Mise en garde. Le texte qui accompagne les illustrations est peut-être sujet à critiques.
Il s'agit d'un récit autobiographique et le lecteur ne doit pas s'offusquer de l'orthographe, la grammaire et la syntaxe qui n'est pas toujours très correcte.
L'auteur s'excuse sincèrement auprès de celui qui aurait des reproches à lui attribuer.
22 juin 2016
Lahage - Orthez ( TGV Metz - Paris Est - Metro - Paris Montparnasse - Orthez )
Je repars cette année sur les chemins. J’ai reçu mon diplôme l’année passée en ayant parcouru les 100 derniers kilomètres du chemin de Compostelle. Je n’ai pas vraiment la même ambition, je vais tâcher d’accomplir le morceau de territoire non parcouru en Espagne pour boucler la boucle. Je reprends mes pérégrinations ce mercredi. J’ai mon ticket de chemin de fer pour Orthez. C’est un choix murement réfléchi. Je n’avais que deux propositions qui se présentaient. Orthez ou Pampelune, En partant de France, j’aimerais m‘intégrer à un pèlerin avant la frontière. J’ai quelques craintes envers mon langage en espagnol. Je n’ai pas vraiment acquis toute les subtilités nécessaires. Mon année au cours d’espagnol a été assez enrichissante, mais est-ce suffisant ?
D’autre part, la fin du Béarn et l’entrée en pays Basque est un endroit que j’affectionne, l’ayant déjà parcouru l’année passée. Je commence par cinq étapes en France (Orthez, Sauveterre de Béarn, Saint-Palais, Ostabat et St Jean-Pied-de-Port soit 75 km qui en feront presque 80 km suite à quelques égarements). Ensuite, je prévois de réaliser la traversée de l’Espagne en suivant le Camino Francés.
Passages obligés Roncevallès – Pampelune - Logroño– Burgos – León – Santiago puis si tout va bien reprendre le chemin de Fisterra.
J’ai prévu 39 jours pour parcourir les quelques 875 km. Bien que je parte à pied, j’ai favorisé mon entrainement à une pratique régulière du vélo. Depuis le début de cette année, j’ai plus de 5700 km . Bien entendu, je n’ai pas laissé de côté la marche. J’ai déjà près de 700km parcouru à pied. J’espère ne rencontrer aucuns problèmes avec la SNCF suite aux grèves des semaines précédentes. De plus , j’ai un changement à Paris.
Pat me conduit à la gare de Marbehan. Mon sac à dos est trop lourd mais faudra s’y accommoder. Et c’est là que je m’aperçois d’un premier oubli, le seul en l’occurrence. J’ai oublié d’emporter mon bâton de marche. Je devrai m’en confectionner un nouveau sur le chemin. Le ciel est gris, mais il ne pleut pas. Mon épouse m’accompagne sur le quai de la gare. Il y a peu de monde, les vacances scolaires sont toute proche ainsi il n’y a que quelques personnes qui se rendent à leur travail. Le parcours de ce train est limité à Arlon. Premier changement donc. Cela n’a que peu d’importance, j’ai tout mon temps. À partir de cet instant, je vais devoir concevoir une autre façon de vivre, oublier la vitesse, arrêter de mener une existence trépidante comme la plupart de nos concitoyens. Une autre rame m’attend sur le quai opposé. Je m’empresse de monter, il n’a pas de place pour la nonchalance. Ce sera pour plus tard, quand je marcherai. Très vite, je suis à Luxembourg. Pour certaines raisons de service, ma réservation TGV ne prenant court qu’à Metz, il faut me rendre au guichet demander un billet de passage frontière Bettembourg vers Metz Ville. Ce n’est qu’une maigre formalité de quelques euros. De toute façon, le RER n’est que dans une demi-heure. J’arriverai à Metz bien avant l’arrivée du TGV qui est parfaitement à l’heure. Le trajet jusque Paris est très rapide, le long serpent métallique glisse sur les rails à plus de 300 km/h. Ainsi, nous entrons en gare de l’Est sans retard quand brusquement, à quelques centaines de mètres des quais, un incidents techniques nous bloque pendant plus d’un quart d’heure. Oups, il me faut rejoindre en métro la gare Montparnasse. C’est à l’autre bout de Paris. Et il ne me reste que 45 min pour attraper ma correspondance. C’est donc encore la course, on rêvera demain. A travers les dédales de couloirs dans les tunnels, dans les escaliers, ainsi qu'un long parcours sur un chemin mécanique. A nouveau, il me faut franchir les différents étages de la gare. Consulter un tableau d’affichage. Celui-ci vous renvoi à l’extrémité d’où vous vous trouvez. Ouf, je suis encore à temps. Tout juste toutefois, je monte dans le train. Je recherche mon emplacement réservé et … le train démarre.
Il est 14h25 et j’en ai pour cinq heures … enfin un peu plus car d’après les annonces certains circuits sont perturbés par la canicule qui sévis particulièrement aujourd’hui sur la région du sud. Ce sera avec près d’une heure de retard que je débarque en gare d’Orthez.
Je n’ai plus qu’à me rendre à l’endroit où je loge, d’autres pèlerins doivent déjà s’y trouver. S’il n’en a pas je devrai me rendre à quelques pas à un lieu de rendez-vous établit afin d’obtenir la clef de l’établissement. Le porche est ouvert, preuve que quelqu’un occupe déjà le logis. Je suis très en retard, les pèlerins arrivent en général avant 20 heures. Après 22 heures, il est impossible de rentré … et vous passer la nuit à la belle étoile.
Je monte l’escalier en colimaçon qui caractérise l’hôtel de la Lune. C’est aujourd’hui une halte jacquaire pour les pèlerins de Saint Jacques de Compostelle. Je pousse la porte où se trouve la coquille et pénètre dans la pièce principale. Une activité fébrile démontre que plusieurs personnes occupent les lieux. Pour le prix modique de 8 euros vous y trouver un lit. Il y a deux chambres distinctes avec accès mitoyen pour la salle d’eau. Une autre pièce fait office de lieu de séjour. Elle est très bien aménagée et comprend tout le confort moderne. Aucune réservation n'est possible et il n’y a de la place que pour six personnes. Le premier arrivé est le premier servi. Heureusement, il n’y a que quatre personnes avant moi. Je choisis une des deux chambres pour établir mon couchage. Un couple occupe l’autre chambre, autant leur laisser leur intimité. Après une douche très salutaire, je prépare mon sac. Il est important de réaliser ses préparatifs la veille, afin de ne pas déranger les compagnons de chambrée. Nous faisons rapidement connaissance, mais comme il est déjà tard chacun préfère rejoindre son lit. Beaucoup ont marché toute la journée et le départ s’effectue à l’aurore. Dès qu’il fait jour, chacun reprend son ballot et avance sur son itinéraire. Au hasard de la marche, vous vous rencontrerez à nouveau. Bien que la plupart du temps, jamais plus votre chemin ne recroisera le leur.
