètement recouvert par la végétation. Après inspection, je pense que cet artifice me serait d’une excellente utilité. Je pourrais l’utilisé comme second matelas pour diminuer légèrement la dureté du sol que je supporte tant bien que mal depuis quelques jours. Je découvrirai par la suite qu’il convient très bien comme petit tapis de sol devant ma tente. Cependant, vu l’aspect particulier, je le glisserai pour la nuit sous le tapis de sol.
Je passe devant une entreprise située en bordure du canal. Un travailleur prend sa pause et me fait un signe de la main. C’est sympathique de sa part, mon voyage commence et j’ai besoin d’encouragements, ça met du baume au cœur. J’ai parcouru environ cinq kilomètres, lorsque je rencontre un randonneur. C’est un français, qui voyage seul. Il découvre mon attelage et dans un premier temps, il est perplexe. Il émet quelques doutes de mon incrédulité à arriver à St Jacques de Compostelle avec tout cet attirail. Nous marchons au même rythme et nous papotons. Chacun a sa propre histoire à raconter. Ainsi, on ne se voit pas marcher. A midi, je mets sécher ma tente. Habituellement, celui-ci ne prend pas de pause à midi. Mais pour une foi, il fait une exception. Faut croire que ma compagnie ne l’importune pas. Nous marchons, chacun avec son mode de guidage. Il a choisi le mode habituel, c'est-à-dire un bon bouquin de randonneur. Moi, je persiste à utiliser mon GPS. La piste est vraiment parfaite. Un recouvrement en bitume la rend lise et plane. Je laisse mon appareil à proximité de mains. Il repose simplement sur mon sac. Reste qu’un incident peu banal va troubler mon assurance à ce type d’appareil. Mon chemin vient à traverser une ligne de chemin de fer. Chacun sait, que lorsque l’on franchi un pareil endroit, les véhicules sont soumis à rude épreuve. Je franchis le passage et « paf », le GPS dégringole sur le rail en contre bas. Bien entendu, il a ramassé un sale coup. A plusieurs reprises, je le relance, mais « corne de bouc », il ne me fournit plus ma position. Encore une perspective à contester. Aujourd’hui pas de soucis, je suis sur le chemin de halage. Pour les jours qui viennent, il me faudra acheter des cartes au fur et à mesure de mon avance.
La route ne comporte pas beaucoup de déniveler. De temps en temps, une écluse se présente. A l’endroit où elle se trouve, on se voit dans l’obligation de monter les quelques mètres dût à la différence de niveau. Ensuite, c’est de nouveau plat.
Parfois on traverse une route qui conduit à un village. Le long du canal, je croise aussi plusieurs fois de hauts silos à grains, preuve d’une certaine prospérité de la région. De temps en temps, mais nullement de façon courante, un petit rafiot glisse sur les eaux vertes du canal. A un moment donné le bassin s’élargit. Je comprends alors que c’est pour permettre aux péniches de s’amarrer ou encore de permuté de sens.
Le paysage est souvent plat, ce qui n’empêche pas qu’il soit parfois entrecoupé de falaises de granit. Nous passons à côté de Soulange et nous traversons la D402. Un pont mène au village, mais nous n’en avons que faire ainsi nous passons notre chemin.
Une chose importante pour le pèlerin, c’est son bâton. Comme je suis avec une charrette, je n’ai jamais vu l’utilité de m’encombrer d’un tel artifice. Il est souhaitable cependant, que je me plie à cette coutume qui veut que tout homme qui parts sur les chemins la respecte. Par tradition et peut-être aussi par sécurité. Afin de se défendre contre une agression quelconque. Donc à un endroit propice, je m’en coupe un.
Nous arrivons rapidement à la banlieue de Vitry. Nous avons décidé d’aller ensemble à une grande surface. Ensuite, chacun reprendra sa direction. Dans mes premières recherches, j’avais remarqué un camping à Vitry. Cela m’arrangeait bien. Cependant, la saison touristique est encore bien précoce. Par voie de conséquences, celui-ci n’est pas encore ouvert. Mon compagnon d’un jour cherchera un toit, quelque part à Vitry. Quant à moi, je vais devoir continuer plus loin.
Dans le magasin, nous nous perdons de vue. Je n’aurai pas l’occasion de le revoir. Je n’ai pas trouvé de carte dans cette surface commerciale. Je redémarre une nouvelle fois mon GPS. Pas de chance, il est vraiment hors service. Je vais me guider avec les panneaux de la signalisation routière. J’ai d’autre part une carte sur mon GSM, mais ce n’est pas d'une observation très évidente. Je possède également un plan de travail imprimé avec tous les patelins que je dois traverser. Je n’en prélèverai que de bien pauvres renseignements. Je m’en tire donc en demandant mon chemin. Malheureusement les gens voyagent en voiture, et ils vous indiquent toujours le chemin qu’ils prennent tous les jours. Ce n’est pas toujours judicieux, lorsque l’on voyage à pied avec tout un attirail à pousser. Le fait est que je me retrouve sur des routes à grand trafic. A un moment donné, j’ai pour obligation de traverser un rondpoint. Mais aucun passage piéton n’existe et la circulation est dense. C’est vraiment là, qu’on voit la dangerosité de la chose. Mais, j’arrive intact à destination. Je reconnais l’endroit pour l’avoir visionnée sur Internet. C’est aussi à ce moment présent, que je me rends compte d’un autre oubli. Mon tout nouveau bâton est resté au comptoir du magasin d’alimentation.
J’arrive à destination et il n’est pas loin de 16h00. Le patron réalise des aménagements sur sa propriété. Il me dit de m’installer. Je viendrai régler mon inscription en début de soirée. En attendant, je profite du beau temps pour me relaxer un peu.
le 12 mai 2015
Visite de Vitry-le-François 18km
Hier, fin d’après-midi je suis allé voir le patron du camp. C’est un homme encore jeune. Il est bien courageux, en plus du travail à la ferme, il a aménagé son terrain de camping privé. Certes celui-ci n’est pas énorme, mais il est très bien équipé. Les sanitaires sont nets et les quartiers sont bien entretenus. Pour justifier son dévouement, je dirai simplement que l’homme est gravement handicapé. Il se déplace en boitant fortement, méfait occasionner à la suite d’un accident très grave.
Il est très aimable et je lui explique en deux mots mon projet. Il me donne des avis opportuns ses conseils sont de très bons augures. Je décide donc de rester un jour supplémentaire. Ce serait bien de retourner à Vitry-le-François pour me procurer plusieurs cartes routières. Mon choix se tourne vers les cartes départementales au 1/150 000 de « Michelin ». Elles ne sont sans doute d’une précision à toutes épreuves, mais le service que je leurs demande est amplement satisfaisant. Ce qui me compte, c’est de trouver de quoi emprunter les petites routes. Avec sept ou huit cartes je vais pouvoir traverser toute la France.
Donc aujourd’hui, retour en ville. Elle se situe tout de même à sept kilomètres. C’est un chemin agréable. Il y a un chemin de halage, à deux pas du camping. Je profite d’un taillis pour me confectionner « un bâton de pèlerin ». A l’aide d’une petite scie, (j’emporte que le minimum !) je m’attelle à la tâche. C’est une bien belle branche, suffisamment droite et costaude. Je m’aperçois que ma lame est montée à l’envers. Ce serait préférable de remédier à ce souci. Mais en démontant l’outil, une vis de montage m’échappe des mains. Je me dis :
« Jean-Claude te voilà bien, il va falloir utiliser la lame sans monture »
Ce n’est vraiment pas très pratique. Mais la chance est en ma faveur, je la retrouve. Elle a roulé sur le bord de la route. Après un ajustement, je suis maintenant équipé. Il me mènera jusqu’au abord de Limoges.
Pourquoi pas plus loin ? C’est une autre histoire. Je décrirai le moment voulu.
Je rentre dans une librairie, celle-ci est très bien achalandée. Ainsi j’achète deux cartes. Elles me guideront jusque Nevers.
Je visite donc la ville. La place de l’église et je me rends à la mairie pour y faire apposer mon cachet de passage. A la maison du tourisme, j’obtiens une connexion internet gratuite ce qui me permet de communiquer par mail et ainsi, donner de mes nouvelles. Je passe ainsi la journée à flâner puis je pense enfin à retourner, car il me faut établir mon trajet de demain. Je compte suivre le même itinéraire, mais je préfère tracer mon trajet afin de ne pas rencontrer de difficultés sur le terrain.
Je passe devant un « Brico » et je me ravitaille en gaz, d’un coût de 1.5€, car ma petite bouteille de butane est vide. J’en profite pour trouver un boulon de 8m/m pour faire une petite réparation à ma charrette. J’espère que cela tiendra, sinon je me vois mal a porté tout mon barda.
Au retour, le long du canal, je remarque une certaine lourdeur dans l’atmosphère.
« Pleuvra t’y, pleuvra t’y pas ? »
Le ciel est vraiment chargé. Une libellule bleue, habille petit insecte qui me dépasse allégrement. Au loin, des tracteurs s’activent dans les champs. Des pêcheurs à la ligne ont choisi leur endroit privilégié et sont attentif de l’autre côté de la berge.
Toutefois, il y a du poisson. J’en aperçois régulièrement quand il émerge à la surface. Je rencontre des promeneurs. Je me renseigne sur la direction que prend la piste. Elle est vraiment de bonne qualité. Si je pouvais l’emprunter encore longtemps ce serait appréciable. En fin de compte, je devrai la quitter dans trois kilomètres car elle bifurque dans une direction opposée à la mienne. Il est 18h00, les cloches sonnent au village à proximité. Il est temps que je rentre préparer à souper
Je me lève vers 6h00. Décidément, il fait vite trop clair pour pouvoir dormir tard. Je vais me rafraichir. Ma douche habituelle du matin, permet de me remettre les idées en place. Pendant que je déjeune, je tente un dernier coup de remettre en service mon GPS. Pour ce faire je l’équipe d’un accu totalement rechargé.
Miracle, il est reparti. Qu’a-t-il eu ? Aucune idée, je suis donc paré. En plus de celui-ci, je peux aussi me référer à la carte.
Je rebranche aussi sec tous mes chargeurs. Toutes mes batteries seront ainsi opérationnelles lors de mon départ. Puis, je me décide pour un rangement efficace de mon chargeur GSM car j’en ai marre d’avoir ce long fil qui se trimbale dans tous les sens. Je l’enroule donc promptement et l’attache avec un élastique. Génial et je le glisse dans la poche droite de mon pantalon.
Il est 7h30, je quitte à regret cet emplacement. Je me trouvais vraiment bien ici.
Six cents mètres me séparent du chemin qui conduit au canal. Je le rejoins en longeant une petite route étroite limitée à 30 km/h. Sur la gauche de hautes haies protègent une propriété résidentielle. Plus loin, j’émerge dans une plaine nue s’étendant à perte de vue. Quelques arbres et j’arrive sur les bords du cours d’eau. C’est une longue ligne rectiligne et plane sur huit kilomètres. A Orconte, je bifurque à droite sur la D59. La route est bien large, mais elle est fréquentée par beaucoup de circulation de toute sorte. Parfois, lors d’un passage d’un camion je suis obligé de roulé dans l’herbe sur le bas-côté. C’est très plat, il n’y que des champs entrecoupés parfois par une carrière à ciel ouvert. Peu de villages je n’en rencontre que deux, Larzicourt et Arrigny. Peu après cette bourgade, je fais une courte pause. Je glisse une main dans ma poche droite.
« Bon-sang, il me semblait pourtant avoir glissé mon chargeur dans cette poche ! … L’aurais-je rangé ailleurs ?»
J’ai beau regarder partout dans mon sac, il n’apparait nulle part. Considérons le donc comme perdu. Voilà ce que c’est de trop bien rangé les choses. Il a dû glisser à un moment donné. Comme il formait à présent un groupe compact, je ne m’en suis pas aperçu. Heureusement le chargeur de mon GPS est tout aussi compatible.
Je quitte la grand-route pour la route réservée aux cyclistes et aux promeneurs qui longue la Lac du Der. C’est « la » réserve Nationale de Chasse et de faune. Très célèbre endroit, c’est un véritable paradis pour les oiseaux. Il est dit que c’est l’un des plus grands lacs artificiels d’Europe. C’est une vaste étendue d’eau, à perte de vue. C’est un refuge reconnu et vénéré des grues cendrées. Plusieurs milliers y séjournent tous l’hiver. Lors de mon passage, le soleil radieux favorisait allégrement le coassement des batraciens.
Sur le bord du lac, un homme observe un groupe d’oiseaux à l’aide de son appareil photo. Je lui adresse la parole, mais il ne parle pas français. Beaucoup d’amoureux de la nature sont à la recherche d’une photo exceptionnelle.
A midi, sous un soleil radieux, j’arrive au Port de Chantecoq. Comme c’est une superbe aire de détente, je prends ma pause de la mi-journée.
J’aurais pu continuer jusque ma destination finale. Le camping « Le Clos du Vieux Moulin » n’est qu’à deux kilomètres. Je suis rapidement sur place. Comme il fait vraiment beau, j’en profite pour faire une première lessive. Comme je n’ai emporté que très peu de choses, c’est rapidement expédié.
Le camping possède une piscine chauffée, c’est très agréable et j’en profite allégrement.
Dans l’après-midi, je fais une reconnaissance pour de chemin prochain. C’est ainsi que je découvre un coin très charmant. Il annonce à l’aide d’un petit présentoir, l’auberge du « Pot Moret ». Le menu est très acceptable. L’endroit est parfait. J’y viendrai manger ce soir.
Je pars plein d’entrain. L’après-midi d’hier, que j’ai passé à la piscine m’a vraiment détendu. Je suis vraiment bien reposé et près à attaquer une journée. Mais celle-ci, va s’avérer dès le départ assez mouvementé.
Je prends un petit chemin pédestre indiqué par mon GPS et dont on m’a vanté les mérites. Le seul défaut, c’est qu’il se termine en un cul de sac. Il a dû être coupé à un moment donné. Il s’agissait sans doute d’une servitude rendue désuète. Pour ma part, il m’est impossible de continuer tout droit. Reste que sur la droite, en traversant une pâture, je pourrais rejoindre un autre chemin qui reconduit à une route que je dois absolument prendre.
C’est un dilemme, faire demi-tour et accomplir plusieurs kilomètres de détour ou entreprendre la perspective hasardeuse de traverser les hautes herbes. Qui ne risque rien n’a rien, n’ayant pas froid aux yeux, je fonce droit devant. Je m’aperçois bien vite de mon inconsistance. L’avancement avec ma charrette est incontrôlable et bien vite, je me vois dans l’obligation de porter mon sac à dos tout en tirant péniblement le reste de mon chargement.
Ne pouvant dignement faire demi-tour, je persiste à poursuivre. Je débouche enfin sur une petite route empierrée. Le revêtement est irrégulier mais la zone est praticable. Petite pause récupératrice pour souffler un peu. J’ai les pieds trempés par l’humidité du matin et j’ai grandement perdu de ma superbe. Enfin, le soleil vient réjouir une journée qui s’annonce suffisamment agréable pour oublier ces premiers embarras.
La petite route qui descend sur Bailly le Franc est très calme. Dans cet endroit particulièrement sauvage, je dérange deux chevreuils qui au dernier moment s’enfuient en m’apercevant. Je les vois courir à travers les valons en traversant plusieurs fois la route puis revenant sur leur pas, indécis dans leur parcours. Brusquement un véhicule surgit dans le lointain. Il roule en trompe, la route est dégagée et déserte à cette heure matinale. Je vois les animaux atteindre le passage routier. La voiture se profile. Le premier évite de justesse l’automobile qui a ralenti très fort. Considérant le danger écarté, le conducteur reprend immédiatement de la vitesse mais l’autre bête surgit du talus. La voiture produit un évitement rocambolesque et passe non sans morde grandement sur la bordure herbeuse de la route. Elle n’a pas touché quoi que ce soit, mais c’est vraiment de justesse. Peu après le conducteur me croise avec mon chargement hétéroclite, ne prenant cette fois aucun risque il me croise à faible vitesse. Que de frayeurs, il a subi dès le début de sa journée.
Cette petite route de campagne va me conduire jusque Chavanche. Je trouve une petite épicerie (ProxiMarché) ouverte où je peux me réapprovisionner. Après-midi, tous les commerces seront fermés car nous sommes encore jour férié, aujourd’hui.
Je suis obligé de revenir sur mes pas pour rattraper la D6 qui me conduit à Brienne le Château. Je traverse un paysage totalement plat. La route est tracée toute droite pendant plusieurs kilomètres. Je traverse Rances, puis je continue inlassablement dans cette plaine où le ciel plombé donne un aspect étrange. Il est midi lorsque j’arrive à Perthes les Brienne. Il ne fait pas trop chaud, je me réfugie dans un abri bus afin d’être à protégé du vent pour manger. Il n’est pas loin de quatorze heures quand je passe à Brienne le Château. Là de nouveau, j’ai perdu le signal de mon GPS. Bien entendu, au moment où j’en ai le plus besoin. Je dois rejoindre Radonvilliers. Comme je suis un peu paumé, je demande mon chemin à un groupe de passants. Et quand à faire, quelle distance il me reste à faire. Je ne suis pas rassuré par la réponse, il y a encore pas mal de kilomètres à faire. On me conseille de sortir de la ville par la rue principale, je devrais passer devant un château d’eau puis tout droit jusque Brienne la Vieille.
Il n’y a pas mal de circulation, mais comme je marche sur un trottoir cela ne pose pas de problèmes.
Au centre-ville, je prends une route latérale à droite, je suis à trois kilomètres de l’arrivée.
A un carrefour, je passe devant le site de l’écomusée de la Forêt d’Orient. Il s’agit d’un pôle culturel, gardien de la mémoire des hommes et des traditions du terroir. C’est un rassemblement d’outils et une présentation de la tradition agricole au fil des ans.
Le paysage change et devient plus sympathique. Je rentre dans une forêt encore clairsemé, mais une pente conséquente se présente et me ralentit. Sur le haut de la bute, la plaine s’étend à perte de vue et on devine un lac à l’étendue grandissime. Lorsque je rentre dans le village de Radonvilliers, je remarque qu’une grande partie des maisons respectent la tradition locale. Ce sont des logis à colombage, mais tout est rénové et propre.
Le terrain de camping est sur la droite, à la fin du village et c’est très bien indiqué.
Je suis très bien accueilli, le patron du camp m’offre même un café. Il me conseille pour la suite de mon parcours. Enfin, je m’installe, il est près de 16h00. L’équipement du camp est parfait. Il possède aussi une piscine, je vais m’y détendre un quart d’heure. L’eau n’est pas trop chaude mais cela fait du bien.
Cependant, l’endroit est hermétique au réseau téléphonique. Il me faut sortir vers la ville pour pouvoir envoyer le message habituel à mon épouse. Lorsque j’essaie de détecter la présence d’une onde favorable, je m’aperçois qu’il pleut légèrement. Un abri providentiel se présente droit devant moi à quelques mètres. C’est une cabine téléphonique de la ville. Bien sûr que ça existe encore ! Quoi de plus normal dans cet endroit que je puisse envoyer de mes nouvelles.
L’averse est de très courte durée aussi je vais faire un tour sur la digue.
Mon chemin pour demain est tout tracé. Je longerai le canal le plus longtemps possible.
Il pleut une grande partie de la nuit. C’est la première averse que je subis vraiment. Malgré la précarité de ma tente, rien ne mouille à l’intérieur. Cela me rassure.
Lorsque je mets le nez dehors, la température a particulièrement fraichi, il fait douze degrés. J’ai dû remettre un pull pour finir la nuit, mais pour ce qui est de dormir sur le sol, je commence à m’habituer.
Je rejoins le chemin, il fait un temps infect et froid. J’ai bien vite froid aux mains. Comme je n’ai pas pris de gants, je me tire d’affaire avec une paire de chaussettes. Je marche un peu par habitude. Il y a un vent fort que je prends de face. Je suis obligé de retourner ma casquette afin d’éviter qu’elle ne s’envole. De toute la journée, je ne rencontrerai qu’un marcheur, il marche dans le sens opposé au mien. Mais c’est un vrai randonneur, il vient de Bretagne. Sa situation est encore plus douteuse que la mienne. Il ressemble vraiment à un pauvre gueux.
J’avais prévu de passer de l’autre côté du lac via Géraudot, mais je ne suis pas très sûr de trouver le camping ouvert à cette saison. Alors, j’ai changé mon itinéraire cela m’évite un trop grand détour. Pat se renseigne et elle me réserve une place pour cette étape à Mesnil Saint Père. Vers 11h00 je quitte le lac, bien content car je rentre dans la vraie forêt d’Orient. A l’abri du vent je parcours ces bois sur une petite route forestière interdite aux voitures mais d’un revêtement parfait.
Je sors de cet endroit sauvage pour me retrouver devant l 'Office de tourisme des grands lacs et de la Forêt d'Orient qui est hébergé dans la Maison du Parc. Je visite cet espace quelques minutes, puis reprend la direction de Mesnil Saint Père. Une plaque routière indique 7km. Je suis surpris en arrivant à la station.
Oui je ne rêve pas, c’est bien un centre de vacance avec un littoral possédant une superbe plage. Certains font de la planche à voile mais les gars non pas froids aux yeux, malgré leur combinaison, l'eau ne doit pas dépasser 10 degrés et c’est vraiment dommage qu'il fait moche car l'endroit est vraiment remarquable.
Le camping est très bien, mais comme il est dans une zone abusivement touristique, il est outrancièrement onéreux. C’est la première fois que je paie aussi cher pour une simple place de quatre mètres carré.
Bon en retour, j’ai le Wifi gratuit ainsi que l’accès à la piscine couverte et chauffée. L’un dans l’autre, je ne m’en sors pas si mal.
Comme j’ai envie de profiter pleinement de mon investissement, je suis partit tard. Il est 9h15 lorsque je reprends la route. Je longe le lac et profite du splendide temps qu’il fait aujourd’hui. Le ciel est limpide, net de nuages. C’est bizarre comme cela peut changer d’un jour pour l’autre.
Pas de GPS, il est de nouveau en rade. Je longe le lac jusqu’où je peux rouler avec ma charrette puis j’emprunte la route pour rejoindre l’agglomération de Mesnil-Saint-Père avec ses maisons à colombages. Dès la fin du village, je marche dans la campagne, la route est étroite mais elle est peu fréquentée.
A un moment, je pense m’être trompé et je fais demi-tour sur 500m lorsque je rencontre un groupe d’adepte du jogging. Je demande à une des femmes si elle ne connaitrait pas le meilleur chemin pour rejoindre Bar sur Seine. Cela engendre une discussion, pourquoi aller dans cette direction, cela va rallonger drôlement mon parcours. Je marche un moment avec ces dames puis, elles sont arrivées à destination et elles me laissent décider. Toutefois il me faut continuer jusqu’au prochain village, je n’ai pas le choix.
Je stoppe un peu plus loin pour bien visionner la carte. Ce qui m’embête, c’est le logement. J’ai prévu de logé à un petit hôtel près de Bar-sur-Seine. Néanmoins, je n’ai pas encore rien retenu. Ainsi, j’envoie un message à Pat pour qu’elle me réserve sur Internet une place pour cette nuit.
La réponse est brève et implacable : « Plus de place disponible à Bar sur Seine ».
Elle me confirme qu’il pourrait y avoir des places libres à Chaources, relativement plus chères, et j’hésite un peu. Mon chemin est cependant tout tracé dans cette destination. Pourtant, il va me falloir y arriver, il reste encore de nombreux kilomètres. Je lui signifie d’attendre un peu avant de réaliser la réservation. Je continue donc plein d’entrain. A Montiéramey, je suis à l’arrêt devant un passage à niveau de la ligne de chemin de fer qui relie Chaumont à Troyes. Une locomotive diesel passe en trompe accouplée avec plusieurs voitures à voyageurs. Lorsque les barrières s’ouvrent, je repars vers les Baillys. Arriver à ce village, au 21 Rue des Tuileries Chauffour-lès-Bailly, Champagne-Ardenne, une personne me hèle. Ce n’est autre qu’une des joggeuses qui est rentrée en voiture et m’a devancée largement. Elle me propose un rafraichissement. Je m’assois quelques minutes, puis nous discutons.
Elle me confie son état d’esprit, elle vient de perdre un de ses enfants dans un accident et elle est encore sous le choc bien que deux ans se soit écoulés depuis le tragique évènement. Lorsque je reprends le chemin. Ma visite en tant que pèlerin, lui apporte un certain réconfort. Je lui dis que j’aurais une pensée pour elle, lorsque je serai à Compostelle.
Dans le creux d’une vallée et à l’abri du vent, car protégé par une petite maisonnette de la compagnie des eaux, je m’installe pour diner. Il est 13h00.
Après-midi, je traverse Villemoyenne. Ensuite c’est un peu plus farfelu, je dirige vers Saint-Parres-lès-Vaudes pour poursuivre vers Rumilly-lès-Vaudes. Je passe alors devant une splendide propriété où se dresse un admirable petit château. Je traverse le village et aperçoit l’église.
La façade vaut à elles seule d’être admirée, richement décorée par une multitude de sculptures. Entre autre, les deux statues équestres de Saint Martin et deux Annonciations des anges musiciens. Sur le côté, de nombreuses gargouilles, magnifiquement travaillées occupent deux niveaux du bâtiment. Ce sont des figures griffues et ailées. Comme à l’habitude, elles ont leur gueule grande ouverte. Au chevet de l’édifice, une pierre gravée indique la date de 1527. De nouveau, face à l’entrée, un pèlerin ne pourra pas manquer de remarquer la coquille de Saint-Jacques-de-Compostelle. L’intérieur apparaît immense avec les statues des douze apôtres, deux anges à leurs pieds présentent la croix de consécration. Je pénètre dans une des premières églises où je découvre les portes ouvertes. Je glisserai au passage un petit mot au livre d’or.
C’est peut-être distrait par cette perspective, que je me trompe de route et me dirige vers la D28 ou lieu d’emprunter la D42 alors qu’il me restait à peine treize kilomètres pour Chaource.
En me dirigeant sur Lantages, je vais rallonger mon chemin de près de quatre kilomètres.
La fatigue commence à se faire sentir. Je parcours encore près de neuf kilomètre à travers la campagne. Plusieurs fois, je pense que je pourrais m’installer tranquillement pour la nuit dans un quelconque fourré, mais cela me rebute un peu.
Premièrement parce que ce n’est théoriquement pas permis.
Deuxièmement, à cette époque de mon voyage je trouvais cela un peu hasardeux.
En passant dans Lantages, je m’adresse à un homme qui sort de la maison communale. J’ose lui demander s’il fait partie des membres de la mairie. Il me le confirme. Ne pourrait-il pas me trouver un petit bout de terrain où je pourrais planter ma tente en toute quiétude ?
L’homme est un peu pris au dépourvu. Mais rapidement, il me propose la cour arrière dans la propriété de ses parents décédés et dont il doit rénover le bâtiment.
« Cela me convient très bien ! » lui avouai-je
Claude me dit qu’il n’y a personne qui habite ici. Et pour cause, le logement est tout dans un état proche de l’épuisement. De toute façon cela ne me regarde pas, il me dit que je n’ai qu’à refermer la grille demain lors de mon départ. Tout va bien, je m’installe et me prépare à souper.
J’ai fini de manger, lorsque je vois du mouvement au bout du jardin. Un homme, le voisin sans aucun doute. Il me regarde d’un drôle d’air. Intrigué, il rentre chez lui puis ressort aussitôt accompagné par sa femme. Je m’imagine immédiatement leurs pensées.
Quel peut être cet intrus qui squatte le jardin de Claude ?
Je décide de mettre directement les choses au point. Je me présente et les rassurent. Je les avise que j’ai bien rencontré le propriétaire. Et que celui-ci, m’a autorisé a occupé les lieux pour cette nuit.
La confiance s’installe directement dès que je leur confie que je fais un pèlerinage jusqu’à Saint Jacques.
Ils m’invitent à prendre un café. Nous discuterons Corinne, Olivier et moi jusque tard dans la soirée.
Lorsque je rentre dans ma tente, il a plu un peu. Il ne fait pas très chaud non plus, mais dans mon sac de couchage, je ne risque pas d’avoir froid.
J'ai déjà réservé pour ce dimanche en demi-pension au Domaine Saint Georges. Je serai logé et le prix comprend également le repas du soir ainsi que petit déjeuner.
J’ai bien dormi, il est 7h00 lorsque je me lève. Il a pluvioté une grande partie de la nuit et tout à l’extérieur est humide. Heureusement, j’avais rangé ma charrette sous un appentis et elle a été épargnée.
Après un solide petit déjeuner, je ne sais pas comment cela se fait mais depuis quelques jours j’ai une faim de loup. A chacune de mes pauses, je dois avaler quelques choses. Vers 8h30 je referme la grille derrière moi. Je trotte allégrement désertant ce village qui m’a volontiers accueilli. À cette heure, jour dominical, je ne croise que peu de monde.
Après cinq kilomètres, j’ai un petit problème. Mon pied gauche m’irrite. Il y a quelque chose qui coince dans ma godasse. J’y regarde, à part mon petit orteil qui est un peu enflé, je ne vois rien d’autre. Je l’enduis d’une crème spéciale prévue à cet effet, puis je reprends ma marche. Peu de temps après, je passe devant le golf de Troyes. Cela me fait penser, que je ne suis qu’à quelques encablures de cette grande ville. J’avais des connaissances à cet endroit quand j’étais gosse. Je les ai toutefois depuis longtemps, perdues de vues. Pourtant, nous avions à cette époque vécu quelques bons moments ensemble. Mais ça c’est une autre histoire, peut-être qu’un jour, je vous la raconterai. A Chaource, je trouve une épicerie et un boulanger ouvert, et c’est très bien. Je manque un peu de tout, n’emportant à chaque étape que le strict nécessaire. En sortant de la ville, je remarque sur ma gauche une compétition de tir à l’arc. Il fait beau, rien ne laisse entrevoir qu’il a plu toute la nuit.
Je pousse ma charrette sur le côté de la route. C’est un chargement de plus en plus étrange. Mon pain est glissé sur le coté de mon sac. Cela semble vraiment hétéroclite. La route est un long serpent qui ondoie dans des bandes de terres cultivées alternant parfois avec une pâture où paissent tranquillement quelques ruminants. Des petits ruisseaux au doux nom de « ru du Croc du Gré », de « ru de Sainte-Syre » ou encore de « ru d'Hallier » traversent régulièrement la chaussée.
Mais, j’ai de plus en plus mal à mon pied, et là, cela commence vraiment à me déranger grandement.
C’est donc dans un de ces petits cours d’eau que je me déchausse et trempe mes pieds dans ce liquide à température idéale. Cela me procure un certain soulagement. Je repars quelques kilomètres. Puis il est quasi midi, alors je m’arrête à l’orée d’un petit bois pour cassé la croute. J’examine attentivement mon pied, et je découvre, logé entre deux orteils, une belle ampoule. Ce sera ma première cloche. Je suis partisan de la percer et de la recouvrir généreusement de désinfectant. Normalement après ce traitement, tout rentre dans l’ordre. C’est une constatation évidente. Dans le début d’après-midi, lorsque j’arrive à Etourvy, je ne ressens plus aucune douleur. Pourtant, je viens de remarcher pendant près de cinq kilomètres.
Avant Etourvy, je rentre dans un paysage assez vallonné car j’approche d’une nouvelle forêt. Puis le village se dessine dans la vallée. Je suis frappé de stupeur. Il n’y a aucune âme qui vive dans ce bled perdu. Par contre le village est très joli, après avoir passé devant l’église, j’arrive rapidement face à la place. La mairie est une longue maison en pierre récemment rénovée qui devait être un ancien moulin. La rivière passe juste à côté. Je longe cette structure qui me conduit à un porche qui ouvre sur le foyer rural situé dans le domaine Saint Georges. C’est bien ici que je dois m’adresser. Je rentre dans l’enceinte, ça a l’allure d’un ancien château. Je m’aperçois immédiatement que l’activité du village est toute rassemblée dans cette zone qui est en effet un espace culturel. En effet, c’est la journée des moulins et celui-ci est accessible au touriste avec démonstrations à l’appui.
L’activité fébrile des protagonistes qui présentent l’animation fait que j’ai un peu de mal à obtenir quelqu’un de responsable pour m’indiquer mon logement. Mais après été renvoyé vers plusieurs personnes, je suis accueilli par une dame qui me conduit à une petite maison indépendante qui borde la rivière. Le logement est très propre. C’est un réconfort pour mon premier gite.
Dans l’après-midi, je fais la visite du moulin. Cela me distrait pour le reste de la journée. Vers 19h00, je me rends aux cuisines. Il me suffit de réchauffé mon repas. Je serai le seul pèlerin ce jour.
Bon dieu que j’ai bien dormi, c’était le grand lux après dix jours de camping. Étant donné qu’il n’y avait pas de rideaux aux fenêtres, j’ai les ai calfeutrées avec une couverture. Il était plus de 8h00 lorsque je suis allé prendre mon petit déjeuner.
Dès le départ, je remarque que la région est plus vallonnée mais en réalité c’est moins monotone. Parfois, je repère le sommet d’une côte car un château d’eau se dresse à l’horizon. C’est souvent le point culminant. Je ne vais pas rencontrer beaucoup de villages ; ni par ailleurs, de monde. Depuis pas mal de temps, je marche seul et ne rencontre pratiquement personne. Je quitte le département de l’Aube pour rentrer dans celui de l’Yonne. Je passe devant une ferme au nom évocateur. Une plaque verte entourée d’un fin liseré blanc, la signale comme la « Ferme du Pèlerin ». Il fait un temps splendide. Bien peu de nuage viennent déranger l’azur d’un ciel limpide. Aujourd’hui je marche en sandales ça me change des grosses godasses. J’en ai gardé une certaine rancune vis-à-vis de l’incident d’hier. Comme il fait sec autant aérer mes pieds. La route descend sur Mélisey. Une très belle église trône au centre de ce village placé en hauteur. Quelques constructions aux toits rouges morcèlent la crête d’un champ de renoncules en fleur.
Je équipé ma charrette d’une corde à l’avant. Cela va me permettre de la tirer plus facilement et dans les descentes, elle roule toute seule. En l’équilibrant correctement, elle se dirige très facilement.
A midi, je suis devant les premiers coteaux. Je fais une pause près d’une « cabotte » à l’entrée d’un vignoble. Les Scouts de France de Carentan sont passé avant moi et y ont laissé leur marque.
Lorsque j’arrive à Tonnerre mes souvenirs d’enfances renaissent, nous y étions passés avec mes parents lorsque je partais encore avec mes parents en vacances. Je reconnais l’entrée de la ville avec la route qui passe sous la voie de chemin de fer. C’est étonnant, il y a tant d’années. A fortiori, je ne devais pas avoir plus dix ans.
Je dois me rendre à l’office du tourisme. Par chance en suivant la rue principale, je tombe irrémédiablement sur le long édifice qui n’est autre que l’ancien Couvent des Ursulines.
On me remet donc les clefs pour que je puisse me rendre, à l’autre bout de la ville. Enfin disons simplement, qu’il est situé non loin de la gare. Après explication sur l’itinéraire pour m’y rendre, je rejoins donc ce qui tient à présent lieu de presbytère.
Je trouve sans problème le porche de cette haute maison qui est ouvert. Je dois me glisser dans le parc attenant, et trouver un autre bâtiment en retrait. C’est très facile, je tombe immédiatement sur la construction récente. Je glisse la clef dans la serrure. Figurez-vous qu’elle rentre bien dans son logement. Mais bon sang, ce n’est pas possible. Cette clef ne tourne pas. J’ai déjà connu ce phénomène par le passé. Il suffit de ressortir légèrement la clef pour que ça fonctionne. Mais ici ce n’est pas concluant.
Dans le parc, une personne est en train d’entretenir le jardin.
Il prend contact avec moi. Il me signifie, d’un air peu affable, que le local que je cherche est encore plus loin, au bout du parc.
Dépité, je continue ma prospection. Je passe sur un pont métallique à l’aspect peu engageant. Surtout pour ma charrette qui refuse obstinément de rouler sur ce revêtement absolument tordu et bancal.
Cependant, je suis arrivé. Je distingue sur la porte « Local des scouts ». Ce n’est pas le confort de la vieille, d’ailleurs le prix est plus modeste.
Il y a une douche, une cuisine, deux chambres séparée. C’est assez spartiate, mais je m’en contenterai.
Je vais ensuite faire le tour de la ville. Elle révèle une architecture assez exceptionnelle, mais beaucoup de bâtiments demandent encore une profonde rénovation. Certaines subventions ne peuvent à elles seule suffire à entretenir un patrimoine aussi diversifié. C’est tout à fait compréhensible.
Je suis tout de même satisfait de ma visite. D’autant plus, que j’ai pu observer une exposition du dessinateur « Jean-Claude Claeys ». C’est un illustrateur de romans policiers, de romans noirs et de suspense. Il réalise également des bandes dessinées aux dessins particulièrement éclatants bien que son travail soit en noir et blanc. Vous pouvez avoir un aperçu de ses oeuvres sur sa page de réseaux sociaux à l’adresse suivante Jean-Claude Claeys .
Je rentre avec quelques provisions pour les jours à venir. Puis, je me prépare à manger. Ce soir ce sera Lapin aux deux moutardes. Merci William Saurin.
Je lirai tard cette nuit, le lit grince un peu, mais je suis tout seul alors cela ne gêne personne.
On nous annonce un temps maussade sur la région. Je ne sais pas si cela va changer, toujours est-il que le soleil brille au travers des arbres éclairant la chambre d’un éclat flamboyant.
Je me suis établis un itinéraire sur la carte. Ce matin mon GPS fonctionne ainsi j’utilise la trace que j’avais établie initialement. Entre mon tracé sur la carte et celui du GPS, c’est deux chemins totalement différents. Au cas où mon appareil aurait encore des lacunes, je rejoindrai la route de la carte plus loin.
La sortie de Tonnerre est absolument rébarbative. C’est invraisemblable on se croirait dans les Alpes. Je tire, je pousse dans cette ascension contraignante et enfin je quitte la ville.