23 juin 2016
Orthez - Osserain (32 km - 4.8 km/h - 6h09 * 16h08 )
J’ai bien dormi, même s’il me faut m’habituer à nouveau aux ronflements de certains compagnons de chambre. Je l’admets, cette acclimatation prendra surement un certain temps. Je sors de la chambre à 5h45 et prend rapidement une collation. Je n’aime pas partir le ventre vide, quel que soit l’heure.
Je franchis le porche une demi-heure plus tard, je suis le premier à abandonner ce lieu qui me rétrocède encore une fois l’hospitalité. Comme l’année passée, je reprends le même chemin. Rapidement, je retrouve mes repères. La pharmacie avec l’insigne qui affiche encore 20° à cette heure matinale. Je traverse le chemin de fer en passant sur le Pont Vieux. Je quitte la ville dès que j’ai passé devant le petit parc avec la statue de Gaston Planté qui fut l’inventeur de l’accumulateur électrique effigie placée juste devant l’église de Saint-Barthélemy. Le trajet me propose un trottoir montant jusqu'à la rencontre avec l’autoroute.
Dès cet instant, j’ai pratiquement quitté la ville. Très rapidement, je rentre dans une petite forêt. C’est très à propos, il me faut m’approprier de quoi confectionner un solide bâton de marche. Dans une fourrée assez dense, je remarque une branche de noisetier d’une belle allure et raisonnablement rectiligne. Incontestablement, cet arbuste fera l’affaire. Après cette courte pause, je reprends mon chemin. Je traverse Sainte Suzanne encore endormie. A l’hôpital d’Orion, je m’accorde un petit entracte. J’en profite ainsi pour appliquer sur ma crédentiel le cachet du lieu. Mon sac semble encore assez lourd, mais déjà à cet instant, je crois que je suis déjà profondément impliqué par mon objectif. C’est sans doute un de ces nombreux instants qui nous font perdre la réalité.
Et retombant les pieds sur terre, je m’aperçois que cela fait déjà un bout de temps que je n’ai aperçu de balisage. Bien entendu, j’ai oublié de tourné vers la droite au-dessus de la colline.
Maintenant que la cote est descendue, j’ai quelques scrupules à faire demi-tour pour rattraper la direction fléchée et devoir remonter la côte en sens inverse. Il eût été préférable, car la suite m’apprendra que va me falloir faire un très long détour de plus de quatre kilomètres en suivant la route principale.
Mon seul réconfort, c’est que me situant plus haut, je pourrai avoir une vue admirable sur la chaine des Pyrénées encore assurément enneigée. A la mi-journée, j’émerge enfin sur le village d’Adrien. Le petit cimetière abritant l’église m’offre un peu d’ombre et me permet de me réapprovisionner en eau. Je fais relâche. Soulager mon dos me fera le plus grand bien. Puis, il me faut bien me sustenter. J’en profite pour aérer mes pieds et surprise, après 23 km je constate ma première ampoule. Avec cette chaleur, c’est important de se soigner immédiatement. Je suis catégorique, je perce dès que possible. J’expulse le liquide et procède à une désinfection obligatoire. Dès cet instant la plaie sèchera et le problème sera résolu. Jusqu'à la prochaine fois bien entendu, on ne va pas s’en tirer à si bon compte. Les ampoules, c’est l’affaire d’une semaine de marche ensuite le pied s’habitue et se renforce.
Ce trajet m’a pris plus de temps que prévu. C’est après tout, normal, mon trajet est tout de même plus long. Je repars donc sous la canicule. L’arrivée sur Sauveterre de Béarn est particulièrement rebutante car très peu d’arbres bordent le chemin qui j’emprunte. Mais la cité qui s’offre sous mes yeux est toujours aussi extraordinaire. Comme on arrive en bas de la ville le plus pénible est encore de remonter au-dessus des remparts. Je prends donc le petit chemin routier qui débouche sur le côté et très vite je me rends dans l’église. C’est le seul endroit où je peux enfin profiter d’une température plus clémente. Je passe ensuite à l’office du tourisme pour obtenir le sceau de la ville puis vais déguster une boisson salutaire au bar du coin. Il y a du monde et les gens sont très aimables. Rapidement, une conversation s’engage. Puis je dis qu’il est bientôt temps que je continue ma route, car je dois me rendre au village voisin et j’ai encore une heure de marche pour y arriver. Quand je leur dis que je vais loger à Osserain, un homme me dit ainsi :
« Ah oui, c’est donc vous qui aller coucher chez Pascal. Je l’ai vu hier, il m’a dit qu’il avait un pensionnaire aujourd’hui.»
On est toujours très bien accueillis chez Monsieur Souroste et je peux vous dire qu’il fait une cuisine admirable.
De toute la journée, je n’ai rencontré aucun pèlerin. L’avenir nous apportera vraisemblablement quelques changements.
24 juin 2016
Osserain - Saint Palais ( 12 km - 4.9 km/h - 8h02 * 11h22 )
Après un solide petit déjeuner, je pars de la Villa Mon Rêve. La cloche du village sonne les huit heures. Quelques instants plus-tard, je passe devant l’église et rejoint très vite un long chemin campagnard. Se succèdent la forêt et les champs cultivés. Tout est bien balisé. Avec un peu d’attention, on ne peut pas se perdre. Je remarque les rampes d’arrosage automatique qui sont inactives. Il faut dire que jusqu'à présent la pluie s’est abattue régulièrement sur la région. Cependant, aujourd’hui il fait sec. Bon, il y a bien une légère couverture nuageuse mais rien de bien inquiétant. J’ai une bonne allure de marche et très rapidement vraiment sans m’en rendre compte j’arrive dans la banlieue de Saint Palais. Vers 11h30, j’ai abattu mes douze kilomètres de marche.
A l’office du tourisme, j’aperçois un autre belge que j’avais rencontré à Orthez. Il me devancé de peu. Nous débattons du chemin à prendre. Il veut expérimenter une autre piste par les GR 655/654 et 65. Il est encore tôt donc il compte continuer plus loin. Je respecte son choix, mais je n’ai aucune envie de l’accompagner. Il a réservé une place à la maison Franciscaine. Ainsi, Antoine me demande de l’annulé puisque je m’y rends.
Je laisse mon barda dans le local, je le reprendrai à 14h00. De toute façon l’accueil des pèlerins n’ouvre ses portes qu’à partir de ce moment-là. Je déambule ainsi dans la ville que je connais déjà pour l’avoir parcourue l’année passée. Une jeune femme asiatique porte un sac à dos recouvert d’une house orange. Elle demande à un groupe de passants où pourrais se trouver l’ancien couvent qui sert de refuge pèlerin à Saint Palais. Je prends les devants et je lui explique l’endroit, mais elle ne parle que l’anglais. J’espère qu’elle a bien compris mes propos. Toutefois, je pense que cela a été probant, car je la retrouverai plus tard au refuge.
C’est deux jeunes femmes qui sont en ce moment hospitalière du havre de paix. Je prends une chambre quasi personnelle, puisqu’elle ne contient que deux lits. Comme il n’y a bien peu de monde en ce moment, je resterai seul cette nuit.
Au refuge « les Franciscains » l’agencement des bâtiments a bien changé. Au rez-de-chaussée, on a aménagé un musée qui se nomme « L’Espace Chemins-Bideak ». Il présente un théâtre de verdure, un cromlech, une grotte, un verger, une fontaine. Un spectacle audiovisuel transmet en permanence un petit film « Sur les chemins de Compostelle, Santiagoko bidean ». Une exposition de peintures ainsi qu’une fresque géante sont à découvrir dans une salle de l’édifice. Quelques sculptures de Christian Lapie trône au centre d’une grande cour.
Vers 17h00 les nuages laissent fuirent quelque peu d’humidité, je rejoints donc ma chambre. A 18h00, débarque trois vélos sous une pluie battante.
25 juin 2016
Saint Palais - Ostabat ( 13 km - 4.2 km/h - 07h46 * 12h34 )
Etant seul dans la chambre, il est certain que la nuit fut bonne. J’ai juste été dérangé par la bataille rangée d’une ribambelle de chats vers deux heures du matin. Vers 6h00, ça commence à bien remuer dans les couloirs. Nos trois pèlerins à vélo sont déjà prêts à partir. Il faut dire qu’ils ont encore un bon bout de chemin à parcourir et comme ils viennent de Pologne, ils ont déjà pas mal de kilomètres à leur actif. Un seul parle français, il est prêtre.
Mon petit déjeuner est rapidement avalé, aussi je vais quitter les deux hospitalières. Je vais les laisser à leurs tâches quotidiennes. Je dois remarquer qu’il faut faire preuve de beaucoup de respects pour ces bénévoles qui se consacrent à accueillir les gens de passage. Ce n’est pas toujours facile de mobiliser des personnes compétentes et altruistes. Il est même parfois difficile de faire la part des choses. Parfois, des demandes assez saugrenues ce sont présentées.
On m’a raconté, qu’une jeune fille voulait bien jouer le rôle de bénévole en leur sein si pour autant elle était logée et nourrie. Le rôle ne se conçoit pas ainsi. En réalité, l’hospitalier a dû normalement parcourir au moins une fois le chemin dans toute sa longueur. La jeune fille en question avait une crédentiel présentant quelques cachets fort peu représentatifs et ne pouvait en aucun cas représenter le profil souhaité.
Je reprends mon bâton de marche, et d’une manière alerte, j’affronte la colline qui se présente à mes pas. C’est dans une campagne triste que je me déplace, le temps est maussade et d’épais nuages flottent dans un ciel plombé. Au sommet d’une butte, trône une église isolée. A cet endroit, je fais une rencontre intéressante, un jeune homme de trente-deux ans. Il est parti de Savoie. Cela fait déjà plus d’un mois qu’il marche. Le temps ne lui a pas été très favorable jusqu'à présent, mais toutefois il continue. Et il marche en scandale, ça lui évite de remettre en état ses grosses chaussures après chaque jour pluvieux. En parlant, nous nous sommes légèrement égarés. Rapidement nous faisons le point et reprenons le chemin prescrit. Néanmoins, il marche trop vite pour moi, de ce fait je le laisse partir. Nous nous retrouverons à l’épicerie-bar de Ostabat Asne. C’est ma prochaine étape.
Il est 14h00, lorsque je me présente au Gite Aire-ona chez Françoise Irigoin. Je connais, je m’y suis arrêter l’année passée. Rapide contact, la chambre est désignée. Puis une conversation s’engage. La personne responsable, me conseille de réserver un gite sur Saint Jean Pied de Port pour le lendemain. Il y a semble-t-il, pas mal de monde en ce moment. Après contact positif, je peux donc prétendre occuper une place à l’accueil paroissial Kaserna. Il parait que c’est très bien.
A dix-neuf heures, nous nous retrouvons à quatre personnes autour de la table. Le menu est simple mais copieux. Etant l’homme le plus famélique de la bande, on me demande de finir chaque plat. La soirée s’égrène dans des discussions qui vont bon train. Le sujet principal qui est débattu, est bien entendu, les expériences rencontrées par chacun. C’est vraiment avec ces moments savoureux que l’on décompresse de la journée.
26 juin 2016
Ostabat - Saint Jean Pied de Port ( 22 km - 5.1 km/h - 05h49 * 11h48 )
Aujourd’hui, c’est dimanche. C’est aussi le premier jour où je dois faire attention de trouver un lieu d’approvisionnement avant midi. Peu de commerce d’alimentation sont ouvert les jours fériés. De plus, je dois faire particulièrement attention à l’endroit où je vais me rendre. Dans ce cas particulier, je peux me trouver dans une entité dépourvue de tout.
Notre petit déjeuner est sur la table. Pour la raison évoquée précédemment, je serai le premier à quitter des lieux. Je pars qu’il est 5h50, c’est la limite nuit/jour. L’étape n’est pas trop longue probablement guère plus d’une vingtaine de kilomètres. Après mes courses, j’aurais pu à la rigueur prolonger huit kilomètres plus loin vers le refuge d’Orisson située dans la montée des Pyrénées, cela m’aurait soulagé pour le lendemain. C’est trop tard à présent, j’ai réservé à St. Jean Pied de Port.
Je laisse le village dans sa torpeur. Un maigre soleil tente d’émerger de la colline qui emprisonne les quelques maisons typiques de la région. J’apprécie ce moment fort dans l’aube naissante. Je me déplace sur une sente rustique. A ma droite, s’ouvre un plateau où broutent des ruminants avec pour toile de fond toutes ces collines particulières. Le chemin parcouru par des milliers de pèlerins a été observé maintes fois par ces arbres au tronc crochu bordant le sentier. Combien d’histoires pourraient-ils nous raconter de ces passages fréquents et périodiques.
Il est 10h30 lorsque je rentre dans St Jean le Vieux. Une petite pause est bien nécessaire. Là, je vais suivre la grand-route qui me conduit à la banlieue de la prochaine cité. Les grandes surfaces sont souvent situées en bordure de ville. Cependant, la première est totalement déserte et cela ne m’arrange pas dans mes recherches. Quelques centaines de mètres plus loin, une enseigne bien connue m’accueille en son sein et je peux tout à loisir choisir les denrées qui m’intéressent. Je ne peux toutefois emporter une trop grande quantité car c’est du poids que je vais devoir porter. L’ennemi du pèlerin est le sac à dos, il contient ses seules ressources, mais ne peut contenir qu’un minimum de choses lui permettant de survivre. Il est important qu’il ne soit pas trop lourd, cela peut lui porter préjudice avec pour conséquence une marche ralentie et parfois incertaine.
J’ai à nouveau rencontré mon Savoyard de l’autre jour et fait la connaissance d’un jeune Suisse qui est débuter son voyage de sa maison. Il a décidé d’être héberger à Kaserna également, nous nous y rendons ensemble. Il est à peine midi et j’ai des doutes que l’on nous y accepte de si bonne heure. Mais la personne a l’accueil n’est pas revêche, comme nous avons réservés, elle permet que l’on y laisse notre sac. Nous pourrons revenir pour l’inscription après 14h00. En attendant, on fait un tour en ville.