Par contre, je m’aperçois que ce qui est de rattraper la route que j’ai tracée sur ma carte, cela devient dès cet instant impossible. Je passe sous un pont alors que je devrais être au-dessus.
Avec mon chargement, je ne vais pas faire du hors-piste. L’ouvrage d’art est une construction assez haute et aucun accès acceptable ne se présente.
Je me fie donc à la technologie. Cela va me jouer des tours, je le sens.
A quelque 500m du dit pont, la route s’égare dans la campagne. Je vois un chemin qui part dans les champs. En outre, le GPS m’indique de suivre cette piste qui n’est même pas renseigné sur ma carte. C’est un chemin déformé et la charrette se bloque souvent dans les gros cailloux. Je me résigne donc à porter mon sac. Ainsi allégée, elle avance plus aisément. Le raccourcit n’est pas vain, je viens tout de même de gagner près de deux kilomètres. Par la suite, je retrouve la route asphaltée avec un grand soulagement. Je passe sous la ligne de chemin de fer. C’est probablement une ligne à grande vitesse car je vois un TGV passer à vitesse élevée. Les champs se succèdent aux forêts, et la route est calme. Je fais une halte devant un abri forestier. Perdu ainsi au milieu de nulle part, il n’a pas échappé à quelques assauts de vandalisme. Cela m’importe peu, j’ai pu me reposer quelques minutes et c’est tous ce qui m’importe.
Le petit village de Vivier est assez remarquable. Surtout l'église qui est de styles gothique. Elle fut entièrement rénovée en 1902. Maintenant, des nuages s’accumulent dans le ciel et il ne fait vraiment pas chaud. Je me suis couvert de tous ce que j’avais de plus chaud. J’ai de nouveau enfilé des gants qui sont en réalité, une de mes paires de chaussettes. Je passe sur le côté de Beru. Il y a un très beau domaine vinicole avec un château. Nous sommes en effet tout près de Chablis. Je n’ai pas fait le détour pour me rendre à ce petit hameau. Mais il parait que
le porche d’entrée du château à lui seul, vaut la peine d'être observé.
Une petite route relie directement la D139 et la D345 me simplifiant la tâche. Je patrouille dans cette étendue de champs présentant une étendue à perte de vue. À ma droite, la forêt se substitue parfois par des coteaux de vignes. On rentre dans Chichée en franchissant le pont sur le « Serein ». C’est une charmante petite bourgade typiquement Bourguignonne.
Je me trouve alors à quatre kilomètres de Chablis. Je me demande comment je vais trouver la maison où je suis hébergé dans cette ville.
Sur cette entrefaite, je visionne mon GPS, il me fournit ma position. Il est bientôt temps, je suis pratiquement arrivé. Mais cela va tout de même me servir, puisque grâce à cet instrument, je trouve immédiatement le bon endroit. Je vérifie sur mon calepin. En effet, je suis bien devant le 13, Rue Benjamin Constant.
Rien n’indique que c’est un hébergement pèlerin, je frappe tout de même. Un homme vient m’ouvrir. En fait c’est aussi un voyageur, il est belge. Il a entamé son circuit, il y a quelques jours en partant à vélo. Pascal pensait relier Saint-Jacques en cinq semaines, mais il s’est déchiré un muscle dans la jambe et c’est fini pour lui, cette année.
Vers la fin de l’après-midi, la propriétaire vient nous rendre visite.
Entre temps, j’ai lavé mon linge, le soleil est revenu et la maison abrite un grand jardin.
Je suis allé visiter la ville. Ce n’est pas très grand. Je ne peux pas quitter Chablis sans visiter la collégiale Saint Martin. Il semblerait que ce soit le véritable joyau de cette ville, c’est une réplique en plus petit de la cathédrale de Sens qui fut le premier édifice gothique de France. Commencée en 1160, elle est achevée à la fin du siècle. Sur le fronton en pierre de la porte romane sont sculptés une croix aux motifs floraux ainsi qu’une colombe, un serpent et un agneau. Des fers à cheval sont cloués sur la porte. La pointe du magnifique un harmonieux clocher supporte une croix qui elle-même est surmonté d’un coq qui trône à cinquante mètres de haut.
J’avais dans un premier temps prévu de m’installer au camping. Donc, je décide de faire un petit crochet afin d’aller voir à quoi celui-ci ressemble. Lorsque j’arrive à la réception, je me rends compte que celui-ci ne sera ouvert qu’à la fin de la semaine.
Heureusement que j’avais opté pour un hébergement chez l’habitant.
Je longe la grand-route, pas mal de temps. Pendant quelques kilomètres, il y a un trottoir me permettant d’avancer en toute sécurité. Puis je bifurque sur le chemin de la Garenne. Ça monte assez fort, mais j’ai la route pour moi seul. Et pour cause, elle ne mène pas vraiment quelque part : sinon dans les vignes. Et bien tant pis pour moi, je suis à nouveau mal pris pour faire rouler mon engin. Ce ne sera pas trop long mais pendant un kilomètre, il me faut prendre mon sac à dos sur mes épaules et manœuvrer tant bien que mal avec la charrette. Ensuite je roule sur un chemin de gravier. Celui-ci change régulièrement de côté et je suis obligé de traverser à chaque fois. Je préfère rester sur ce genre de chemin. La circulation est vraiment trop importante. Je croise une grande étendue d’eau entourée par les vignes. C’est l’étang de Beine. Je n’ai plus comme possibilité, que de marcher en bordure de route. C’est assez malaisé. Je dois observer attentivement les véhicules qui se présentent, afin de voir si je peux rester sur la route où rouler dans le talus. Les moments les plus inconfortables se remarque surtout lorsque se présente un parapet. Il m’est impossible de resserré sur le flanc de la route car je suis barré par une bordure en béton ou par une barrière en bois. Lorsque j’arrive à Beine, je suis bien content de quitter cet axe routier. Je prends donc la direction Bleigny le Carreau.
Enfin, la route est plus calme. Je traverse ce petit village. Je croise beaucoup de personnes, elles se rendent à un office religieux, un enterrement sans doute.
Lorsque je quitte le village, la route monte très fortement. Je traverse les coteaux de vignobles, ils s’étendent à perte de vue. C’est très calme, juste le passage d’un ou deux tracteurs. Un peu avant le centre du village, je prends la D124, sur la droite. Plusieurs petits villages se présente dans cette nature champêtre. Puis, la circulation devient à nouveau dense sur cette petite route. Au loin se dessine déjà la ville d’Auxerre.
Je passe au-dessus de l’autoroute. Ensuite, un peu plus loin : devant une station de transformation électrique qui par son étendue, donne un indice sur la grandeur de cette ville.
Il est midi, je m’installe dans un chemin parallèle pour manger. Je suis à l’abri du vent, protéger par la végétation. Je ne resterai pas très longtemps à cette place. D’épais nuages émergent à l’horizon.
Une longue descente m’attend avant que j’arrive au centre de la ville. J’aborde la proche banlieue et l’orage se déclenche. Donc, je m’abrite sous la devanture d’un café. La pluie sera de courte durée. Quelques minutes et je peux recommencer ma prospection. J’aimerais autant loger dans une maison cette nuit, je commence à m’habituer à ce confort tous relatif que cela me procure. Je recherche la « Maison des Randonneurs ». Mais, je ne situe pas la rue. Je m’informe auprès des passants. Personne ne semble être au courant que cet abri existe. De ce fait, je ne vais pas m’éternisé ici, j’ai une solution de réserve. Je retourne donc sur mes pas pour rejoindre le camping de la ville. Cette fois, je suis guidé par les plaques routières.
Je traverse une fête foraine d’une belle grandeur. Je passe devant le stade de football. Puis, j’arrive à destination. Génial ! Cet endroit a été judicieusement choisi et assez reculé pour leurs manifestations culturelles et sportives.
Pour ce qui est du bruit, les occupants du camping municipal sont aux premières loges.
Après m’être installé, je suis paré pour retourner faire un tour en ville.
Je reprends le chemin latéral qui borde le cours d’eau. C’est un chemin de promenade, bien agréable. Un groupe de jeunes s’entrainent au canoë sur l’Yonne en vue d’une compétition prochaine.
La ville est très riche en patrimoine religieux et autre. On peut aussi suivre un chemin fléché à l’aide de balises en bronze, il mène dans des petites rues hasardeuses à la Fontaine de François Brochet, Place Charles Surugue. Elle est surmontée de la statue de Cadet Roussel. Elle rend hommage à cet homme à la destinée hors du commun. Ce personnage fantasque est une figure emblématique née d’une satire produite par l’imagination des contemporains de l’époque. Il est citoyen d'Auxerre dans les années 1700. Il mourra en 1807.
Très prochainement, se tiendra également un festival international du livre. Mais je serai déjà loin dans les jours prochains.
Dans mes pérégrinations autour de la ville, je trouve par hasard la « Maison des Randonneurs » mais c’est trop tard pour moi.
Ainsi, il se fait tard. Je retourne au Camping, non sans passer visiter la kermesse. J’y découvre des manèges de plus en plus performants et majestueux. Mais je n’ai pas vraiment envie de tester leur efficacité.
Après souper, je me dirige sur les sanitaires. Pendant que mes batteries sont en train de chargée, je lis un livre numérique assis sur mon tapis.
Peu de temps après, un belge vient à ma rencontre. Il va à Saint Jacques a vélo. Il vient de Zeebrugge. Mais, il compte d’abord rejoindre Lourdes avant.
le 21 mai 2015
Auxerre –Bessy-sur-Cure (Yonne) 33km – 195 m - 4.9km/h (6h32 de marche) – (Gîtes) 14-2015-Auxerre-Bessy.GPX
Lorsque je me suis couché, il devait être 10h00 du soir. L’animations sur la fête donnait bon train. Malgré mes craintes, je me suis endormis immédiatement. J’ai passé une bonne nuit, puisque je me suis seulement réveillé à 7h00. La tente est trempée de l’humidité de la nuit. Je la ferai sécher à midi, c’est mieux ainsi. Je pars d’Auxerre à 8h30. Je retourne légèrement sur mes pas, pour rejoindre le canal.
Après onze kilomètres, je suis arrivé à Vincelottes. Il n’est pas 11h00. J’avais prévu de faire étape à cet endroit, mais il est vraiment trop tôt. C’est bête, le camping est juste à côté de la voie que j’emprunte.
Je rencontre un homme avec une petite fille, il se rend à la boulangerie. Cela me fait penser que je ferais bien de même. Je l’accompagne donc. C’est un moment plaisant où je peux discuter un peu en rompant la monotonie habituelle. En fait j’apprends que c’est le patron des Ceriselles, on j’avais l’intention de m’arrêter, pas de chance pour lui, un client en moins. Il ne m’en tient pas rancunes et loin sans faux, car contribue à l’effort de guerre, en me payant ma baguette, et il insiste en disant :
« Ce sera ma contribution à l’œuvre que vous faites ! »
C’est réconfortant d’être encouragé de la sorte.
Après une petite erreur de chemin dans un village pour trouver une épicerie, je suivrai le chemin le long du canal sur près de 28km. Je ne croise que peu de monde. C’est assez plat et ça roule quasi tout seul. Après Bazarnes, je rejoins Prégilbert puis Séry. Là je suis un peu paumé, je monte et progresse sur la route jusqu'à une indication, mais rien ne vient me mettre sur la voie. La route descend maintenant très fort, la charrette glisse toute seule vers le village de Bessy-sur Cure. Je croise un carrefour qui m’indique la direction d’Arcy-sur-Cure où je dois trouver le camping l'Isle Saint Jean. Le poteau indicateur m’indique : encore trois kilomètres.
« Ouf, me dis-je, pourvu que ce camp ne soit pas au bout de la ville, mais ça devrai aller. »
Je continue plusieurs centaines de mètres sur la Grand Rue, lorsque j’aperçois un panneau fléché :
« Gite d’Etape »
Je suis vraiment intéressé. Ce ne serait pas mal d’arrêter ici.
Je me dirige pour voir le coût que reviendrai la location.
La maison se situe au bout d’une cour.
Je n’ai pas atteint le bout de la cour qu’une voiture se présente.
L’homme qui en descend, me demande si je cherche à me loger. Je lui réponds que oui, mais pas à n’importe quel prix. Je sais que certaines maisons d’hôtes dépassent relativement vite mon budget.
Ici, le tarif pour les pèlerins sous couvert de la présentation du crédential est particulièrement raisonnable au vu du service proposé.
Après ma réservation, on m’indique de ne pas quitter le village sans aller visiter le joli village.
L’environnement est très verdoyant, une végétation de prés et de bois, m’a-t-on dit, a remplacé la vigne dont le vin était vraiment très ordinaire. Plusieurs monuments sont représentatifs de ce petit bourg Bourguignon. L’église date du seizième siècle. Le vieux pont qui enjambe la Cure est également de construction ancienne. La mairie qui a été bien rénovée, elle était à l’origine, une ancienne chapelle Saint- Jacques.
le 22 mai 2015
Bessy-sur-Cure – Vézelay (Yonne) 26Km – 523m - 5km/h (5h09)
(Gîte pour pèlerins - ancien pensionnat-Sainte Madeleine )
15-2015-Bessy-Veselay.GPX
Ah, que cela fait du bien un bon lit. Une chambre seule avec des draps propres. Tout le confort, j’ai même regardé la télé. Je découvre les nouvelles depuis une dizaine de jours sans infos.
Après un bon petit déjeuner, je pars en laissant les clefs dans la boite aux lettres.
Il doit être 8h30.
Je dois impérativement passer par Arcy-sur-Cure pour faire quelques courses, car ensuite je risque de ne plus rien trouver comme commerces. Même à Vézelay qui est un hameau religieux et touristique plutôt qu’autre chose. Ne sachant pas quel serait le meilleur chemin, je me renseigne à la petite épicerie. Ils sont très dévoués, la dame va chercher une carte détaillée de la région. Elle m’indique ce qui devrait être un sérieux raccourcit. J’en doute encore aujourd’hui, à pied sans aucun doute mais avec mon engin roulant est-ce bien raisonnable ?
Toutefois, je n’ai pas vraiment le choix. Soit c’est la grand-route, soit le chemin que l’on m’a expliqué. Au début tout va bien, c’est même assez sympathique, je passe devant un somptueux domaine. Puis c’est la campagne à travers champs sur une route empierrée, plate et large. Je rencontre un balisage, et c’est très bien. Mais les difficultés commencent. Comme à chaque fois, je bifurque dans un chemin ou les hautes herbes foisonnent puis je monte dans une forêt. Impossible de rouler, je suis contraint à porter mon bagage le temps que dure cette déficience de terrain. Après environ deux kilomètres, je sors du bois pour me retrouver sur une petite route sans aucunes indications. Je me dirige vers Saint Moré mais au centre du village, je m’aperçois que je dois rejoindre Montillot situé à neuf kilomètres. Si je ne veux pas emprunter la grand-route, je dois impérativement revenir sur mes pas. Retourner à mon point d’émergement initial et aller tout droit. J’aurais dû prendre à droite au lieu de me diriger sur la gauche. Je vais continuer sur cette petite route tranquille à travers les taillis ou les prairies, en passant par « La Jarrie » ou « Lac Sauvin ». Attention, il n’y a aucune étendue d’eau. Ce lieu n’en porte que le nom. Peu après Montillot, je me retrouve sur la D951. Elle est assez large mais parcourue par une grande quantité de camions. Ce qui rend périlleux, ma progression. Bien avant Asquins, je vois déjà la basilique de Vézelay qui se profile en haut d’une colline escarpée.
J’embraille donc pour rejoindre cet édifice, mais je me trompe une nouvelle fois. J’aurais dû traverser le village d’Asquins et continuer tout droit par la route des pèlerins. En suivant la grand-route, je rallonge ma randonnée et de plus, je ne saurai pas profiter du paysage.
Arrivé sur le côté de la bute, j’emprunte un sentier qui conduit directement au monastère. L’ascension est assez pénible. Une nouvelle fois, c’est encore difficile de rouler.
Je rencontre un pèlerin qui va monter sa tente à Saint-Père. Un petit village situé dans la vallée. J’hésite un instant à la suivre. J’avais aussi prévu de loger au camping situé à proximité. Mais comme je suis presque arrivé dans le chemin de garde du village, je continue. Je fais donc le tour au sommet de la bute puis j’arrive devant la basilique.
C’est vraiment un haut lieu du christianisme. Le charmant petit village perché sur cette colline apporte une sérénité poétique et spirituelle.
On m’a vanté l’accueil prodigué à Vézelay. Je laisse ma charrette au pied des marches de la maison religieuse. Une fois à l’intérieur, je demande s’ils ont un logement à me proposer.
Il y a un centre d’accueil pour pèlerins qui est assez spirituel.
Restons qu’il faut se prêter au coutumes de la maison. On ne vous oblige en rien de toute façon.
Je rentre et je suis reçu par l’hospitalier du moment. Je range ma charrette dans la cours.
Dans les refuges de la confrérie, il y a souvent un ou plusieurs hospitaliers qui accordent bénévolement un peu de leur temps pour les pèlerins de passage.
Conditions :
1. Avoir réalisé le pèlerinage à Compostelle dans son intégralité. Le Camino Frances est souvent pris en considération.
2. Se consacrer bénévolement pendant, en général, deux semaines dans l’époque d’une année à l’accueil des pèlerins et tout ce qui peut tourner autour. On parle ainsi de l’entretien des locaux, etc...
L’homme qui me reçois est au terme de son service. Il sera remplacé le lendemain par une dame pour les deux semaines qui suivent. Il me guide vers des escaliers qui débouchent sur un dortoir. Pour l’instant, il y en a deux. Un pour les dames et un pour les hommes.
Il me propose deux choses importantes dans la vie du pèlerin et l’hébergement en communauté.
Tout d’abord, j’emporte un coquillage que je vais habilement attacher à mon sac en guise de ralliement à la confrérie, et des boules « Quies » pour une meilleure tranquillité nocturne.
Je fais la connaissance avec un allemand qui est bien malmené par une légion d’ampoules sous sa plante des pieds. L’homme a les pieds en sang. Il a pris un jour de repos aujourd’hui, pour se reposer et se refaire un brin de santé.
Après m’avoir installé, je dois aller m’inscrire. Le site est très religieux et comme on me propose de participé aux laudes, demain avant de partir. Cela sera suivit par la bénédiction des pèlerins. En fait, je suis dans l’ignorance de ce que peut être les laudes, mais comme je ne veux pas me faire reconnaitre plus ignare que je ne suis, j’obtempère.
Je fais aussi connaissance d’une sœur dont j’ai oublié son nom. C’est une belge qui a jeté son dévolu à Vézelay, elle caractère bien trempé. Elle prodigue des démonstrations de peinture iconique.
L’après-midi n’est pas vraiment avancée et j’en profite pour jouer un peu le touriste jusqu’à ce soir.
Ce matin après avoir déjeuner, j’ai donc respecté mes engagements. Je me suis rendu en compagnie d’autres pèlerins à la messe des laudes. Après la cérémonie religieuse, nous avons reçu la bénédiction du prêtre ainsi que tous ses vœux de réussite pour mener à terme notre projet.
Je pars de Vézelay avec un souvenir émouvant, et un peu troublant. Je suis serein et reposé par une bonne nuit de sommeil même si on était quelques-uns dans la chambre.
J’ai changé mon trajet original car il était établi pour repartir de Saint-Père. Je vais donc vers les "Bois de la Madeleine" par la D36 direction Asnières-sous-Bois situé à 8 km. A la bifurcation, je jette un dernier regard sur cette colline qui abrite probablement le but de certaine démarche initiatique pour beaucoup de pèlerinage. Je le considère aussi comme un nouveau point de départ dans ma prospection vers Compostelle. La route est calme c’est une succession de petites collines bordées d’arbres bas. Les "Bois de la Madeleine" est un joli nom pour un petit village quelque peu isolé. Je croise deux joggeuses revenant de leur promenade matinale. Elles sont un peu interloquées par l’attelage qui les dépassent. Peu après, à une croisée de chemins, je consulte mon GPS. Je dois bientôt bifurquer à gauche. Mais ce n’est pas ici, car le chemin ne mène en fait nulle part. Je continue donc. Je ne vois pas l’ombre d’un quelconque passage, je suis vraiment seul sur cette route de campagne. A l’entrée d’une forêt plus dense, je vois la direction Chamoux vers la gauche. Je pense de suite que ce doit être ici que je m’écarte de la route principale. Par acquit de conscience, je consulte à nouveau mon guide électronique qui se trouve être attaché sur ma charrette.
Attaché dis-je, tout au moins il l'était. Mais à présent, je constate avec effarement qu’il a disparu. Dans un premier temps, je regarde si je ne l’ai pas rangé ailleurs. Après avoir tout retourné, je ne mets pas la main dessus. Je retourne donc sur mes pas en laissant mon chargement, tout en le dissimulant dans un sous-bois. Je retourne jusqu’au village. Dernier point de ma dernière consultation. Je ne peux que me rendre à l’évidence, je l’ai bel et bien perdu. C’est très étrange car il n’y a pas eu de passage de voiture et le coin est vraiment désert. Puis, je me rappelle avoir fait une auto photo ou selfie comme les jeunes évoquent près d’une borne kilométrique. Je l’observe sur l’écran de mon appareil en zoomant un maximum et je remarque immédiatement la présence du GPS. Cela réduit fortement la zone de mes recherches puisque l’appareil à procéder la prise de vue à une distance proche. A peine à 500m du carrefour ou je suis arrêté. Je procède donc à une rétrospection jusqu'à cet endroit. Je fouille minutieusement dans les herbes hautes du bord de la route, observant intégralement le terrain en m’aidant de mon bâton de pèlerin. Cela fait plus d’une heure et je n’ai rien retrouvé. Je dois à présent me rendre à l’évidence, il est bel et bien égaré. Encore un espoir duper.
Il me vient cependant une idée, prévenir mon épouse si elle ne peut le localiser sur internet. J’ai lu un article s’y rapportant. Cela doit être fait dans un délais raisonnable puisque la batterie déchargée entraine systématiquement la coupure de l’appareil. J’envoie donc un message à ma chérie. Comme par hasard, l’endroit est tellement reculé qu'il n'y a pas de réseaux possible. Je prends la route de Chamoux et en haut d’une colline, la communication peut être établie. Je lui téléphone donc et lui explique succinctement ce que j’attends d’elle. Elle se démène comme elle peut, mais n’arrivera en fait à aucun résultat. C’est idiot franchement, je venais de racheter une seconde batterie afin d’avoir une meilleure autonomie. Il ne me reste plus que celle-ci et que faire avec ?
Il est près de midi lorsque je rentre dans Chamoux. Je n’ai parcouru que neuf kilomètres. J’ai couru dans tous les sens, de long en large et c’est comme si j’avais sillonné pendant trente bornes. Je suis bien éreinté et je risque de le payer dans les jours qui viennent.
J’arrive à « La Maison Dieu », bon sang quel nom évocateur ! Je demande une confirmation à une jeune femme bien sympathique qui m’explique clairement le chemin à prendre. A Sardy les Forges, la route indique clairement Brève. En passant près de L’Armance, je vais tremper mes pieds dans le petit cours d’eau. J’ai décidé de finir mon parcours avec mes sandales, d’ailleurs il ne reste que deux kilomètres. En remontant le talus, je me tords le pied.
« Merde, fait chier ! Quelle journée aujourd’hui ! »
Et ce n’est pas fini, je vais le découvrir prochainement. En fin de compte, mon pied, ce n’est pas grave du tout.
J’arrive à Brève tranquillement, je reconnais ce que j'ai visionné sur mon ordinateur. Parfait au centre du village, le camping est parfaitement indiqué. Je descends vers le terrain communal réservé à cet effet. C'est assez agréable, je passe devant une fontaine. Un peu plus loin se dessine la barrière qui délimite le camp. J'ai quelques doutes, celle-ci est fermée. A cette heure-ci, c'est un peu étrange. Il n'est vraiment pas tard. Allons bon, plus je m'approche, plus le camping me semble désert et inoccupé. Quand je vous disais que c'était une journée de délire total. Bon, on se calme. Tant pis, comme je suis à pied, je me glisse sous le porche de l'entrée. J'arrive au bloc sanitaire, naturellement tout est fermé. Bon, comme il m'est impossible de trouver quoi que ce soit dans le coin. Je m'invite à rester ici.
Par acquit de conscience, comme j'occupe un terrain privé et que des renseignements me sont fourni sur un panneau à l'accueil, je téléphone au maire pour obtenir l'autorisation de m'installer. C'est une situation qui ressemble à du déjà vu, rappelez-vous à Lantages. Pas très chaud le gars, faut dire que je l'importune grandement. Nous sommes samedi, il a sans doute d'autres chats à fouettés. Je parviens à avoir gain de cause, mais il est hors de question de remettre en service toutes les aisances rien que pour moi. D'ailleurs, il y a des toilettes publiques sur la route qui conduit au canal.
Mon dieu, je les ai vues le lendemain en partant, c'est horrifiant.
Toutefois, je n'ai pas vraiment besoin de quoi que ce soit. J'ai de l'eau en suffisance, je porte toujours une réserve d'un litre et demi dans le panier de ma charrette. Tiens, il m'en faudrait bien justement. Je dois me préparer à manger.
Alors là, vous allez rire, le fond du panier est vide, totalement vacant de bouteille d'eau.
Je me mets donc en devoir d'aller en chercher à une maison, en espérant n'effrayer personne. Mais en cours de route, je rencontre un paysan qui passe le motoculteur dans ses vignes. Il me dit d'aller puiser mon eau a la fontaine, elle est vraiment bonne. D'ailleurs, il en boit tous les jours.
Après cette journée riche en évènements, je m'installe et profite des derniers rayons de soleil que me procure cette fin d'après-midi.
Peu de temps après, alors que je suis en train de manger, se présente à l'entrée, une randonneuse à vélo. Elle voulait faire la même chose que moi. Après explication de la situation, elle était relativement fâchée que le camping soit fermé. D'autant plus, qu'elle avait observé le long du canal la période d'ouverture. Je lui dis qu'en vélo, elle pouvait continuer jusqu'au prochain hébergement, situé à une vingtaine de kilomètres. Mais cela ne l'enchantait guère et elle plante sa tente au centre du terrain. Pour les commodités de la cycliste, ça c'est une autre affaire.
Dans la soirée, un couple de personne viennent me demander l'autorisation de placé une affiche à la réception. Fernanda et Claude sont très à l'écoute et pour cause, ils ont fait le chemin jusqu'à Compostelle. Ils m'ont expliqué ce qu'était "Être dans le chemin" tout en me disant que pour moi c'était gagné. Je veux bien croire à ce qu'ils me disent. De toute façon, je pense qu'après autant de jours, je suis rodé. Il me vient une anecdote entendue au bord d'une chaussée, qui disait à peu près ceci :
" Le premier jour, quand tu pars pour la première fois pour un long voyage à pied, il pleut toute la journée. Le second jour, pas de chance, il pleut également toute la journée. A la troisième tentative, c'est la même chose. (Attention, c'est des situations envisageables).
Si le quatrième jour, il pleut toujours, tu prends tes cliques et tes claques et tu rebrousse chemin avec le moyen le plus rapide.
Par contre si tu as du temps convenable les premiers jours, il peut faire vraiment mauvais après. Tu supportes vraiment n'importe quoi."
C'est très relatif, mais j'ajoute qu'en camping, après plusieurs jours d'humidité permanente, il ne nous reste plus rien comme vêtements secs …
De toute façon, je pense qu'après autant de jours avec du beau temps, je suis prêt à affronter le reste du chemin.
Faute de courant, je ne me permets pas de lire trop longtemps. Grâce à mon chargeur solaire, j'ai pu maintenir la batterie de mon GSM au maximum mais la lecture sur écran consomme pas mal et je ne sais pas si j'aurai assez de soleil demain pour le maintenir optimum. Donc 21h30, extinction des feux. Il ne fait pas encore sombre dehors, mais je me suis installé sous un réduit couvert. Ainsi, même s'il venait à pleuvoir, je serais toutefois à l'abris. J'avais le choix des places alors autant en profiter.
Je m'endors souvent assez vite, et ce fut le cas. J'ai été réveillé plusieurs fois par des aboiements de chiens puis sur le matin les grillons s'y mettent à cœur joie. Il doit faire bon dehors, si on les entend ainsi.
Vers 6h15, je sors de ma tente. En effet le soleil se lève et brulent déjà ses premiers feux. Vers 7h15, je prends la poudre d'escampette. Je sais que je dois longer le canal du Nivernais pendant quelques kilomètres avant de me diriger vers Tannay. Nous sommes encore une fois dimanche et je dois me ravitailler du matin. D'autant plus que cela fait plusieurs jours que je n'ai pas rencontré de boutiques.
J'arrive le long du canal et ne sachant pas vraiment me situé, (pauvre de moi, je n'ai plus de GPS) je prends vers la gauche. Peu après, je vois un balisage qui indique Tannay 2km. C'est plus qu'improbable que je suis dans le mauvais sens. Chance je n'ai parcouru que 500m, je fais demi-tour et poursuit sur la voie de halage. A cet heure matinal, tout est encore endormis. Sauf deux pécheurs qui lance leur ligne. Je suis allé un peu trop loin sur ce chemin plat, un homme qui est venu s'occuper de ses chevaux m'explique que j'arriverai au centre de Tannay mais que la bute est importante pour y arriver. Tant pis, je continue. Je passe à la boulangerie. Je laisse mon attirail sur le pas de la porte. Un homme me regarde puis m'adresse la parole. Il me demande d’où je viens, sachant bien que je suis un pèlerin car ici on est vraiment sur un des tracés. La conversation débouche sur quelques expériences personnelles car lui aussi l'a réalisé dans sa jeunesse. En sortant du bourg, j'aperçois un supermarché. C'est parfait, je suis prêt à soutenir un siège. Je me dirige sur une petite route qui monte jusque Cervenon. Au sommet de cette côte, j'ai perdu un peu de ma superbe. Je ressens aussi la fatigue d'avoir recherché mon GPS hier. À courir comme un fou, j'en paie un peu les pots cassés ce jour.
A Thurigny, après seulement 16km comme il est midi. Je décide de me faire à manger chaud. J'ai tout ce qu'il faut et cela va me requinquer. Après une petite sieste, je repars frais et dispos. Après Cuncy-les-Varzy, je passe à côté de l'église gothique dédiée à Saint-Martin, elle fut construite dans les années quinze cent sur un ancien lieu de culte de style roman. Je remarque surtout la porte d'entrée en anse de panier, ornementée par des sculptures gothiques ornées de choux frisés. Au-dessus de la croix qui termine cette porte se trouve une petite fenêtre en quadrilobe. Dans cette campagne inébranlable mon chemin me conduit enfin vers une grand-route, à Villiers-le-Sec. Il s'agit de la RN151. C'est une route à grand trafic, on le devine. Afin d'éviter cet inconvénient, je prends une petite route parallèle qui surplombe toute la vallée. Je traverse le petit hameau presque abandonné de Chantemerle. Au-devant d'une ferme d'un aspect délaissée, des volailles ont élues domicile dans un ancien frigo. Sinon le reste des bâtiments quasi en ruine de la localité est affiché "A vendre". Je me retrouve à l'entrée de Varzy et descend au centre du village.
Auparavant, voyant que mon hébergement de la veille avait posé problème, j'avais demandé à Pat de prendre quelques informations sur l'endroit où je pouvais coucher cette nuit. Elle m'avait répondu d'arriver après 17h00, mais que j'avais une place de réservée.
Seize heures quarante s'affichaient à ma montre. Je serai un peu en avance, mais c'était sans compter que le camping se trouvait à l'orée de la ville. Je demande ainsi si celui-ci est encore loin. On me dit que c'est juste après le lac, par là. Je longe donc la grand-route, quitte la ville et toujours pas de lac. Après deux kilomètres, je vois l'entrée qui communique avec l'étendue d'eau. Je traine un peu autour du lac puis j'émerge sur le lieu tant convoité, il est cinq heures tapantes.
L'accueil est ouvert. Je vais de ce pas m'inscrire afin de pouvoir installer mon équipement au plus vite. J'ai hâte de me reposer et de gouter à une détente bien méritée. Je rentre à la réception.
Je me présente, mais ais-je besoin de dire que je suis pèlerin ?
La personne me situe rapidement, elle s'exprime avant que je prenne la parole :
"Vous êtes le belge, votre femme a réservé pour vous cette après-midi, voici les clefs."
Interloqué, je la regarde et pense : "Les clefs, quelles clefs ?"
Voyant mon embarras, elle reprend : " Ben oui, les clefs du refuge pèlerin "
Il y a donc un local pour pèlerin dans ce bled perdu. Pour moi c'est génial, cela veut dire une literie et pas besoin de dormir par terre aujourd'hui.
Vis-à-vis de la journée d'hier, c'est une surprise bien agréable.
le 25 mai 2015
Varzy (Nièvre) (jour de repos)
Plus tard encore dans la soirée d'hier, plusieurs marcheurs sont arrivés. Une jeune femme qui entrainait son ami dans une aventure de quelques jours en préambule pour un plus long voyage.
J'ai aussi fait la connaissance aussi d'un groupe de vélo-cyclistes. Il s'agissait des aventuriers de l'Europe A Tour de Bras.
Leur devise : " Un handicap n'empêche pas de rêver n'y de s'accomplir "
En effet, un des membres de l'association a perdu l'usage de ses jambes et à l'aide unique de ses bras pédale sur un vélo adapté pour la circonstance. Une solide équipe l'encadrait. Ils reliaient donc Vézelay à Compostelle.
De ce fait les couchettes étaient toutes occupées.
Ce matin, tout le monde est parti de bonne heure, sauf moi. Aujourd'hui, j'ai envie de prendre un jour de repos. J'ai demandé, s'il m'était possible de rester. La patronne n'y voyait pas d'inconvénients. Toutefois, il y aurait priorité aux nouveaux venus et si le refuge était complet, je devrais monter ma tente ce soir.
Je visite le village et j'en profite pour aller au petit supermarché. La matinée est assez ensoleillée mais l'après-midi est de plus en plus désastreuse. J'ai pu de justesse mettre sécher mon linge dehors et heureusement que je me suis aperçu que le temps se dégradait car une averse aurait tôt fait de réduire ce séchage à néant.
L'après-midi est calme, je lis un peu et je réécris sur mon journal. J'observe le trajet déjà parcouru. Et j'établis l'itinéraire pour les jours qui viennent.
Vers 17h00 la direction m'annonce qu'un pèlerin vient de réserver une place pour ce soir. Puis aussi vite elle nous informe de l'arrivée de deux autres personnes. Cependant, ils sont encore loin et elle pense qu'ils préfèreraient probablement coucher dans leur tente. S'ils n'arrivent pas jusqu'ici dit-elle ils coucheront en cours de route. A cette allure, je peux m'inquiéter, il ne faudrait pas que d'autres pèlerins s'ajoutent car je vais devoir passer la nuit dans ma tente.
Le premier arrive vers 18h00 et n'est pas très causant. Je respecte son intimité, nous parlerons peut-être demain. Il ne fait pas vraiment très beau dehors. Et dès que j'ai fini de manger, je m'installe sur une des couchettes supérieures et je bouquine.
Il est près de 20h00 et les deux derniers ne sont pas encore là. Je décide de m'endormir. Peu après la porte s'ouvre. Deux personnes s'encadrent dans le chambranle. Ils sont visiblement très éprouvés par leur voyage de ce jour. L'homme n'est vraiment pas très bien.
La dame décide de préparer un repas chaud. Nous leur indiquons les particularités du lieu, la pièce n'est pas très grande. De ce fait, je reste dans ma couchette afin de ne pas les déranger. Ils doivent s'alimenter, ils n'ont rien avalé depuis midi car ils ont eu du mauvais temps tous l'après-midi.
Ils mangent tous les deux, mais cela ne s'arrange pas pour l'homme. Il a dû attraper un coup de froid et s'en va en catastrophe pour se soulager à l'extérieur. Peu après la femme nous explique que son mari vient de subir une opération très difficile. Il a échappé de peu à la mort. Ils sont très croyants et en signe de reconnaissance, ils ont décidé de faire le chemin jusque Saint-Jacques de Compostelle. Voici donc des pèlerins de pure souche.
Mais n'était-ce pas un peu présomptueux de partir dans des conditions aussi précaires ?
A ce moment présent, je ne pouvais que respecter leur optimisme en espérant que leur souhait se réalise. Malheureusement, je ne pouvais pas leur rendre grand service étant moi-même assez novice en la matière. Il faut dire que la foi soulève les montagnes et malgré tout ce que l'on peut en penser, ils vont s'acharner car je les rencontrerai plusieurs fois par la suite jusque très bas dans la France.
Lorsqu'on se lève dans un local exigu, le premier qui bouge entraine le réveil de tout le monde.
De ce fait même si quelqu'un a envie de faire la grâce matinée, il faut qu'il attende que tout le monde soit parti. Les deux derniers arrivants ne savent pas ce qu'ils vont faire aujourd'hui. L'homme a plus belle figure après cette nuit de repos mais il est loin d'être la pleine forme. Ils pensent échapper à la marche aujourd'hui, mais sont vraiment indécis. Peut-être pourrait-il prendre un bus qui les conduiraient une ou deux étapes plus loin, afin que l'homme puisse récupérer.
Le jeune de 36 ans est un peu plus abordable aujourd'hui. Nicolas m'accompagne jusqu'au centre du bourg. Sur le court trajet, il m'apprend qu'il fait le voyage tout en finançant son périple en développant quelque spectacle de rue. Il récolte par ci par là quelques euros et c'est ainsi que son parcours se prolonge petit à petit au hasard des rencontres.