Le souper est servi sur place. Dès 19h30 chacun se met autour de la table et se présente. C’est ainsi qu’on découvre l’ensemble des nationalités. Il y a bien entendu des Français, Suisse, Belge, Polonais, Autrichien, Américain, Danois, Coréen, j'en oublie sans doute.Toutefois, la planète est vraiment bien représentée. Ensuite à travers les plats qui défilent, chacun converse avec ses voisins. C’est très convivial, puis vous êtes invité à faire la vaisselle après le repas. C’est somme toute assez normal. Il est près de 22h00 lorsqu’on se couche. Il est plus que temps, demain serra une rude journée.
Animation premier volet : Metz - Orthez - St Jean Pied de Port
Saint Jean Pied de Port - Ronsvalles ( 21 km - 4.6 km/h - 07h04 * 12h23 )
Dès 6 heures, on peut prendre le petit déjeuner sur place. Je ne suis pas le dernier à partir. L’autrichienne est partie sans prendre de collation, elle a un régime bien à elle et déjà hier, il avait été préparé spécialement à son égard, un menu végétarien. C’était une femme très calme pas particulièrement communicative. C’était peut-être dut à la barrière du langage. Hier, je l’avais vu faire des exercices d’assouplissement au pied de son lit et s’était digne d’un bon contorsionniste. Elle était très en phase avec son corps. Restant relativement fluette, cela servait sans doute lui procurer l’énergie nécessaire à poursuivre son chemin.
Il est 7h00 lorsque je quitte cet endroit si avenant. Je salue les nouveaux hospitaliers qui viennent de prendre leur service. Mais auparavant, je dois retrouver ma casquette. Depuis la veille celle-ci est introuvable. Mon épouse très prévenante m’avait cousu une bannette relativement longue à l’arrière, afin de me protéger le cou des rayons de soleil. Cela ne ressemblait en rien avec un chapeau que l’on achète dans le commerce, et cela rendait mon couvre-chef assez particulier et facilement repérable. Après prospection et différentes demandes, je dois me rendre à l’évidence, j’ai dus l’oublier ailleurs qu’ici. Je pense l’avoir égarée lors de ma visite à la maison d’accueil de St Jean en haut de la ville. Dans ce cas, je ne pourrai la récupérer avant 9h00. C’est trop tard pour moi. Aussi, je décide de partir ainsi, j’en rachèterai une à Pampelune, la prochaine grande ville que je visiterai.
Je me mets donc en marche non sans me procurer un pain pour midi. La boulangerie située juste en face vient d’ouvrir. J’aborde ainsi la montée dans les Pyrénées. Le soleil levant illumine les nues par son éclat, cette clarté est d’autant plus pénétrante que le ciel est déchiré par un ensemble omniscient de nuages crayeux. Aux loin, où que l’on regarde les collines verdoyantes s’allongent à l’infini. La route est raide, de nombreux pèlerins sont sur le chemin. Certains marchent d’un bon pas. D’autres sont déjà en retrait. Je dépasse l’autrichienne, je lui fais un petit signe. La pauvre transporte son sac à dos ainsi qu’un petit sac ventral. Cela lui fait une lourde charge avec laquelle elle doit s’accommoder chaque jour. Pour cela elle s’aide de deux bâtons qu’elle a taillée elle-même au départ de son chemin. Le bas de ces hampes a subi les assauts de la route et sont déjà bien usés. C’est une étape exceptionnelle, celle qui nous mène à Roncevalles. Elle a une haute valeur sentimentale. De plus, nous changeons de pays aujourd’hui. Nous passons en Espagne pour le reste du parcours. Les nuages voyagent entre les tertres voilant par instant le paysage. Je dépasse un panneau qui m’indique que le refuge d’Orisson n’est plus qu’à deux kilomètres. C’est le dernier point où le pèlerin trouvera un refuge. Ensuite il faudra obligatoirement poursuivre l’ascension pendant plus de dix kilomètres puis passer de l’autre côté de la chaine de montagne et finalement redescendre sept à huit kilomètres sur un sentier escarpé. Beaucoup de personnes choisissent de faire étape à Orisson, ils gagnent ainsi huit kilomètres de montée pour le lendemain.
A cet endroit, deux filles de fort bonne humeur s’engagent sur le chemin. Elles ont passées la nuit à cet endroit. Elles ont une belle allure, et de fait elles commencent leur périple. Elles ont établi de cheminer sur la route qui mène à Compostelle, les huit prochains jours. Je plaisante quelque peu avec elles. Parfois, je les devance, puis a la faveur d’une courte pause, elles me dépassent. Par petit bonds successifs, nous évoluons dans la pente. A chaque passage, nous nous permettons quelques plaisanteries. Nous échangeons nos prénoms respectifs, nous serons sans doute appelés à nous revoir.
La descente dans la vallée espagnole est toutefois assez facile, Sylvie à laisser en arrière sa compagne et me rattrape. Nous effectuons la descente ensemble. Lorsque les toitures du monastère apparaissent au travers des branches, je lui signale que nous sommes quasi à destination. Elle est très étonnée. Cette première étape lui a semblée si courte. C’est de bon augure pour la suite.
Assi sur un banc à la lisière des édifices, nous attendons Béatrice qui ne tarde pas à apparaitre placide et alerte. Nous rentrons ensemble dans l’abbaye afin de nous enregistrer pour la nuit. Je laisse parler Sylvie, elle parle couramment l’Espagnol. Puis, je me risque quelques mots mais, je suis rapidement surpris, l’hospitalière parle très bien le français. Ainsi comme il n’y a pas foule à l’inscription, nous pouvons établir un certain dialogue. Les dortoirs sont mixtes, l’ordre d’arrivée est fondamental dans la places que l’on va occuper. Il s’agit de petites alcôves comprenant quatre lits avec une petite armoire personnelle. C’est très simple mais très propre. Les sanitaires sont distincts entre les hommes et les femmes. C ‘est assez équitable en fait.
Vers 19h00, je vais diner au restaurant en face. Lors de mon inscription, j’ai réservé. Muni de mon ticket, je me rends à la salle. Énormément de monde y est déjà installé, un capharnaüm de langages se diffuse dans cette salle, mais beaucoup parlent anglais. Je recherche une table où on parle français. Pas de chance elles sont toutes occupées. J’aurais aimé partager la table d’une connaissance faites dans l’après-midi. La fille accompagnée d’un homme était tous les deux belges. Mais il n’y avait que quatre places et ils était entourer par un garçon suisse ainsi qu’une femme de Québec. J’aurai l’occasion de les revoir plus tard. Je me place à une table au hasard. A ma droite, un américain de Boston, si je m’rappelle bien. Il parle anglais. A ma gauche, un homme à la belle stature, provient d’un pays de l’est, mais j’ai oublié la destination exacte. Il ne parle guère, un peu d’anglais. En face, j’ai une jeune fille, elle australienne. Du centre de l’Australie, il s’agit d’une région reculée, au centre du pays et c’est une ville minière. Elle vient d’avoir vingt ans, on dirait une gamine. Ses parents l’on laissée venir en Espagne avec pour promesse, de ne pas boire de vin. Elle parle très bien français et c’est elle qui joue le rôle de traducteur. L’un dans l’autre, une conversation parvient à s’établir.
On nous laisse le temps de manger, mais le repas ne traine pas. Un autre service est prévu pour bientôt. Je me glisse un court moment à la table à coté, afin de me renseigner sur le lieu de résidence des compagnons belges. Jean-Paul accompagne Stéphanie pour quelques jours, ensuite celui-ci repart vers la Belgique, boulot oblige. Quant à elle, elle poursuivra le chemin. C’est vraiment une surprise, elle est de Neufchâteau et son père est de Sainte-Marie-sur-Semois le village à cinq kilomètres de chez moi. Le monde est décidément bien petit.
28 juin 2016
Ronsvalles - Larasoaῆa ( 29 km - 5,5 km/h - 07h19 * 14h23 )
Je suis levé depuis pas mal de temps mais comme j’ai décidé hier de prendre le petit déjeuner sur place je dois attendre l’ouverture du bar qui ouvre ses portes à 7h00. Je suis le premier à faire la file. Heureusement, car le service n’est pas rapide. Chacun attend à son tour sa tasse de café ou autre pour se rendre dans la salle du restaurant. Ce repas est assez frugal et vite avalé. Ce qui fait que vingt minutes plus tard, je suis à nouveau partit. Prochaine étape, Larasoaῆa. Les deux filles m’ont devancées mais à l’occasion d’une pause je les rattrape et nous continuons ensemble.
La marche ressemble plus à une promenade, je connais déjà le chemin et ne rencontre aucunes surprises. Toutefois, la balade est superbe. Elle nous emmène par des petits chemins totalement balisés. Une brume se collent au bas des collines puis nous traversons quelques petits villages et le ciel devient d’un bleu limpide. Parfois le tracé nous engage dans des sous-bois, c’est donc très bien ombragé. Dans notre avancement, nous traversons un petit pont qui a une très belle allure. Il conduit à Zubiri. Nous nous arrêterons tous ensemble dans cette ville. Les filles ont envie de faire quelques courses et nous prenons également une bière au bar à proximité. Il est loin d’être midi il nous reste environ 7km à faire. Pendant un court instant nous longeons une zone plus industrialisée puis le chemin se prolonge dans les zones forestières.
A Larasoaῆa, nous prenons place à l’albergue privée San Nicolas. Nous sommes quatre, Alexis c’est joint à nous. Je retrouve ainsi, le jeune homme de Savoie rencontré quelques jours plus tôt. La journée n’est guère avancée, alors on préfère manger chaud à midi. Les filles ont trouvé un petit resto. Quant à moi, je fais la cuisine. J’ai acheté une boite de bœuf Bourguignon que je transporte depuis St Jean. Il me faut la consommer, d’une façon ou d’une autre et la meilleure façon c’est encore de la faire disparaitre dans mon ventre. Dans l’après-midi, je vais prendre la température de l’eau au rio qui borde la ville. Elle est fraiche et peu profonde mais c’est revigorant dans une journée ensoleillée. A mon retour, je repasse par l’épicerie. Le tenancier est un homme sympathique qui parle très bien français, et pour cause il a vécu plusieurs années à Bruxelles.
29 juin 2016
Larasoaῆa - Pamplona ( 17 km - 4.8 km/h - 07h36 * 12h18 )
Alexis fait la garce matinée. Nous prenons notre déjeuner à trois sur la terrasse et nous observons le défiler des divers protagonistes partant dans leur avancement. La route est encore longue jusque Saint Jacques et certains n’iront pas jusqu’au bout. Puis chacun reprend son sac à dos et nous reprenons la direction du village pour le quitter dans son autre extrémité. Nous bifurquons rapidement vers la campagne et les sous-bois qui longe la rivière.
Notre chemin monte très fort et nous nous retrouvons rapidement en son surplomb. Alors qu’au loin une ville dessine ses reflets urbains, je passe sous un câble électrique où un plaisantin avait accroché une paire de godasses. Elles y figuraient déjà l’année passée. Le temps passant, elles étaient toujours là. J’en fait la remarque aux filles. Mais je ne pense pas qu’elles en tiennent vraiment compte. Elles sont dans leur discutions et sans doute qu’a l’instant présent, le regard vers le site les importe peu.
Puis nous abordons les faubourgs de Pampelune (en français dans le texte), l’entrée en ville se fait en passant sur un ancien pont et juste après, un peu en contre bas se trouve une petite chapelle. Je sais par expérience que l’on peut obtenir un cachet pour compléter nos crédentiel. Nous rentrons donc dans l’édifice et pour nous recueillir un bref instant.
Ensuite, la route piétonnière se substitue par des trottoirs. Le chemin est bien représenté et me semble plus court que la dernière fois que je l’ai emprunté. Une discussion s’engage pour savoir où nous allons loger. Je pensais me rendre à l’albergue municipale de la ville près de la cathédrale, mais Béatrice avait une très bonne expérience de son dernier passage et son hébergement se trouve à l’entrée. Nous débattons rapidement du sujet. L’un est équivalent à l’autre, mon idée est que pour repartir le lendemain nous gagnons ainsi un peu de terrain. Nous serons également plus près pour faire le tour de la ville. Reste que le dortoir que je propose ressemble plus à une industrie, puisqu’il abrite cent quatorze lits tandis que celui de Béatrice est plus confiné et offre surement plus de tranquillité. La situation est vite tranchée, je remporte la première manche mais j’endosse une responsabilité dans le confort de mes compagnes du moment.
De ce fait, je la laisse choisir où nous pouvons prendre le déjeuner après notre installation. Nous irons donc dans un restaurant chic de la ville. Nous nous dirigeons donc vers la porte de France où une photo souvenir est impérative. Par cette entrée, nous rentrons dans la vieille ville. Après une petite hésitation, nous nous retrouvons devant l’office du tourisme. C’est toujours judicieux de se procurer un plan de la ville.
Vers 13h00 nous nous trouvons donc à la Plaza del Castillo et nous rentrons dans un établissement réputé de la ville, le Cafe Iruna où semble-t-il Ernest Hemingway l’aurait fréquenté en son temps. L’endroit vaut vraiment l’opportunité d’y faire un tour. L’édifice date de 1888 et est connu pour être le premier établissement éclairé à l'électricité de Pampelune. L’endroit est splendide, il garde une très bonne authenticité par ses boiseries, glaces et lampes d'époque. Le menu du jour est inférieur à 20€ pain vin et eau inclus. Le repas est bon. Le serveur est souriant, il est efficace malgré la grande fréquentation de l’établissement.
L’après-midi passe par la découverte de la ville, après un grand détour dans les dédales de rues étroites, puis je me retrouve extra-muros, près du fleuve. Je tombe tout d’abord sur Jonas, le jeune suisse dont j’ai déjà parlé précédemment. Il loge en bas de la ville, probablement où Béatrice pensait prendre pension ce jour. Nous discutons quatre mots puis je continue mes pérégrinations. Près du fleuve, des jeunes gens se réunissent pour discuter. Certains nagent près d’un grand déversoir. Je remonte par un escalier et je retrouve les filles dans un petit parc, elles font leur séance journalière de yoga. Je passe fugacement, les laissant à leur occupation culturelle. Je passe rapidement prendre dans mon sac de quoi manger et m’installe sur une place où sont dispersés quelques bancs. Des jeunes enfants animent la rue de leurs cris et leurs chahuts. Je me fonds dans cette ambiance même si ce n’est pas vraiment approprié pour trouver lé sérénité.