Il va prendre un café en ville. Moi, je commence ma marche. Le long de la nationale, je dois être particulièrement vigilant car à cette heure les gens du coin se rendent à leur travail. Je quitte enfin la N151 au "Crisenons". C'est une petite route bordée de champs de seigle bercé par une légère brise ce qui donne des reflets miroitant. Le ruban sombre est une longue ligne droite jusque Champlemy. Tout est très tranquilles. Parfois les colzas en fleurs m'accompagnent dans ma rêverie. C'est une étendue jaune à perte de vue. Elle est parfois entrecoupée d'une ou l'autre tâche rouge alors qu'un bouquet de coquelicot se sont invité dans leur demeure. A la Vènerie, j'aperçois un bâtiment insolite, c'est une construction moderne qui est entouré par un très beau parc. En fait j'apprendrai plus tard que c'est une maison de convalescence. C'est vraiment l'endroit calme et particulièrement adapté pour une thérapie de revalidation.
A cet endroit, la Nièvre n'a pas encore une largeur phénoménale. Il fait un temps magnifique, j'en profite pour me tremper les jambes dans ce cours d'eau bienfaiteur.
Je regarde la carte afin de me rendre compte de mon parcours. J'ai vraiment bien marché jusqu'ici. Aujourd'hui, je pourrais aller jusqu'Arbouse. Le refuge communal proposait quatre places pour un prix très démocratique. Cela pouvait me convenir d'autant plus que cela m'avançait un peu pour les jours qui suivaient. Bon maintenant, il est midi je pense qu'il est temps de diner. Je remets mon pantalon lorsque je perçois un bruit inédit dans ma poche.
"Bon sang, je suis reparti avec les clefs du refuge de Varzy…
Comment vais-je faire pour restituer le trousseau ? "
Tout en mangeant, je regarde sur la carte la meilleure opportunité qui m'est offerte. Le plus simple, c'est de rejoindre Château-Neuf-Val-de-Bargis. Cette bourgade possède également un refuge pèlerin.
Je vais devoir simplement déposer mes bagages au gite, puis je pourrai relier directement Varzy par la route nationale en stop. Aller-retour si un véhicule me prend, je pourrai y arriver en deux heures. Si je dois le faire à pied entièrement, il a un peu plus de quinze kilomètres dans un seul sens. Cela risque d'être plus empirique. Finalement, c'est bien le diable si je ne suis pas pris par une voiture alors que je voyage sans bagages. De toute façon, je n'ai pas le choix, c'est cela où se débarrasser indument des clefs. C'est une idée impensable et égoïste, je ne le conçois même pas !
J'avale rapidement mon repas de midi, puis passe la vitesse supérieure afin de me rendre au plus vite à destination. Vers 13h15, je rentre dans la ville. Je ne sais toujours pas où se trouve le logis pour pèlerins et je m'arrête devant l'école. Il y a justement une sympathique postière qui rejoint son véhicule. Je lui demande donc si elle ne serait pas au courant d'un logement prévu pour les randonneurs de mon type.
"Si, me dit-elle, il suffit de se rendre à la boulangerie et de demander les clefs."
Puis, comme elle semble à l'écoute, je lui raconte ma déconvenue. Elle me répond de suite :
"Vous n'allez tout de même pas refaire tout ce chemin inverse ; même en stop, ce ne sera vraiment pas des plus agréable ! J'ai une solution à vous proposer. Je vous fais renvoyer les clefs par la poste et au plus tard demain elles seront rendues au propriétaire. Entre temps, même si le refuge n'est pas clos, cela ne peut représenter qu'un embarras modeste."
Sitôt dit, sitôt fait. Je n'aurais qu'à prévenir la patronne du camping à partir de 17h00 pour lui expliquer. De par sa réponse, je verrai bien si elle est mécontente ou pas. Je laisse donc les clefs à l'employée de la poste si aimable et fonctionnelle, pour me rendre aussitôt à la boulangerie.
Le logis est insensiblement plus cher qu'a Arbouse mais il est vraiment très bien équipé et je ne regrette en rien ce regrettable évènement qui m'a fait découvrir cet endroit.
J'ai recontacter la personne du refuge de Varzy. Elle s'en doutait un peu que j'étais partit avec les clefs mais ne m'en tiendrait pas rigueur si toutefois le trousseau rentrait dans les jours qui viennent. De plus elle procéderait avec des doubles en attendant. Ma conscience soulagée, Je profite du reste de la journée pour flâné autour de la bourgade.
Hum, quelle bonne nuit au calme dans un confort parfait. Hier soir, je me suis endormis sur ma lecture. Heureusement que je m'en suis rendu compte à temps, car ce matin j'aurais été sans batterie pour mon portable. En effet lorsque je lis, l'écran reste allumé en consommant pas mal d'énergie.
Je pars de Châteauneuf vers 8h00 en n'omettant pas, cette foi de glisser les clefs dans la boite aux lettres ; avant de poursuivre. C'est une succession de petite routes où les directions sont peu ou pas renseignées. Par chance, je trouve toujours une personne aimable qui me fournit des informations correctes, comblant ainsi mes desseins. A Arbouse, c'est un homme promenant son chien qui m'indique un bon chemin. Dans Murlin, c'est une femme qui tond la pelouse à l'aide d'une grosse débrousailleuse qui m'a clairement remis sur une voie qui selon elle, est la plus appropriée. La route n'est absolument pas fréquentée et pour cause, après le passage d'un tracteur transportant du bois de chauffage, le tarmac est absent et de profondes lézardes et anfractuosités rendent la circulation très empirique.
"Mince, me dis-je, ou cela me mène-t-il ?"
D'autant que je ne risque pas de pouvoir trouver une âme qui vivent dans ces parages.
Pourtant, je me trompe. La longue ligne jaune invite un vélo ou deux à se balader dans cet univers forestier et paisible. Reste, qu'ils ont vite disparu au détour d'un chemin de traverse. M'ayant aperçu, ils ne sont peut-être pas rassurés de rencontré un individu de mon espèce. Je me résigne à suivre ce ruban de pierraille et de faire confiance à cette dite dame qui semblait convaincue de bien m'avoir dirigée.
Après une incalculable distance, j'émerge aux abords d'une petite maison perdue à l'orée de la forêt. C'est une intersection de routes normales mais sans plaques de directions. Cependant, d'après la carte, il me faut aller tout droit. Je quitte enfin les bois de "Raveau". C'est de nouveau le retour à la civilisation. Mais il est midi, donc il est l'heure de diner. Je fais un petit crochet par Chazué évitant ainsi la circulation plus dense. Une bonne heure après, je suis en périphérie de La Charité sur Loire.
Je domine la ville en arrivant par la gare. Je descends la rue principale, lorsque je rencontre un jeune homme, sac à dos à l'épaule. Il est déconcerté, il n'a pas trouvé à loger dans cette ville et les prix lui semble prohibitif. Je lui demande s'il est en pèlerinage, il me répond que non. L'homme m'inquiète un peu, je pensais avoir un toit aujourd'hui. Bof, pas grave, j'ai toujours la tente avec moi : au cas où. Je me rends à la maison du tourisme. Muni de ma crédencial, je ne rencontre aucun problème. On me délivre les clefs et on m'accompagne pour me montrer le logement réservé aux pèlerins. C'est encore une fois très bien. On peut loger à six personnes.
La Charité-sur-Loire s'est développée autour d'un prieuré et de deux églises érigées par les moines. Le tout protégé par des remparts. C'est donc en partant vers ces fortifications que je me rends à l'autre bout de la ville. Une grande surface s'y est étendue et j'aurai envie de trouver un matelas pneumatique afin que ma literie soit un peu plus confortable. Au cas où, qu'il me faille encore couché dans ma tente. A part mes courses habituelles, je n'ai pas trouvé ce que j'espérais, sauf peut-être que j'ai pu compléter les cartes routières qui me manquaient pour rejoindre la pointe ouest de la France. Pas grave, pour le moment je profite du confort des gîtes. Je retourne vers le centre en longeant la Loire.
J'ai vraiment bien dormi, très peu perturbé en fait par le camion du traiteur qui s'est garé sous les fenêtres du logis. Son groupe refroidisseur démarrait régulièrement corrompant la quiétude de l'endroit. Après avoir crapahuté comme un damné hier dans la ville, je ne suis rentré qu'à 19h00. Le menu d'hier était simple et efficace. C'était "Lapin aux deux moutardes" tout juste préparé par William Saurin.
Il est près de 8h30 lorsque je démarre. Je longe la Loire le long de la grand-route. Au début, ce n'est pas gênant car il y a une allée piétonnière bordée d'arbres qui me sépare de la circulation. Je passe devant une très spacieuse fabrique de pain. C'est assez ironique, j'ai oublié d'acheter du pain hier mais pas de chance à cette heure ce n'est pas encore ouvert. A la sortie du bourg, je suis obligé de passé du côté gauche la route pour circuler réglementairement. Mais très vite je rentre sur une petite route de campagne qui se dirige vers Munot. On m'a dit de me méfier des chiens, et je dois dire qu'a pas mal d'endroit, heureusement que ceux-ci sont bloqués dans la propriété de leur maître, car j'aurais déjà été mangé. C'est la banlieue et je croise encore beaucoup de petites maisons très coquettes. Ensuite, le terrain est plat et lisse, cultivé principalement par des champs de céréale. C'est très droit et très neutre, si ce n'est un passage au-dessus d'une autoroute ou je n'ai qu'aucune envie de m'attarder, tant la valse des véhicules routiers est pesante. A descendant sur Chaulgnes, je rencontre directement une petite surface commerciale où je fais quelques achats. Principalement du pain, puisque je serai rapidement en rupture de stock. J'en profite pour me prendre une petite pâtisserie pour ce que je qualifierai de "mon dix heures". Je vais la déguster dans le parc à proximité.
Je traverse ce charmant petit village à l'activité débordante. Il faut dire qu'il fait un temps magnifique. Au détour de l'église, je rencontre un particulier qui vient de plein grès me serrer la main.
Il est très intrigué par ma démarche. Nous parlons de choses et d'autres puis chacun reprend sa besogne. Il est 13h30 lorsque j'arrive à Parigny les Vaux. Il me faut attendre 14h00 pour avoir la mairie ouverte. Je vais donc prendre un verre au café du coin. C'est le seul commerce de l'endroit.
Après avoir pris place dans la demeure que l'on m'a proposée, je fais rapidement le tour du village. Cela ne me prend guère de temps, vu que ce n'est vraiment pas très étendu. Mais il y a tout de même quelques endroits très séduisants. Je passerai le reste de l'après-midi au gîte, lorsque vers 19h00 deux personnes se présentent. Un couple de marcheur Hollandais, fait assez rare pour être signaler. Je leur propose l'autre chambre, ainsi chacun gardera son indépendance. L'homme m'invite à boire un verre au bistrot mais celui-ci a déjà fermé ses portes. Daniel, car c'est ainsi qu'il se prénomme, est dépité et ne veut pas en rester là. Subitement, dans la prairie en face de nous, passe un joggeur.
"Je vais lui demander s'il n'a pas une bière à nous offrir. "
Pas gêner du tout, il le rejoints mais leur conversation m'est inaudible. A leur retour, le passant signale à mon compagnon bien intrépide :
" Je reviens de suite…" Puis il part vers le village.
Je pense en moi-même : "Compte là-dessus, qu'il va revenir"
Détrompe toi Jean-Claude, les gens sont vraiment très aimables à la campagne.
Il revient bien vite avec quatre bières et ose encore prononcer :
" Je ne peux vous offrir autre chose, c'est tout ce qui me reste."
On discute quelques mots mais il s'éclipsera bien vite car il est chauffeur et fait les livraisons la nuit. Il est presque 21h00 et il est temps pour lui d'aller prendre son travail. Je voudrais encore signaler qu'il n'a pas voulu nous accompagner dans notre consommation vu les caractéristiques de son emploi.
Je suis parti vers 7h45 vers Nevers. Mes voisins de chambre dorment encore. Je suis à quelques kilomètres de Nevers, et la route est très roulante passant par Varenne. Il me faut trouver l'aéroport de Nevers-Fourchambault car je vraiment envie de pouvoir trouver au Décathlon un matelas pneumatique. C'est Pat qui m'a envoyé un message en me spécifiant que les grandes surfaces se trouvaient à cet endroit. Après Vieux Vauzelles, je suis de nouveau sur une petite route tranquille bordée de maisons, normal je suis dans la périphérie de la grande ville. Au loin, je vois un cycliste qui viens vers moi. Bien vite, je lui demande comment me diriger au plus facile pour me rendre à l'endroit désigné. Je n'y crois pas, la jeune femme me fait un plan de tête d'une précision extraordinaire : "Dans un kilomètre vous arriverez au carrefour de la locomotive… ensuite vous longez les ateliers du chemin de fer…vous tournez à droite vers un carrefour, là il y a un feu rouge vous traverser la route vous aller vers ma droite puis tout droit jusqu'à la zone "Carrefour" où il y a les grands magazines. " C'est à peu près les termes qu'elle a employé pour me guider sur une distance d'au moins quatre kilomètres. Je ne vais pas certifier l'authenticité de ce que je viens de citer car je n'ai pas gardé le plan que j'avais composé avec son aide bien précieuse, mais ce fut d'une efficacité à toute épreuve et je suis arrivé à bon port, sans redemander une direction a qui que ce soit. Ce qui avait de bien, c'est qu'après avoir rejoint une grande artère routière, la D40 en l'occurrence, celle-ci était bordée par une superbe piste cyclable. Le Décathlon se trouvait bien entendu au plus profond des aménagements réalisés pour la zone commerciale. Je pense que c'était les dernières constructions avant que la ville ne fasse de nouveau place à la campagne. Je vois donc l'enseigne reconnaissable de loin du magasin souhaité et m'y dirige promptement. Traversant l'énorme parking, j'arrive devant le bâtiment. Je suis perplexe. Je ne vois aucune entrée.
"Ce n''est pas vrai, Jean-Claude, tu as encore déniché, non pas un magasin de vente mais il s'agit sans aucun doute d'un dépôt de marchandise"
Toutefois je fais le tour de la construction, je rencontre un membre du personnel et je lui demande de me contester mes craintes.
"Mais non monsieur, me dit-elle, l'entrée se trouve dans l'autre magasin à l'intérieur de la surface commerciale."
Ah, ben oui, on ne m'a pas habitué à ce genre de particularité.
Et bien sûr, j'ai trouvé un matelas pneumatique. J'aurai voulu un plus petit mais pas le choix il n'y avait que des gros. Ce n'est pas le problème maintenant avec la charrette, mais il pèse quand même près de deux kg. C'est énorme, s'il me faut porter cela sur mon dos en plus avec le reste. Il est midi lorsque j'ai fini mes achats. Il y a un resto pas trop cher et je profite du service.
Vers quatorze heure je me dirige vers le centre-ville et le terrain de camping. Je ne me renseigne même pas pour un logis pèlerin, à présent je possède tout le confort moderne. Enfin n'exagérons rien. Il me reste cinq kilomètres pour rejoindre la Loire où se situe le camping. Soit une heure. Le terrain est bien, si ce n'est que les tentes sont placées tout en bas le long du fleuve. Si une grosse crue devait être annoncée, on aurait intérêt à décampé vite fait. Ce n'est pas pour toute suite, il fait un temps magnifique.
Je m'installe donc à un emplacement puis je décide d'aller visiter le centre-ville. Mais avant toute chose, il faut que je téléphone au plus vite pour mon logement de demain. C'est un refuge pèlerin municipal a environ 30km. Ce sera une rude épreuve, je n'ai pas l'habitude d'étape si longue. J'obtiens rapidement la communication mais je suis surpris par la réponse que me donne mon interlocutrice.
" Le logis pèlerin, n'est pas accessible le weekend" Bon sang, ou je vais à l'aventure ou … tant pis je resterai deux jours à Nevers en plus. Il y a sans doute plein de chose à voir.
La ville de Nevers est une ville très intéressante mais sa visite reste assez rapide. Pour moi, il ne faut pas s'arrêter plus d'un jour pour découvrir l'ensemble du patrimoine.
Comme je suis de l'autre côté de la Loire, il me faut traverser le pont qui enjambe ce large cour d'eau. La vieille ville se trouve sur une butte. La visite de la ville est toute tracée avec un ensemble de balises particulièrement bien agencées. Vos pas vous mèneront rapidement à La Cathédrale Saint-Cyr-et-Sainte-Julitte qui est une cathédrale catholique romaine. Splendide construction, c'est vrai qu'elle est un peu perdue dans un ensemble de constructions et même si celle-ci sont d'époque cela cache un peu l'ensemble architectural. Il est indispensable d'en découvrir l'intérieur pour admirer les reflets que donnent l'ensemble de ses vitraux dont la réalisation a été réalisée par des maitres verriers contemporains.
Je suis retourné à la gare SNCF, le temps d'obtenir une réservation pour un voyage en Espagne qui pourrait réduire quelque peu mon trajet jusque Compostelle. J'aurais aimé me rendre de Pampelune à Sarria au train. Je n'en tire qu'une fin de non-recevoir, car, comme en Belgique il n'existe plus de relation internationale entre chaque pays. Merci une fois encore à l'Europe qui encore une fois n'avantage que les objectifs où le gain est substantiel. Je délaisse ces choses trop terre à terre pour d'autres véritables moments, et je me dirige à deux pas vers l'Espace Bernadette Soubirous. Je passerai devant sans vraiment m'y arrêter. J'émergerai rapidement dans le parc Roger Salengro qui est propice à la détente. Mais aujourd'hui comme à mon passage à Auxerre, c'est la foire aux abords du parc. Les manèges tournent et attirent les promeneurs dans une folie de tourbillons ambulatoires. Je ne m'y attarde guère et c'est avec un certain empressement que je me dirige vers la vieille ville afin de découvrir ce que celle-ci a à m'offrir.
Au centre-ville se dresse la Porte du Croux. C'est une ancienne entrée médiévale fortifiée qui se prolonge par un mur d'enceinte qui délimite un petit parc bien agréable.
L'hôtel de ville est aussi à découvrir. La façade est en pierre de taille et est très symétrique. Un ensemble de baies sur plusieurs niveaux. Elles sont rectangulaires avec des allèges moulurées qui reposent sur des consoles à volutes soignées. Les baies du deuxième niveau sont assignées d'un fronton triangulaire orné d'oves. Lorsque je suis passé, c'était le dimanche matin j'ai assisté à une séance de prises de vue assez exceptionnelle. Un beau groupe de jeunes filles, toutes habillées à la D'Artagnan exécutaient une démonstration de danse. En face, la rue bordée de maisons bourgeoise s'ouvre en deux pour laisser la place à une large allée jardin. Quatre rangées d'arbres, des "Catalpas taillés en têtards" permettent l'accès à la bordure de la ville avec une très belle vue sur la Loire. La rue continue, elle est pavée et est très vite enclavée par les anciennes maisons typiques du XVème siècle.
Le lendemain, je prends le temps de passer quelques moments avec mon épouse par connexions interposées puis je me rendrai de nouveau en ville. Dans les vieux quartiers, il y a une fête locale. Je me divertirai quelque peu en jouant une partie d'échec grandeur humaine.
Je ferai connaissance avec Jean-Paul qui habite Bure en Suisse, il fait un périple en vélo.
Nous aurons des discussions très enrichissantes car il voyage beaucoup et me raconte quelques un de ses périples. Début de journée, il avait décidé de quitter le camping pour un hébergement pèlerin en ville. Lors de l'accueil à cette maison, on lui invoque un problème de clefs du dortoir et il n'obtiendra pas le gite à cet endroit. Dépité, il reviendra donc au camping assez irrité.
Je m'apprête à faire une étape assez longue, je le sais. Donc, je me lève assez tôt. Cependant, pas de chance, la nuit a été très humide et si maintenant il ne pleut plus, tout est encore trempé. Il est 7h30 lorsque je remonte ma charrette sur la route qui me conduit vers le canal latéral de la Loire. Je suis à peine partit, que la pluie recommence à tomber. Ce n'est pas vraiment terrible, pour le moment je protège mes bagages. Quant à moi, j'enfile simplement mon anorak. Mais, je vais rapidement l'ôter. C'est rapidement trop chaud à supporter. Je longe la voie verte créée pour les vélos qui me conduit à Pont-canal du Guétin. C'est un tronçon qui offre un parcours agréable jusqu'au site du Bec d'Allier. Au départ, je passe à côté de l'ancienne piscine de Nevers. C'est un site désaffecté qui pourtant était un splendide parc aquatique.
Encore une réalisation humaine soumise à la déprédation. J'imagine que faute de moyens financiers ou vraisemblablement une des conséquences d'une pratique opérée dans un but guère avouable, elle se trouve à l'abandon. Quel gâchis.
Je longe le port, des péniches sont à l'ancre. Je remarque une plaisante embarcation flottante. Elle est munie d'une roue à aube entrainée par des pédaliers qui permettent à douze passagers de lui fournir l'énergie nécessaire. En fait il s'agit d'un pédalo géant administré par une association qui se nomme "Les Engincroyables" basée à Sermoise sur Loire.
Treize kilomètre très tranquille avec un spectacle est parfois grandiose. Notamment, lorsque le canal surplombe l'Allier sur près de 350m. La voie d'eau de cet aqueduc est d'environ un 1.6m de profondeur et permet le passage de péniche de cinquante tonnes. Le pont canal se termine par une double écluse qui permet de rattraper la différence de niveau de près de dix mètres. Je quitte à cet endroit le département de la Nièvre pour pénétrer dans le Cher. Après m'être arrêter quelques instants devant une guide qui expliquait les détails de cet ouvrage à un groupe de lycéen attentifs. Tel un élève assidu, je buvais ses paroles. Après ses commentaires bien intéressants, je reprends mon chemin. Au carrefour, je demande le trajet le plus facile pour "La Grenouille" on me fait continuer tout droit mais je m'aperçois que je ne vais pas dans le bon sens et j'emprunte le premier pont qui traverse le canal. Je ne comprends pas très bien la situation. Le bon sens voudrait, que je longe le canal. Mais, je ne comprends pas très bien la situation donc je reprends un petit chemin qui débouche sur une petite départementale. Je me retrouve dans une agglomération réduite ce qui me fait rencontrer un groupe de personnes. Celles-ci, m'indiquent la bonne direction. Et me voilà de nouveau à longer un autre canal. Après un certain temps, je retombe sur l'Allier. Je découvre une autre curiosité. Il s'agit d'une écluse ronde qui permettait aux bateaux de changer de canal et de rejoindre le réseau de canaux du centre de la France. Abandonnée pour la navigation, elle sert aujourd'hui de prise d'eau dans l'Allier pour alimenter le canal Latéral à la Loire.
Je suis maintenant au cœur du Berry et je débouche rapidement à Apremont situé dans un bocage au bord de l’Allier. Dominé par son château et entouré d’un exceptionnel parc floral. Malheureusement, je n'ai pu le visité faute de temps. Lorsque je rentre dans le village, je suis attiré par des chants qui résonnent dans l'endroit particulièrement calme. Cela provient de l'église, ce sont des chanteurs Italiens qui interprètent quelques couplets. Au cœur de l'oratoire, les quatre personnes émettent des ondes sonores qui résonnent agréablement jusqu'à l'extérieur. Ils sont très doués.
Le reste du village donne une ambiance de conte de fée. Ce n'est pas pour rien, qu'il s'est vu décerner le label d'un des plus beaux villages de France.
Je marche ensuite sur une grand-route, mais la région est étrangement calme. En sortant de Neuvy-le-Barrois, je vois une petite ferme où des gens élèvent des ânes. Je leur dis bonjour, et entretien un bref dialogue. Le coin est charmant et je m'arrête pour me sustenter. Le soleil est de la partie, ce qui me permet de sécher tous ce qui a pris la pluie cette nuit.
Vers 15h30, je suis à la périphérie de Sancoins. Je passe devant l'Intermarché. C'est un de mes supermarchés favoris, en France. Donc, j'en profite pour me ravitailler. Je me présente à la mairie, mais apparemment, je suis encore trop tôt. La personne responsable n'est pas présente et au bout d'un quart d'heure, je dirai même qu'elle se fait attendre. Puis elle débouche d'un des couloirs, et me guide vers l'arrière de l'église dans le logement prévu. Dans le fond, je ne me plains pas, c'est encore mieux que je le pensais. Plus tard un autre pèlerin, un belge également, me rejoindra. Comme il y a deux chambres, chacun en prend une. Et c'est ainsi que nous nous entretiendront que brièvement.
J'ai occulté les fenêtres à l'aide de couvertures. De ce fait, il est passablement tard lorsque je me lève. Je vais déjeuner. Mon collègue est déjà sur le départ. Après avoir fait une petite préparation culinaire pour midi, je suis enfin prêt. Il est 8h30, il est plus que temps que j'aille reporter les clefs à la boite de la mairie. Je m'apprête à sortir quand le compagnon revient. Il a oublié sa provision d'eau dans une poche spéciale pour sac à dos. Elle est restée au frigo. Chance que j'étais encore là, car il avait déjà déposé sa clef. Je ferme derrière lui et reprend le chemin. Je m'emmêle un peu les pinceaux en sortant de la ville mais finalement, je retrouve la bonne route et je m'enfonce à nouveau dans la campagne.
J'arrive rapidement devant un cours d'eau. Il est tracé comme un ruban rectiligne, en effet il s'agit de l'ancien canal du Berry qui est déclassé pour la navigation. Apparemment, un chemin le borde. Ce serait une bonne idée de le suivre, d'autant plus qu'il est indiqué comme piste pour le chemin de St Jacques. Bien mal m'y prend, il n'est pas fort entretenu. De l'herbe d'une hauteur importante empêche ma poussette d'avancer correctement. Je persévère pourtant à continuer. Il arrive un moment où c'est vraiment impossible d'avancer. Je porte mon sac à dos jusqu'à un croisement qui pourrait me permettre de rejoindre la route normale. Cela me semble long, je pousse et porte mon sac sur près d'un kilomètre quand je m'aperçois que j'ai perdu ma carte qui était placée dans une poche de mon sac.
Ce n'est vraiment pas possible, quand tout se mêle d'aller de travers. Je laisse tout sur place, et refait demi-tour. Par chance, il a deux femmes qui marchent sur la piste. Au moment où je les rencontre, elle me demande si je n'ai pas perdu quelque chose. Et c'est ainsi que grâce à ces personnes très aimable, je n'ai parcouru que 500m en sens inverse. Je reprends mon sac à dos tout en poussant à nouveau mon engin roulant. Après un temps qui semble assez long, j'arrive enfin à un croisement. Je peux de la sorte quitter cette piste incommode. Mais, je m'aperçois que ce chemin me reconduit invariablement vers mon point de départ. Il me faut impérativement trouver une bifurcation vers la gauche.
Il suffit de le demander, et les choses arrivent. J'emprunte une petite route recouverte d'un très bon revêtement. Je fais environ un kilomètre, j'abouti sur une propriété privée et brusquement la route est terminée. Me voilà encore une fois interrompu dans ma progression. Tant pis, j'explore le petit bois qui se présente devant moi. Je laisse à nouveau tous mes bagages sur place. Je repère un chemin mais celui-ci est remplis d'ornières et dans un état pas croyable. Reste qu'il y a peu de distance pour rejoindre l'autre chemin en face. Il est beaucoup plus praticable. Dans un premier temps, je retourne chercher mon sac. Puis refait le chemin inverse pour porter ma charrette sur le même itinéraire. Je dépense une énergie incroyable et lorsque je rejoins enfin la route principale, j'ai perdu plus d'une heure dans ces péripéties inutiles.
C'est très décevant, il est plus de 10h00 et je suis à peine à trois kilomètres de mon point de départ. Peu après, je passe devant l'antique donjon de Jouy de style médiéval. Il n'est pas vraiment entretenu et n'est plus qu'une élévation de pierres.
Plus tard, je croise une petite dame d'un certain âge qui surveille ses ânes. Je lui demande ce qu'elle peut faire avec tous ses animaux ? Elle me répond d'un air ironique :
"Mais, mon bon monsieur, vous ne connaissez pas les ânes du Berry ?"
Je réponds de suite par une facétie :
"Je dois vous dire que je connais mieux, les ânes au Mali "
Je ne crois pas qu'elle ait bien compris mon entourloupette. Toutefois, il me faut à présent accélérer le pas. Je suis attendu à Ainay le Château pour 16h00. Heureusement, la route n'a pas grand relief. A travers la campagne souriante, j'arrive à un cimetière un peu avant Augy sur Aubois. Je décide de de refaire le plein d'eau. Vous me direz :
"Est-il prudent de boire de l'eau des cimetières ?"
De ce fait, je vous répondrai :
"C'est bien connu, les morts ne boivent que de l'eau potable."
Il y a un petit contournement pour accéder à l'endroit. Je le compare volontiers à la rue du cimetière d'Etalle, devant la maison de mon enfance.
Je laisse ma poussette au milieu de ce petit chemin. De toute façon, il n'y a déjà pas grand monde sur la route principale alors la route du cimetière ne doit être emprunter que pour les occasions prévues à cet effet.
Et bien détrompez-vous, c'est encore une utopie :
"Qu'est ce qui débouche au bout de l'allée ?"
Je vous le donne en mille, un véhicule agricole surgit promptement. Je fonce garer ma charrette sur le côté. Je doute que si son tracteur écrase mes bagages, l'assurance de son véhicule me pourvois un éventuel dédommagement. De toute façon, les torts m'incomberont puisque je n'avais pas à me trouver à cet endroit. Quoi qu'il en soit, j'ai vraiment trop besoin de ce salut à roulette. Sinon c'est, portage complet.
Au carrefour, j'emprunte une toute petite route qui me conduit à Saint Aignan des Noyers. Ensuite c'est la grand-route. Il reste environ 6km pour Bessais le Fromental. C'est assez fréquenté, mais les bandes de circulation sont assez larges. Lorsqu'un camion vient dans les deux sens, je mords dans l'herbe du bas-côté. A gauche dans une descente, il y a un parking avec une aire de repos. Midi est passé depuis pas mal de temps, je profite de cet endroit pour faire une pause. Le calme est imperturbable pendant une bonne demi-heure, puis un camion frigorifique vient s'arrêter à deux pas. C'est un peu trop tonitruant à mon gout, donc je prends la poudre d'escampette.
Je quitte Bessais le Fromental avant d'être au centre-ville pour une petite route rectiligne.
Après plusieurs kilomètres, je passe devant la ferme des Barres. C'est une longue bâtisse en carré. Le porche d'entrée arborant une porte cintrée surmonté d'un œil de bœuf est surmonté d'un antique clocher. Ce devait être à une époque une énorme propriété. A présent elle n'est plus que l'ombre d'elle-même. Tout a l'air à l'abandon. Je poursuis, ce n'est qu'une étendu unie et monocorde de champs cultivées. Sauf à un endroit qui me parait étrange. Il s'agit d'un petit bois privé car tout est clôturé et de fréquentes plaques interdisent l'accès. Ce qui me parait mystérieux c'est le fait que des campements sous tentes sont installés à intervalle régulier. Je ne saurai résoudre ce mystère. Je n'ai nulle part trouvé de renseignement sur ces lieux mais peu importe il me reste encore quelques kilomètres et je suis arrivé. Pourtant, cela me semble à présent assez long lorsque je rejoints la D64 qui est une route très sinueuse, je n'ai pas l'impression d'avancer.
Un lac se dessine à ma gauche, puis j'aperçois au loin, un château d'eau. Est-ce jusque-là, que je dois aller ? Qu'importe pour l'instant le refuge se trouve à l'entrée de l'agglomération. Juste après la maison médicale facilement reconnaissable par sa grandeur et sa modernité.
Il est presque 16h00 devrais-je attendre encore un peu ?
Non, il y a de l'activité. Je tente ma chance et je me présente à l'homme qui est en fait l'hospitalier.
Après les présentations, il m'indique où je peux m'installer.
Une dame est déjà là. Elle s'appelle Françoise, elle est suisse. Elle est arrivée se prépare à faire sa lessive, j'en profite pour faire de même. Je repars assez vite afin de visiter le bourg. C'est un village médiéval situé à l'orée de la forêt de Tronçais. La ville est entourée de remparts et un château se dresse autour de l'église Saint-Étienne. J'en ai vite fait le tour, j'en profite pour me rendre au super marché pour faire quelques courses. Je n'ai pas besoin de beaucoup. Ce soir, l'homme du refuge nous prépare à manger. Nous discuterons des voyages que chacun a fait. Comme je suis à mon premier, je ne saurais développer grand-chose. Pour une fois, j'écoute.
Ce qu'il y a de bien dès qu'un hospitalier est présent à un gite, c'est qu'en général, il prépare les repas.
Je ne les remercierai jamais assez du service que ces personnes nous rendent. Donc, ce matin on nous avait préparé le petit déjeuner. Je reprends ma charrette et me voici de nouveau à poursuivre mon chemin. J'emprunte la rue de l'horloge. Il est 8h15 lorsque je passe sous le porche afin de sortir de la vieille ville. Je dois me rendre à Charenton du Cher. J'arrive rapidement à un carrefour qui m'indique que Meaulne se trouve à 16km. Meaulne est à 6km de Épineuil-le-Fleuriel. C'est le village d'enfance d'Alain Fournier qui aurait été à l'origine de son unique roman.
Ensuite, c'est une grande ligne droite avec une circulation assez dense. Dans la ville, j'aperçois le clocher de l'église. C'est à cet endroit, que je dois bifurquer vers un petit chemin qui rejoint l'ancien canal du Berry. Je suis un peu bloqué devant cette église et je demande à une personne s'il peut me renseigner. C'est une fin de non-recevoir qui m'est accordée, l'homme est pressé et n'a pas l'intention de se laisser déranger. C'est la première fois que je me heurte à un tel comportement. Bon tant pis, avec un peu d'imagination j'y arriverai bien tout seul. Je traverse le cimetière. A l'arrière, il doit avoir une route. C'est indiqué sommairement sur ma carte, mais elle n'est pas assez détaillée. J'ai la bonne intuition, je prends ensuite à gauche. Un homme se promène sur cette petite route à l'écart du grand flux. Je lui demande si ma direction est la bonne. Il me parle lentement de façon confuse. La conversation est incompréhensible, on dirait du Russe. Néanmoins je le remercie, même si je n'ai rien compris de ses propos. Comment est-ce possible, je viens d'échoir dans une ville de fous. Tant pis, je vois la piste qui continue le long du canal. Je ne sais toutefois si elle continue bien loin : et dans quel état. Je ne tarde pas à le découvrir, près d'une ancienne écluse, c'est un sentier qui prend la relève. Je ne m'y risque pas, j'ai déjà eu une expérience désastreuse avec ma poussette. Ce n'est pas grave, de l'autre côté du cours d'eau une route rentre dans un lotissement. Elle semble longer le canal.
Je traverse le pont, lorsque j'entends clairement le bruit du démarrage d'une voiture. Elle est stationnée devant l'ancienne maison de l'éclusier et reste immobile. Il me semble bien à propos d'attendre le retour du propriétaire à son véhicule pour qu'il me confirme si ma direction est bonne.
Je suis vraiment bien tombé, l'homme s'intéresse vraiment à mon projet. Il va m'indiquer le chemin le plus propice pour rejoindre mon but journalier. Il m'explique que l'homme que je viens de rencontrer est soigné dans un hôpital de sourds et muets qui se trouve à proximité. Je comprends mieux ainsi le pourquoi des choses. Il me dit aussi qu'il rêvait depuis toujours d'avoir une maison d'éclusier. Comme celle-ci était à vendre, vu que le canal est déclassé, il s'est porter acquéreur. Il reprend les clefs de son véhicule et nous rentrons à l'intérieur. Il a super bien arrangé son petit chez soi, et il m'offre une tasse de café. Je repars en super forme. Je me dirige vers Saint-Pierre-les-Etieux, au Bourg, je remarque un très beau parc très bien aménagé devant une superbe église de style romane. Je progresse dans la rue le long de petites maisons à la toiture pourpre propre aux habitats du Cher. Près de la mairie, je discute un long moment avec un ouvrier communal occupé à tondre une haie. L'arrivée de Françoise, me fait repartir. Elle est partie après moi, tandis que je traine elle me dépasse et déjà elle s'éloigne. Mais elle, elle suit la piste du GR. Tandis que moi, je rejoins la grand-route. Un peu avant Rouzaille, je déambule sur des petites routes très calme. A l'orée d'un champ, j'établis un petit campement. J'ai décidé de faire repas chaud ce midi. Il me reste une boite de "Petit salé aux lentilles". De deviné qui ? Quoi qu'il en soit, ce n'est pas vraiment mon dada. Ce sera la seule fois que j'en achèterai. Après une courte sieste, je reprends ma route. Rapidement j'arrive à Saint-Amand-Montrond. Il me reste à trouver le Camping de la Roche. Ce n'est pas une sinécure d'y arriver lorsqu'on ne connait pas. Les intrications routières, me fond faire rapidement un long détour.
On me définit un emplacement. L'après-midi n'est guère avancé, j'en profite ainsi pour visiter la ville.
A mon retour, deux personnes sont assissent sur un banc le long du canal. La conversation s'établis rapidement et durera encore pendant pas mal de temps puis ma montre indique 18h40. Je me décide à rejoindre mon campement.
le 04 – 06- 2015
Saint-Amand-Montrond – Le Châtelet 25 km – 164m (Hôtel-Le Pont Bayard- accueil pèlerins - Repas compris)
25-2015-SaintAmandM-Chatelet.GPX
Le récapitulatif "bien-être" du camping n'est pas très éloquent. L'eau aux robinet est d'une teinte plutôt jaunâtre qui n'encourageai aucunement à la l'utiliser comme boisson. Il n'était guère possible d'avoir de l'eau chaude aux douches. Résultat, le confort est très moyen. Accès Wifi soit disant gratuit mais non applicable avec mon portable. Seul avantage, il y a un local de détente avec la Télé et un four à micro-onde.
J'ai reconnu le chemin hier. J'ai longé Le Cher avant de visiter la ville. Le cours d'eau assez large et sauvage à cet endroit. Cependant, j'ai repérer un itinéraire un peu plus cours en passant par le stade.
Peu après celui-ci, je rencontre un homme qui arrose son jardin. Il est très bien entretenu et je félicite le jardinier de sa persévérance. Il me répond qu'il en faut cette année, car la saison est particulièrement chaude et sèche. Plus loin je passe devant les premiers cerisiers, des branches pendent vers la route et j'en profite pour en cueillir. En goûtant un fruit, je suis ravi de constater qu'ils sont déjà à maturité.