30 juin 2016
Pamplona - Cirauqui ( 32 km - 4.7 km/h - 06h42 * 16h01 )
Déjà très tôt, certains ont déménagés du dortoir. Je me lève qu’il doit être 5h45. Je me rappelle à ce moment qu’il y a une cuisine à l’étage. Ce serait vraiment bien de pouvoir prendre une tasse de café avant de partir. Je laisse quelques minutes aux filles qui peuvent retrouver un semblant d’intimité afin de leur permettre de s’habiller discrètement. Il faut simplement remarquer que dans les dortoirs tout le monde est un peu l’un sur l’autre et les seuls moments où l’on peut espérer être vraiment seul sont les instants passés sous la douche et encore pas dans chaque structure.
Nous prenons ensemble le petit déjeuner fait maison. C’est à dire nos propres provisions avec une tasse de café soluble. Merci Nestlé.
La nuit a été bonne pour chacun d’entre nous. Finalement, je crois que c’était un bon choix de loger à cet endroit. Nous traversons la ville encore endormie. Excepter les camions poubelles ainsi que les agents de nettoyage qui s’activent à leur tâche. Dès la sortie de la ville, le chemin monte rapidement. Je me retourne pour voir l’étendue que l’agglomération occupe. Déjà, de vastes étendues de champs de blé s’ouvrent sur les zones urbaines qui s’évanouissent dans le lointain. Nous passons dans de petites bourgades, la route monte à présent davantage. Nous quittons les champs cultivés pour nous retrouver dans une basse forêt, la colline est hérissée d’éoliennes. Je sais déjà que nous devons aller jusqu'à la crête. Finalement avant d’attaquer la montée, nous allons faire une brève pause.
Le chemin est très irrégulier, certains irréductibles l’empruntent en bicyclette. Il est quasi impossible de monter en roulant avec une pente de la sorte. Ainsi les partenaires de tous les vélos poussent péniblement leur chargement. Leur tâche est rude et nous les dépassons systématiquement. Au sommet de la Sierra del Perdon nous passons devant la sculpture monumentale de l’artiste Vicente Galbete, artiste de la région. C’est un passage quasi incontournable du Camino Frances. Ce sont des statues représentant un défilé de pèlerins de différentes époques ceux-ci traversent la ligne de moulins à vent. Les pèlerins sculptés sur des plaques en acier sont à pied ou encore avec un animal. Une des inscriptions révèle le texte suivant en espagnol « Là où la route traverse le vent avec les étoiles ». Le site a été présenté dans Le film d'Emilio Estevez, « The Way » qui nous offre de très belles images.
Sur l’autre versant, une vaste étendue entrecoupée de champs de blé ainsi que des petites bosses verdoyantes. À droite, on remarque l’autoroute. C’est un long ruban pratiquement rectiligne qui se prolonge vers de basses montagnes à l’horizon. Nous redescendons vers un petit village Muruzabal, puis Obanos que nous dépassons très vite. De nouveau nous sommes dans la campagne, nous abordons également un jardin parfaitement entretenu. L’homme est présent et excelle dans sa besogne. Peu de temps après, nous sortons des fourrées pour déboucher dans Puente la Reina. A l’entrée de la ville on peut voir ainsi deux clochers. Lors de notre approche, je suis surpris par le sommet de l’église. Plusieurs nids abritent un étrange volatile. Il s’agit de cigognes. Presque dans chaque village traversés ultérieurement, nous verrons les cigognes trônées aux dessus des églises donnant libre cours à leur vol imposant.
Après un cours arrêt, nous reprenons notre pérégrination en longeant les champs où la moisson est en cours. Sur ce large chemin de cailloux laiteux, nous longeons les vignes puis dans les petites collines qui se découpent dans cette étendue, se dresse un petit village. Il a le doux nom de Cirauqui, c’est là que nous avons décidé de figer nos pas. Dans la petite Albergue Maralotx nous nous reposerons ce soir.
Animation deuxième volet : Montée des Pyrénées - Roncesvalles - Pampelona - Puente la Reina - Cirauqui
Cirauqui - Vilamayor de Monjardin ( 24 km - 4.8 km/h - 06h56 * 13h08 )
Les filles sont enchantées car la nuit a été relativement plus calme, étant dans une petite structure nous étions de ce fait moins nombreux. Nous prenons un petit déjeuner sur la terrasse à l’étage. Le temps est au beau fixe. Le village est situé tout en hauteur sur une bute. Nous quittons cette agglomération en plongeant sous l’autoroute. Un panneau de signalisation indique « Alloz - 4 et Lerate - 7 ».
Nous quitterons bien vite les routes asphaltées pour des chemins beaucoup plus conventionnels. C’est très agréable d’évoluer sur cette ancienne voie romaine avec ces petits ponts typiques. On a l’impression de se retrouver quelques siècles en arrière. Comme les combattants des croisades devaient déjà le vivre. Rien ne semble avoir changé depuis lors. Après le rio Salado nous abordons dans la petite cité de Lorca. Une très belle église s’offre à nos yeux. Nos pas nous ensuite à une petite entité située à quelques encablures, il s’agit de Villatuerta. Nous nous arrêtons un bref instant. Une fontaine nous permet de nous ravitailler en eau. Une inscription en espagnol reprend approximativement ces quelques mots : « Bois cette eau pèlerin. Repose-toi et désaltère-toi. Et que la prochaine étape te verra recevoir un bon vin ». Enfin c’est ce qu’il me semble avoir compris, mon espagnol est encore primaire. L’endroit renseigne que c’est ici qu’est né San Veremundo. Il était moine bénédictin, abbé du monastère de Irache dans les année 1000. Viens ensuite Estalla. C’est une cité typiquement espagnole. Dès l’entrée de la ville où l’on peut admirer l’ancien monastère. L’église de même style est située tout en hauteur. Nous pouvons aussi remarquer, les divers bâtiments typiques de Navare avec encorbellements et sculptures au patrimoine riche et préservé.
Notre crédentiel s’enrichit encore une fois d’un très beau cachet de la ville. Puis nous quittons cette ville somme toute assez moderne, par un rond-point où l’on peut voir une sculpture moderne représentant deux pèlerins qui se donne la main.
Quelques kilomètres et nous arrivons au monastère d’Irache. C’est là, que coule la fontaine à vin. Un robinet délivre de l'eau et l'autre du vin. Ne vous attendez pas à un grand cru, même si l’on en croit le Codex Calixtinus que la région est réputée pour son bon vin et son bon pain. Nous progressons encore pendant près de deux heures sous le soleil.
Le chemin est encore une fois large. Il se déroule tel un long rubans tortueux ascensionnel d’un blanc laiteux. A cet instant, les filles me bâtent à la marche.
Je suis plongé dans mes circonspections, et étonnamment, je remarque le tracé de trois chemins. Sur le côté à gauche, il y a celui de la vitesse qui correspond à l’autoroute. Ensuite, il y a celui sur lequel je me trouve. Il est parcouru à vitesse lente. On ne calcule pas en minutes mais en journées de marche. Viens enfin, presque invisible et abondamment plus emprunté quoi qu’on en pense. C’est celui tracé par les fourmis. Il satisfait à une autre tout autre échelle et l’on ne pourra jamais interpréter cette fraction de temps, puisqu’il n’a aucuns rapports humains d’établis entre les hommes et les fourmis. D’ailleurs s’en soucie t’elles. Ce tracé passe tout à fait inaperçu sauf qu’il se dirige également dans la même direction.
Nous passons à côté d’une étonnante fontaine qui augure le prochain village. Son nom prête à la rêverie, il s’agit de Vilamajor de Monjardin.
Un peu plus haut, juste après une montée d’escaliers, se trouve un bar. Nous y avons donc débarqué avec pour objectif de nous rafraîchir. Après une cerveza, vu que l’ambiance est loin d’être désagréable, nous en profitons pour diner là.
Dans le début de cet après-midi ensoleillé, nous nous décidons pour l’auberge au centre du village établie en face de l’église. C’est un peu plus cher mais ça à l’air plus confortable. Nous ne le regretterons pas. Le seul bémol, serait juste le peu de place pour pendre nos vêtements à sécher après lavage. En effet, le bâtiment se situe au coin de la rue et ne possède pas de cours. Nous devons pendre le linge sur des fils en hauteur sur le balcon qui surplombe la route. Comme aucun de nous n’a de pinces à linge, la menue provision qui se trouve sur place est vite épuisées. Il ne nous reste qu’à apposer celui-ci sur les fils sans accroche et parfois un coup de vent emporte certaines choses. Comme nous sommes logés à l’étage, certains objets personnels n’ont pas été récupérés.
Les filles ont une excellente politique de bienvenue et chaque fois qu’elles rencontrent un pèlerin dans le minuscule village, de leur charmant sourire, elles l’invitent à nous rejoindre pour prendre un apéro en famille. Ainsi nous nous retrouvons à 19h00 au bar du coin avec une substantielle compagnie. Nous transformons rapidement l’endroit en rassemblement rationnel qui ne plait pas toujours au patron de l’établissement. Mais commerce oblige, il reste indulgent et tolère le fait que sa terrasse soit totalement réaménagée. Chacun prend place autour de la table et des groupes polyglotte se forment. Une ambiance bon enfant se développe. Nous venons de faire connaissance avec Arnold le suisse. Il est parti de Suisse sac à dos pour un pèlerinage confortable en choisissant plutôt l’hôtel comme mode d’hébergement. Il nous a parler du budget qu’il avait prévu, il était vraiment plus que confortable. Très vite, il s’est bien vite désolidarisé de se confort moderne et de fait bien monotone qui devient rapidement insipide. Depuis pas mal de jours, il fait comme tout le monde. Il loge dans les albergues de pelegrinos.
2 juillet 2016
Vilamayor de Monjardin - Viana ( 32 km - 4.9 km/h - 06h30 * 15h01 )
Nous avons pris un mauvais chemin en partant. Le fléchage est un peu déficient et je n’ai pas fait de repérage la veille. Nous pensons que le chemin continue vers le haut du village, vers le cimetière et l’ « Ermita del Calvario ». Nous passons devons une croix en fer ce qui nous renforce notre choix. Cependant, lorsque nous somme devant la petite chapelle nous n’avons pas encore rencontré de flèche jaune. Le doute s’installe indubitablement. De plus, nous avons entrainé dans notre erreur d’autres pèlerins Nous sommes bien obligés de leur conseillés de faire demi-tour. Le résultat nous vaut un kilomètre de parcours inutile. Nous retournons donc au village vers l’église. Il semble que ce soit le choix le plus astucieux pour repartir et retrouver le chemin réel. Et de fait, nous avons manqué une petite route qui redescend. A quelques mètres, nous apercevons les repères habituels.
(En regardant la carte à la maison, je m’aperçois que le chemin devait passer autrefois par cet itinéraire, après l’Ermita del Calvario on rejoignait la NA-7400 à Téjeria vers la direction de Arroniz mais cela nous faisait longer une route pendant près de 5km. Notre chemin emprunter était un sentier beaucoup plus intéressant voir fichiers
itinéraire A et itinéraire réalisé
et visionner sur Visu.com)
Donc nous redescendons la colline le long des vignobles. Notre chemin de petit cailloux blancs longe à quelques encablures l’autoroute. Puis nous retrouvons les champs de blé qui alterne avec les vignes. Les bords du chemin renferment une flore très riche et très diversifiée, je remarque plusieurs variétés de chardons de couleurs variées, tantôt des bleus tantôt des jaunes, parfois tout est sec. Partout, le sol est indubitablement aride. Au loin, les champs sont cultivés jusqu’en bordure de colline trop abruptes pour être exploitées. Au bas de celle-ci, se découpent les champs de blé en diverses arabesques de couleurs différentes et tranchantes.
Nous rentrons à Los Arcos en passant sous un porche dont le sommet est divisé en trois sommets distincts, étrennés par des armoiries. C’est une belle petite ville. Comme il est encore très tôt, tout est encore fort calme car les commerces sont encore fermés. Nous quittons cette ville pour un chemin assez rectiligne. Nous marchons à présent tous les trois et discutons de choses et d’autres. Nous marchons d’un bon pas. Il est rare que des pèlerins nous dépassent. Puis, je laisse les deux filles dans leurs discussions, je n’ai pas vraiment envie d’y prendre part. Je ne veux pas les importunées donc j’accélère le pas afin de me retrouver cent mètres devant. Elles parlent souvent ensemble de leur passion commune et régulièrement aussi de leur boulot. C’est assez normal, j’ai déjà remarqué que comme sujet de discussion, c’est le très bon défouloir. En fin de compte on parle bien de ce que l’on connait. Dans plusieurs jours les discussions seront différentes, certains sujets seront épuisés.
Dans une courte ligne droite, un type vraiment plein d’énergie surgit derrière moi. Il est habillé en costume et chaussure de ville. Il porte un sac assez petit, passe à mes coté avec un rythme de marche défiant toute concurrence. Pris dans mes pensées, je ne remarque pas de suite que le sac de l’homme est ouvert. A l’allure où il avance, l’homme est déjà loin. Beaucoup plus tard, après avoir parcouru quelques kilomètres, j’aperçois une petite trousse égarée au milieu de la route, il ne fait aucun doute que cela doit appartenir à notre homme en question. Je le ramasse et pense que si l’homme découvre cette perte, il voudra venir le rechercher. Nous arrivons bientôt en haut d’une colline. Il me semble que je viens de l’apercevoir. Je le hèle à plusieurs reprises, mais je ne reçois aucun signe du marcheur. J’accélère un peu ma marche en devançant les filles qui m’ont rejoint. Je rattrape assez rapidement la personne que j’ai repérée pour m’apercevoir que ce n’est pas mon homme. Pas de chance, surtout pour le propriétaire de la trousse que nous n’avons pas pu rencontrer par la suite. La trousse en question a fait le voyage jusqu'à notre prochaine auberge, où nous l’avons laissé.