Je quitte la ville. Après le pont, se dessine Orval. L'Orval est français celui-là. En bordure il y a la gare de St Amand. Ce bourg est tout de même plus important que celui près de chez moi. Pour moi c'était très évocateur, il était important que mon chemin passe par là, je réunissais ainsi mon proche foyer vers un autre endroit du même nom. Je suis obligé de le traverser complètement. Je longe la grand-route pendant 3km avant de bifurquer vers une voie plus calme. Elle me conduit à Orcenais puis Marçais. Devant l'église de cette agglomération, je médite quelques instants sur mon itinéraire. Mes pas doivent me conduire vers Ardenais, mais il me faut observer avec attention car je ne dois en aucun cas atteindre ce village car ce serait un détour et de plus, après la route sera plus encombrée. Il faut vraiment chaud ce jour, la campagne est souriante et je remarque régulièrement d'autres cerisiers.
Je bifurque à la route prévue et tout est encore plus calme. J'arrive au Châtelet (en Berry) vers 14h00.
Comme il est encore un peu tôt, je fais une courte visite de la ville avant de me présenter à l'hôtel.
Mon épouse a réservé pour moi hier. Au départ, elle me raconte que celui-ci était complet, sauf pour un hébergement de pèlerin.
" Mais dit-elle mon mari est pèlerin !"
"Dans ce cas pas de problèmes, je note votre réservation pur une personne." Répond la gérante.
Je me rends donc à cet établissement. L'hôtel est situé devant la route principale. L'intérieur est un peu vieillot mais très conventionnel et confortable.
Je ne fais plus grand-chose l'après-midi. Je retrouve un peu la civilisation avec l'accès au Wifi et après avoir visionner mes mails, je regarde puis m'endors rapidement devant la télé.
On mange à 19h00.
Une surprise m'attend, lorsque je me rends à la salle du restaurant, Françoise est déjà là. Elle est en compagnie d'Annie une personne qui fait aussi un pèlerinage. Cependant, elle a décidé de découvrir la voie de Rocamadour. Elle suivra notre itinéraire jusqu'à Bénévent l'Abbaye puis bifurquera vers le chemin limousin et quercynois.
Jusqu'il y a quelques jours, je menais seul mon bateau, et me retrouvais la plupart du temps la soirée en solitaire. Je pense qu'à partir de ce jour, une page venait de se tourner. Je ne pouvais que m'en réjouir, cela évoluait vers un partage émotionnel qui me conduisait à une autre approche du chemin.
Nous reprenons chacun notre chemin vers 7h30 après un très correct petit déjeuner. Le tracé fournis par le guide de Saint Jacques est identique à celui que j'ai établis. Il ne comprend qui des zones routières. Au grand dam d'Annie qui préfère les chemins forestiers. Nous nous recroiserons plusieurs fois sur l'itinéraire. Mais il est important que chacun suivre son rythme, c'est plus commode.
Je trouve le parcours très chouette. Tous le long, la campagne est à nouveau souriante. Je passe par "Les Archers", "La Grande Preugne" et Saint Jeanvrin qui est un très beau village avec l'église Saint-Georges anciennement Saint Janvier. Elle aurait été édifiée au XIIème siècle.
Après ce village, la route est plus large et perd un peu son aspect rustique. Les champs s'étendent à perte de vue, avec sporadiquement des cerisiers aux fruits succulents.
A l'office du tourisme, je retrouve Françoise ainsi que les deux gentilles dames qui m'avais rapporté ma carte peu après Ainay-le-Château. En fait, elles s'appellent Françoise et Christianne qui vont continuer un peu plus loin. Quant à Françoise, elle se dirige vers un accueil pèlerin à Néret. Elle sera en avance sur moi demain, de cinq kilomètres.
Il me faut descendre vers le lac qui se situe à l'extérieur de la ville. Le camping de l'étang Merlin est très accueillant. Il est midi lorsque j'ai fini de m'installer. Je me prépare donc à diner. Lorsque je vois arriver un camping-car conduit par une femme qui n'a pas une franche expérience de la conduite. Elle rentre le véhicule dans l'emplacement bien délimité mais ne peut s'éloigné trop loin de la borne électrique car, semble-t-il, l'allonge qui doit fournir l'énergie semble assez courte. Après un premier essai, le véhicule est complètement garé de travers et cela dérange l'homme qui la fait manœuvrer à nouveau. La manipulation est très hésitante, voir douteuse. Malgré un terrain spacieux, le véhicule passe à un centimètre d'un arbre et manque de reverser la borne électrique. Après un quart d'heure, le véhicule se retrouve au même endroit, toujours aussi en biais qu'avant. L'homme s'y résigne et abandonne l'idée de s'installer autrement.
L'après-midi, après une courte sieste je retournerai faire un tour en ville et j'en profiterai pour réaliser quelques commissions.
Vers 18h00, je fais la connaissance d'un couple de Français qui partent régulièrement à vélo sur les routes de France. Nous entamons la conversation par un développement sur l'avantage de marcher ou de rouler. Leur principal atout, c'est que leur chargement se trouve sur une petite remorque située à l'arrière.
Il fait beaucoup plus gris ce matin, je me demande même s'il ne va pas pleuvoir. Comme de bien entendu, je suis obligé de remballer humide. Ce n'est pas grave, je mettrai sécher pendant la pause de midi. Cela ne prend que peu de temps, il suffit d'une brise légère et en quelques minutes c'est sec.
Je pars à 9h00. Depuis que j'ai mon matelas dans la tente, je dors vraiment bien. Au camping, on m'a conseillé un chemin. Je n'aurai pas à retraverser Chateaumeillant, car je suis du bon côté.
En passant par un raccourcit, j'arrive dans une remarquable perceptive de discorde entre voisinage. L'objet que j'évoque est un jardin potager. Celui-ci est protégé par un grillage à toutes épreuves un peu partout, des plaques le délimitant indiquent : "Terrain piégé entrée interdite". Sa situation au centre du village m'amène à penser que cet aspect des choses est quand même un peu extrême.
Je me dirige sur une petite route vers Néret. Ensuite, je suis dans la semi campagne. C'est une succession de petit hameau avec quelques maisons. Je traverse ainsi Le Maury, La Chaume des Bois, puis j'arrive à Fontenay et je bifurque sur Montlevicq. Ce petit village vaut la peine d'être vu, il est vraiment typique de la région. A la sortie, on peut admirer la très belle rénovation de l'église St Pierre construite au XIIème siècle. En face, il y a une belle enceinte entourée de tours aux toit de tuiles rouge qui pouvait être un château autrefois. La demeure enfermée dans ces murs se différencie de la beauté. Le contexte dans lequel je suis plongé, donne un charme particulier à l'ensemble que j'admire. C'est une représentation singulièrement furtive, dont il m'est très difficile à définir. Toutefois c'est fascinant. Grisé par l'effet produit par ce passage, je continue dans la campagne et admire un champ de blé envahi par les coquelicots. Après Lacs j'arrive à l'entrée de La Châtre. Lorsque je pénètre en ses murs, je garde toujours cette engouement car face au pont qui conduit à la vieille ville, se dresse une tour imposante qui abrite le musée dédié à Georges Sand. Le presbytère où je dois résider cette nuit est à deux pas. Je ne sais si je m'enhardi de pénétrer dans la cours, car au moment de réserver une place, la personne responsable m'a demandé d'arriver groupés. Il serait particulièrement dérangeant d'ennuyer monsieur le curé à chaque arrivée. Ce qui est plus que vraisemblable puisque chacun voyage seul.
Je vois du mouvement dans la cours, je rentre donc. Je suis accueilli par un petit homme affable qui me dit que je peux prendre place au refuge. Mais, celui-ci n'est pas le responsable, la personne en question viendra plus tard. Je me réserve donc une place dans ce refuge et je me décharge de mon bagage. Ensuite, je décide d'aller faire le tour de la ville. Peu après, je rencontre Françoise. Elle m'a devancée car elle avait fracassé ses lunettes et devait impérativement trouver une monture de rechange, vu que le lendemain c'était dimanche. Nous visitons ensemble l'édifice religieux puis je continue seul mes pérégrinations.
J'aimerais également reconnaitre le terrain pour mon départ demain matin. En visitant, je suis attiré par des sculptures devant un musée. Ce sont des œuvres d'une artiste belge. (Malheureusement, au cours de ce voyage, j'ai égaré sa carte de visite. Malgré certaines recherches sur internet, il me sera impossible de retrouver ses coordonnées.)
Je rentre au presbytère, et je fais la connaissance avec tout le monde. Nous sommes cinq pour finir.
Il y a une Hongroise qui ne parle pas français et se fie à son compagnon du moment, un espagnol. Je retrouve Françoise et le petit homme qui m'a accueilli. C'est un pèlerin belge, lui aussi. Il voyage avec un âne, enfin une ânesse du nom de Lola. Daniel est parti de chez lui le 22 avril. Devinez d’où ?
De Martué, à quelques kilomètres de chez moi. Ce ne fut pas une mince affaire de traverser la France avec son animal. La créature a un caractère bien marqué et l'homme ne peut que s'y confirmer. Il était très heureux d'avoir accompli cette prospection, mais son état de santé ne lui permettait plus de poursuivre au-delà. Demain ou dans les jours qui viennent, il allait devoir entreprendre le chemin du retour. Certes plus rapide, car pour eux la marche leur était proscrite mais il leur resterait sans doute un relent de regret de ne pas avoir vu leur projet aboutir.
Vers 18h00, l'hospitalière vient prendre connaissance des nouveaux venus. J'ai affaire à une dame qui encore une fois est beaucoup plus sympathique que lors de mon entretien par téléphone.
le 07 – 06 - 2015
La Châtre – Neuvy-Saint-Sépulchre –Mouhers 24 km 206 m (Gîte de France Les loges Banavois)
28-2015-LaChatre-Mouhers.GPX
C'est moi qui me rend à la boulangerie pour approvisionner le petit déjeuner de chacun. Ce n'est qu'à deux pas. Le retour est toujours un peu empirique dans toutes ses ruelles qui se rejoignent. Quoi qu'il en soit, c'est la première fois que je ne m'égare pas.
Après un copieux petit déjeuner, je quitte le presbytère, aux alentours de 8h30. Daniel et son ânesse attendrons sans doute un jour ou deux avant qu'on viennent les chercher. Ce sont donc les seuls à rester sur place.
Je reprends la grand-route, les trottoirs sont assez larges pour rouler confortablement sans être gêné par la circulation. Il fait très beau ce matin. Un peu avant l'extrémité de la ville, je suis hélé d'une fenêtre par une personne. De premier abord, il est peu probable que je connaisse quelqu'un ici. Mais, la jeune femme qui m'appelle est très physionomiste. C'est la personne m'ayant enregistré hier, au logis pèlerin.
"Venez prendre un café." Me propose-t-elle.
"Ho, ben ma fois pourquoi pas !" lui répliquais-je.
Je passerai quelques minutes en sa compagnie, puis il est plus que temps que je continue mon chemin. Je la remercie vivement puis je me dirige vers Sarzay. Je suis de nouveau sur un itinéraire très calme. C'est un paysage rustique, qui donne une impression mystérieuse de l'endroit. Les petites maisons, au toit de tuiles rouge sont introduite de-ci, de-là. Elles se découpent à travers les champs, entrecoupés de bosquets renfermant des arbres tordus et noueux. Je franchis un petit pont, une bordée d'arbres filiformes trace le passage de la petite rivière. J'arrive devant le château fort du XIVème siècle, il est flanqué de cinq tours et est très imposant. Le cimetière se trouve devant la petite église. Il y règne une agitation peu commune. En fait, une marche de randonnée a été organisée ce jour et les promeneurs reprennent chacun leur véhicule. Je quitte Sarzay enchanté pour rejoindre Baudry, les Loges, La loge des Bois et enfin Neuvy-Saint-Sépulchre. Je débouche sur un petit bistro où sont attablé Françoise, Rita (la Hongroise), Ignacio. Ils sont en grande palabres avec un jeune homme d'Orléans avec lequel ils viennent de faire connaissance. Je prends une bière avec eux, puis je me décide pour visiter la magnifique basilique du Saint Sépulcre de Neuvy. Nous nous rendrons ensuite dans un autre établissement pour obtenir le tampon de notre passage.
J'avais prévu de me rendre au camping "Les Frênes" au centre-ville. Mais pas de chance, il n'est pas encore accessible.
Après une rapide analyse avec Françoise. Elle a déjà réservée sa place, au le gite privé de Mme Toosen. Je prends contact, elle peut nous accueillir tous les deux. Nous nous retrouverons donc à Mouhers. Françoise prend le chemin situé en hauteur, tandis que moi j'emprunte la route.
Lors de mon entrée dans le village, je discute quelques mots avec une agricultrice qui semble intéressée par ma façon de pratiquer le chemin.
Je lui exprime mon désir de me rendre à Bonavois.
"Oups, mon bon monsieur mais vous n'êtes pas encore arrivé. Il vous reste encore au moins trois kilomètres … et cela va monter très fort … vous devrez tourner à droite juste devant chez moi."
" Oui, bien sûr… mais c'est où, chez vous ?" Suis-je obligé de répondre.
Je croise en effet une grosse ferme et la petite route qui me conduit vers Les Loges. Mais je ne ferai pas la route, seul. Au détour d'un petit chemin Françoise m'a rejoint.
L'accueil est très convivial. Le logement est très spacieux, très bien conçu et parfaitement entretenu.
L'espace autour de l'habitat est bien aménagé et possède une piscine. C'est un régal, de pouvoir se détendre au fil de l'eau.
L'homme s'est dévoué corps et âmes pour le développement du gite. Au fil des années, il propose de nouvelle perspective de location. Il a tout construit de ses mains et possède en plus de la construction en dur, plusieurs roulottes totalement aménagées. Il est très fier de son œuvre et nous a fait la visite guidée.
Souvent dans certain refuge, de la nourriture nous est proposée. Mais ici, c'est vraiment plus encore, nous sommes vraiment gâtés. Nous garderons chacun un souvenir rare de notre séjour en ces lieux.
Nous déjeunons ensemble Françoise et moi puis remettons un peu d'ordre, avant de partir. Nous glisserons la clef sous le paillasson et nous entamerons notre journée de marche.
Françoise passe par les petits chemins, tandis que moi je prends la route. Nous nous rejoignons à Cluis. Je laisse ma charrette. Elle est à peine dissimulée à l'entrée d'une pâture, derrière une haie. Je l'accompagne vers le viaduc de l'Auzon. C'est un remarquable ouvrage d'art d'une longueur de près de 500 mètres, il comporte 20 arches et permet de relier deux vallées en fortes pentes. Achevé en 1899, le viaduc est utilisé pour les relations SNCF entre Argenton-sur-Creuse et La Châtre jusqu'en 1952. Relativement bien entretenu, il sert à présent de piste pour le chemin de Compostelle. Il est fréquenté par les promeneurs pour admirer le panorama admirable. Les amateurs de sensations fortes s'élancent régulièrement d'environ 50m de haut, pour une initiation au saut à l'élastique.
Françoise poursuit son chemin. Quant à moi, je rebrousse pour récupérer mon bagage et continuer par la route. Notre destination est différente de toute façon. Elle rejoint Gargilesse tandis que moi, vu qu'il y a un camping à St Plantaire, je compte sur cette opportunité.
Et c'est très bien ainsi, car en longeant la D38, un peu avant la rivière l'Auzon, j'ai une splendide perspective sur le viaduc. Je continue tout droit, la plaque routière indique 11km. Il faudra en premier lieux traversé Orsennes à 8 km. J'y arrive qu'il est midi pile, tout est mort dans ce village. Tant pis, il y a une superbe place et je me prépare un casse-croute. Dans une heure, je devrais être arrivé à destination. Il est près de 14h00 lorsque je rentre dans Saint Plantaire. La plaque à l'entrée du village est particulière. Elle indique que la commune est jumelé avec Engreux-Houffalize en Belgique. C'est exceptionnel, Houffalize n'est pas vraiment très loin de chez moi.
Je rencontre un homme qui rejoint sa voiture. Avant qu'il ne disparaisse, je lui demande si un long chemin me sépare de Fougère.
" C'est par là, me montre-t-il, mais vous êtes loin d'être arrivé, il doit y avoir au moins 6 km."
" Bon sang, pensais-je, j'en ai pour plus d'une heure encore…"
Ensuite, j'ajoute :
" Savez-vous que je suis parvenu jusqu'ici, tout à pied. Je suis parti des environs d'Houffalize ! "
" Ah, bien, me répond-il, mais je ne sais pas où se trouve Houffalize ?"
" Bravo pour votre perplexité, mais habitez-vous ici ?".
" Oui, pourquoi ?"
" Pour rien, excusez-moi, je dois reprendre mon chemin. Merci beaucoup"
Il a dû me prendre pour un drôle d'énergumène. Encore heureux que je ne lui ai pas dit ma nationalité, j'aurais encore ridiculisé toute la Belgique.
Après avoir parcouru 7km, j'arrive enfin à Fougère. La route indique le camping, à droite. Je ne suis pas au bout de mes surprises, car l'entrée se trouve tout droit à 50m, mais rien ne le laisse supposer. Le fait que la route est à sens unique, vous entraine dans la visite des abords côtiers du lac sur près d'un demi kilomètre puis retour en contrebas dans le sens inverse, pour arriver enfin à destination.
Je m'installe donc à un emplacement. Puis, je décide de prendre la température de l'eau du lac d'Eguzon. La plage est à 100m, c'est vraiment très plaisant cette fin de journée.
La saison commence seulement, et plein d'aménagement sont encore en cours de préparation. Un camion achemine du sable sur la plaine de jeux. Je doute que bientôt ce sera l'effervescence au camping.
Je profite encore pleinement du calme qui règne encore en ces lieux.
Le soir, je peux tout à mon aise communiquer avec mes proches, le wifi est à ma disposition.
Je me lève et comme d'habitude, il est encore bien tôt. Je suis éloigné de tout et devrai me ravitailler en cours de route. Quoi qu'il en soit, j'ai conclu un marché hier avec la préposée du camping. Elle pouvait sur commande me rapporter du pain. C'est déjà un atout majeur. Mais il y a une contrepartie, c'est qu'il me faudra attendre 8h30 pour la prise de service de l'employée.
Je suis prêt beaucoup plus rapidement que prévu, alors pourquoi pas… si j'allais me baigner.
Le temps est un peu gris, il y a une légère brise matinale. En tout état de cause, l'eau a gardé son amplitude de la veille et je profite pleinement de cette récréation.
Le trajet sera de toute façon assez court aujourd'hui. Bien entendu, j'ai parcouru la moitié du trajet sur l'itinéraire d'hier.
Sur une courte distance, mon parcours est identique au jour précédent. Ensuite, je rattrape la D30 et je sillonne par Les Bordes et Saint-Jallet.Je vagabonde dans une région vallonnée où la route est très sinueuse. J'aborde à nouveau le Lac d'Eguzon mais il est plus étroit et n'est plus qu'une large rivière. J'aperçois rapidement les ruines du château de Crozant. Il n'est pas encore midi, et j'ai la chance d'arriver le jour de marché. Les épiceries sont rares dans cette petite bourgade. Par contre il y a une boulangerie qui réalise de très bonne pâtisseries. La mairie située au centre du village est ouverte et je m'empresse de m'enregistrer pour la nuit. Je trouve rapidement le gite pèlerin. Il est situé juste à côté de l'église, c'est un gîte communal d'un confort assez sommaire qui est installé dans l'ancienne école de Crozant. Tout est ouvert, mais il n'y a personne. Je m'installe, il est presque treize heures, il est temps pour moi de faire à diner.
La visite du petit village est à découvrir en descendant dans le fond de la vallée, la Sedelle vient se jeter dans le lac. Le coin est sauvage et attirant d'autre part. Je remonte par les sentiers et fait le tour des constructions.
J'attends Françoise qui devrait arrivée vers le soir mais elle ne se présentera pas. Elle a choisi un autre lieu pour passer la nuit.
J'ai logé seul cette nuit, je me suis endormis avec mes écouteurs qui diffusaient mes morceaux de musique favori. Il ne devait pas être bien tard. Conséquence, je me suis réveillé aux aurores. Je m'éclipse alors qu'il n'est pas 7h00. Ce n'est guère réjouissant, le temps a changé cette nuit et bientôt l'orage gronde. J'ai juste un court moment de repris, pour escamoter mes sacs sous leur house et me couvrir. Rapidement la pluie s'abat, drue et glacée.
Bon, il faut garder le moral. En fait, jusque maintenant j'ai été relativement épargné.
Malgré tous, il ne va pas pleuvoir trop longtemps mais les nuages restent en abondance dans le ciel. La petite route serpente dans la forêt, c'est très calme. A la Chapelle-Baloue, il recommence à pleuvoir doucement. L'activité au village s'anime, je passe devant le café. Il est tenu par une Anglaise, on ne peut s'y tromper, elle parle avec un accent à la "Jane Birkin" peut être un peu plus prononcé d'ailleurs. Elle m'invite à prendre un café que je refuse, j'ai du chemin à parcourir. C'est vraisemblablement la première fois que j'agis de la sorte. Je suis d'une humeur chagrine, le temps doit y être pour quelque chose.
J'invoque donc que ma marche est encore longue et lui demande le chemin à prendre. Je fais confiance à ses instructions et continue donc mon chemin.
Je quitte donc le village par … la mauvaise sortie.
La route monte assez fort sur une distance que je ne peux apercevoir. A intervalle régulier, j'ai l'habitude de confirmer mon itinéraire en m'aidant de ma carte. Il est grand temps que je vérifie. Je m'aperçois ainsi que je me dirige vers St Sébastien.
"C'est le comble, je ne suis pas sur la bonne route !"
Je suis proche d'un carrefour, justement une voiture arrive. Je m'adresse au chauffeur et lui demande ce que j'ai de mieux à faire.
C'est une personne de la région et il n'y a me stipule qu'il n'y a qu'une possibilité. C'est celle de faire demi-tour et de reprendre le bon chemin à la Chapelle-Baloue. Tant pis, je râle tout mon soul sans que cela ne change rien mais cela me soulage.
Il me reste encore 17km pour La Souterraine. Le soleil réapparait dans le ciel.
Je pense que ce serait une bonne façon de faire un pied de nez à l'adversité en allant reprendre un café au bistro de l'Anglaise. Cependant, cela ne me séduis pas vraiment. Je remonte vers l'église et quitte ce village au nom somme toute assez charmant.
Je continue sur Saint-Germain-Beaupré. La chaussée est sinueuse et présente une succession de pentes ascendantes et descendantes. En fait c'est assez plaisant, car si la monté est un peu plus pénible en tractant la charrette, celle-ci descend d'elle-même sur l'autre portion de route. Il suffit juste de la dirigée car seule, elle prend régulièrement un chemin hétérogène. Reste qu'après Saint-Agnan-de-Versillat, la colline est vraiment importante. Une importante épingle à cheveux se dessine à la sortie du village.
Un tracteur lourdement chargé vient de me dépasser. Peu après, vu l'inclinaison du terrain, il se doit changer de rapport. Mais il a de gros ennuis car le moteur cale. Donc, je le dépasse. Je suis sur la bordure de la route du côté opposé et ne gêne en rien la circulation. Après redémarrage, il parvient à force de craquements du changement de vitesse à refaire avancer son véhicule. Il avance à la vitesse du "Grand Doucement" puis me dépasse et s'attaque à la montée. Vu son chargement, il n'avance pas beaucoup plus vite que moi. Puis il passe la deuxième, et parvient à se lancer. Cependant la pente est raide et le tracteur peine. De nouveau, il est obligé de rétrogradé.
Et… crac, boum, bardaf…le changement de vitesse pose à nouveau problème. Le voilà de nouveau à l'arrêt. La file de voitures s'allonge derrière lui. Voici bientôt un gros poids lourd qui n'hésite pas à montrer son désappointement.
Quoi qu'il en soit, je dépasse une nouvelle fois la colonne qui est à l'arrêt.
Je pense qu'il a subi un incident particulièrement fâcheux. Jamais, le tracteur ne me repassera.
Si on me demande un jour, à quelle vitesse je marchais ce jour-là, je pourrai toujours dire que j'avançais aussi vite que les tracteurs agricoles.
A la Souterraine, je débouche dans une zone industrielle et je me dirige vers la gare. Peu-après, je passe devant un "Aldi". Je devrais me rendre à une surface de vente afin de renouveler mon stock, mais ce genre de magasin ne me convient particulièrement. Ainsi, je demande à un passant s'il n'y a pas d'autre enseigne à proximité. Il me situe la zone commerciale à l'autre bout de la ville. Tant pis, je verrai cet après-midi ou je peux faire mes courses.
J'ai à peine parcouru cinq cent mètres qu'un coup de tonnerre retentit, suivit de trompes d'eau. C'est la première fois qu'en si peu de temps, je suis immergé de la sorte. C'est bien fait pour moi, si je m'étais rendu dans le super marché, j'aurais eu au moins un endroit où m'abriter. L'orage est violent mais très bref. Je continue vers le centre-ville. Après le pont qui surplombe le chemin de fer, je remonte la rue principale jusque l'église Notre-Dame. C'est un monument magistral et singulièrement spirituel, il s'impose aux voyageurs dès qu'ils abordent la cité. En pénétrant dans l'édifice, je retrouve Françoise. Décidément, il semble que l'on ait le même régime de marche, on arrive toujours ensemble sur à destination finale. En visitant ce sanctuaire, je rencontre le couple de pèlerins qui avait logés avec moi à Varsy.
Ainsi, ils ont réussi à continués leur périple. Dans le fond, ils avancent aussi vite que moi. L'homme est en bonne forme, il semble avoir bien récupéré.
Nous nous rendrons Françoise et moi au "Coucher du Soleil". C'est assez facile, nous n'avons qu'à suivre les coquilles incrustées dans le sol qui indique le chemin de Saint Jacques. A un grand carrefour, nous bifurquons dans l'avenue du Pont Neuf jusque l'habitation qui doit nous servir de refuge cette nuit. La demeure est très bien aménagée et très spacieuse.
Peu de temps après nous, Annie se présente. Voilà, de nouveau le trio réunis.
L'après-midi, chacun parachève sa visite de la ville puis nous nous rejoindrons tous ensemble au gîte afin de profiter de toute l'aisance des lieux. Fin de journée, l'hôtesse n'hésitera pas à nous accompagner dans notre repas du soir, qu'elle a préparé avec excellence.
N'étant que trois locataires, chacun avait une chambre particulière. Vers le matin, je me suis relevé pour fermer la fenêtre, la circulation sur l'autoroute me dérangeait un peu. Comme tout avait un peu pris de l'humidité dans la "drache" d'hier, on avait mis tout à sécher à la buanderie. On remballe tout, en tendant de ne rien oublier. Nous partons tous ensemble jusqu'en périphérie puis les filles continuent vers le GR. Il me semble plus judicieux de suivre la route. Pas si pertinent que ça d'ailleurs puisque je les retrouve à un autre croisement. Elles sont en avancent sur moi. Nous allons faire une partie de cache-cache toute la journée, en nous croisant régulièrement les uns et les autres.
Il y a plus de monde sur les chemins aujourd'hui. Il n'est pas rare de croiser des randonneurs.
Pendant le temps de midi, dans une petite prairie, je m'installe pour manger. Je cherche mon tapis de sol trouvé au début de mon voyage. Mince, c'est à ce moment que je me rappelle l'avoir mis sécher hier sous l'appentis où j'avais rangé ma poussette. Eh bien, il y est resté. Tant pis, pour lui c'est fini la tournée. J'espère que cela ne vas pas trop me manquer, il m'a vraiment bien servi.
Il fait chaud, un peu lourd. Mais pas de soucis, je traverse les villages de Saint-Priest-la-Feuille. A Chamborand je pénètre dans une charmante petite église. Je vois l'indication Bénévent L'Aye à 7km mais il y a un petit souci, la route est barrée. Bof, moi à pied cela ne doit pas avoir beaucoup d'importance. D'ailleurs, je vois des voitures qui bravent l'interdiction. Donc, je m'engage. A quelques distances de là, une grue récure les talus. C'est un sérieux avantages pour moi, je suis quasi seul à circuler sur cette route. Il n'est pas vraiment tard lorsque je rentre dans Bénévent L'Abbaye. Je suis le premier. C'est Françoise qui a pris les réservations pour la nuit, et j'ai totalement oublié où c'était. Aucune importance, nous ne pouvons prendre contact qu'après 16h00. Je laisse mon chargement à l'arrière de l'église dans une sorte d'abris ouvert et quelque peu discret. Puis je vais visiter les lieux.
Vers 15h00 les deux compagnes arrivent. Il est encore un peu trop tôt, donc on prend un verre à la terrasse d'un café. Françoise me confirme que c'est à "La Chouette" que nous coucherons cette nuit. L'autre refuge "A Dos D'Ane" affiche déjà complet. Mais c'est étrange, cet après-midi j'ai vu sortir des "Pèlerins ?" d'une camionnette. Chacun a repris son sac à dos, et sont rentrés dans cette auberge. Faut-il croire que certains, ont une conception remarquable de la marche à pied.
L'accueil est très bien à la Chouette. C'est tenu par des Anglais donc c'est particulièrement British. Je me demande ce qu'on va manger de soir ? Mais nous n'aurons pas à nous plaindre, ni de la nourriture, ni du service dont je garde un souvenir incroyable de l'homme de salle qui n'est autre que le mari de la patronne.
Nous avons le wifi, Pat me met au courant des dernières nouvelles. Ce n'est guère réjouissant. Rien d'alarmiste me dit-elle, mais ma maman a dû être conduite à l'hôpital. Cela m'inquiète.
Néanmoins d'ici, que puis-je faire ?
Nous sommes assez nombreux dans la maison. Il y a tout d'abord les locataires qui restent au dortoir. Le couple de pèlerins d'Arcy-sur-Cure en font partie. Il y a également deux chambres à disposition. Un homme s'est présenté un peu avant nous. Cela le dérange un peu, d'avoir un compagnon avec lui, mais finalement ces craintes s'estompent. J'occuperai une des chambres avec lui. Les deux femmes prendront la seconde. Françoise a subi un coup dur aujourd'hui, elle a un vraiment mal au dos. Sa voisine, ressens une douleur à un genou.
Lorsqu'on se lève à la maison d'hôte. Je m'empresse de tirer les rideaux afin de voir dehors. Le ciel est couvert. Il a beaucoup plu cette nuit. C'est là que l'on retire tous les avantages d'un logement en habitation vis-à-vis du camping. Lorsqu'on se lève tout est sec. L'accumulation des jours de pluie peut finir par dégouter totalement le promeneur. Au bout de quelques jours consécutifs de mauvais temps, il n'y a plus aucuns vêtements d'épargner par l'humidité.
Nous prenons notre petit déjeuner, et je propose à Françoise et Annie pour que mon compagnon de chambre les examine. En effet il a de bonne notion de médecine. Il est spécialiste dans les articulations. Il m'a parlé un peu de sa profession, mais j'en ai oublié le titre exact.
Après le petit déjeuner, il étudie le cas des filles l'une après l'autre. Un diagnostic est établi, Françoise apparemment ce n'est pas trop grave. Mais Annie, il semblerait que cela soit plus conséquent et provienne d'un mal antérieur…
J'ai procédé au ravitaillement hier, j'attaque plusieurs jours où je vais me retrouver un peu au-delà de toute civilisation. Je dois traverser des coins relativement perdus avant de me retrouver en pleine ville de Limoges. Cependant, j'aimerais aller à la boulangerie avant de partir.
Lorsque je reviens, je dépose mon pain sur la commode et me met en devoir de reconstituer mon paquetage. Nous partons les uns après les autres, puis étant prêt, je quitte la maison pour reprendre ma route.
Je quitte la bourgade, la route est calme. Je passe devant une scierie, l'activité sort de sa léthargie. Je pousse ma charrette depuis environ quinze minutes, lorsque je me demande où j'ai pu ranger mon pain.
"Ah, aille, aille, où ais-je la tête ! J'ai laissé mon pain sur la commode."
Bon et bien, demi-tour. En passant à nouveau devant la scierie, je m'arrange avec un ouvrier pour laisser mes bagages dans un coin de la cour. Puis je retourne à "La Chouette". Mon pain est resté à la même place et je l'emporte. Une grosse demi-heure de perdue inutilement. Que d'énergie dépensée précocement dès le matin.
Je reprends mes effets à l'entreprise locale de transformation du bois. Je continue la route par une montée qui me met en jambes. Les pentes et les sinuosités des routes empruntées seront monnaie courante tout au long de cette journée. L'endroit est particulièrement sauvage, mais joli. C'est une succession de tout petits villages entre des zones de forêts. Le soleil est un peu frileux aujourd'hui.
A Mourioux-Vieilleville, je fais une courte pause et je remplis ma bouteille d'eau à une fontaine devant l'église. Il me reste douze kilomètres à parcourir. Peu après, je croise les ouvriers d'une exploitation forestière qui sont à l'œuvre dans une coupe de bois. Puis la route descend et j'avance avec plus de facilités.
J'ai placé mon essuie a séché sur le guidon de ma poussette avec des pinces à linge, mais je remarque que le support est un peu gros pour que la fixation soit efficace. Bon, je surveillerai de temps en temps. Cela ne dure guère, après cinq minutes les pinces ont disparu. Je me dis que c'est trop bête, je décide d'aller revoir s'il ne met pas possible de les retrouver. Je n'y crois pas vraiment, mais cela doit être possible. Toutefois, ce sont de petits objets peu repérables. Après cinq cent mètres, je les remarque chacune sur le bord de la route. Et c'est là, que je me repose la question.
"Comment est-ce possible que je n'ai jamais pu retrouver mon GPS pourtant beaucoup plus gros, perdu il y a quelques jours ?
L'énigme restera sans doute, à tout jamais sans réponse.
Un petit crachin se met à tomber par moment. La campagne est triste aujourd'hui. Brusquement, une voiture venant en sens inverse s'arrête à ma hauteur.
La conductrice me prévient d'un évènement fâcheux qui bloque la route un peu plus loin. Elle n'a pas eu la possibilité de passer. Quant à moi, avec mon véhicule peut être que cela devrait aller.
Je me retrouve rapidement en face de tout un détachement de pompiers. Un accident de la route est le fait divers. Le véhicule accidenté est sur le toit, le conducteur roulant sans doute un peu vite a loupé son tournant sur une route qui somme toute devait être assez glissante.
Le ou les blessés ont déjà été évacué en ambulance, mais le dépannage traine un peu. Toutefois, la police daigne à me laisser passer sur le côté de ce fâcheux évènement.
Je continue donc mon chemin, en prévenant les voitures circulant en sens inverse que la route est bloquée un peu plus loin.
La météo a tendance négative me fait accélérer le pas sans vraiment apprécié le paysage. C'est vraiment dommage car l'entrée sur Châtelus-le-Marcheix est assez exceptionnelle. Vers 11h50 je suis au logement. C'est un bâtiment social dont le rez-de-chaussée est réservé aux pèlerins. Il y a six places en dortoir. Même si c'est assez petit, c'est très bien aménagé. J'ai à peine pénétrer dans le local qu'une averse de Dieu le père se met à tomber. Je décide de me préparer à diner.
Peu après, alors que je me restaure, mon GSM m'indique que je viens de recevoir un message.
C'est très étrange, il est vraiment très tôt. Il s'agit de Pat.
Le message est laconique et est très perturbant. Il tient en quelques mots :
" Ta maman est décédée, mon petit cœur. C’est arrivé si vite. Elle a fait une septicémie ".
La situation veut que je réagisse promptement. Impossible de pas retourner lui rendre hommage. J'avais promis avant de partir quand cas d'urgence, j'interromprais mon périple. Après tout, je n'allais pas au bout du monde.
Mais la situation n'est pas brillante, comme je le disais plus haut, je suis dans un trou perdu.
A pied, j'en ai pour plus de quatre heures jusque Ambazac le premier bourg raisonnable avant Limoges.
Je me rappelle en passant qu'il y une auberge au village. Elle doit être ouverte jusque 13h00.
Je me renseigne afin de trouver un moyen de me faire rapatrié sur Limoges. Je propose une gratification à qui voudra bien me conduire à la gare. Je peux comprendre que l'ensemble des personnes ont leurs occupations. Je ne saurais tenir rigueur à quiconque de se résoudre à accepter ma pauvre obole pour un service à un inconnu. Toutefois, mon appel est rapidement entendu. Et je dois encore remercier vivement le mari de l'employée communal, qui a tout lâché pour accéder à mon souhait.
Au moment de mon départ, encore un peu bouleversé, je rencontre Annie. Elle vient d'arriver. Elle est couverte de sa cape de marche et a subi le mauvais temps.
On se quitte très vite, je la charge de porter quelques trucs aux poubelles et de débarrasser la table à la cuisine et je la remercie de tout cœur.
La voiture s'en va, peut-être ne reviendrais-je jamais un jour dans ce charmant petit village.
La route n'est néanmoins pas de tout repos. Elle sinue entre collines et forêts. Pendant vingt kilomètres, nous sillonneront sur une route étroite. Ensuite vient l'autoroute jusque Limoges. L'homme connait bien la ville il me dépose à la gare mais il pleut de nouveau à sceau.
Décidément, ce jour est particulièrement funeste.
Vu l'averse, je me presse de rentré dans la gare. Il me faut à présent trouver une relation entre ici et chez moi.
L'agent préposée, me présente une réservation possible demain matin vers Lille direct sans changement.
Cela me convient très bien, je n'aurais qu'à me débrouiller pour rentrer en Belgique demain. J'ai une expérience avérée dans les relations ferroviaires. J'ai travaillé pas mal d'année à la SNCB. Cela ne devrait pas poser trop de soucis.
"Bon, pensais-je tout haut, il me faut à présent trouver de quoi me loger."
"Pas de problème, monsieur, vous avez un hôtel B&B en face de la gare et un ibis de l'autre côté."
"Grand merci, pour votre gentillesse. Bonne journée et un bon weekend.
Je sors sur le parvis face à la cathédrale, une autre idée me vient à l'esprit.
" Bon sang, mais c'est bien vrai, je suis toujours pèlerin me dis-je !"
Je descends donc vers le monument religieux. De toute façon, il n'est pas bien tard. Le temps se remet au beau. C'est assez idéal pour exploiter le reste de la journée par une visite de la ville.
Je comprends que l'édifice qui se dresse à mes pieds et un bâtiment remarquable. Toute la construction est de style gothique homogène. Des ecclésiastiques flânent en permanence dans l'édifice. J'exploite cette opportunité pour aborder une des personne. J'aimerais faire apposer le cachet de mon passage. L'homme n'est pas avare en paroles, je lui demande s'il n'y a pas un hébergement pour pèlerin dans les parages. Il me dit que l'accueil aux pèlerins est chez les Sœurs Saint-François d'Assise. Cela se trouve en face, à deux pas. Il ajoute en complément :
"Vous n'avez qu'à sonner au porche, ne vous inquiétez pas, en général la sœur met un certain temps à se présenter à la porte. "
Pour moi, je ne sais mais ce fut vraiment rapide. Elle veut bien m'héberger pour la nuit. Je serai seul cette nuit. En attendant, je profite du beau temps qui est revenu pour continuer la visite de la ville.
le 13 – 06- 2015
Limoges-Bénédictins - Lille - Tournai - Namur - Marbehan - Lahage ( 800 km en 10h environ)
Que dire, la nuit a été parfaite, le petit déjeuner avalé rapidement, je me rends à la gare. Je me prépare à une longue journée de voyage en train.
Le TGV n° 5296 rentre à l'heure prévue, c'est à dire 8h06, en gare de Limoges-Bénédictins. Après, les kilomètres défilent en trompe. Cela change vraiment de la marche à pied.
En Iles de France, le train quitte la voie rapide et nous roulons moins vite. A 13h11 comme prévu, nous arrivons à Lille Flandres. Nous avons mis 6 heures pour traverser les trois quarts de la France soit un peu plus de 600km. Les jours précédents, il me fallait autant de temps pour parcourir rente kilomètres.
J'ai presque une heure d'attente avant la correspondance suivante, je vais faire un petit tour.
A la gare de Tournai, je dois changer de quai. Il est donc indispensable de faire un petit exercice dans les escaliers avec ma poussette.
Une nouvelle correspondance part pour Namur. J'y arriverai à 16h30 si tout se passe bien. Il me restera ensuite vingt minutes pour reprendre un autre train qui devrait arriver à 18 h15 à Marbehan.
Il me faudra de ce fait près de quatre heures pour parcourir les deux cents derniers kilomètres.
Lorsque je monte dans le train à Tournai, faute de places dans le compartiment des bagages, je place ma charrette à l'avant du train dans le couloir. Ce n'est pas conséquent, et puis cela ne gêne pas le passage. De toute manière, il ne contient rien de valeur. J'emporte tous ce qui est important avec moi. De temps en temps, je vais jeter un coup d'œil pour voir si tout va bien.
Tout se passe bien, jusque Mons puis nous continuons. Entre La Louvière et Charleroi le train fait omnibus.
A un moment donné, une drôle d'altercation se présente. Un jeune homme interpelle le chef de train.
Il lui reproche qu'il n'a pas eu de contrôle de son billet. De ce fait il prétend qu'il n'avait pas besoin d'acheter de passage sur le train. Il fait valoir que :
"Nous les jeunes, on n'a pas de tune. "
Le chef ne perd pas son sang-froid. Il lui réplique que pour voyager, il est nécessaire de payer son ticket. La discussion va bon train et tente à s'envenimer. Puis subitement, comme si rien ne s'était produit, il s'en va plus loin dans la voiture. Le train ralentit, le quai prochain est en approche. Le jeune homme descend en compagnie d'autres personnes. Je regarde le chef, il doit être soulagé l'affrontement a été évité. Il s'en aurait fallu de peu que la situation s'envenime.
L'incident est clos, je me lève pour inspecter mon bagage dans le couloir. Je suis un instant perplexe, indécis :
"Merde, je te parie que ce jeune c… faisait diversion pendant qu'un complice accomplissait un larcin."
C'est une situation déplorable qui s'offre à mes yeux. Tout mon bagage a été retourné. C'est un fouillis atterrant. Tout est jeté pêle-mêle sur le sol. Visiblement, rien n'a été épargné. Mais pas de chance pour le malfaiteur, il n'y avait rien de valeur dans mon sac et rien n'a été emporté. Je devrais m'en réjouir, toutefois, cette situation me révolte. Et je suis au trente-deuxième dessous pendant plusieurs minutes.
Malgré ce fait inconséquent et crapuleux, la suite du parcours se passe relativement bien. Chaque train est à l'heure.
Lorsque j'arrive à Marbehan, j'appréhende le fait de retombé dans le monde réel.
Je n'ai pas à m'en faire, un léger quiproquo fait qu'ils ne sont pas encore à la gare.
Que cela ne tienne, je repars dans une courte marche à pied.
Bien peu de temps en fait, la voiture se présente au bout de la route.
Je pense tout de même que c'est une situation à peine ordinaire et quasiment insolite de se retrouver ainsi après plus d'un mois d'absence.
2èmepartie du 25 juin 2015 au 29 juilllet 2015
32 jours à pieds sur les chemins de France et d’Espagne
de nouveau près de 800 km
sur le chemin historique de la voie de Vézelay,
de Limoges à Saint-Jean-Pied-de-Port
Puis Saint Jean-Pied-de-Port – Roncesvalles
Ensuite Sarria – Santiago de Compostella
25/06/2015
Train Luxembourg – Metz – Paris Est – Paris Austerlitz – Limoges
Retour à Limoges chez les Sœurs Saint François d’Assise. Deux pélerins sont à l'entrée, Michel et Pascal.
Le temps est très beau mais très chaud toute la journée. Je pars de Limoges vers 7h30. Je marche seul. J’ai un peu de mal à me diriger pour sortir de cette ville. J’essaie de suivre la signalétique du « miam miam dodo ». C’est pour moi, le seul bouquin indispensable. Il renseigne l’itinéraire à suivre, ainsi que sur les endroits où se loger et se ravitailler. Dans un premier temps, je ne rencontre pas de balises. Je demande à un serveur dans un bistro si je suis dans la bonne direction. Il me le confirme cependant, je suis sur la grand-route. Je décide alors de bifurqué à gauche pour me rapprocher plus prêt du chemin balisé. A un moment où je me dirige dans une direction une voiture s’arrête et le chauffeur me hèle. « Monsieur, vous ne vous dirigé pas correctement pour retrouver le chemin, je vais vous expliquer ». Je me dirige donc vers Flavignac. Je passe à Mérignac puis devant la gare d’Aixe-sur-Vienne et bifurque vers le cours d’eau. Dès que j’ai quitté les agglomérations, c’est la campagne souriante cependant les sentiers sont rares. Je passe devant le superbe château de La Judie où l’on taille les haies et l’on coupe l’herbe haute des champs. J’en profite pour faire la pause casse-croute. Lorsque je reprends le chemin, je bifurque sur Saint Martin le Vieux puis je rejoints Lavignac. Je me laisse guider par le balisage sur le terrain et dans l’ensemble, avec l'aide de mon guide en complément, c’est très correct. J’arriverai vers 14h30. Le gite est juste en face de l’église. Je descends dans le bas du village pour aller chercher la clef à la mairie puis je remonte au logis. Vers cinq heures les deux compagnons, Michel et Pascal me rejoignent.
Nous nous levons à 6h00. Plus tôt que nous partons, nous ressentirons moins la chaleur. Tiens, comme c’est bizarre dehors il pleuvine légèrement. Vers 7h00, je suis sur le chemin. En solitaire, car le chemin se fait en général seul. Chacun marche à son rythme. Je me laisse conduire par les balisages. Ils sont clairs, mais j’ai parfois la tête autre part. En sortant de « Les Cars », je continue tout droit au lieu d’aller à gauche. Je ne constate pas immédiatement mon erreur car le paysage est vraiment superbe. Ce n’est qu’au bout de 2km que je m’aperçois de mon erreur. En fait, je me trouve sur la D21 et elle me reconduit à mon point de départ. Résultat demi-tour, jurons et rouspétances. A Chalus, je vais au ravitaillement. Vu mon retard, je retrouve Michel qui se repose devant l’église. Nous continuons ensemble et nous rencontrons Pascal au bistro du coin qui prend un café. Michel continue sa pause, moi je continue. Après cette ville, je rejoins Firbeix par des chemins forestiers. Arrivé à l’endroit de ma chute, Saint Pierre de Frugie, je me rends à la mairie mais un panneau me renvoie à l’autre bout du village, au café du coin. Une personne vient à ma rencontre et me conduit en voiture au logis pèlerin. Il est 14h05. La maison de tourisme superbement aménagée pour l’hébergement les pèlerins de passage offre une grande salle d’accueil, une chambre avec trois lits superposés, une cuisine et des sanitaires. Cette bâtisse est entourée d’un parc didactique et d’un superbe lac. Dans l’après-midi, j’aurai la visite de plusieurs visiteurs. Ils me prennent ainsi pour l’animateur du centre et me demandent des explications sur cet endroit charmant. Je me prête un peu au jeu mais rapidement les questions me dépassent et je leur démentis cette fonction inappropriée. Toutefois, lorsque je leur dis que je fais le chemin de Compostelle, ils sont fascinés par mon projet et la discutions continue sur cette direction. Lorsque je passerai a Négronde dans probablement deux jours, mon passage à la mairie est souhaité. En fait c’est lui le maire. La nuit est calme, je suis seul dans la chambre. La journée c’est bien passée, on oublie vite la fatigue après une bonne douche.
En route vers Thiviers, je vais continuer à suivre l’itinéraire proposé par « Miam Miam Dodo » ça marche pas mal alors pourquoi chercher mieux ! Je quitte l’agréable demeure ou je viens de passer la nuit ver 8h00. Nous sommes dimanche et le village dort encore. Comme je dois reporter la clef dans la boite aux lettres de la commune et revenir sur mes pas, je dépose mon sac sur le bas-côté de la route. Je le reprendrai dans cinq minutes. J’en profite pour déposer mes ordures dans un bac en face de l’église et j’emprunte à nouveau la route que j’ai quittée hier pour cette étape. Bien vite je me retrouve sur un petit chemin champêtre qui va me mener à La Coquille. Il y a un Carrefour Contact, et comme les magasins ne sont ouvert que le matin, je vais devoir porter mes courses le reste de la journée. Comme j’ai encore fait des emplettes inconsidérées, je les places dans mon petit sac et je vais me les coltinées en ventral le reste de ma marche. La journée est déjà chaude, ais le parcours et relativement couvert par le chemin forestier. Nous avons choisi Michel et moi de se retrouvé à un chalet pèlerin au camping Le Repaire. Je ne passe pas immédiatement dans la ville, le guide me stipule de suivre le stade et cela m’évite de monter la colline. Quand j’arrive à Thiviers il est déjà 14h30, Michel est déjà là. Ben oui, lui a logé à La Coquille puis il est parti plus tôt que moi. Le chalet possède une petite cuisine et quatre lits superposés mais nous seront deux cette nuit. Les sanitaires sont ceux du camping. Ce qui particulièrement séduisant c’est que le camping est équipé d’une superbe piscine à deux pas de notre chalet. Nous en profitons allégrement. Puis vers la fin de l’après-midi je pars en reconnaissance dans la ville afin de la visiter et aussi voir le balisage du chemin de St Jacques pour demain. Je remarque une boulangerie qui nous sera utile demain. Ainsi que quelques coquilles en bronze partent de l’église nous indiquant le sens de notre marche de demain. Ensuite je redescends au camping et je profite encore une fois de la piscine pour un ultime usage. J’ai porté une boite pour faire mon repas toute la journée ainsi je mange au chalet pendant que Michel va manger au restaurant su camp. On se couche tôt, et je suis en face de la fenêtre il me faut trouver un moyen d’occulter la fenêtre avec une couverture. J’ai ainsi une idée géniale, je glisse la couverture sur mon bâton de marche mais je n’ai qu’un support au côté gauche le bâton est dans le vide à droite alors j’enfonce un couteau de cuisine dans un interstice de la cloison. Demain, il ne faudra pas oublier de l’enlever cela ferait un peu brouillon de le laisser en place. Et bien le lendemain, nous l’avons tout de même oublié.
29/06/2015
Thiviers –Sorges 20 km – 4h45 –4.7 km/h– (7h01-15h10)Refuge avec hospitalier Thiviers–Sorges.GPX
Le réveil sonne à 5 h00. Souvent, je prends une douche le matin cela me fait le plus grand bien. Je prends aussi toujours le temps de déjeuner, le plus copieux possible. Nous montons par le chemin sur le devant du camping, cela réduit le trajet et de toute façon cela monte car la ville domine toute la campagne environnante. Donc, on est tout de suite dans le mouvement. D’autant plus, qu’après être sorti du camping je m’aperçois que j’ai encore perdu mon bouquin itinéraire. Demi-tour, je retourne à sa recherche. J’en ai vraiment besoin. Je le retrouve enfin près du chalet pendant ce temps. Michel a pris de l’avance. J’accélère la cadence, mais la route monte vraiment raide. J’arrive à la N21 et là, c’est Michel qui s’est trompé, a lui de faire demi-tour, nous remontons vers la ville pour aller à la boulangerie. Puis nous reprenons l’itinéraire prévu. C’est une succession de routes et de chemins champêtres. Une fois encore, Michel me hèle, j’ai été trop loin et revient sur mes pas pour descendre sur un chemin escarpé. Puis je pars devant et je ne le reverrai plus de la journée. Vers 11h00, je suis à Negronde, j’ai promis à monsieur le maire de passer lui dire bonjour. Mais il est très occupé, je ne suis pas pressé et de fil en aiguille, il est midi quand celui-ci est disponible. Il m’invite à diners à la pizzéria du coin. Il va insister pour régler l’addition. Il est beaucoup plus tard que d’habitude quand je reprends chemin et le soleil dans son zénith est à présent fort dérangeant. Nous arriverons conjointement avec Michel. Celui-ci m’a rattrapé au détour d’un chemin. Je fais le tour du village. Il est à remarquer que l’église est superbe et abrite un orgue de toute beauté nouvellement construit. Il trône à l’intérieur de l’édifice depuis 2014, ce qui est très récent. Le refuge est en face de l’église, nous sommes accueillis par une hospitalière très sympathique qui nous préparera le repas. Je m’installe dans la chambre à l’étage et je m’aperçois que j’ai oublié mon bâton de pèlerin à l’entrée de l’église. Ah, foutu mémoire. J’y cours donc, voir s’il y est toujours. Je le retrouve où je l’ai laissé une heure plus tôt. Nous passerons une bonne soirée, à inventorier nos projets, à demander si nos idées sont réalisables, enfin à papoter quoi.
Nous quittons Michel et moi le refuge de Sorgue avec quelques regrets, l’accueil y était chaleureux. Et c’est à nouveau une succession de chemin dans la campagne. Après une heure de marche, j’ai depuis longtemps devancé Michel. Je déambule dans la forêt, lorsque je passe au centre d’un étonnant terrain de camping au environ de Chaurac près de Trélissac. Des tentes sont installées un peu partout. Je me repose quelques minutes un peu plus loin devant la maison forestière de la Sibeaudie dans la Forêt Domaniale de Lanmary. Il est encore très tôt, une voiture d’un garde forestier se trouve devant la maison mais aucune activité ne trouble le silence du matin. Ce sera encore une journée de canicule et l’approche de la ville de Périgueux ne fait que renforcer cet effet de chaleur. Je passe devant une grande surface qui est la bienvenue pour son air climatisé. Je rentre dans Périgueux et visite la ville. Ce sont des petites rues étroites. Les maisons ont pour rez-de-chaussée une petite surface commerciale où se vendent un peu toutes sortes de choses principalement attirantes pour un tourisme de passage. Cela me mène à la cathédrale. Je suis agréablement surpris par la grandeur et la particularité de cet édifice vraiment exceptionnel. Puis 15h00 se pointe à l’horizon, il est temps de rejoindre le gite. Le bâtiment est situé près de la gare à l’autre bout de la ville. Je retrouve Michel à quelque pas de l’immeuble. On nous réserve un très bon accueil. Après notre inscription, la personne s’éclipse discrètement et nous laisse la disposition des lieux. Nous faisons chacun notre petite lessive que nous mettrons à sécher sur la penderie à l’arrière. Après avoir fait la vaisselle et mis un peu d’ordre, j’aime m’allonger et lire un peu. C’est un instant magique, calme et tranquille dans une journée débordante d’activités.
Nous nous levons à 4h45 car la veille il faisait vraiment trop chaud donc on a décidé de partir tôt. Nous quittons l’appartement vers 6h00, récupérons nos chaussures et nos bâtons de marche au garage de l’immeuble. Je sors à l’extérieur, je regarde le ciel il fait gris. Plus nous nous dirigeons vers la sortie de la ville, plus le ciel se noirci. Puis je vois un éclair. Très rapidement c’est l’averse. On s’abrite rapidement sous un porche, le temps de sortir notre cape. Je recouvre mon sac avec une house et m’aperçoit qu’il ne pleut déjà plus. Très vite, je replace ma cape dans mon sac. Nous passons devant un très beau château dont les lanternes éclairent encore le porche de la porte d’entrée. A Chancelade le ciel se dégage, nous rendons une petite visite à l’abbaye. L’église abbatiale de style roman est de toute beauté. Puis nous quittons définitivement l’agglomération pour un chemin forestier, nous suivons le GR 654 et nous sommes encore à 1306 km de Saint Jacques de Compostelle. Nous admirerons encore plusieurs demeures majestueuses au détour d’un sentier. Avec Michel on se quitte rapidement et chacun fait son chemin. On se retrouvera à la fin de notre marche A Saint Astier dont nous avons réservé un mobil home au camping Le Pontet. Le reste de la journée sera ensoleillée et chaude. Après Annesse et Beaulieu. J’emprunte le côté gauche sur le chemin champêtre qui longe un canal coupant la courbe de l’Isleet rendant celle-ci navigable et développera ainsi l’industrie sur Saint Astier dans les années 1830. Je m’installe à midi pour une pause assez longue sur un banc en face du Lac Bleu près d’une ancienne écluse. Puis je déambule sur la piste cyclable qui nous conduit dans la campagne. Je franchis une superbe passerelle aménagée rien que pour les engins non motorisés. J’arrive devant une maison le propriétaire est intéresser par mon projet. Il appelle son épouse qui a follement envie de rejoindre le chemin de Compostelle. Elle me demande quelques conseils. Je lui dis que mon expérience est de courte durée, c’est la première fois que je pars vraiment sur les routes. Cependant, je lui fais soulever mon sac à dos. Celui-ci est au plus légers, il ne contient à présent que le strict nécessaire. Il doit peser moins de dix kilos. Elle le soulève de quelques centimètres et le repose aussitôt. « Bon sang, me dit-elle, cela doit bien peser trente kilos. Et vous porter cela toute une journée ? » Et oui rien qu’avec ce geste elle est déjà découragée. Je repars donc, persuadé que je n’ai pas mobilisé une nouvelle vocation. Après la piste devient rapidement une longue bande de macadam sous ce soleil accablant. Puis je traverse le pont sur Lisle, des gens se baignent dans le courant de la rivière très large à cet endroit. Ils profitent ainsi de cette fraicheur bienvenue. Enfin, j’arrive au camping le Pontet. Michel est déjà là, il boit une bière. Bon ben je fais de même puis nous prendrons nos quartiers dans le mobil home loué pour notre passage. Ensuite nous irons à la piscine du camp et savourerons considérablement ce moment de détente.
Le début de nuit est étouffant puis nous avons eu de l’orage et l’air est légèrement plus frais. Levés dès cinq heures. Après notre petit déjeuner habituel, nous quittons Saint-Astier en remontant vers l’église puis tout droit Rue Eugène Le Roy pendant environ deux kilomètres. Nous rentrons rapidement dans une forêt. Ensuite ce sera une alternance de routes et de chemins. Après Les Ourteils, nous nous laissons conduire le long d’un chemin forestier, il est large et empierré. Après 500m nous remarquons une balise. Mais celle-ci n’indique pas grand-chose. Elle est juste placée avant le croisement de trois bifurcations. Sommes-nous sur le bon chemin, on s’engage tout droit puis on fait demi-tour et revenons au croisement. J’explore le chemin à gauche, pas de confirmation, je reviens. J’explore ensuite le dernier chemin mais cela ne s’avère pas plus concluant. Après concertation, nous décidons de reprendre le premier itinéraire. Celui -ci se révèlera correct. En attendant, nous avons dépensée beaucoup d’énergie et fait preuve de quelques énervements bien inutile. Michel a déjà but toute sa provision d’eau. Nous sommes en plein bois et nous avons peu de chance de trouvé un point de ravitaillement. J’en ai marre et je pars devant assez rebelle. Michel verra plus tard un véhicule de la ONF qui lui donnera une bouteille d’eau. (Merci a eu !) Le balisage est d’un nouveau genre propre à cette région. Franchement, je ne les félicite pas. De temps en temps il y a un piquet avec l’indice de la coquille placé à l’envers (pourquoi d’ailleurs). En ville c’est plus correct mais dans les chemins campagnards où ce serait vraiment nécessaire, le balisage est vraiment confus. Nous n’avions jusqu’ici rencontré aucuns problèmes de ce genre. Cette marche est vraiment longue et n’est pas d’un grand intérêt. C’est une forêt de pin maritime et beaucoup de moustiques vibrionnent. Cela m’énerve et me fait perdre patience. Je marche sans vraiment faire d’observations. Je serai satisfait lorsque je pourrai enfin quitter cet endroit pas vraiment sympathique. Un peu avant Douzillac, je pense qu’il me faudrait bien me restaurer. Après une pause bien salutaire mais qui s’avérera assez courte car je me suis encore installé sur un nid de fourmis. Il me reste un tiers du parcours à effectuer. Je passe sur le coté de Saint Louis en l’Isle et de Saint Frond de Pradoux et bientôt j’émerge dans Mussidan il est 14h30. Je me rends vers le refuge municipal. Michel arrivera seulement à 17h00 assez fourbu. Je repars faire quelques courses à l’Intermarché situé à la sortie de la ville. Il est 18h00 et il fait toujours aussi chaud.
03/07/2015
Mussidan – Port Sainte Foix 32.3km -330m - 6h08 – 5.3 km/h - (6h30-14h49) Mussidan-PortStFoix.GPX
Nous partons de bon matin. Il est 6h15. J’accompagne Michel brièvement sur la D20 pendant quelques kilomètres puis je rejoins le chemin balisé à Saint Géry. Je continue sur Fraisse. C’est une petite route qui monte dans la campagne ombragée par les arbres. J’aborde un paysage plus vallonné mais bien dégagé. Tout est calme, la campagne a bien du mal à sortir de sa torpeur. Pourtant, il est près de onze heures et cela fait longtemps que je n’ai rencontré personne. J’aborde la descente en sortant de Monfaucon, j’ai une vue d’ensemble sur toute la vallée. Plus tard dans la matinée, alors que j’ai oublié d’acheter du pain, une personne bien aimable pendant une discussion va m’en proposer. Je monte le chemin qui traverse la D32 et la côte est féroce, le sentier agricole est en mauvais état. Heureusement, elle est de courte durée et j’aperçois un massif forestier. Celui-ci, me fournira une ombre salutaire pour me pause de midi.
Après-midi en général, s’il ne me reste que quelques kilomètres à parcourir, souvent je continue ma marche en sandales. C’est ce que je fais aujourd’hui. Cependant, ce n’est pas très judicieux cette fois. La descente vers Port Sainte Foix s’effectue dans le lit d’un ruisseau et la pente est raide et particulièrement irrégulière. Heureusement, ce jour le cours d’eau est à sec, vu l’état de sécheresse général qui caractérise cette année. Peu après j’émerge sur une prairie, j’ai une superbe vue sur la vallée de la Dordogne. Je longe pendant 1km le fleuve puis en le quittant je trouve assez rapidement le gite qui est en face de l’église. Devant le logis, une femme attend. Je fais la connaissance de Marie-Claude. Elle est aussi sur le « Chemin ». Demain, elle s’attachera à nos pas pendant plusieurs jours. On vient nous ouvrir. Les lieux sont en travaux. Le chantier est loin d’être terminé. Reste que le local pèlerin vient d’être remis en état et nous seront les premier à en bénéficier. Michel arrive après 16h00, l’hospitalière a déjà enregistrer nos identités et désigné nos places. Vers 20h30, extinction des feux. Aujourd’hui la journée a été rude.
Ils ne m’ont pas réveillé. Mais ils ont été très discrets, je n’ai rien entendu. Toutefois, ils ont trainé, nous partons ensemble. On remet les clefs dans la boite aux lettres et il est 7h30 lorsqu’on quitte les lieux. Nous passons tous les trois le pont sur la Dordogne puis je pars ensuite seul sur une route bordée par les vignes. Parfois je rencontre des panneaux avec une maxime du genre « Le chemin est long du projet à la chose » je peux méditer quelques secondes sur cette phrase puis je repars en l’oubliant rapidement. Je passe devant un cimetière à l’arrière, la petite église se découpe dans un ciel à contrejour. La route se poursuit éternel ruban noir souvent sinueux. Je suis toujours disposé à la gravir. Mais certainement convaincu à en dévaler la pente. Parfois je croise un très beau bâtiment nouvellement restauré avec sa toiture pourpre. Parfois c’est une tombe isolée au milieu d’un champ, un vestige d’autrefois. Je traverse rapidement un village d’ailleurs il n’y a que quelques maisons. Puis le chemin bifurque, j’ai failli continuer tout droit. Je suis perdu dans mes pensées. Je marche, je pense, je rêve à quoi ? A rien sans doute. J’écoute les oiseaux le bruit du vent dans les taillis. J’admire un champ de tournesols, million de soleils dirigeant leur tête vers l’astre de vie. Un rien me distrait. C’est cela le « chemin ». Je glisse ma main vers ma provision d’eau pour me désaltérer. Du reste, il ne m’en reste guère. Je dois avoir bu plus de couture aujourd’hui. Que cela ne tienne, il y a quelques personnes devant une maison, au le sommet de cette colline. Je demande si l’on veut bien me remplir ma réserve. En marchant, on emporte que le minimum. Tout fait du poids. On se ravitaille donc au fur et à mesure. Bientôt, j’arrive à Pellegrue. Mais il faut de nouveau monter en haut de la ville pour trouver le refuge. Il est assez simple mais possède deux chambres. Nous en occuperons une Michel et moi et laisseront l’autre pour Marie Claude. Je vais faire un tour, l’église est ouverte, c’est le weekend des églises. Je présente ma crédential à l’homme qui fait visiter l’édifice. Il y appose le tampon des pèlerins. Il n’y a pas grand-chose d’autre à voir dans cette ville. Je retourne donc au logis. Lorsque je reviens Michel vient d’arriver.
C’est dimanche. C’est un peu la bête noire du pèlerin, car les commerces sont fermés lorsqu’on arrive, après notre randonnée. Il faut donc en général s’approvisionner du matin en passant dans une ville où un commerce est encore ouvert. De plus on doit porter en conséquence. Aujourd’hui, pas de problèmes. Nous avons le gite et le couvert. On a dormi jusque 7h00 puis le clocher de l'église a sonner les matines. Marie Claude qui était dans l’autre chambre. Elle est partie très discrètement. A quelle heure ? Aucune idée. Certainement vers 6h00, car elle a décidé que ses pas la conduiraient plus loin que nous. Nous marchons donc Michel et moi. Nous resterons ensemble sur tout le parcours en suivant les indications qui nous sont proposées. Il fait beau, comme d’habitude. Du reste, nous n’avons pas eu de pluie depuis déjà belle lurette. C’est vraiment une année exceptionnelle. L’ensemble de notre parcours se fera sur la route. Elle est vraiment très étroite mais cependant très calme. D’ailleurs nous sommes protégés car une plaque annonce aux éventuelles voitures de rouler avec prudence car ils se trouvent sur « La voie de Vézelay ». Nous progressons longtemps entre des taillis, cela me semble un peu oppressant. Mais nous sommes souvent distraits, chacun raconte son histoire. Quelque souvenir qui nous plaît à partager. Quand je rentre dans Saint Ferme, je remarque immédiatement l’imposante abbaye qui domine le village. Nous avons vraiment trainé, car nous arrivons qu’il est midi. Nous trouvons le gîte Jacquaire. Mais il est encore trop tôt et celui-ci est encore clos. Qu’à cela ne tiennent, il y a des bancs et une table à l’extérieur et nous mangeons. Très peu de temps après nous voyons une voiture possédant des plaques anglaises. Je sais que c’est l’hospitalière, car lorsque j’ai réservé la veille, un accent stupéfiant m’avais prévenu du caractère de la personne. Elle est très sympathique, elle nous laisse la jouissance des locaux dès l’instant de sa venue. Mais, elle se réserve une plage de temps où il lui faudra la laisser dans le plus grand calme, car elle doit répéter ses gammes. En effet la semaine prochaine, elle sera la principale interprète dans une chorale. D’un commun accord nous partons faire une balade dans la campagne environnante. Lors de notre retour, cette charmante personne prépare déjà le repas du soir.
06/07/2015
Saint Ferme - La Réole 20 km -148m - 6h59 – 4.9 km/h - (6h32-11h36) STFerme-LaReole.GPX
Départ 7h00. Nous quittons encore à regret cet accueil chaleureux. Je pars seul, c’est un désir de solitude. Je longe les rangées de vignes propres et rectilignes qui bordent la route. Ce n’est guère vallonné et la progression est rapide. Je traverse des bourgades au nom évocateur tel que Saint Hilaire de la Noaille, ou Roquebrune (qui rien à voir avec la ville du midi). La ville de La Réole est perchée sur un vallon. Le prieuré de Saint Pierre qui abrite maintenant la mairie ainsi que plusieurs administrations surplombe la Garonne. Le bourg fortifié a été rénové par partie. Je me fais la réflexion qu’il reste encore beaucoup de travaux à accomplir. La gare entièrement caché se trouve dans le bas de la ville. C’est une gare régionale qui relie Bordeaux à Agen ou Marmande par le TER Aquitaine. Je visite un peu la ville et manque de pot, je parviens encore à perdre mon guide de randonnée. Je refais donc le chemin inverse pour remettre la main dessus au milieu d’une rue à forte circulation. Le bouquin est déjà pas mal abimé ensuite on peut deviner dans quel état il se trouve. Bon de toute façon les pages sont encore lisibles et c'est cela qui compte. Depuis hier, j’ai une urticaire féroce sur les jambes et je m’aperçois que cela ne s’arrange pas. Je passe à la pharmacie qui me procure une crème calmante. Bof, le remède proposé ne sera pas vraiment miraculeux. A chaque endroit possible, je plonge mes gambettes dans de l’eau fraiche. Seul ce traitement se révèle efficace. Je retrouve Michel dans un bistro dans le bas de la ville. Nous remontons ensemble jusqu'à l’église. Je téléphone aux personnes qui nous accueillent afin de leur signaler notre arrivée. Il était convenu qu’on venait nous chercher à cet endroit. Il est 14h30 quand nous apercevons une voiture. La dame au volant, est bien la personne que nous attendions. Elle nous emmène jusqu’en périphérie. Leur maison, une superbe villa, se trouve à Montagoudin. Nous sommes somptueusement reçus. Dès notre arrivée la dame nous propose de laver notre linge en machine. Nous en profitons pour réaliser une lessive générale. Nous avons chacun un lit tout ce qu’il y a de plus confortable. La soirée et le repas sera digne d’une réception d’un prince. L’homme n’est pas peu fier de sa propriété et il nous explique qu’après le retour du Cathare, ils avaient envie de trouver quelques choses au soleil sans être envahi par les touristes. Puis ils sont tombés amoureux du coin. Ils sont fiers de leur jardin et nous avons droit à une visite de la propriété. Moi personnellement, je n’arrive pas vraiment à gérer ce type de conditionnement, c’est un peu trop guindé pour moi. On comprend très rapidement, qu’ils sont très à l’aise dans la vie. Ils ne s’en cachent pas . Comparer à notre situation, nous, nous sommes pour l’instant dans un dénuement rationnel et adopté. Demain l’homme doit nous reconduire à La Réole. Néanmoins, l’étape de demain est franchement utopique elle fait près de 40km, je vois mal Michel y parvenir. Mais Michel à une idée derrière la tête, j’attendrai demain pour découvrir son idée.
07/07/2015
La Réole - Bazas 37 km -386m - 6,5 km/h - 5h42 (6h51 - 16h03) LaReole-Bazas.GPX
Aujourd’hui, je vois parfaitement où Michel veut en venir. Par humilité, nous n'avons pas voulu déranger nos hôtes trop tôt. Mais comme nous ne sommes pas en avance, Michel demande s’il ne pourrait pas nous avancer de quelques kilomètres. La voiture nous quitte donc en nous délestant d’une petite dizaine de kilomètres. Solution très appropriée sans trop de tricherie. Résolument, celui qui crie à l’imposture serrait un peu hypocrite. Par contre d’où nous repartons, nous avons un peu de mal à retrouver le balisage. Mais dès que nous nous sommes retrouvés, nous repartons à un bon rythme. A Pondaurat, je remarque une sympathique demeure, « l’auberge du Pont Doré ». Avant de partir, pendant ma longue préparation de mon circuit, j’avais inspecté le chemin devant mon ordinateur sur « Street View ». Cette bâtisse était mise en vente. Eh bien, lorsque nous sommes passés, je m’en suis rappelé. En fait elle était toujours « A VENDRE ». Dommage, je serais volontiers rentré prendre une collation chez les nouveaux propriétaires. C’est de la route tout le long, je marche avec Michel vers Savignac. C’est un petit village tout simple. Puis le GR654 nous conduit pour quelques kilomètres dans la campagne. Nous arrivons devant une propriété avec des chevaux et brusquement le chemin est interrompu. Aucun balisage ne vient nous aider. Nous sommes ainsi dans l’expectative. Au loin je vois une ferme avec du mouvement. Je décide d’aller aux renseignements auprès d'un cultivateur. Celui-ci me confirme que nous étions sur la bonne route et qu’il nous faut continuer tout droit. Néanmoins, il me met en garde contre les serpents. Il semble qu’ils abondent dans la région. Puis, il finit en ces termes :
« Quoi qu’il en soit, je ne vais jamais dans les champs sans mes bottes ».
Je suis en short et en sandale, vu que mes jambes et l’arrière de mes pieds sont vraiment gonflés. Je lui montre mes jambes et m’affirme que je ne saurais sans doute pas tenir dans mes grosses godasses. En conséquence, il me conseille de frapper le sol avec mon bâton, cela fait fuir toutes les mauvaises bestioles.
Nous ne retrouverons pas immédiatement le chemin, mais seulement après avoir traversé à travers les fourrées d’un petit bois. Des ronces me laisse quelques traces sanguinolentes sur les jambes. Comme nous ne voyons pas de balises, nous n’avons pas confirmation que nous sommes sur le bon itinéraire. Cependant, nous rencontrons des autochtones qui calment leurs chiens à notre passage. Ils vivent dans un certain degré de précarité dans leur caravane. Je demande si nous nous dirigeons bien vers Auros. Ils me confirment l’exactitude de mes propos. Un peu avant Auros nous retrouvons de nouveau la route. Nous rejoignons la D12 mais c’est une voie avec beaucoup de circulation. Après trois kilomètres, il est près de midi et nous nous arrêtons pour manger. Nous sommes près de champs de maïs et ceux-ci sont abondements arrosés vu la sècheresse du moment. Je regarde mon plan, et décide de reprendre sur Brouqueyran, il y a un lac, et avec un peu de chance nous pourrions nous y baigner. Michel souvent me suit sans se demander si je respecte l’itinéraire, pourtant ce n’est pas le chemin le plus commode. Nous abordons un déniveler ascendant de plus 60m à franchir sur 1km. La descente sur le lac est plus facile. Je vais m’y baigner, l’eau par cette chaleur estivale fait 28°. (Et je ne mens pas, j’emporte toujours un thermomètre dans mes bagages). Il va s’en dire qu’avec cette température extrême cela ne nous rafraichit guerre. Des pêcheurs sont en attente d’une prise éventuelle mais cela ne mord pas. De fait le poisson qui remonterait à la surface serrait immédiatement foudroyé, ils ne sont pas fous et préfèrent attendre au fond, des jours meilleurs. Nous reprenons le GR654 qui nous conduit par des petites routes lentement à Bazas. Dans la banlieue proche de la ville, je rencontre un fanatique du chemin. Il est délégué par je ne sais quel évêque de recenser les apparitions de la vierge. Il est parti du midi de la France et va jusqu’en Bretagne. Mission qui doit lui prendre près de neuf mois. Il voyage avec un sac à dos hyper lourd, car souvent il sera en autonomie totale. Il porte un bâton de pèlerin vraiment original. Il s’agit d’un long bambou avec au sommet un drapeau rouge. Comme cette personne est déjà très grande au départ cela lui donne encore une stature beaucoup plus imposante. Après cet intermède j’emprunte la piste cyclable vu qu’elle doit me diriger vers le centre-ville. Pas de chance, elle enjambe un pont et continue vers la périphérie. Je la quitte donc à regret en dévalant un talus, au risque de me rompre le coup, mais je rejoins la rue principale. Après un kilomètre, j’arrive enfin à ma destination. Je me rends de suite à l’office du tourisme. Pour se rendre au gite qui n'est pas tout prêt, il me faudra encore traverser quelques rues. Je remarque que c’est en fait l’ancienne école des garçons. Michel viendra me rejoindre bien plus tard. La chambre est à l’étage, Marie Claude est déjà arrivée. Comme elle avait allongée son parcours d’hier, elle a ainsi terminé plus tôt. Elle se repose. Sa lessive pend déjà dans le jardin. Peu importe, il fait très beau et mon linge pourra encore sécher sans problèmes avant la nuit. Nous mangerons tous les trois dans la cuisine au rez-de-chaussée. Notre hébergement possède un frigo. C’est vraiment bienvenu.
Je pars seul. Je décide de passer à la boulangerie avant de prendre le chemin. J’ai perdu beaucoup de temps à trouver la boulangerie. Marie France se perd et revient sur ses pas. Michel la retrouve aux alentours de l’église alors qu’elle est partie bien avant moi. Il la remet sur le bon chemin, et ils vont marcher un petit moment ensemble. Pendant ce temps, je pense que les deux compères sont devant. Donc, je vais bon train en pensant les rejoindre. Le chemin est tracé. Il est rectiligne dans la forêt et pour cause, c’est une ancienne ligne de chemin de fer. De temps en temps, un pont vétuste a été démolit et oblige les promeneurs à descendre un talus pour le remonté de plus belle de l’autre côté. Je marche depuis une heure et je ne vois pas les autres. Tant pis on se retrouvera plus tard. Je rencontre deux dames qui cheminent avec des bâtons de marche, donc je les accompagne cela me semblera moins monotone.
J’aborde une discussion : « Vous faites de la marche nordique dans le Sud-ouest ? »
Ainsi la conversation s’engage. Elle durera pendant au moins deux kilomètres après elles font demi tours et reviennent sur leur pas. Moi, je continue de l’avant.
Il est très tôt lorsque j’arrive, à peine onze heures. Je suis en pleine forme. Le village est assez banal. Je me rends à la mairie et rapidement on me donne clef du logis pour pèlerins. Le reste de la journée sera calme. Nous trouvons tout juste de quoi faire nos courses. Il n’y a qu’une épicerie sans grand choix qui est ouverte. Comme je suis assez tôt, je nettoie le local qui n’est pas très reluisant. Dans le fond c’est une situation normale et nécessaire. Puis je prends une douche. Tout est nickel. Je dine et me repose. A un moment donné, alors que je suis sur la terrasse, je le vois descendre d’un véhicule.
Je lui dis alors : « Hé, tricheur ! ».
Et lui de me répondre : « Je continuais sur le chemin, lorsque j’ai rencontré cette voiture (c’est en fait l’employé de la voirie). J’ai demandé au conducteur si c’était encore loin Captieux. Il m’a dit que j’étais au-delà de mon but »
L’homme bien aimable venait de le ramener au gite.
Marie France s’est trompée à Bazas, elle arrive vers 14h00.
L’après-midi je vais en éclaireur, voir le chemin pour le lendemain car la route est beaucoup plus longue. Il est inutile de se perdre dès le départ. Je longe une boulangerie c’est génial, à présent elle est ouverte. Ensuite, je rentre au local. J’explique mon itinéraire de demain. Ils ne sont pas convaincus que mon projet soit judicieux. Comme je campe sur ma position, ce sera mon dernier jour avec Michel et Marie France. Ils trouvent que l’étape jusque Roquefort est beaucoup trop longue. Je sais à présent que je les devancerai d’un jour. Comme Michel devait me quitter dans quelques jours pour prendre le « Camino del norte », je crains que c’est notre dernier jour ensemble.
Je ne sais pas si je le regrette ou pas.
09/07/2015
Captieux - Roquefort 33 km - 52m - 5,4 km/h - 6h06 - (5h56 - 14h02) Captieux-Roquefort.GPX
J’ai quitté Michel et Marie Claude. Il a donc peu de chances que je les rencontre prochainement. Une belle complicité s’était pourtant établie avec Michel. C’est un homme très plaisant, nous avons partagé quelques moments importants. Nous faisions souvent le ravitaillement communément. Nous avions aussi une affinité habituelle pour les desserts.
Voilà, une nouvelle page qui se tourne. C’est cela aussi le chemin. On se trouve, une fraternité s’installe, ou pas. De toute façon, on finit toujours par se quitter. C’est inévitable.
Indirectement, je retrouve mon indépendance. Mes jambes, cela ne s’arrange pas. Cela me démange la nuit d’une façon redoutable. Cela s’en ressent sur mon caractère.
Conclusion, il vaut mieux que cela n’énerve que moi. Le but de mon périple présente la nécessité de partir isoler. Je voyage seul, sans attache afin de garder mon indépendance. Je veux également éviter de faire subir à mon entourage toutes complications éventuelles. Le chemin est encore long, agrémentées d’écueils. Encore que jusque maintenant, mes problèmes se résument à peu de choses.
C’est un petit intermède qui me fait réfléchir. Je suis parti avec le but de réaliser la traversée de la France d’Est en Ouest et advienne que pourra. Donc aujourd’hui, je me retrouve vraiment seul sur ce chemin. Peu de chance de rencontrer d’autres pèlerins. On n’est pas vraiment nombreux en cette saison. Et ce chemin est fréquemment méprisé de par son parcours assez fastidieux.
Favorisé par mon repérage de la veille, je pars tout de même dans de bonnes conditions. Après quelques centaines de mètres dans la banlieue de Captieux, je retrouve la piste. De ce fait, je m’engage dans cette forêt. Je me rappelle qu’il y a quelques années, le département a payé un lourd tribut après le passage d’une tempête particulièrement violente. Elle avait dévasté de grandes étendues boisées. A l’heure actuelle, bien que les exploitations aient nettoyées tous les arbres fauchés par la tourmente, on peut encore voir la cicatrice laisser par cet évènement. Des zones entières n’ont pas encore repoussées et laisse place à une garigue envahissante et peu engageante.
La traversée des Landes ne se révèlera pas la plus gracieuse chronique a restitué. Ce sera un paysage où la vue est réduite par les pins maritime. La piste continue le long de l’ancienne ligne de chemin de fer jusqu'à la gare de Poteau. En fait, on ne doit pas tout à fait passer par cette bâtisse reconvertie en élevage de chiens. Ils sont relativement furieux de me voir circuler aux abords de leur enclave. Heureusement tout est totalement clôturé évitant tout risque d’accident.
Nous sommes tout de même sur le chemin de Saint Jacques !
Mes pas m’ont conduit à cet endroit, car je croyais à un possible raccourcit afin de rejoindre la route principale. Je longe la D932 chemine lentement, Je passe devant un complexe militaire. Un peu plus loin des maisons typiques des Landes me font m’arrêter quelques instants pour prendre une photo. Puis je repars, je marche environ cinq cent mètres…
« Bon sang, j’ai encore perdu mon « miam-miam-dodo ».
Je dépose mon sac dans un talus à peine dissimulé et refait le chemin inverse. Je retrouve mon sac à mon retour, la route n’est pas excessivement fréquentée. Elle est assez large et les quelques véhicules routiers passent rapidement sans s’inquiéter de ce qui se passe sur les côtés. Les kilomètres défilent très lentement à 11h00, je suis vraiment crevé. Un peu avant Rejton, je trouve un parking avec des sanitaires qui me permettent de souffler un peu. Les toilettes sont pourvues d’eau et je m’inonde les jambes. Elles sont particulièrement enflées mais cela me soulage efficacement. Je regagne ensuite le GR654 jusque Roquefort. J’ai un peu de mal à trouver le refuge. Je le trouve après avoir plusieurs fois demandé. Puis, je m’aperçois qu’il me faut retourner au café à l’entrée du village pour chercher la clef. Je suis passé devant il y a bien une heure avec toutes mes pérégrinations. Il fait vraiment chaud, le sac est de plus en plus lourd :
« Fait chier… merde. »
Au café, on me dit que les hospitaliers viennent juste de quitter le restaurant. Il est près de quinze heures. Enfin ce n’est rien, on me donne une clef et je retourne au logis à l’autre bout de la ville. Ce petit intermède m’a permis toutefois de retrouver une certaine sérénité. La suite sera pleine de surprises agréables. Très peu de temps après mon installation les hospitaliers rentrent. Ils sont comme toujours, très sympathiques. La femme est cependant un peu inquiète de l’état de mes jambes. La ville possède un petit centre hospitalier situé à deux pas. Elle me conseille vivement de m’y rendre. Le médecin va m’examiner mais il reste perplexe. Toutefois, il me prescrit un médicament et une pommade calmante. Toutefois, il ne veut en aucun cas me faire payer la consultation. C’est un cadeau pour un pèlerin.
Il me conseille de laisser fondre des glaçons sur mes jambes. En fin de compte, je ne sais pas quelle médication sera la plus efficace mais le froid me soulage efficacement. Pendant plusieurs jours, je pratiquerai allégement ce traitement. Le repas est toujours très apprécié après une journée bien remplie. Demain, debout à cinq heures. Il me faut éviter les heures les plus chaudes de l’après-midi.
Je me suis levé pendant la nuit pour frictionner mes jambes avec des glaçons. Je m’installe dans une cabine de douche. Cela évite de mettre de l’eau partout. Ce traitement s’avère efficace, le haut de mes cuisses a repris une apparence normale. Il reste quelques cloques sur le coté des pieds mais j’ai bien dormi sans ressentir de déménageons désagréables et accablantes. Je me lève à l’heure prévue. Déjà l’hospitalier est en train de préparer le café. Je prends rapidement une douche. La table du petit déjeuner est dressée. Il n’attendra pas mon départ, il me dit qu’il va se recoucher. Lorsque je serai près, je n’ai qu’à tirer la porte sur moi.
Un peu plus tard, je me retrouve dans la fraicheur matinale. C’est toujours agréable, il y a des senteurs que l’on ne retrouve qu’au lever du jour. Je traverse la ville encore endormie. Tout est bien indiqué, je suis conduit par le balisage très régulier. Je longe une petite route citadine qui suit une voie à grande circulation mais tout est calme encore à cette heure. Par mégarde, je rate une balise et me retrouve sur la grand-route. Je suis un peu étonné puis l’absence d’autres balises. Ainsi, je consulte mon bouquin. Un bref retour en arrière et je retrouve rapidement le bon chemin. J’aurais pu rester sur l’itinéraire précèdent mais c’est simplement afin de poursuivre sur une route calme. Il s’avère que ce chemin est même insensiblement plus long. Je rattrape de nouveau la grand-route mais pas bien longtemps, car je rentre bien vite sur un chemin forestier. Je déambule dans cette basse forêt. Ce n’est pas le silence total, en bruit de fond on perçoit le passage des voitures sur l’autoroute situées à quelques encablures. Mon bâton de pèlerin claque à chacun de mes mouvements. A Bostens j’admire l’église Sainte Marie avec son style roman. Elle est considérée comme l’un des édifices romans les plus remarquables du pays de Marsan. A cette heure, celle-ci elle est fermée. Je poursuivrai sur Gaillères. Dans la quiétude matinale un avion file, brisant le bleu limpide du ciel. Je passe sur l’autoroute et le soleil est déjà haut. Petite hésitation, je prends à gauche pour rentrer en forêt. Je rentre dans Bougue, avec sa belle chapelle très bien fleurie. Quatre montants sculptés supportent le toit de tuiles d’un porche à l’allure remarquable. Un petit monument rappelle que nous suivons bien la voie de Vézelay du chemin de Saint Jacques. Compostelle ne se trouve plus qu’à 970km. Beaucoup plus tard, je remonte une route sinueuse pour rentrer sur l’ancienne voie ferrée. Celle-ci, reliait autrefois Gabarret à Mont-de-Marsan. Il s’agit de la voie verte de Marsan à l’Armagnac. Je suis sur un site exceptionnel. Le revêtement y est excellent, il possède un bon jalonnement, et quelques haltes services. Lorsque je l’emprunte, elle est totalement ombragée. La piste est très belle. On passe au travers de la forêt landaise avec des pins et des chênes. On est dans les bois, sur près de 8 kilomètres. Des panneaux didactiques jalonnent le bord de la piste à intervalle régulier. Ils me relatent une charmante histoire imaginée à partir de témoignages locaux et reprise par Jérôme Chibrac l’écrivain, Sylvie Bernadet l’aquarelliste et Jeanne-Marie Fritz, une historienne. Comme je prends le train en marche, je n’aurai pas droit à toute l’histoire. J’en profite de l’aire d’accueil pour me rafraichir et faire une pause bienvenue. Mes jambes ça va, d’ailleurs en marchant je ne ressens aucune gêne. On arrive à Mont de Marsan par l’extérieur de la ville. Il faut donc suivre une grande avenue puis emprunter la rue Gambetta bordée de petits commerces, sur toute sa longueur. Enfin j’arrive à un bâtiment moyenâgeux. Celui-ci abrite l’office du tourisme. Il a été entièrement rénové. Il surplombe un large cours d’eau en contrebas. Le Midou à cet endroit est très large, vu la longueur du pont. Il offre une très belle vue. Après m’être fait apposer mon cachet, je dois récupérer les clefs du refuge au magasin asiatique tout proche. J’y vais de ce pas, et prend rapidement mes quartiers. C’est un très beau local parfaitement équipé. Plus tard, je ressortirai pour faire quelques courses et déguster une glace C’est une petite douceur bien appréciée car la température monte à près de 45° sur cette façade exposée au soleil. Malgré la canicule, je visite la ville.
Vers 19h00 une hospitalière vient vérifier que tout est en ordre. Demain, en partant je n’aurai qu’à abandonner la clef au crochet et tirer la porte sur moi. Après le souper, je compte aller me coucher tôt. Cependant, il en va autrement, car bénéficiant d’une connexion internet par le wifi, je retourne à l’office du tourisme pour joindre mon épouse sur « Skype ». On se parlera pendant une heure et je rentrerai beaucoup plus tard que prévu. Dès que je suis couché, j’imagine qu’il sera difficile de m’endormir car il fait très chaud. Mais le pire, c’est la circulation routière, deux routes à fortes densité passent à proximité. Il est difficile de fermé les fenêtres si je ne veux pas étouffer. Je me résous à mettre mes protections auditives afin de réduire les nuisances sonores.
Dans la nuit, un orage va se déclencher, les rafales de vents font bruisser les arbres et quelques gouttes d’eau viennent rafraichir légèrement l’atmosphère.
J’ai été réveillé plusieurs fois cette nuit. J’avais enlevé mes « boules quies » de mes oreilles lorsque le calme était revenu. Je suis encore allé frotter mes jambes cette nuit avec de la glace. C’est bien guéri. Il ne reste que quelques rougeurs. Cependant, lorsque ça me chatouille, je me gratte jusqu’au sang. Vers quatre heures du matin, il passe un groupe de fêtards gueulant à tue-tête. C’est assez triste et dommage, le logement présentait si bien. Afin de récupérer, je retarde mon réveil à 6h30. Je pars du gîte vers 7h15. Avant de partir, je refais à plusieurs reprises le tour du propriétaire afin de constaté que je n’ai rien oublié. Lorsque j’aurai fermé la porte, impossible de rentrer sans la clef. Bon voilà, j’ai bien tout. Je claque la porte, et je me dirige vers la sortie de la ville. Immédiatement, je remarque quelque chose d’inhabituel. Je n’entends pas les coups de mon bâton sur le sol, et pour cause, il est resté à l’intérieur.
« Merde j'ai oublié mon bâton de pèlerin... »
Je ne peux pas partir sans cet artifice. Même si cela peut paraitre insensé mais dans les montées ça m’aide réellement. C’est impératif, je dois absolument le récupérer.
Je me dirige donc vers l'épicerie asiatique dans laquelle on m’avait délivré cette clef la veille :
« À quelle heure est-elle ouverte ?... 9h30, génial… En plus je vais devoir attendre à la rue ! ».
Alors, il me vient une idée. La porte du jardin n’est pas verrouillée de l’intérieur. Je vais passer par derrière sans me faire remarquer.
« Cela vaudrait mieux que je ne sois pas pris pour un cambrioleur ».
Le long de la chaussée, il me faut franchir le mur de deux mètres. Il est suivit d’une clôture de même hauteur. Heureusement, il y a un pylône sur le côté qui m’aidera dans ces crapahutages. J’attends le moment propice pour franchir ce premier obstacle. Tout est calme aux alentours, discrètement je passe par-dessus sans me faire remarquer. Ensuite, je ne suis plus visible. Reste que, je ne suis pas encore dans le jardin et ça je ne pouvais pas le savoir. Une deuxième clôture m’empêche de poursuivre.
« Pas de découragement mon pote on continue » me dis-je
Un arbre a poussé à un endroit propice à l’escalade. Je m’y érafle la jambe. Les aiguilles de pins ont investi ma chemise et mon pantalon, mais je suis dans le jardin. Je monte les escaliers. Je m’introduis dans le bâtiment pour reprendre mon bâton. Je retire la porte derrière moi mais je ne m’attarde pas plus à cet endroit.
Il pleut un peu mais il fait toujours aussi chaud. Je glisse la house de protection sur mon sac mais je reste en t-shirt car en fin de compte la pluie se tarira d’elle même quelques instants plus tard. Il y a près de 5km pour quitter la ville. Presqu’a la lisière de la ville, je rencontre une jeune femme assise dans un abri bus, elle me regarde passer, son regard m’interpelle. Je suis perdu dans mes pensées la route reprend le dessus puis j’emprunte des chemins forestiers.
Tout à coup, je suis rappelé à la réalité. Mon téléphone se met à sonner, le temps de le sortir et je n’ai pas le temps de répondre. En fait ce n’est pas grave. Hier, je suis tombé sur la boite à message pour réserver mon gite de l’étape de demain à Beyries. Je recontacte donc la personne. Elle m’explique les modalités pour me rendre à la salle :
« Bonne chose, me dis-je, voilà ma nuit est réservée pour demain ».
A Benquet, je discute plusieurs minutes avec un vieux monsieur. Il termine par ces mots :
« Nous voyons beaucoup de pèlerins qui passent pour l’instant. Je les envies. J’aurais bien aimé faire ce qu’ils font. Maintenant, je suis trop vieux pour cela. Je vous souhaite plein de bonnes choses monsieur le belge. »
Lui comme beaucoup d’autres sont vraiment étonnés qu’un trajet de cette amplitude puise être encore réalisé à pied de nos jours. Je progresse et je passe devant l'église de St Eulalie. Il est midi, je casse la croûte sur un banc puis fait une petite sieste. Il me restera à peine cinq kilomètres. Je ne peux pas arriver trop tôt, l'office du tourisme n’ouvre ses portes qu’à 14h00 et je n’aurai pas les clefs avant. L’arrivée à Saint-Sever est précédée par une montée digne d'un sherpa des Andes. J’arrive pile à l’heure d’ouverture des bureaux. Je vais au gîte qui se trouve dans le cloître des jacobins. Je suis à peine sur place qu’une personne arrive très rapidement et me montre les lieux. C'est un très beau logement. Chose intéressante, il y a une machine à laver. Je fais donc une machine avec tout mon linge. Au frigo, il y a de quoi mangé ce soir. Comme je veux changer le menu, je vais voir si je ne trouve rien à l’épicerie du coin. A l’alimentation, il n’y a pas grand choix et je pense que je choisirai le plat qui a été préparé à l’intention des pèlerins. J’achète quelques fruits, puis je rentre voir si mon linge est sec.
En passant devant l’église j’assiste à un mariage traditionnel particulièrement remarquable. Un carrosse emporte les mariés vers leur lieu d’agrément.
Le soir, quand je suis seul, j’apprécie d’écouter un peu de musique. Je m’allonge sur mon lit et je lis un peu. Souvent, je finis par m’endormir sur ma tablette. J’ai téléchargé une bibliothèque de livres numérique sur mon portable. Cela me permet ainsi, lors d’un moment de détente de pouvoir lire. C’est en fait un nouveau privilège offert au marcheur, par la technique moderne. Il va de soi qu’emporter plusieurs romans dans son sac est une situation peu envisageable, par manque de place mais surtout parce que le poids est l’ennemi juré du randonneur.
Le reste de mon exéma ne me contrarie plus. Reste que dans le bas des chevilles, des cloques se sont ouvertes et du pus s'écoule. Je recouvre les plaies d’un bandage afin de protégé mon lit.
Nous sommes dimanche. La nuit en fait n'a pas été trop chahutée ou du moins je n'ai rien entendu car j'ai vraiment bien dormi. Le réveil sonne à 5h30. Je prends un petit déjeuner rapidement puis je me mets en route. Mon GPS ne démarre pas. J'ai déjà fait près d'un kilomètre lorsqu’il commence à enregistrer. Je ne sais pas pour quelle cause, certaines fois il ne trouve pas les satellites. Je voyage entre petits villages et campagne. Le ciel est couvert, les tournesols regardent le sol. Je traverse une ligne de chemin de fer, mais elle a l’air désaffectée. Par un chemin champêtre, je passe devant l’église Notre dame à Audignon. Elle comprend un chevet voûté ouvrant sur une nef charpentée. Seule l'abside épaulée par deux colonnes et couronnée d'une corniche à boules portée par des chapiteaux et des modillons sculptés, est encore entièrement romane. La nef flanquée de bas-côtés du XVème et XVIème siècle. Un clocher-porche fortifié achève l'ensemble. Je quitte cette bourgade et passe en dessous de la ligne de chemin de fer. Elle poursuit son circuit, à jamais parcourue par un leurre de train. Je sillonne sur la D78 passe Horsarrieu, qui précède Hagetmau ville un peu plus importante. Elle figure dans le roman de Joseph Joffo, « Un sac de billes ». Un nouveau film est en préparation. Je fais une pause sur un banc. Il est déjà 9h00. Entre Hagetmau et la Bastide Chalosse je passe le long de champs de maïs alternés par d’autres de tournesols. Plusieurs édifices industriels montrent que l’activité agricole de l’endroit est propice à la croissance. On peut remarquer en pleine campagne l’effigie de St. Michel qui tient en respect le dragon. Symbole du bien et du mal, il marque l’importance de l’esprit religieux de cette région. L’arrivée à Argelos suivie de l’entrée dans Beyries est rude. C’est dû à une pente très prononcée de la route. Je me dirige vers la mairie de Beyries et pénètre dans la salle de fête transformée pour l'occasion en auberge pour les pèlerins. Les nuages du matin on fait place à un soleil écrasant, il est 13h30. Vers 15h00 une hospitalière bien aimable vient contrôler que je suis bien présent. Puis, je reste seul le reste de l’après-midi. Pas de visite prévue dans les environs, le village est minuscule. Je prépare mon repas du soir. Le menu sera simple. J’ai prévu un plat avec des tomates ainsi qu’une boite de haricots que je mangerai en entrée. Ensuite macaronis relevés d’une boite de ton à la tomate. Et puisqu’il y a du « ketchup » au frigo cela agrémentera mon ordinaire.
Bien entendu, lorsque je suis attablé. Prêt à décocher ma fourchette, j’ai la visite de deux personnes. La première personne est une américaine qui vit dans un village tout proche, elle est étonnée de voir quelqu’un à cette salle de fête. Je me replace à ma table. Je suis prêt à me régaler, quand rentre un homme dans la salle des fêtes. Il me signale la réservation de Michel. Il passera par ici dès demain.
Finalement, on parle aussi de mon chemin à venir. Apparemment l’itinéraire que j’ai choisi n’est pas bien établit. Selon lui, le balisage est non conforme aux coutumes du pèlerinage, car la voie évite trop d’églises. D’un autre côté dans la conversation qui s’est développée, je considère cet homme d’être un peu envieux. J’ai l’impression que ça l’énerve que la mairie mette à disposition la salle de fête aux pèlerins. Il ne me l’avoue pas franchement, mais les riverains lorsqu’ils l’utilisent, paie une gratification plus importante. L’homme est moqueur, voir persiffleur. Il finit par me dire que c’est une erreur de passer par St Palais, car c'est souvent des belges qui tiennent lieux d’hospitalier. Il me déblatère ses ironies, et finit par ajouter :
« Les belges, c’est bien connu, ils sont champions pour foutre le bordel ».
Par ailleurs, je lui demande s’il est intervenu dans tracés du parcours, la pose ou le renouvellement de balises, il me répond :
« Non bien sûr, j’ai bien d’autre chats a fouetté ! »
Allez-vous faire une opinion sur des entretiens de ce genre. Bon j'en ai marre, je retourne à table. Je vais achever de manger, d'ailleurs ça va être froid.
13/07/2015
Beyries – Orthez 18 km -212m- 5,5 km/h - 3h14 - (6h39 - 11h07 ) Beyries-Orthez.GPX
J’ai bien dormis cette nuit, juste l’éclairage « sortie de secours » éclairant chaque porte, me dérangeait. Alors, je me suis levé et je les ai masqués. Tous les essuies de cuisine ont été réquisitionnés. Départ de Beyries à 6h40. Il fait déjà très beau, quelques nuages insignifiants teinte le ciel de taches blafardes. Je suis à peine partit que je suis déjà perdu dans mes pensées ce qui fait que je suis repartit sur le chemin que j’ai fait la veille. Je m’en aperçois lorsque je passe devant l’église. Cinq cent mètres de détour, ça commence bien. Je demande confirmation de ma destination à une voiture de passage qui s’arrête au carrefour. Je passe devant quelques maisons rustiques et en rénovation puis la route fait place à un chemin empierré. Le paysage est vallonné, mais le balisage est exceptionnel. De grande plaques bleues comprenant flèches et le nom de villes de passage du GR 654 jalonne à intervalle régulier le parcours de la voie de Vézelay.
« Qu’est qui me racontait l’autre hier ! » m’exprimai-je tout haut. Du reste, il n’y a personne pour m’entendre.
Je dépasse le bourg de Sault de Navailles après plusieurs minutes de marche paisible. L’église du village est de construction ou de rénovation récente, le restaurant « La Tour Galante » est à présent fermé à cette heure matinale. Je remarque une très belle plaque descriptive expliquant « Les pas des Pèlerins ». Preuve que le chemin est très affectionné dans cette région. Je sillonne le long des champs de tournesols ou à travers la forêt. Ce sont des feuillus ou de résineux. Je suis surpris par les premiers eucalyptus qui s’élancent habilement dans une hauteur imposante. Après plus d’une heure, Je rejoins Sallespice. Je découvre quelques mots sculptés sur une planche de bois. Ils souhaitent la bienvenue aux pèlerins en français, anglais et en allemand. A cet endroit, il reste encore une heure trente de marche pour Orthez. Une tour du XIIème siècle « la Tour Moncade » est passage obligé pour rentrer dans la ville. Je descends dans la cité médiévale. Découvre rapidement l’office du tourisme qui est toujours ouvert car il n’est pas midi. Muni des clefs, je me rends à « l’hôtel de la lune ». Comme c’est étrange comme nom pour une auberge. Ce sera encore plus mystérieux lorsque je traverse l’enceinte. C’est en fait une ancienne tour de guet entièrement rénovée. L’entrée est spectaculaire et m’empreint d’une sensation mystérieuse. On pénètre dans l’enceinte par un escalier accolé à une longue muraille. On pousse une ancienne porte cintrée qui émet une protestation caractéristique. La porte grince vraiment fort. Ce doit être une démarche délibérée afin de donner une impression lugubre aux visiteurs de passage. Je dois dire que c’est bien réussi. Cela procure un enchantement à l’endroit. On découvre ensuite un escalier en colimaçon. Il conduit au deuxième étage. J’arrive enfin devant une porte toute simple en haut des marches. Je ne peux m’y tromper, une coquille est implantée en son centre. Le temps de retrouvé ma clef et je pénètre dans cette demeure insolite.
Je suis vraiment étonné, c’est parfaitement équipé, d’une propreté irréprochable. Je m’installe donc ravi une fois de plus. Repos et récupération garantis.
Le logis de Saint Jacques est situé en centre-ville Il va me permettre de découvrir Orthez et son riche patrimoine. Les commerces se trouvent à proximité. Plus tard, un compagnon venant d’Alsace arrive au gite. Il a parcouru une destination équivalente et ce que je viens d’accomplir. Vers 19h00, les hospitaliers, nous souhaites la bienvenue. Nous faisons les présentations et chacun expose ses projets. Nous entrons rapidement dans des discutions chevronnées. Nous sommes que quatre à l’instant, mais les conversations foisonnent de tous coté. Puis la porte s’ouvre, il est presque 20h00 un autre pèlerin s’encadre dans la porte. Il s’appelle Yannick. Il débarque si tard, car il vient d’arriver de la gare. Il est descendu en voiture jusque St Jean Pied de Port avec des compagnons en covoiturage. Pour reprendre le chemin en France, il a repris le train vers Orthez. Mais, il ne nous baratine pas mal. Il nous informe qu’il doit absolument reprendre « Le Chemin ». Que c’est nécessaire pour son équilibre. Il est assez comique, et ne passe pas inaperçu.
Comme c’est la première fois que je le vois, je pense :
« Quesque que c’est que ça pour un hurluberlu ! »
Un peu plus tard, la porte d’en bas grince à nouveau. C’est une jeune femme qui apparait dans la pièce. Hélène, que j’apprendrai plus tard, dépose son sac. Elle a l’air un peu accablée. C’est vrai, a l’heure qu’il est, c’est vraiment tard pour débarquer. Surtout si elle a marché toute la journée. En effet, elle vient de St Palais. J’ai prévu pour ma part de faire le trajet en deux étapes. Elle prend place à table, puis elle raconte qu’elle est partie depuis un an. A présent, elle refait le chemin inverse pour rentrer chez elle. Elle a travaillé comme bénévole au Cap Finistera avec un espagnol. Ils ont entamé ensemble le chemin du retour, puis je laisse supposer qu’il y aurait eu de l’eau dans le gaz. Son compagnon de voyage est resté à St Jean Pied de Port. Elle a continué seule. D’ailleurs elle nous dit :
« Mon copain reste à l’entrée du refuge à St Jean, vous le verrez il vend des bracelets porte bonheur aux touristes, il est installé en face du refuge… »
Nous lui signalons qu’il y a deux chambres. Je suis dans la première, l’alsacien dans la seconde. Le choix se présente. Il reste deux lits dans chacune.
- Bon, dit-elle, quel est celui qui ronfle ici ?
- Je réponds que moi je ne ronfle pas.
- Tu couches à gauche ou à droite ?
- A gauche.
- Je prends la chambre à gauche alors.
Yannick dormira avec l’autre compagnon.
Et voilà, je me retrouve à nouveau avec une femme dans « ma chambre » mais c’est loin d’être fini, les dortoirs sont beaucoup plus importants en Espagne. De toute façon cela ne me dérange pas.
On discute encore un peu, moi je tombe de sommeil, les deux derniers n’ont pas encore mangé alors je m’éclipse discrètement.
14/07/2015
Orthez – Osserain 28 km - 571m - 4,9 km/h - 5h39 - (6h06 - 15h46) Orthez-Oserain.GPX
C'est dimanche en France pour la fête nationale. Je me suis lever à 5h ainsi que l’Alsacien nous avons décidé de partir tôt. Moi pour une étape de plus de vingt kilomètres mais mon ami voudrait aller jusque St Palais. Il devra encore marcher onze kilomètres de plus que moi. Sur le départ, je remarque un GSM qui charge. Tantôt, j’ai vu que l’homme avait branché son appareil sur chargeur. Toutefois, il est déjà parti. L’a-t-il oublié ? Je suis perplexe, en courant, je pourrais peut-être le rattraper ! Comme je ne suis sûr de rien, je décide de ne rien faire. Lorsque je pars à mon tour, il est 6h00 et j’entends une sonnerie. Je tente de stopper le son mais avant que j’aie fait quoi que ce soit, Yannick émerge dans la pièce. Il s’excuse, il avait oublié de couper la sonnerie de son Gsm.
« Ouf, me dis-je. Heureusement que je ne l’ai pas ramené à l’autre. J’aurais bien été emmerdé ». Bon Cette fois, me voilà de nouveau parti, Il fait encore sombre. Je traverse la ville moyenâgeuse et le vieux pont piétonniers. Des bancs de brouillard flottent dans la vallée. Il fait frais, l'herbe est mouillée. Les vallons se succèdent. Nous approchons irrémédiablement des Pyrénées. J’aperçois déjà les contreforts dans la brume. C’est une prévision de bon temps qu’on m’a dit. Dès que l’on voit les Pyrénées clairement, on peut être certain qu’il va pleuvoir dans les 24 heures. Puisque c’est de bon augure, je ne m’inquiète pas. Le jour se lève lentement, le soleil transparait dans les vapeurs matinales. Je rentre dans l’église Sainte-Madeleine (fin du XIIème et début du XIIIème siècle) à L’hôpital-d’Orion. Par dérision, je défie le pèlerin figé en statue de pierre de venir me rejoindre. C’est à cet endroit que Gaston III de Foix-Béarn dit Gaston Fébus, alors âgé de 60 ans, y est mort le 2 août 1391. Il est frappé d'une attaque d'apoplexie au cours d'une chasse à l'ours. « Gaston Phébus : le Lion des Pyrénées » est tout d’abord un roman de Gaston et Myriam de Béarn ensuite Jacques Armand et Bernard Borderie l’on adaptée pour la télévision française. Il y a six épisodes de 60 minutes qui furent diffusé à partir du 15 décembre 1978 sur Antenne2. Le comte de Foix et seigneur de Béarn est interprété par Jean-Claude Drouot. Le chemin nous entraine vers le Gave de d’Oloron en passant par Adrein, afin d’éviter la circulation routière sur la route de Burgaronne. Vers 10h30, je me pose sur un banc près de la mairie d’Andrein, au carrefour de la D27, quand un chien vient me défier agressivement. Un stupide petit roquet qui fait à peine le poids. Je m’aperçois, qu’il vient de la villa située au-dessus. Comme il ne me laisse pas en paix, je suis presque obligé de partir. Cependant je suis à présent sans godasses car j’aime lors d’une pause, laisser respirer mes pieds. Heureusement avant tout heurt, la propriétaire se manifeste. Sans même me saluer, elle entraine son animal dans sa propriété.
Je pense en moi-même « Penses-tu qu’elle s’excuserait cette conasse !».
Puis une voix intérieure me dicte : « Ouah, on pourrait méditer sur le caractère de l’animal agressé. Il a en ce moment une mine revêche ».
Il reste environ quatre kilomètres. La route descend vers le Gave d’Oloron. Je le longe jusqu’ à la cité de Sauveterre de Béarn. Lorsque je débouche d’une prairie, je peux admirer la perspective médiévale sculptée qui se découpe au loin. Cela vaut vraiment la peine. Eglise, tours et bâtiments anciens offrent une caractéristique qui me stupéfie. L’ensemble domine la rivière très large à cet endroit. Je visite la ville en empruntant un imposant escalier de pierres. Le long des remparts, j’ai droit à une vue parfaite sur le pont des légendes. Il enjambe en réalité une absence de destination. Il se termine au milieu de la rivière. Il est un peu avant midi lorsque je fais estampiller ma crédenciale à l'office du tourisme. C’est le jour de la fête nationale française. Heureusement, que j’y pense car après-midi, leur service est terminé. Après la visite de la ville, je passe derrière le cours d’eau. J’ai remarqué une belle petite plage. J’en profite pour me baigner. L'eau est fraîche mais que ça fait du bien par cette chaleur. Mon chemin n’est pas fini, il me faut continuer. Il me reste environ 4km pour arriver à Osserain où j’ai pris pension ce jour. Ce logement sort un peu de l’ordinaire et est un peu plus cher, mais on n’est pas tous les jours dimanche. En repartant, je passe devant le camping et je rencontre un couple de pèlerins que j’avais connus au refuge de Varzy en région Bourgogne. Je les avais de nouveau rencontrés à Bénévent l'Abbaye. Ils étaient en bonne forme. Nous avons discuté quelques instants. Ils avaient été beaucoup moins vite que moi, attendu que j’avais amputé mon voyage de douze jours.
Je quitte le Béarn pour rentrer dans le pays Basque. Le logement est digne d’un quatre étoiles, le service est réalisé par un vieux monsieur d’aspect austère a première vue mais qui se révèle en fait un hôte très généreux. Je m’installe dans la chambre et après une courte sieste, je me décide pour reprendre l’air. Il fait superbe à l’extérieur. Je passe au salon et m’aperçoit que l’homme regarde une étape du tour de France. Il est de passage dans la région, à quelques lieues de là. Cela fait des jours que je n’ai pas regardé la télé.
Plus tard, nous passerons à table.
Le repas y est excellent et copieux. La nuit sera calme, paisible et sereine, le repos bien apprécié car mon exéma a pour ainsi dire disparu.
15/07/2015
Osserain - Saint Palais 12 km -160m - 5,1 km/h - 2h19 - (8h14 - 11h31) Oserain-StPalais.GPX
Je me réveille du sommeil du juste, je prends rapidement une douche. Je remarque le pèse personne dans un coin de la pièce d’eau ainsi, je peux ainsi constater que mon poids n’a pas bougé depuis la dernière fois. Après avoir pris mon barda et avant de descendre, je repasse rapidement à la salle de bain afin de vérifier le poids de mon sac. C’est très bien, sans provisions je suis à moins de dix Kilogrammes. Je ne saurais mieux faire. Je retournerai au ravitaillement au terminus de l’étape.
Après un solide petit déjeuner, je quitte la « Villa Mon Rêve » vers huit heures et quart.
- Oui, je sais c’est bien tard pour un pèlerin, cependant il n’y a que douze kilomètres avant la ville aujourd’hui.
Je passe devant le terrain de pelote Basque situé à deux pas d’où j’ai logé. Hier soir après souper, je suis sorti. Il y avait un attroupement qui se massait autour du terrain. En effet, il y avait une compétition. Bien que ne comprenant pas les règles mais n’ayant rien d’autre à faire, je me suis invité jusqu'à la fin du match. Aujourd’hui, comme chaque matin, le temps est couvert, c’est de bon augure, il parait. Un peu plus loin, je prends sur le côté de l’église. Les balises me font rapidement quitter la bourgade. J’emprunte principalement des chemins. Par contre, les chiens sont en liberté et pas toujours d’humeur commode. Par chance, je claque mon bâton sur la route. En général l’animal est tenu en respect et il n’ose pas s’approcher trop près. Je flâne, rien ne me presse. Je cause avec un cultivateur qui enlève du lierre au pied de la clôture d’un de ses champs. Tout est désert jusqu'à la périphérie de Saint Palais puis j’aborde une grand-route. Toutes les plaques signalétiques sont marquées en langue Basque cela semble bizarre. Je passe devant une petite maison qui devait être un bâtiment de gare autrefois. Bien vite je rejoins un sentier de promenade. C’est situé sur la commune D’AÏCRITS-CAMOU-SUHAST. Quand je vous disais que ces termes n’avaient pas une consonance française !
Sur le parcours, je rencontre plusieurs femmes. Elles font leur footing. Enfin disons plutôt qu’elles se baladent et papotent. Comme j’avance plus rapidement, je les rattrape et me joints à leur conversation qui rapidement prend une tournure personnelle. Elles veulent tous savoir sur mon périple. Nous passons sur l’ancien pont métallique qui enjambe la Bidouze puis la piste se termine et je les quitte. Je rentre dans Saint Palais. Je passe devant le complexe sportif suivit d’un immense parking. Les indications, nous font passer par une route étroite à sens unique. Je passe devant une église dont le clocher est en réparation. Puis rapidement, je me retrouve au centre de la ville. Il n’est qu’onze heure. Je passe à l’office du tourisme pour me renseigner sur l’endroit au se trouve la maison Franciscaine où j’ai réservé une chambre la veille. La personne d’accueil me confirme que cet hébergement est tenu par des hospitaliers et qu’en général, ils n’ouvrent les portes que dans l’après-midi. Elle me propose gentiment de laisser mon sac à l’office. Mais qu’il sera enfermé jusque 14h00. Peut m’importe, je viendrai le rechercher plus tard. En attendant, je prends juste un petit sac pour stoker quelques marchandises. Je visite la ville en profite pour faire mes courses. Il est temps de casser la croute car il est midi passé, je décide de trouver un emplacement à l’ombres. Maintenant, le soleil tape dur. Je me refugie devant une ancienne église reconvertie en bâtiment administratif. Je suis installé de deux minutes que deux pèlerins passent. Il s’agit d’une femme et d’un homme. Nous nous retrouverons régulièrement dans les étapes suivantes jusque St Jean. Elle est infirmière et lui, natif de Belgique est musicien. Ils prennent leurs vacances ainsi en marchant pendant quinze jours par ans et progressent tout doucement sur le chemin.
Ils recherchent également le logis pèlerin, mais il faut prolonger la route jusqu’au prochain carrefour.
De toute façon il me faut retourner chercher mon sac à l’office du tourisme. Un peu plus tard, j’arrive et je suis accueilli chaleureusement par deux personnes. Ce sont les hospitaliers et en effet, ils sont belges et c’est très bien. Une solide conversation s’engage, l’homme travaillait à la SNCB et comme moi aussi… De plus il a travaillé un temps à Stockem, mon siège d’attache. Mais bon, trêve de discussions, ce n’est pas le tout de cela, d’autres pèlerins arrivent. Nous serons onze à être hébergés aujourd’hui. Dans tout ce monde, on en apprend un peu plus sur chacun. Yannick vient d’arriver, il est accompagné d’une jeune fille. Elle s’appelle Anne. C’est un grand jour de passage à Saint Palais. Depuis le début de la saison ils n’ont jamais vu autant de monde au refuge, qui est tout de même à l’écart des grands chemins. En effet le chemin de Vézelay et le chemin du Puy se rejoignent seulement à Ostabat notre étape suivante.
16/07/2015
Saint Palais - Ostabat 12 km - 460m - 4,5 km/h - 2h40 - (7h29 - 11h35 ) StPalais-Ostabat.GPX
Branle-bas de combat dans le logis, avec tout le monde qui est hébergé, je pense que c’est impossible de rester beaucoup plus longtemps couché. Après avoir mangé, chacun est sur le départ. Je suis dans les derniers. J’ai encore discuté avec cet ancien collègue. Et il me donne quelques tuyaux qui pourraient bien m’être utile pour la suite. Je lui annonce que pour des raisons personnelles, je ne ferai pas tout le trajet espagnol. Il me faudra quitter le groupe après Pamplona. Je prendrai le train entre cette ville et Sarria afin de réaliser les 100 derniers km pour obtenir la « Compostella ». Il me le déconseille fortement. Il préférerait me voir continuer quelques jours encore sur ma lancée et reprendre le train du retour à partir de Burgos par exemple. Mais dans mon nombre de jours prévus, il me faudrait encore prolonger de trois ou quatre jours supplémentaires pour arriver à cette gare. De toute façon pour moi, j’ai étudié cela depuis des mois, je resterai donc sur mon idée. Avec toutes ses discussions, je suis quasi le dernier à quitter le refuge. Je descends les escaliers qui me mènent au chemin. En sortant du gîte Franciscains, je marche sur l’avenue de Navarre et bifurque dans la rue Mont Saint-Sauveur, mais, après 500m je m’aperçois que j’ai encore une fois oublié mon bâton de pèlerin. Quel étonnement au logis en me voyant réapparaitre.
« Tiens-tu n’es pas encore partit ? » Me disent-ils en cœur. Je récupère mon bien puis je me sauve. Dans mon élan, je parviens à perdre de nouveau le « miam-miam dodo-» et je refais de nouveau un crochet en sens inverse et enfin, je remets la main dessus. Maintenant, je suis bien parti, le chemin monte. Il s'agit d’un parcours didactique, il commence par une piste en béton qui présente des variétés de plantes indigènes. Le chemin est correctement balisé. Je remarque quand même à un endroit dans la forêt où deux chemins se présentent, un petit manque. Naturellement, je prends à droite alors que la logique voudrait que l’on prenne sans doute à gauche. Bon, ce n’est pas grave le chemin est un peu plus long, mais cela monte moins fort. De toute façon, impossible de se tromper, il y a un pylône de réception GSM et l’on doit passer à son abord. On émerge ensuite dans un petit village. Peu après je viens de rattraper Yannick. Celui-ci marche moi vite que moi. On passe ensemble sur le côté d’une maison, c’est vraiment bizarre, on a l’impression de rentrer chez des gens, mais un homme travaille sur le côté de son domicile et nous confirme le chemin. Nous montons encore, ce sera en fait une succession de collines. C’est le préambule à ce qui nous attend demain pour franchir les Pyrénées. Le ciel est un peu couvert et plus on monte, plus on rejoint les nuages. Puis la brume se lève et nous arrivons à un sommet. C’est un lieu de recueillements, nous nous trouvons à côté d’une petite chapelle. Nous rencontrons alors un couple d’Espagnol. Ils ont logé ici la nuit mais ils ont un gros problème, car il voyage normalement avec un âne. Mais, celui-ci leur a faussé compagnie peu avant le matin. Ils sont désemparés, l’âne porte un chargement important. Il nous demande si nous ne l’avons pas aperçu. Malheureusement pour eux, je pense que l’animal a plutôt choisi la direction de l’Espagne. Ils laissent donc sous une bâche une grande partie de leur matériel et vont à sa recherche. De toute la journée, nous ne les reverrons pas sur notre chemin, n’y l’âne non plus d’ailleurs.
Nous traversons la campagne. De belles vues s’offrent à nos yeux pourtant, au loin la montagne est chargée de nuages. Les sentiers sont sauvages toutefois de temps à autre un panneau nous indique la bonne voie. On passe à côté d’une chapelle très stylisée. Elle possède un ponton dont les cloches sont abritées dans une resserre en bois adossée à un mur de pierre formant avec un peu d’imagination, la lettre w. Elle domine avec trois croix à son sommet.
J’apprendrai, qu’il s’agit d’une construction pré-romane, mais avec le temps, il ne reste aujourd’hui aucun élément. C’est sur cette base que s’est édifié le bâtiment actuel. Certains auteurs pensent qu’un temple païen se dressait là, avant l’église, et que certaines pierres auraient même pu être utilisées pour la construction de l’église. L’endroit est rempli de mystère et la région s’y prête volontiers. Les arbres qui bordent plus loin le chemin apportent un enchantement incontestable de par leurs troncs si tourmentés. Nous ne sommes plus qu’à cinq minutes d’Ostabat. On descend à présent le long d’une petite route longeant des prairies verdoyantes. Cette route est délimitée à gauche par une clôture en barbelé fermant les pâtures où paissent des vaches. À droite de la route, c’est un talus rempli de fougères qui la borde ajoutant encore une profondeur accrue dans ses vallées aux pentes prononcées. Puis on voit apparaitre le village. Je pourrais même le qualifier de hameau, car il ne doit y avoir moins d’une dizaine d’habitations. Un panneau bleu fixé sur un piquet sortant tout droit de l’aire jurassique nous indique qu’il nous reste cinq minutes pour arriver. Le village est tout en colline, et l’église domine.
Nous retrouverons quelques pèlerins à l’épicerie bars. Il n’est pas midi et chacun attend que les portes de leur hébergement s’ouvrent. Il est encore trop tôt, alors on laisse couler le temps. Certains se reposent d’autres discutent. Des discussions dans chaque langage, tous ne sont pas français, mais tous racontent leurs péripéties. Yannick anime à lui seul un groupe important. Il a trouvé un dérivatif, il lit dans les lignes de la main. Chacun peut croire ou ne pas croire, c’est un peu comme les motivations religieuses de chacun. Pour ma part, je lui ai fait examiner ma main. Ces affirmations se sont avérées exactes. Prudence cependant, je viens de marcher un certain nombre heures en sa compagnie et je lui ai lui ai raconté plein de choses me concernant. Avec un bon jeu de mémoire, ce n’était pas trop difficile de recréer un fil conducteur évocateur. Pour moi, c’était un jeu, et n’ignorant pas la particularité du contexte, je savais à quoi m’attendre.
Lorsque j’évoque la présence d’une épicerie, il ne faut pas s’attendre à avoir un choix très vaste. Il y a juste de quoi se dépanner en cas d’oublis involontaire à l’étape précédente. Enfin, elle a le mérite de se trouvé dans cet endroit isolé ce qui en soit, est déjà très bien. Notre hébergement est juste à côté de l’église. La maison porte un nom, Aire-Ona. C'est un gîte privé. Toutefois, nous sommes gâtés, nous pourrons occuper la maison complète. C’est très confortable. Anne, José, Yannick et moi, nous dormirons dans la même chambre. De toute façon, nous n’avons pas le choix. Tout a été réservé ce jour. Douze places au total. Malgré le nombre, l’ambiance est conviviale. Le ciel a été menaçant toute la journée et c’est fin d’après-midi que l’orage éclate. Il ne sera que de courte durée, à peine quatre gouttes comme l’on dit chez nous.
17/07/2015
Ostabat - Saint Jean Pied de Port 22km -384m - 4,9 km/h - 4h31 - (6h00 - 11h37 ) 022Ostabat-StJeanPP.GPX
J’avais repéré le chemin la veille au soir, afin de partir dans de bonnes conditions le matin. Nous partons Anne et moi, José l’espagnol est devant nous ; Yannick traine à l’arrière. Nous débutons cette journée qu’il fait encore sombre lorsque nous sommes partis. Très vite on rejoint un sentier qui descend vers Larceveau où nous rejoignons la grand-route. Nous marchons en file indienne, mais comme je marche un peu plus vite je passe outre la bifurcation à droite quand José me hèle. Il part en avant et je marche avec Anne qui de fait m’a rattrapée. La route est une petite départementale, le jour c’est enfin levé nous passons devant une étrange créature il s’agit d’un visage d’un être mythique imprimée sur un arbre. Est-ce de bons augures ?
On retraverse la D933 pour descendre vers le village de Gamarthe. Nous passons devant la mairie –église, le ciel est couvert, mais il ne fait pas froid. Toute la matinée, les nuages font corps avec le paysage, toutefois il ne fait pas froid. Nous déambulons à trois dans la campagne calme et sereine aucun véhicule ne vient troubler le silence. Nous rencontrons une marcheuse d’un certain âge, je ne me rappelle plus quand elle est partie ce matin, mais elle a logé avec nous cette nuit. On l’entend d’assez loin, elle a presque constamment des écouteurs sur ses oreilles et elle chante en cœur. On discute trois mots, elle a décidé d’arrêter à Roncevaux. Nous pourrons la revoir pendant les deux jours qui viennent.
Anne a maintenant une idée fixe, mais néanmoins pertinente, elle veut se procurer un bâton. Le vrai bâton de pèlerin, comme celui que je possède. Alors, on regarde où l'on pourrait trouver quelques arbrisseaux. Peu de temps après, au flan d’un talus abrupt mais sans toutefois être une montagne, je distingue un noisetier. C’est l’aubaine, une branche de cet arbre est la source première pour confectionné l’outil recherché. Bon, mais faut-il encore avoir de quoi couper une branche d’un diamètre correct. Pas de chance dans la première partie de mon périple, j’avais une petite scie. Je m’en étais servi pour couper un bâton le long du canal de la Marne. J’avais même manqué de perdre la lame de cette scie dans un buisson. Ledit bâton était resté à Châtelus-le-Marcheix. Cependant en repartant, je n’avais repris aucuns outils, sauf mon couteau Suisse « Belge » bien entendu.
C’est donc en utilisant cet instrument de fortune que je parviens à satisfaire le désir de l’amicale demoiselle. Mais cela ne se fera qu’après par mal d’efforts. Je me vois encore, juché en équilibre instable au sommet de ce raide talus dont la stabilité est franchement relative. A tout moment, je manque de perdre pieds. Après l’avoir coupé à la longueur voulue, Anne s’en servira tout le long de son chemin. A son retour elle m’écrira : « !! Le bâton que tu m'as coupé avant St. Jean m'a accompagné jusqu'au bout et m'a aidé tout le long du chemin, il est taillé et décoré, c'est l'une des choses les plus belles que j'ai ramené du camino »
Comme quoi, bien peu de choses peuvent donner de grandes satisfactions. Et voilà, je m’étais fait une nouvelle amie. En fait, c’est très charitable de s’épauler, ça ne coûte rien. Ça aussi, le chemin vous le fait découvrir. Voilà, c’est ainsi que nous arrivons par la bonne porte d’entrée dans la ville de Saint Jean Pied de Port. C’est un lieu exceptionnel pour les pèlerins. C’est tout à la fois, l’arrivée, le départ ou la continuation du périple de Compostelle. Quant à moi, mon pari consistait à traverser la France d’Est en Ouest. De Montmédy rallié à pied Saint Jean Pied de Port. Ce défi est accompli. La suite du chemin sera du bonus. A deux pas de l’entrée, au numéro 55, se trouve le refuge municipal patronné par les Amis de la Vieille Navarre. Le logement est possible pour trente-deux personnes dès 14h00 et pour une seule nuit. Il vous sera demandé votre crédenciale ainsi que la modique somme de 10 €. Le reste de la rue descend très fort. Elle est bordée de commerces en tout genre, car il faut bien le dire en plein mois de juillet, les touristes abondent. Ce n’est pas une ville exclusivement réservée aux pèlerins, loin s'en faut.
Donc voilà, et bien sûr je rencontre l’espagnol d’Hélène. Il ne parle pas français mais cela n’a pas d’importance. Je lui remets le bonjour d’Hélène. Il me répond simplement :
« Ah oui, Hélène ! » … c’est tout. Il semble avoir tourné la page. Bon sang, ils ont quand même vécu un an ensemble. « Salut ma petite Hélène, heureux de t’avoir connue. Bye-bye ! »
Yannick loge en ville, je le rencontre dans une boutique. Il causse, il causse. De toute façon il décide de rester un jour ou deux ici. Va-t-il continuer ? Sa voiture est ici en ville… On se sert la main : « Salut. A bientôt peut être ».
Une page qui se tourne, on se trouve, on se perd, une certaine fraternité s’installe puis se perd. Instant profond de nostalgie, regrets impitoyable de cette vie de bohème … Bon il est temps à présent de passer à autre chose, le chemin n’est pas fini.
Tous les compagnons que l’on rencontrés à Saint Palais sont arrivés. A table, je discute avec l’infirmière et mon belge musicien. Il y a quelques mois, il a trouvé son bonheur. Ne roulant pas sur l’or, il a découvert dans une brocante un violon, son violon exceptionnel. Chacun a toujours sa petite histoire. C’est très bien d’écouter les autres, vraiment c’est très enrichissant. Faut-il encore, qu’ils aient quelque chose à raconter. Ce n’est pas l’apanage de tout le monde. Alors, je vous supplie, laisser parler les gens lorsqu’ils en ont envie. Il est tard à présent, il est temps de se coucher. Demain est un autre jour qui promet d’être éprouvant. Il faut franchir les Pyrénées. On annonce de l’orage, pour le petit matin. Néanmoins, cela fait des jours que le ciel est menaçant et cela fait des mois qu’il n’a pas plu. Alors, c’est bien le diable, si la pluie peut encore se retenir de tombée pendant un jour.
18/07/2015
Saint Jean Pied de Port - Ronscevalles 24 km -1540m- 4,9 km/h - 5h01 - (6h31 - 13h45 ) StJeanPP-Ronscevalles.GPX
Tout le monde est un peu éparpillé dans le dortoir. Nous sommes dans une grande chambre avec un nombre important de lits. Je fais la connaissance de Samuel, il couche sur le lit au-dessus de moi. C’est un jeune de 20 ans, je dois dire que depuis quelques jours, je suis principalement entouré de jeunes. C’est les vacances scolaires et c’est tout à fait normal d’en rencontrer beaucoup à cette période. Je me levé vers 5h00, d’ailleurs tout le monde est pressé de partir. José est impatient, il va bientôt retrouver son pays. Ce n’est pas pour autant que son chemin est terminé. Il en a encore plus d’un mois de marche en Espagne, mais on comprend que lorsque qu’on rentre dans son pays on se trouve plus à l’aise. C’est principalement le problème de la langue. Il parle un peu français mais ce ne sera jamais en suffisance. Après que j’ai pris ma douche matinale, je vais prendre un copieux petit déjeuner. Il me sera nécessaire, l’étape est costaude. Les autres trainent un peu, je pars en éclaireur il fait encore nuit. Pourtant des lueurs inquiétantes parcours le ciel. Bien entendu, l’orage est à notre porte. Cela n’est pas très rassurant, nous devons traverser la montagne. Ce n’est jamais très prudent de s’y engager par mauvais temps. Et donc, la pluie démarre forte et drue. Comme je ne suis engagé qu’à deux pâtés de maison, je décide de faire demi-tour. Je rentre au refuge et j’attends un peu que la tourmente se calme. Malgré la pluie, Anne et José ont décidé de partir. Je leur dis d’attendre un peu mais ils sont décidés.
Pour ma part, je repars plus tard. Il est près de 6h30. Certains attendent encore, d’autres sont déjà partit. Je descends sur les pavés glissant vers le bas du village. Bref instant d’efforts infimes, que déjà la route remonte. Devant moi, un Coréen va aussi franchir les Pyrénées. Toutes les races sont représentées sur le chemin de Compostelle. Il traine un cadi sur lequel repose son sac à dos. Je ne me moque pas, j’ai fait à peu près la même chose dans la première partie de mon voyage. Il prend une photo de moi, puis remonte le village, ensuite ce sera l’ascension. Mille trois cent mètres de déniveler positif sur une distance de vingt kilomètres. Les chiffres prévoient une montée variant entre six et huit heures mais une personne entrainée monte en cinq heures trente. Nous verrons bien, pas la peine de se décourager avant de partir. Le temps s’éclaircit, la pluie s’est arrêtée de tomber. Le soleil perce difficilement les lourds nuages. Lorsque je jette un coup d’œil derrière moi, je constate que je domine rapidement la vallée encore endormie. Mon Coréen traine un peu, je le remarque sur la route en contrebas. Malgré la pente, je marche d’un bon pas. Très vite, je me retrouve à nouveau seul. Trente minutes, puis c’est le refuge d’Orisson. Dans mon plan de départ j’avais prévu de commencer l’étape à cet endroit. J’arrive au refuge sous des torrents de pluie, le vent c’est également levé. Anne est là, elle attend sagement que la météo se calme. Voyant que la situation n’est pas près de s’améliorée, elle se colle à mes pas. Il n’est pas encore 9h00 et je n’ai pas l’intention de m’éternisé. La pluie tombe drue mais avec ma cape, je ne mouille de trop. Aidé de mon bâton je progresse dans mon ascension. Je n’ai pas vraiment le loisir d’admiré le paysage, tout est bouché de toute façon. Je passe à côté d’une stèle avec la coquille en effigie qui indique que Compostelle est encore à 765kms. Puis les averses s’espacent, la côte est toujours aussi dure. Ma marche doit être dans les trois kilomètres heures car le vent est intransigeant, il souffle en rafale avec une force qui doit flirter avec les 90 km/h. Je le prends en pleine face, je râle et peste car ma cape se détache régulièrement d’un côté et chaque fois c’est la croix et la bannière pour la replacée convenablement. Deux jeunes filles aucunement perturbées dans ces moments troubles m’aident à me caparaçonner. Je fais donc la connaissance de Camille et de Mathilde. Elles sont belges elles aussi. Chacun marche comme il peut. Chacun adopte son régime de croisière avec très peu de pauses, il fait trop dégeulasse. Puis nous passons la borne de « Navarra ». Il reste une dernière colline à franchir et nous sommes en Espagne. Le ciel se dégage, le vent est à présent tombé. De plus nous entrons dans la forêt, ce qui va nous protéger d’une bourrasque éventuelle. Je retrouve les deux filles.
Avant la descente sur Roncevaux, il y a un endroit présentant une très bonne opportunité. Il s’agit d’une station météo espagnole. Nous en profiterons pour faire la pause midi. La campagne est calme au loin des chevaux vivent en liberté dans l’immense territoire qu’il leur est proposé. Nous voyons des pèlerins qui remontent de l’autre côté. Ils sont enjoués et guilleret. Lorsqu’ils vont devoir subir les intempéries de l’autre côté, ils ne feront peut-être pas si belle. Sous le soleil, tout est à présent sec. On suit les flèches proposées. Il parait qu’il y a deux chemins pour la descente. Un facile l’autre plus sérieux. Nous ne nous en sommes pas préoccupés, toujours est-il que nous empruntons le plus court mais le plus abrupt. Moi, je le trouve correct et particulièrement intéressant. Il est surement beaucoup plus sauvage car on descend dans les bois et le chemin est assez mouvementé. Le parcours ne peut être sans danger, par moment je vois des panneaux commémoratifs à la mémoire d’anciens pèlerins vaincus par les intempéries. Et cela n’épargne aucune nationalité, je remarque même une plaque pour un brésilien placé à proximité d’une borne indicatrice du chemin de Saint Jacques.
Lorsque nous émergeons de la forêt, je suis stupéfait et ébloui par l’endroit. C’est un endroit assez prodigieux ayant une force spirituelle prodigieuse, on a l’impression d’émerger dans une autre époque une fois de plus. Je comprends également pourquoi le village continue d'être une étape fondamentale pour les pèlerins du chemin de Saint-Jacques. Maintenant, j’aurais envie de dire qu’a Roncevaux, « Orreaga / Roncesvalles en espagnol », il n’y a rien. Il compte quelques maisons, reconverties en hôtels et groupées autour du monastère. C’est tout petit, sauf le bâtiment qui vient d’être rénové. Des endroits sont encore en travaux au moment où je suis passé. Tout le dortoir a été entièrement refait. C’est énorme, c’est la première fois que je vois un dortoir aussi grand. L’albergue de pereginos (oui maintenant on est en Espagne) offre 183 places pour les nombreux visiteurs. En cette saison vers la fin de l’après-midi tout est occupé. Nous arrivons Anne, Samuel et moi en même temps, donc nous occuperons une chambre de quatre et resterons de ce fait groupés. Le quatrième lit est occupé par le Coréen qui m’a pris en photo en sortant de Saint Jean. C’est bizarre comme on se retrouve à différent endroits. On peut se perdre de vue pendant quelques jours mais on finit par de nouveau se rencontrer dans un détour du chemin. Les deux filles belges sont ailleurs ainsi que José.
Nous avons directement réservé dès l’inscription notre ticket repas pour le soir. A 19h30 nous nous retrouvons tous ensemble autour de la table. Il y a Camille, Mathilde, José, moi, un autre espagnol copain de José, Samuel, Anne puis un journaliste Brésilien qui est en cours de reportage. D’autres personnes ont pris places autours d’autres tables.
Les discutions vont bon train, beaucoup de langue sont employées. Il y a toujours quelqu’un pour traduire dans l’idiome de chacun.
Nous quittons le restaurant vers 21h00 sans oublier de réaliser la photo du groupe. Mais quel est celui qui l’a prise ? Je ne sais plus. Reste que cette photo, je ne l’ai pas encore remarqué sur l’ensemble des images publiées sur les réseaux sociaux.
Il est 5h05, la musique effarante d’un portable retentit dans le fond du dortoir. La grande partie des dormeurs sortent de leur torpeur. C’est le branlebas de combat général. Impossible de prolongé son sommeil plus longtemps. Soit on se lève ou on attend trois quart d’heure que la plupart des marcheurs, soit déjà partit. Ce n’est pas vraiment mon but. Anne et Samuel situés au-dessus de moi se remue. Le coréen est en train de ranger son matériel. Je ne sais si ses gens sont tous du même acabit, mais cet homme est d’une maniaquerie pas possible. Tous ses effets sont emballés séparément dans des petits sacs en plastique. Ils les ouvrent, les referment. Il remarque qu’il a oublié un truc ou l’autre et renouvèle son rangement. C’est vraiment infernal, le bruissement du plastic fout un bouquant de tous les diables. Moi, j’enfourne mon contenu dans mon sac avec pour seul souci d’équilibrer mon sac correctement, c’est tout. Donc voilà, puisqu’on est réveillés, on fait aussi notre bagage et on quitte le dortoir. On se retrouve en bas dans la salle d’accueil. Je mange une banane, de toute façon, je n’ai plus rien d’autre. On m’a dit que je trouverai tout en Espagne mais c’était sans compter que Roncevaux est vraiment désert de magasins. Il me reste 500gr de spaghettis dans mon sac à dos, mais je ne vais pas me mettre à faire des pâtes à cette heure matinale. Le matin est encore loin de se lever, on se dirige un peu au juger. Nous empruntons un sentier assez large et tout est bien fléché. Très rapidement on arrive au village d’Auritz/Burguette. Un petit café à cette heure matinale est déjà ouvert. J’aperçois José, il est attablé et prend son petit déjeuner. Je décide de faire la même chose. C’est là que je m‘aperçois, que je suis vraiment en pays étranger. Stérile de la langue espagnole, il me faudra compter sur mon entourage pour m’aider dans mes demandes. Dans un premier temps par simplicité, je commande la même chose que José. Pour avoir un café en Espagne on peut demander un café au lait, un (prononcé oun) « café con leche » mais attention, il s’agit d’un café noyé par le lait. Si l’on veut un café léger on demande un « café solo largo » mais c’est noir. Comme je n’y connais rien à la cuisine espagnole, je prends le même sandwich que José. Il y a du lard et des légumes cuits avec plein d’huile d’olive mais tout est comme cela en Espagne. Bof comme les légumes cuits ce n’est pas mon truc. Tant pis, je les laisse de côté. Je repars avec José. On marche quelques minutes avec un couple d’espagnol. Je ne comprends rien de ce qu’ils disent. Ainsi, je prends de l’avance. Plus tard, José me rejoint. Peu après, on rattrape Anne. Elle s’est arrêtée très peu de temps dans un autre snack. Puis, je retrouve les deux belges Matilde et Camille. Nous marcherons ensemble jusqu’au bout de la journée. Nous arrivons très tôt à Zubiri, je décide de poursuivre jusque Larrasoana. Tantôt, au détour d’un chemin, j’ai reçu un dépliant vantant une alberge privée sur cette commune. Les filles embrayent avec moi, et nous continuons notre marche. Après la forêt nous passons un charmant petit village qui borde une rivière très calme. Il fait un temps splendide. Nous descendons une rangée d’escalier. Celui-ci est très raide et est interdit au cycliste. C’est cocasse, en Espagne il y a des triangles de circulation explicite pour chaque utilisateur de la chaussée. Les graphismes sont souvent extraordinairement représentatifs. La route en contre bas nous conduit vers une charmante petite chapelle. On passe Ezkirotz. Puis on arrive à Larrasoana. Je passe à côté d’un vielle dame qui fait de la dentelle. Elle est attablée à son ouvrage devant le pas de sa porte.
L’albergue San Nicolás n’est plus très loin. Nous sommes dans les premiers, nous héritons d’une chambre à six lits dont nous en occuperons bien entendu que la moitié. C’est très bien. D’autres arriverons ensuite, car on peut voir qu’ils regardent la TV. C’est un privilège qui leur est offert car ce n’est pas chose courante. De toute façon moi je n’y comprends rien. Il n’y a que des stations espagnoles.
Nous nous attelons rapidement à la tâche quotidienne de la lessive, comme il fait très beau et qu’il y a des cordes a linges en suffisance, le séchage ne sera qu’une formalité. Camille en profite pour faire sécher sa tente qui n’a plus été ouverte depuis plusieurs jours. Camille et Matilde porte chacune la moitié d’une tente. Tandis que l’une porte la toile, l’autre se charge des piquets. La charge est ainsi répartie de façon rationnelle entre elles deux.
On va faire quelques courses, dans une boutique en face de la pension. On nous a renseigné une petite épicerie qui est ouverte le dimanche. Car nous sommes en effet le weekend. Comme il n’y a rien qui indique sur la façade de la maison, la présence d’un tel commerce, on hésite. Puis, on finit par rentrer. En effet, dans la boutique il y a plusieurs rayons avec un achalandage de marchandises. Nous parlons français entre nous, rapidement le commerçant nous interpelle, en français. Nous sommes ravis. On lui dit « Tient, vous parler français dans cette région d’Espagne ? » Il me répond « Sachez monsieur que vous êtes en Navarre ici. Avant c’était français ». Il se lance ensuite dans une explication historique assez fastidieuse que je ne relaterai aucunement. D’ailleurs, j’en serais bien incapable. Je constate que par manque de culture, je viens à nouveau de commettre une maladresse et en terre étrangère de surcroit. Mais il n’en porte aucun préjudice, car il est ravi de voir des belges. Il nous raconte qu’il a vécu de nombreuses années à Bruxelles. Ainsi donc le courant passe bien. Il nous offre même l’apéro. Nous emportons nos achats à la pension, puis comme il n’est pas tard, nous décidons de visiter les environs. Il y a une rivière à deux pas. Elle est tentante, comme il fait très chaud, l’eau sera la bienvenue. Lorsqu’on se baigne, c’est assez surprenant, les petits poisons viennent nous bequeter les jambes à la recherche de morceaux de peau en dérive. L’eau est vraiment fraiche et c’est réjouissant. La vie est belle, les filles aussi. Mais restons sérieux, ce serait inadmissible de s’embarquer dans des aventures rocambolesques. Sur la rive se trouve une québécoise qui prend un bain de soleil. Elle se moque de moi quand je dis « hello » (bonjour mais en anglais) puis comprenant ma confusion, je corrige en disant « Ola » (bonjour en espagnol).
- « Faudrait savoir quoi ! est-ce bien Hello ou Ola » dit-elle en français d’un air moqueur.
Elle a dû remarquer mon accent qui n’est ni anglais ni espagnol. Et c’est ainsi que nous faisons connaissance avec Claudia. Elle vient du Canada et est chargée comme un baudet. Il l’on pesée à Saint Jean, ils ont relevé 34 kg de bagages, c’est vraiment beaucoup. Après avoir discuté un peu ensemble. Elle voyage pour l’instant avec un français assez réservé. Il dit l’accompagnée un jour ou deux. Ils décident de reprendre la poursuite de leur chemin. Elle cale son sac dans une anfractuosité puis se baisse pour s’harnacher aux sangles. Ensuite, elle se relève avec sa charge. C’est on peut le comprendre assez pénible. De plus elle transporte un sac dans chaque main. Je ne critique en rien sa façon de faire, mais pense en moi-même « Très peu pour moi ». Je la verrai de loin à Pampelune, mais je n’aurai pas l’occasion de lui parler, car au détour d’un chemin, avant que j’aie pu la rattraper, elle aura disparu. Je constate cependant qu’elle a su porter son barda au moins jusque-là.
Nous retournons ensuite à la pension pour faire la cuisine. Nous intervenons tous les trois dans la préparation du repas du soir. Après s’être restaurés et fait la vaisselle, nous remontons dans la chambre. Les filles sont ravies de cette journée plaisante.
Rien ne presse ce matin, l’étape est courte. Nous partons donc un peu avant 7h00. Je démarre mon GPS plus tôt, car quelque fois qu’il ne retrouve pas le satellite. Ainsi, je suis certain d’avoir mon itinéraire en entier. Cela ne marche que si le wifi est branché. Dans les autres cas il me faut une mise à jour tous les deux jours. Ici en Espagne nous sommes proche des grandes villes et il n’y a pas de problèmes. Nous marchons depuis une heure, lorsque nous faisons connaissance avec une fille ruse. Elle dit s’appeler Laura. Nous traversons quelques villages typiques situées au pied d’une colline qu’il nous faut bien sur parcourir. Les filles plaisantent en voyant un dindon qui glougloute dans un enclos. Le chemin est tracé dans des taillis entrecoupés par des prairies cultivées. Les blés viennent d‘être fauchés, et la paille disposée en andain repose sur le sol.
Un moment nous empruntons une route moitié béton, moitié cailloux. En contre bas passe la grand-route avec le cortège de voitures et de camions. Un câble électrique traverse les versants abrupts. Un aventurier y a lancé une paire de chaussure. Depuis un temps indéfini elle pend au-dessus du vide. On en rigole, c’est un sujet qui nous déride. Bien entendu, on prend une photo. Rapidement nous arrivons dans la banlieue de Pamplona. Nous passons devant une école le « colegio Hilarion Eslava », une école bilingue. Bon maintenant, je ne saurais dire en quelle langue leurs cours sont donnés. C’est les vacances à cette époque, et il y a peu d’activités autour des bâtiments. Pendant quelques kilomètres nous déambulons dans la banlieue pour nous retrouver devant la porte de France des fortifications de Pamplona. Nous nous rendons ensuite à la cathédrale pour faire notre tampon sur notre crédenciale. Puis comme il n’est pas loin de midi, on cherche un endroit pour prendre un repas.
Les filles prennent le repas du pèlerin dans un snack en ville. Je les accompagne, c’est nos derniers moments ensemble sur le chemin. En effet, elles ont décidé de continuer de quelques encablures leur périple. On se quitte ainsi après avoir pris un verre ensemble. Après leur départ, je me dirige vers l’Albergue "Jesús y María" située près de la cathédrale. Elle est ouverte et déjà quelques pèlerins attendent leur tour pour l’inscription. Lors des inscriptions, les premiers arrivés sont les premiers servis. Les groupes arrivés conjointement restent donc ensemble. Dans la file se trouve déjà Samuel. Bon, j’ai envie de dormir avec quelqu’un que je connais. Je commets un petit crime de lèse-majesté. Je me glisse dans la queue d’attente juste derrière mon ami. Personne ne semble avoir remarqué mon manège. Et c’est ainsi que j’hérite d’un numéro juste supérieur à lui. Bon à présent, nous nous dirigeons l’un derrière l’autre, vers le dortoir. Situation assez cocasse, Samuel porte un sac à dos identique au mien : Décathlon, de couleur bleue d’une contenance de 80 litres tous les deux. Lorsque je rentre dans la salle, je suis sidéré. Le dortoir est vraiment étonnant. Sur le côté droit sont disposés une longue rangée des bancs. Devant, laissant le passage sur un mètre commence la disposition des lits, superposés bien entendu. Quatre par quatre jusqu’au fond de la chambre. Une trentaine de places par cellule avec une petite cloison légère entre quatre lits. Les couchages sont reproduits à l’identique à l’étage avec pour plancher une surface en verre. C’est assez surprenant de voir marcher vos compagnons au-dessus de vous. On se croirait dans un film de science-fiction. Des voyageurs en quête d’un nouveau monde qui embarquent à bord d’un vaisseau spatial. Bon retournons encore quelque instant sur notre terre, il me faut trouver la gare afin d’embarquer demain dans un tout autre vaisseau, bien terrestre celui-là. Il me faut un train pour me rendre à Sarria. C’est à plus de six cents kilomètre au nord. Je ne sais comment je vais m’y prendre pour réserver un billet. Par chance, avant de partir, j’étais allé voir Valérie pour quelle me traduise en espagnol un mot que je serais censé remettre au guichet. Valérie et Jean-François, c’est mes voisins du dessous. Deux belges du bout du monde et de même provenance qui se rencontre en Amérique latine. Ce sera couronné par un couple parfait qui ont à présent deux enfants. Et bien sûr, en Amérique latine on parle espagnol.
J’ai précieusement conservé ce billet, je l’avais même photographié avec mon portable pour être certain de ne pas l’égarer. En fait il va me servir deux fois. Mais tout d’abord il me faut trouver la « estación de ferrocarril». Ce ne doit pas être si terrible mais Pamplona est quand même une grande ville. Je pars à l’aveuglette et sans le savoir je suis dans la direction opposé à ma destination. Je passe devant la « plaza de toros » lorsque je me décide de me renseigner. Cela fait bien une heure que j’avance dans la ville. Malheureusement il n’y a pas grand monde qui parle français. Alors je trouve une âme charitable avec un baragouinage d’anglais de français et de je ne sais quoi d’autre me demande tout d’abord si je veux y aller au bus. Je pense de suite « merde, ça doit être loin s’il me demande cela » Je lui dis que non, que je désire m’y rendre à pied. Ainsi il me dit c’est par là, en me faisant retourner sur mes pas. Je ne sais pas comment mais de nouveau après une heure de marche supplémentaire, je vois enfin une indication qui me dirige vers la gare. Je ne suis pas encore sauvé, lorsque je pénètre dans la salle des pas perdus, c’est comme cela qu’on dit pour la salle d’attente d’une gare, il y a une file assez longue de personnes qui attendent leur tour. Une personne se débat avec le guichetier car elle ne parvient pas à obtenir ce qu’elle désire. L’homme recommence plusieurs fois les opérations mais rien n’est concluant. Les autres attendent, stoïques et résignés, mais on voit bien qu’ils commencent à s’énervés. Je regarde derrière moi afin de voir s’il la file continue mais heureusement, il n’y a qu’une personne qui me suit. Je risque aussi de me faire éconduire vu que mon langage est très réduit. Cela m’étonnerait que le receveur parle français.
Après un délai d’attente indéterminé mais assez infini, c’est enfin mon tour. Je tente mon tout pour le tout, je luis demande s’il parle français. Bien entendu, je reçois directement une réponse négative.
Je glisse mon papier préalablement complété pour ma destination. Et là les choses se corsent. Les trains pour Sarria sont tous complets pour le lendemain. Je me vois déjà dans l’obligation de loger plusieurs jours à Pamplona, ou de retourner directement en Belgique dans le ou les jours qui suivent.
L’homme est très sympathique. Il voit bien l’embarrât que j’endure. Il se démène pour trouver une solution. Il tape des codes sans fin sur sa machine. Eurêka, il vient de trouver quelque chose. Je partirai bien demain. Il me faudra prendre un train régional pour Vitoria-Gasteiz ensuite j’attendrai une heure pour reprendre un Intercity pour Ponferrada. Mais ensuite, je n’aurai que sept minutes pour changer et reprendre le train vers Sarria. Je partirai à 8h17 et arriverai si tout va bien à 19h30. Habitué au retard des trains en Belgique, je soupçonne que si c’est la même chose dans ce pays, j’ai très peu de chance d’attraper l’autre train. Si je loupe la correspondance, j’ai encore un train deux heures après, mais cela me ferra arriver à 21h30 et c’est vraiment très tard pour se trouver un logement.
Le retour au gite est beaucoup plus commode. Il suffit de se diriger vers la muraille qui entoure la vielle ville. Il faut tout de même plus d’une demi-heure pour regagner la cathédrale. Après avoir passé à la maison du tourisme, c’est un peu tardivement que je l’ai découverte, je rencontre à nouveau Samuel et on se donne rendez-vous à cet endroit vers 19h00, pour aller souper. Je suis fourbu, et il me faut encore trouver un magasin, si possible une grande surface pour satisfaire mes exigences.
Lorsque je rentre dans le logis, je retrouve Anne qui m’indique un supermercado assez génial, je devrais pouvoir me réapprovisionner sans problème. Je repars vers la « Plaza del Castillo » et bien vite, je trouve mon bonheur. Je crois que j’aurai pas mal visité la ville cette après-midi, tout au moins assez pour permettre de la découvrir suffisamment.
Je retourne dépose mon sac à ma place puis rejoint Samuel à l’endroit indiqué. Nous prenons ainsi un repas bien mérité dans les quartiers aux abords de la cathédrale.
C’est une soirée remplie de discussions animées. Je retrouve la Russe qui parle bien français. Anne et Samuel se lancent dans une prospection de musiques puis je leur fais écouter les miennes. On parle de livres à découvrir. Je soupçonne Anne d’être un peu chagrinée à l’idée que je quitte le groupe. Chacun devra à nouveau reconquérir d’autres compagnons. Mais je ne crains rien, j’y arriverai.
Je vais reprendre mon voyage onirique et reconquérir toute la beauté des paysages. D’autres compagnons accepteront sans aucuns problèmes de se dévouer et de lier une amitié que rien ne devrait entacher. D'autres temps, et d'autres lieux se présenteront jusqu'à l’ultime et proche conclusion, l’arrivée à Compostelle.
21/07/2015
Train entre Pamplona et Sarria
Ce matin, il est 5h40 quand on sonne le branle-bas de combat. Très vite la majorité des pèlerins se préparent. Dans notre groupe, c’est Samuel qui part le premier. Anne tarde un peu, ce n’est qu’après 6h30 qu’elle quittera le refuge. Moi, j’attends encore un peu. Je compte sur une heure, pour être large. Le train régional ne part qu’à 8h30. Le chemin pour la gare n’a rien de laborieux, attendu que tout a été repéré la veille. Forcément, maintenant j’ai un plan de la ville. Que dire du voyage en train. Je prends donc un omnibus, celui-ci part à l’heure et arrive à l’heure à Vitoria-Gasteiz sous un orage carabiné. Je me disais qu’avec une heure de battement, j’aurai le temps de faire une petite visite de la ville. Mais, il me faut tout d’abord attendre l’accalmie de cette pluie. Et cela arrivera très vite, le mauvais temps ne reste jamais très longtemps dans ces contrées. Le ciel est à nouveau dégagé et je peux aller faire ma petite balade.
Ensuite, mon autre train arrive à l’heure. C’est très bien, vive la « RENFE ». Hélas cela ne dure pas. Peu de temps après son départ, on est immobilisé en rase campagne pour raison mécanique. Après le remaniement de la rame qui aura lieu à une gare proche, c’est une heure qui se sera écoulée. A León on change de sens de marche et de machine. Une locomotive diesel reprend les opérations. Les paysages que l’on va traverser sont vraiment remarquables. La ligne traverse différentes collines importantes puis on longe un moment un large cours d’eau tumultueux. La vitesse du train est très limitée dans ce parcours. L’ambiance dans le train est assez tapageuse. Il y a beaucoup de monde. Les autochtones sont très expressifs. Je me demande ce qu’ils peuvent bien se dirent avec la même effervescence pendant plus de six heures. J’essaie bien de discerner une voix qui parlerait français afin de me divertir un peu. Mais les propos dans la langue de Voltaire restent dans l’impossibilité de couvrir les expressions espagnoles. J’entame juste une brève discussion avec un couple de français que je découvre en dernière minute. Ils descendent à Ponferrada pour continuer leur chemin commencé d’autres années auparavant. Beaucoup de personnes prennent plusieurs années avant de réaliser leur chemin. Tout le monde n’a pas le loisir de sacrifier trois mois de son existence pour accomplir son rêve. Il reste encore une heure trente avant Montforte de Lemos, le plus dur est accompli. Le contrôleur passe dans le train pour voir les correspondances et je pense avoir compris que le train pour Sarria attendra. Nous n’avons maintenant plus que vingt minutes de retard. Nous arrivons donc à quai, mais j’attendrai encore quelques minutes pour que la correspondance entre en gare. Lui aussi, et heureusement pour moi, il a un peu de retard. Ouf, j’arriverai à peu près à l’heure prévue. Mais tout n’est pas acquis pour l’hébergement. Pour gagner du temps, j’ai demandé à Pat par des messages de me situer le refuge où je dois me rendre. Je débarque donc dans la petite gare de Sarria et me dirige suivant les directives que mon épouse m’a établies. Malheureusement, ce n’est pas si simple, car la réalité sur le terrain est tout autre. L’alberge Monasterio de la Magdalena est située sur le haut de la ville. Par chance, je rencontre un jeune espagnol qui fait des études de français et qui s’y rend. Il me guide jusqu'à l’endroit, mais il semble assez pessimiste sur le fait que je puisse encore trouver des places libres. Je n’aurai ainsi aucun autre recourt et devrai chercher à me rendre au plus vite à une albergue privée. Comme je ne connais pas la ville, ça va être coton ! Lorsque nous arrivons à la réception, je suis mis devant le fait accompli. Toutes les places sont occupées. Je suis dépité, et je m’explique comme je peux. La personne est très aimable. Elle se renseigne pour obtenir un logement pour moi cette nuit. Très peu de temps après, on vient me chercher en voiture. C’est ainsi que je débarque à l ’Albergue San Lazaro dans le bas de la ville. Je crois même avoir passé devant l’immeuble auparavant, lorsque je me suis rendu au monastère. Je suis content, c’est un peu plus cher, mais rien de prohibitif. Je m’installe rapidement, puis retourne à la gare afin de voir, chose improbable vu qu’il est vraiment très tard, si je ne sais pas obtenir une réservation pour mon retour de Compostelle.
Lorsque j’arrive au guichet, c’est une bonne surprise de constater que celui-ci est encore à la disposition de la clientèle. J’agis avec le même procédé que la veille à Pampelune et cela fonctionne. Chose importante, le train est loin d’être complet. A compter de sept jours, afin d’être large, j’ai une place de choix et en première classe, SVP, de Compostelle à Irún.
Je rentre satisfait, les choses se passent beaucoup mieux que je ne l’aurais supposé en premier abord.
le 22/07/2015
Sarria - Portomarin 23,5 km - 432m- 4h15 - 5.7 km/h - (7h01 - 12h04) Sarria-Portomarin.GPX
Je suis réveillé par un réveil vers 6h20. Décidément, rien ne change même en bougeant de six cent kilomètres, les habitudes sont identiques. Je vais me rendre compte qu’à partir d’ici, c’est grandement amplifié. Le dortoir comporte une chambre unique avec des lits superposés disposés de façon à perdre le moins de place possible car la pièce est loin d’être rectangulaire. Ce qu’il fait qu’il y a des lits placés en largeur et d’autres en longueur ainsi en quinconce. C’est deux filles Anglaise, qui ont dormies devant mon couchage qui déménagent en premier. De ce fait, je me décide également. Il me reste de quoi déjeuner et j’en profite pour manger un morceau en vitesse. On m’a légèrement briefé sur l’itinéraire à prendre pour rejoindre le chemin vers Compostelle. (Au moment où j’écris ces lignes, si je regarde l’itinéraire laissé par mon GPS, il semble que je me sois un peu égaré au départ).On m’a également spécifié de bien faire estampiller ma crédential de minimum deux cachets par jours. Les bars ou les restaurants et même les églises ouvertes sont tous et toutes équipés pour vous délibéré cette formalité. Très rapidement, je retrouve la ligne de chemin de fer. Puis, tout est indiqué par des bornes. Elles sont distantes de 500m et surmontées de la coquille. Il est indiqué le kilométrage qui reste à parcourir. La première que je rencontre mentionne le Km 109. Le chemin est large et l’on peut voir, qu’il est utilisé depuis la nuit des temps. Parfois, il est bordé d’un mur de pierre et il se déroule au travers de la campagne champêtre. Les blés sont coupés. Rien ne laisse supposer qu’on viendra un jour ramasser la paille disséminée un peu au hasard. Au loin, on peut voir un viaduc qui franchi deux vallées abruptes. Cela augure que le chemin restera assez mouvementé. Les ponts, c’est principalement pour les véhicules routiers. Nous autres, on suit les déclinaisons du terrain. Très vite je rencontre une petite gargote typiquement Espagnole. Comme mon petit déjeuner a été assez frugal, je m’arrête pour compléter de quoi poursuivre grassement mon parcours. Après cette pause bienvenue, je repars confiant et ravis. Je longe des jardins où pousse des Choux Moellier, mais ceux-ci sont très haut, on n’en voit jamais d’identique par chez nous. Bon maintenant, il me faut allonger le pas et repérer au plus vite un contact. S’il y a des français dans les parages, cela m’arrangerais pour la suite du parcours. Si en plus, il ou elle pouvait parler Espagnol se serait parfait. Pour le moment il y a du monde sur le chemin, mais je ne perçois que des dialogues en langue nationale. Puis dans une montée, je rencontre trois français. Ils ont plus que me mon âge, et cela me convient très bien. Il y a Ginette, Marguerite qui se débrouille bien en Espagnol et Jean. Ils sont de la région de Lyon. Ils marchent vraiment bien, et de plus ils sont assez sympathiques. De ce côté, je serai encore bien secondé aujourd’hui. Régulièrement, nous nous retrouvons devant des édifices rappelant le « camino ». Que ce soit une fontaine décorée par des coquilles en fer forgé ou des entrées de propriété décorées de motifs évocateurs. Il y a aussi, de nombreuses invitations pour des albergues en tout genre. Puis on descend la colline pour arriver à un lac très important. Le nouveau pont possède deux rambardes qui ont pour but de sécurisé les piétons. Aussi loin que se porte notre regard, ce n’est qu’une vaste étendue d’eau qui s’étend de chaque côté du pont. Des voiliers régatent à quelques encablures de la berge. Le pont débouche sur un rond-point où commence un escalier invitant les marcheurs à pénétrer dans la ville de Portomarin par la porte des pèlerins. On passe sous la chapelle et l’on rentre dans cette petite bourgade nouvellement construite. L’emplacement initial de Portomarin a disparu dans l’édification du barrage. Nous nous dirigeons immédiatement au Refuge municipal. Nous ne sommes évidemment pas les seuls. Vu l’affluence en ce moment, l’attente sera un peu plus longue. Toutefois, ils n’ouvrent les portes qu’à 13h00. Le premier arrivé dépose son sac à dos devant l’entrée. A chaque arrivée, un nouveau sac vient suivre et ainsi de suite. Il y a soixante unités disponibles. Il suffit de compter les sacs pour voir s’il reste de la place. Au-delà vous chercher ailleurs, dans un édifice privé. Mais rassurez-vous, il en a un peu partout. Ce n’est pas vraiment beaucoup plus cher. L’agglomération dispose d'un édifice religieux catholique, et ne possède qu’une rue principale avec principalement des commerces assez élémentaires et mains cafés/restaurants pour les touristes de passage. Nous sommes dans les premiers et après nous être enregistrés nous choisissons un emplacement à notre guise. De préférence non loin d’une prise de courant. Nous devons penser à recharger notre matériel électrique. Mon GSM sert aussi de GPS, il est un grand consommateur d’énergie. IL a besoin d’être rechargé tous les jours. En découvrant les particularités de la ville, très vite je m’aperçois qu’il y a une superbe piscine dans le quartier inférieur. C’est de bons augures, n’ayant vraiment rien d’autre à faire je passerai l’après-midi à cet endroit bienséant.
Dans la soirée, je me rends au restaurant. Il propose un repas complet pour quelques euros et cela me convient parfaitement. Autant pour le prix que pour le menu. Cet après-midi, j’ai lié connaissance avec un français, Philippe si je me rappelle bien. Il me retrouve attablé en train de manger et décide de faire un brin de causette. Il loge aussi au même endroit. Pendant qu’il boit sa « cervezas », j’achève mon repas.
C’est Ginette qui se réveille la première, elle ne doit pas avoir vraiment bien dormi, d’autant plus qu’elle s’est ramassé des piqûres de punaises de lit à un refuge aux caractéristiques assez obscure. Ces jambes sont encore toutes stigmatisées et doit porter des bas spéciaux pour éviter l’infection.
J’ai un peu de mal a retrouvé mes affaires, j’ai roulé en boule mon pantalon avec mes objets personnels que je glisse sous mon oreiller. Je pense ainsi sécuriser l’essentiel de mes biens. Cependant, vu qu’il y a un trou à la tête du lit, il semblerait que ce dit pantalon soit descendu d’un étage. C’est la pensionnaire du bas qui me prévient qu’elle a réceptionnée un drôle de colis.
Il me reste encore un peu plus de 80 km à parcourir. J’ai prévu de faire cette étape jusqu’à Palas de Reis car c’est une petite ville, et j’aimerais avoir la possibilité de me ravitailler. A Portomarin, je n’ai pas trouvé grand-chose, alors j’espère aujourd’hui combler cette lacune. Ce n’est pas de l’avis de mes compagnons. Ils ont encore un peu de temps devant eux et ils ne veulent pas faire une grosse étape. Ils préfèrent s’arrêter à une auberge isolée située à peine à 20 km. C’est un peu court pour moi. Je pars tout de même avec eux. Je les accompagnerai un bout de chemin. Il est encore tôt et nous suivons un groupe de marcheurs, qui éclairent leur chemin. Nous guiderons nos pas dans les leurs jusqu'à ce que les premières lueurs du jour pointent.
Nous venons de parcourir trois kilomètres lorsque Jean s’aperçoit qu’il a laissé son petit sac banane au refuge. C’est assez ennuyant, il réfléchit attentivement ce que ce sac pouvait contenir, afin d’évaluer si cela vaut la peine d’aller le rechercher. Comme il contient en outre sa paire de lunette de lecture, se serait frustrant de ne pas tout tenter pour le récupérer. Comme je ne sais pas à quoi ressemble cet objet, il m’est difficile de me proposer pour refaire le chemin inverse. C’est donc un Jean très anxieux qui est bien obligé d’effectuer cette démarche. Il repart donc en arrière, et nous poursuivons notre chemin vers le premier bar où nous pourrons prendre une collation. Les deux femmes vont l’attendre. Comme j’ai décidé de continuer au-delà de leurs pas, je repars seul, évidement en perdant mon interprète pour cette journée. Une affluence de jeunes gens sont sur le chemin. Il y a une multitude de groupes. J’en croise rarement des individuels. Parfois aussi, un couple mère-fille chemine de concert. J’ai aussi remarqué un homme avec son jeune fils, il ne doit pas avoir dix ans. L’enfant marche sans rechigner, c’est très surprenant. À cette époque, il est tout à fait normal de croiser beaucoup de gens, car nous sommes en plein dans les vacances scolaires. Ils sont jeunes et partent ainsi sur les routes par goût de l’aventure. Ils trottinent vraiment bien, ils sont pour l’instant au meilleur de leur forme. Cela ne fait que deux jours qu’ils marchent. Parfois un éducateur régente le groupe mais dans l’ensemble, ils sont assez disciplinés.
« Pourquoi autant de monde sur ce petit parcours ? »
Je peux vous répondre par cette affirmation qui m’a été divulguée, elle est appropriée et justifiée. On m’a dit qu’en Espagne, celui qui obtenait la « Compostella » pouvait en faire mention dans son CV. On peut facilement imaginer, qu’il se retrouvait avec une corde en plus à son arc, favorisant peut-être un avancement dans sa carrière.
Le temps est chagrin, un épais brouillard plane sur la campagne. On saisit à peine la silhouette des promeneurs qui nous précèdent. On longe souvent une grand-route, pourtant il n’y a que très peu de circulation à cette heure matinale.
« Bon sang ce n’est pas possible. »
Je suis pris d’une envie pressante, il me faut donc trouver un endroit discret. Le chemin qui suit la chaussée bifurque vers la gauche pour rentrer dans un bocage. Je continue donc tout droit sur environ cent mètres puis je franchis un talus. Ce n’est guère engageant. La nature y est sauvage. Elle est faite de ronces entremêlées dans les futaies de genets. Dans cette purée de pois, la discrétion est rapidement assurée. Je suis à peine accroupi, que je sens une sensation assez conflictuelle parcourir mon arrière train. Je viens de me lâcher sur un nid de fourmis. Très rapidement, je quitte cet endroit malveillant. Je suis soulagé quand même. Comble de mon empressement, j’emporte une petite bestiole qui rapidement me remonte à un endroit particulièrement sensible. Après quelques gestes téméraires, je parviens à éliminer l’insecte perturbateur et tout rentre dans l’ordre. Curieusement, je me retrouve seul. Dans mon élan pour fuir le massacre, j’ai oublié de tourner sur la gauche. Je reviens sur mes pas. Ce ne sera qu’un petit détour, car rapidement je rencontre à nouveau du monde. Vers dix heures, le soleil devient plus présent et la température augmente sensiblement au fil des heures. Je traverse un petit village rural, à chaque habitation une petite cabane très étroite se dresse dans un coin du jardin. C’est en quelque sorte un abri pour les céréales, il est très ouvert et le vent qui la traverse remplis son rôle salutaire.
Je rentre confiant dans la ville. Il n’est pas trop tard. Je passe outre un petit café qui s’appelle « Britania » puis traverse le passage pour piétons juste à côté de la mairie car j’ai remarqué un agent municipal.
« C’est bien le diable s’il ne sait pas me renseigner sur l’endroit où se trouve le refuge municipal » me dis-je.
En fait, je viens de passer devant. L’agent m’indique l’endroit. Je n’ai qu’a me retourné pour me trouver nez à nez avec l’abergue de pelegrinos. Il est un peu plus de midi lorsque je fais la queue pour rentrer. Comme il n’ouvre les portes qu’à treize heures, on se repose, d’autres pèlerins se présentent. C’est ici que je fais la connaissance de deux jeunes Liégeois, le frère et la sœur, on discute. Je vois arrivé un handicapé, et je peux dire qu’ils ne sont pas nombreux. C’est un homme, un espagnol, et il est franchement courageux car il marche avec deux béquilles. Il est amputé d’une jambe. Il prend la première place gardant la priorité sur tout le monde, rien de plus normal.
le 24/07/2015
Palas de Rei - Arzúa 30km - 447m - 5h42 - 5,3 km/h ( 5h57-13h25) PalasdeRei-Arzua.GPX
Ce sera une étape un peu plus longue aujourd’hui. Lorsque je pars, il est presque 6h00. Les deux jeunes belges sont déjà partis. Je pense qu’ils voulaient être tranquille tous les deux et ne pas m’avoir dans leurs pieds. Je respecte leur opinion. Certains groupes se reforment. Je suis seul de nouveau. En bas de la rue où trône la statue d’un pèlerin, je rattrape un groupe dans lequel se sont associé adultes et adolescents. Ils parlent forts et sont passablement empressés. Je reste à bonne distance, de toute façon l’éclairage urbain me guide admirablement dans cette aube qui tarde encore à s’ouvrir aux lueurs matinales. Un homme devant fait un écart sur le trottoir et vient de s'étaler de tout son long. Les autres lui portent assistance. Il dit rapidement que ce n’est pas grave, mais je vois quand même une éraflure sur son mollet qui saigne abondamment. Il dit alors qu’il a glissé sur une boite métallique laissé à l’abandon, sans doute par un individu peu scrupuleux. Ils repartent d’un bon pas et l’incident semble être oublié. Sauf sans doute par l’intéressé qui commence mal sa journée. En bas de la ville, en face de la dernière auberge, nous quittons la grand-route pour un petit chemin de traverse puis nous rentrons bien vite dans la campagne. A Casanova, il fait à présent clair. En traversant un petit pont de pierres, je pénètre dans un petit village niché le long de la petite rivière. Il est peu large et doit être surtout emprunté par des promeneurs car le revêtement est nettement en mauvais état.
Vers 9h30, je suis déjà à Melide. C’est une petite bourgade située à pile cinquante kilomètre sur le Camino de Santiago. En quittant la ville, je me retrouve dans la forêt d’eucalyptus. Il fait nuageux et la température est acceptable. J’arrive à Arzua vers midi trente. Je passe devant une agence du tourisme. Une personne bien aimable me renseigne en français et ne me donne pas mal d’informations utiles pour la suite de mon parcours. Je trouve rapidement l’auberge municipale. Les inscriptions ont déjà commencé mais il reste encore une file d’attente. J’aurai cependant une place, mais vers 14h30 l’albergue est completo. L’après-midi est ensoleillée et j’en profite pour visiter la ville. Ce n’est pas très intéressant, il y a très peu de curiosités touristiques. Au soir je vais manger à un petit bar, le Mandala Café où je rencontre Philippe qui converse avec un Anversois. Lui aussi déambule sur les chemins depuis pas mal de temps. La soirée se passe ainsi, puis je rentre à l’auberge. Il n’est pas vraiment tard et je lis un peu mais très vite ma liseuse électronique clisse sur le côté et je m’endors.
le 25/07/2015
Arzúa - O Pedrouzo 19 km -320m - 3h30 - 5,3 km/h ( 7h09 - 11h27) Arzua-APedrouzo.GPX
Nous sommes le samedi 25 juillet aujourd’hui, jour fériés en Galice car c’est le jour de l'apôtre Saint-Jacques.
Donc, c’est comme si c’était dimanche, et j’en profite pour partir un peu plus tard. Départ un peu après 7h00, il fait beau dès le matin. Après avoir rapidement quitté la ville, je me retrouve en dehors des grand-routes. J’assiste au lever du soleil, nous sommes toujours aussi nombreux, mais certains promeneurs rencontrent déjà quelques difficultés. Ce qui est le plus frappant et assez cocasse, certains jeunes garçon qui en plus de porter leur sac à dos, portent en ventral celui de leur copine. Certains ont déjà dut abandonnés. Moi, après plus de 1500 km, je suis vraiment rodé. Je dépasse de plus en plus les groupes. Comme l’étape est toute petite, je peux aller bon train. A un moment donné, nous passons sur un superbe pont réservé pour l’instant aux marcheurs. Au-dessous se construit une autoroute. Vers 9h00, je vais prendre une collation. C’est un bar où certains excès doivent être coutume, vu la quantité de bouteilles vide de cervezas, spéciale peregrina, qui sont exposées sur les murs qui entourent l’établissement. Puis ce sera une succession de petits sous-bois et de la campagne balisés par des bornes qui affiche un numéro de plus en plus faible, signe que l’on se rapproche irrémédiablement du but. Le long de la grand-route on passe devant le refuge de Santa Irene. Ce n’est pas la peine de s’arrêter à cet endroit, il n’est qu’onze heures et il ne reste que quatre kilomètres. Lorsque je rentre dans O Pedrouzo, je peux voir un édifice moderne inachevé et sans doute pour longtemps. La pension se trouve cent mètres plus loin.
Je descends l’escalier qui donne accès à l’auberge. Elle est très grande et peut hébergée 120 personnes. Je retrouve les deux jeunes Liégeois, ils sont en pleine forme. Nous avons encore plus d’une heure à attendre que les portes s’ouvrent, alors on discute. Les sacs sont déposés par ordre d’arrivée et la file s’allonge irrémédiablement jusqu’au sommet de l’escalier. Vu la foule, il y règne à présent un brouhaha général. Nous prendrons place progressivement, mais l’enregistrement des pèlerins présent à l’ouverture prendra beaucoup plus qu’une heure. Par chance à proximité directe de la pension, il y a un petit supermercado. J’en profite pour reprendre tous les produits que je convoite.
L’après-midi, j’en profite pour visiter l’endroit qui assez triste à vrai dire. C’est une ville d’étape sans grand esprit culturel. Le soir, je vais dans un restaurant et j’en profite pour avoir des nouvelles de mon épouse sur Skype. Elle m’apprend que Joël a un accident en voiture. En se rendant à son travail, il a percuté un gibier. Heureusement, il n’y a que des dégâts matériels. Sauf pour la biche qui n’a pas survécu. Le véhicule est cependant hors d’usage pour un temps indéterminé. Patricia me demande ce qu’il a de mieux à faire, mais comme je suis vraiment très éloigné, il m’est difficile d’émettre un jugement. Par comble, mon garagiste habituel en qui j’ai grande confiance est en vacances. Bon, je suis de retour dans quelques jours et en attendant, ils font pour un mieux. La soirée, je discute un peu avec le jeune Liégeois. Ils prévoient de continuer au-delà de Compostelle. C’est la dernière fois que je les vois, ils seront partis avant moi le lendemain.
les 26 et 27 /07/2015
O Pedrouzo - Santiago 18 km - 337m - 3h11 - 5,5 km/h (7h26 - 11h04) último paso OPedrouzo-Santiago.GPX
Je ne suis pas trop pressé aujourd’hui, j’ai un peu peur de me retrouver dans un bain de foule, c’est dimanche et le lendemain du férié de la Saint Jacques. Je décide de loger à l’auberge publique de Monte Do Gozo avec ses 400 places disponibles, il ne devrait pas avoir de problèmes de logement je pense.
Son nom vient de la réjouissance éprouvée par les pèlerins qui, voyaient enfin les tours de la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle. Maintenant, c’est à cinq km de Compostelle. C’est un peu loin pour visiter la ville aujourd’hui.
En attendant, il me faut partir. Je suis la piste balisée c’est un peu vallonné mais sans plus. Après quelques kilomètres d’un bon rythme, j’évolue sur les sentiers et me reproche réellement de l’aéroport de Santiago. Il me faut le contourner par le nord puis je reprends le chemin qui me conduit vers la ville. A Vilamajor, je remarque le bâtiment réservé à la Televisión de Galicia TVG. Je ne m’en rends pas compte, mais je marche très vite. Par voie de conséquences, il n’est que 10 h00 et j’ai déjà atteint mon objectif. Je soliloque quelques instants devant le Monumento de Monte de Cozo situé à quelques mètres. Cela me parait injustifié d’arrêter si tôt. Donc, tant pis je poursuis jusque Compostelle. Je verrai bien si je trouve à me loger ou pas. La route descend très fort puis je passe sur plusieurs ouvrages d’art qui me révèlent que je suis dans la banlieue de la ville. De grandes artères routières longe le chemin balisé. Après avoir parcouru deux kilomètres, à ma gauche légèrement en contre bas une aire de délassement longe le Camino Frances. Puis, je remarque à droite dans la rangée de bâtiments le Santo Santiago, avec les lettres « S » en rouge vif. C’est une Albergue turistico. C’est sans doute ce qui a attiré mon attention. Puis chose incongrue un sac à dos pend à côté de la porte d’entrée. Pour 12€ la nuit, l’hôtel s’avérera très correct. A la réception ils parlent très français. Je prends donc place puis n’emportant qu’un très petit baluchon, je me rends immédiatement dans la vieille ville à la recherche de l’endroit où l’on pourra me valider mon pèlerinage. Obtenir la Compostela était pour moi le but ultime de mon voyage.
Lorsque j’arrive devant la cathédrale, il y a un monde incroyable. Je ne sais pas vraiment où me rendre pour obtenir mon certificat, lorsque par hasard je vois Philipe et l’Anversois qui viennent d’obtenir leur accréditation. Cet ainsi qu’ils me montrent le chemin pour y parvenir.
On rentre dans une cour, et on attend son tour.
Quand un pèlerin a été entendu, une cloche sonne, et le suivant est appelé. Un garde à l’entrée se charge de la discipline. Chacun ne peut rentrer que sous son ordre. Mon tour vient, je demande si on peut m’adresser la parole en français. Pas de problèmes. L’homme est très aimable et contrôle la validité de mes crédenciales. Il me pose quelques questions sur les motivations de mon chemin. Satisfait, il me délivre une Compostela en exprimant mon prénom en latin. Voilà, c’est tout.
Vous allez me dire :
« Tout ce voyage, rien que pour cela ? »
Je peux vous répondre :
« Oui, bien sûr ! C’est peu de chose. Je viens de passer trois mois sur les routes. J’ai remarqué partout où je suis passé un élan incroyable de solidarité et de rare abnégation. Après quelques jours, j’étais dans le chemin, complétement décalé de la vie réelle. Je suis parti comme pèlerin, on pourrait croire qu’un pèlerinage est une chose essentiellement religieuse. Pour ma part, je dois vous détromper. C’est plutôt une recherche de soi qui au départ était encore floue et indéfinissable. J’ai été élevé dans une pratique catholique, mais je ne crois pas que c’est ce qui m’a franchement soutenu dans ma démarche. Même si à chaque fois que j’ai visité une église, j’ai rendu hommage à ma mère qui avait quitté notre monde alors que j’étais sur le chemin. Je sais que certaines personnes se sont senties transportée par leur foi, libre a eu de le croire et c’est très bien ainsi. J’en garde malgré tout une valeur symbolique. J’estime que c’est une épreuve qui m’a marqué. Je n’en sort pas indemne. L’expérience qui en découle est particulièrement bénéfique et je m’en souviendrai jusqu'à mon dernier souffle.
Pour rester dans le coté mystique. Comme il s’agissait de mon premier chemin, j’ai voulu partir en solitaire. Pour moi, il était impératif que je parte seul ou avec une personne avec laquelle j’ai attaché ma vie, c'est-à-dire mon épouse.
Lorsque vous avez fini de vous remettre en question, les contacts vous en trouverez tout au long du chemin. Jamais, à aucun moment, je ne me suis senti seul.
Maintenant passons aux questions pratiques, je tiens à mettre en garde tout un chacun. Afin de bien vivre votre voyage, il est préférable d’avoir une solide condition physique ou tout au moins connaitre ses limites pour ne pas les dépasser. Je suis parti avec un minimum de préparation. Six mois avant mon départ j’ai commencé un entrainement draconien mais raisonnable, de manière à ne pas être fatigué avant de partir. J’avais quand même 1000 km à pied pour mon actif. Je ne crois pas que ce soit vraiment nécessaire. Ça aide, c’est tout. Par contre, je ne me suis jamais entrainer avec un sac à dos. Il faudra le porter de toute façon. A la longue on s’y habitue.
Comment choisir votre itinéraire. Dès que j’ai établis mon point de départ et mon point d’arrivée, il me fallait connecter les deux. Pour moi le plus dur, ce fut de trouver les points de ralliements. Le ravitaillement ne pose aucun problème, mais le logement est parfois empirique. J’avais parcouru le Web avec une foule de renseignements (hélas pas toujours tenu à jour). J’avais avant de partir, peaufiné un horaire spécifique. Cela m’avait pris près de six mois à l’établir. Tous mes itinéraires étaient tracés avec mon ordinateur. Chaque route, piste et sentier repérés. C’est très bien et cela marchaient à merveille … puis j’ai perdu le GPS ! Il en découle une perte de temps inutile. Servez-vous de quelque chose qui existe. D’autre l’on fait avant vous. Par contre un livre est vraiment un principal atout. Vive le « Miam-Miam-Dodo ».
Ne pas oublier les divertissements. Prenez quelque chose de très personnel. C’est très restreint. Emporter juste un lecteur MP3. Ça ne pèse presque rien et c’est vraiment agréable de pouvoir de temps en temps se référé à quelque chose que l’on aime.
Quant à la lecture, favorisez l’outil électronique. Télécharger sur votre portable une bibliothèque de vos livres favoris.
Je voudrais attribuer une musique à mon périple, il s’agit de « Calantha – Amethystium ». Vous la trouverez facilement sur You Tube. Méditez et réfléchissez et n’hésitez pas à communiquez vos impressions.
Voilà si vous êtes intéressé à accomplir votre premier voyage, bon camino.
Maintenant que dire encore ? Et bien, il reste encore quelques jours avant de me retrouver en Belgique.
Donc le but c’était aussi d’aller voir la cathédrale. Les touristes étaient filtrés à l'entrée et cela provoquait une queue importante pour rentrer. Lorsqu'enfin je suis rentré, il y avait un office. Ensuite, je suis allé visiter la vieille ville. Après-midi, je suis retourné me reposer. J’avais remarqué un hôtel restaurant qui offrait un menu acceptable. Donc vers 19h00, je m’y rends. Je demande, toujours comme je peux, le menu proposé. Le serveur me fait comprendre que le menu n’est distribué que le midi. Quelque chose a dû m’échappé. Mais que cela ne tienne, par geste il me fait comprendre que je suis le bienvenu. Il m’entraine dans la cuisine et me fait observer si quelque chose me convient. Pour moi c’est très bien. Après m’être restauré, je décide de me rendre à nouveau en ville surtout pour repérer la gare ou je devrai prendre le train après-demain. Je mets en route mon GPS afin de contrôler si mon parcours est crédible. Lorsque je rentre, il est près de 21h00.
le 27/07/2015
Santiago de Compostela
Aujourd’hui, ce sera une journée réservée à la visite de la ville. Je vais tout d’abord faire quelques courses pour mon voyage des jours prochains. Ce sera long, il me faudra 32heures pour rejoindre la Belgique. J’ai remarqué un grand centre commercial et c’est génial je peux enfin trouver ce que j’ai envie. Comme c’est à deux pas, je remonte déposer mon colis. Il est près de onze heures lorsque je repars visiter la ville. Ce n’est pas très difficile à se diriger, je n’ai qu’à suivre le Camino Francés jusqu’au centre. J’ai parcouru à peine un kilomètre que j’aperçois des personnes qui me rappelle quelques choses. Il s’agit de Jean, Ginette, Marguerite. Ils cherchent un établissement où loger. Je leur propose l’endroit où je suis descendu. Comme ce n’est pas très loin, ils font demi-tour. Je les accompagne je demande à Jean s’il a pu retrouver son petit sac important. Il me répond que non. Pas de chance. Je les laisse s’installer, on se reverra ce soir. J’arrive au même endroit qu’hier, il y a du monde, mais pas comme hier. Il me faut tout de même envoyer quelques cartes. Je me décide pour dix. Il est passé midi, je trouve dans une petite auberge un menu intéressant. Je m’y rends donc. Savez-vous que manger à la terrasse coûte plus cher qu’à l’intérieur du restaurant ? Soit, on me place à une table.
J’en profite pour rédiger mes textes. J’aurai terminé mon repas au même moment que mes écritures.
Le bureau de poste est juste en face, je vais en mains propre déposé à l’agent. Il parle bien le français, et me désigne une boite postale où déposer mon courrier. Les lettres ont toutes été déposées au même endroit et à la même heure. Chose curieuse, il y en avait trois pour Lahage à quelques maisons proches. Elles sont bien toutes arrivées, mais l’une après l’autre avec quelque fois avec plusieurs jours de différence.
Ma visite en ville se prolonge assez tardivement d’autant plus, qu’à un moment je me perds dans la ville. Le soir, je retrouve mes trois compagnons, ils repartent vers Lyon demain en bus. Leur chemin se termine aussi cette année à Saint Jacques.
le 28 et 29 /07/2015
C’est un long voyage en train que me fait parcourir tout le nord de l’Espagne puis retraverser toute la France. Tout s’est bien passé. Comme précédemment, nous avons changé de sens de marche plusieurs fois. Nous avons traversé les montagnes puis la plaine. Nous sommes arrivés à Hendaye à 21h10, heure prévue.
Il me reste à attendre jusque 6h45 le TGV pour Paris. Je suis dans la gare, j’entends l’annonce faites en Français, est ce que cela me trouble? Toujours est-il, que je ne perçois pas correctement la voie où le train partira. Je me trouve à la voie 1 mais le train doit partir voie A. Ce n’est que quelques minutes avant le départ en n’apercevant pas la rame, que je m’inquiète. Je me rends compte à posteriori que la voie "A" se trouve à l’autre bout de la gare : sur un quai en impasse. J’y cours rapidement, j'ai à peine le temps de m'installer que le train démarre. Il s'en est falut de peu que je le rate. Alors que, je suis sur place depuis plusieurs heures.
J’arriverai à Paris Montparnasse à 12h35. Course dans Paris, il ne faut pas traîner. Je remonte tout le quai puis embarque dans le métro pour rattraper le TGV qui part de Paris Est à 13h45 vers Luxembourg. Changement à Luxembourg pour Marbehan où ma femme est contente de me voir. Il est 16h00. Retour à la vie réelle, il est temps de retomber les pieds sur terre même si ma fois ils ne les ont jamais vraiment quittés