Après cet intermède, je reprends une cadence moins élevée, ainsi les filles pourront me rejoindre rapidement. Un peu plus loin, le long d’une portion de route asphaltée, je croise une jeune marcheuse. Vu mon excentricité antérieure et qu’elle a assisté à la scène. Elle doit me prendre pour un déséquilibré. Afin de rétablir les choses, il me faut donc m’expliquer pour quelle raison, je hurlais ainsi. Et c’est ainsi que je fais connaissance de Hilde, une belge. Bien sympathique d’ailleurs. Nous nous retrouvons maintenant à quatre pour continuer vers Sansol.
En fait on ne passe pas dans ce village car il est un peu en contre bas et le chemin nous dirige directement vers Torres del Rio. Nous l’abordons par le bas, le passage est obligé par un petit pont au tablier incurvé. Le village domine sur une hauteur et l’on peut voir l’ensemble des maisons autour de l’église. Tores de Rio aurait pu nous accueillir dans une de ces auberges incontestablement attrayantes. J’étais tenter, car l’une nous offrait l’usage d’une piscine. Dans ma sélection de point d’arrêt, je l’avais pris en considération. Cependant, nous n’allons tout de même pas stopper notre avance si tôt. Toutefois, nous nous arrêtons à la terrasse d’un café pour boire une cervesa. Il est bien temps de prendre un rafraichissement.
Après cette détente bien agréable, nous décidons de poursuivre vers Viana. Néanmoins, Hilde marche moins vite que la bande des trois et nous allons la distancer rapidement. Une bonne heure plus tard, nous nous installons au détour d’un chemin sur des rochers sur un versant d’un petit mont pour la pause déjeuner. Hilde nous rejoindra et profitera également de cet endroit idéal.
J’arriverai le premier à Viana, je ralentis donc afin de voir où nous pensons loger. Nous optons pour l’
Albergueria municipale Andrés Munoz située contre l’église.
Au soir, nous nous réunirons à plusieurs autour d’une la table pour manger. Il y a Sylvie, Hilde, Arnold, Béatrice, moi, les deux américaines fille et mère plus trois autres personnes. Ce fut vraiment très convivial et très animée, d’autant plus qu’un espagnol fêtant l’enterrement de sa vie de garçon faisait le tour des bars de la ville, et son passage dans l’établissement donna ainsi encore plus d’ambiance à la soirée.
3 juillet 2016
Viana – Ventosa ( 28 km - 5km/h - 6h51 *15h07 )
Il est presque 7 heures lorsque nous quittons l’endroit qui ressemble plutôt à un monastère qu’a une auberge. Nous partons à nous trois, mais nous allons rencontrer Arnold un peu plus tard.
Rapidement nous arrivons en vue de Logroño. A l’orée de la ville, nous apercevons une paysanne qui vend des cerises. D’un prix défiant toute concurrence nous en achetons donc. Je paie mon dut, puis reprend mon sac à dos et repart en emportant le sachet de ma main droite. Me servant copieusement et savourant les fruits qui indubitablement sont succulents. Un kilomètre plus loin lors de la descente, je décide de mettre fin à ma gourmandise et ranger ce qui reste de ma provision. Alors que ma main droite s’occupe habituellement de mon bâton de marche. Sans sachet dans ma main, je m’aperçois rapidement que celle-ci est bien vide. Et oui, le bâton est resté chez la vendeuse. Je dépose donc mon sac sur le bas-côté et repart chercher mon précieux objet chez la marchande. Les filles très aimables attendront mon retour. Dès que j’arrive près de la vendeuse, celle-ci me reconnait immédiatement, elle a mis de côté mon bâton et me le remet amicalement. Nous n’échangerons que quelques mots sans plus, mais je ne saurais oublier ce petit sourire qui résume toute les phrases qu’on aurait pu exprimer.
Nous rentrons dans Logroño en passant par des tunnels créer pour les pèlerins. Ses structures en bétons sont recouvertes par des illustrations de rue. Certaines sont assez jolies. Mais d’autre ne représente qu’un manifeste assez contestataires. Nous rencontrons une famille espagnole, ils ont trois enfants et font quelques étapes du chemin. C’est assez surprenant, car il est rare que tous les membres d’une même famille réunissent cette potentialité.
Nous passons devant une statue de deux marcheurs en bronze. Les filles saisissent cette opportunité pour imaginer les accompagner le temps d’un cliché photographique. La ville est rapidement traversée et un long couloir piétonnier nous conduit dans le parc qui se prolonge bien loin du centre. Nous allons contourner le lac immense qui borde l’agglomération où de nombreux sportifs se détendent. Beaucoup font du jogging, mais nous croisons également une multitude de pêcheurs. Il faut dire que nous sommes dimanche et que le temps est vraiment idéal.
Au bout du parc, nous faisons une courte halte. Certaines indispositions plantaires commencent à se faire sentir. Sylvie a quelques cloches aux pieds, dès qu’elle trouve une opportunité elle en profite pour se soigner. Pour ma part, je dois dire que j’ai franchis le mauvais cap, mes doigts de pieds qui en ont subi les assauts sont à présent couvert de cals protégeant toutes éventualités.
Retour pour une marche dans la campagne bien ensoleillée. Navarrete est une petite ville située sur une bute donc visible de loin. Nous visitons brièvement, puis à cette heure avancée de la matinée nous avons envie d’une boisson fraiche. Nous sommes devant l’église. Celle-ci est situé au centre, nous descendons vers une rue qui semble être l’artère principale. Un bar ombragé par des platanes offrent une belle étendue d’ombre. Nous allons y rester un petit moment car nous en profitons pour diner sur place. En quittant le bar-restaurant, nous trouvons une petite épicerie ouverte. Les fruits sont très beau, je prends deux oranges. Cependant, celle-ci sont vraiment énorme. A la caisse, les fruits sont au poids. J’en ai près d’un kg. La vendeuse me le fait remarquer, je lui signale que c’est bien ce que je désire. Hé oui, c’est assez surprenant vu le prix au kg, j’ai mon orange que revient à plus d’un euro. Mais je suis satisfait et je n’en ai jamais manger d’aussi bonnes.
Nous avons perdu toute trace d’Hilde. Je pense que c’était son dernier jour hier en Espagne. Malgré tous, je garde de ces nouvelles, elle vient de me contacter sur Facebook.
Nous repartons pour Ventosa. Il reste environ 7 km. Nous arrivons dans un village en fête. Nous nous installons à l’Abergue de Peregrinos San Saturnino. Les filles montent vers l’église pour faire leur yoga habituel. Après m’avoir reposé un peu je décide d’aller faire le tour du village. Nous avons décidé de prendre un apéro au bar du village pour 19h00 avec ceux qui le veulent. Pour ma part cela ne me déplairait pas, mais mince, j’ai oublié de demander l’endroit de rencontre. Bon cela ne doit pas être bien grave. C’est une toute petite entité. Je retourne vers le haut du village et au pied de l’église les filles font encore leurs exercices de détente. Nous redescendons ensemble. Nous buvons un verre et certains décident de rester pour manger sur place.
Nous avons déjà diner à midi et j’ai es provisions pour manger ce soir. Nous redescendons donc nous préparer quelque chose à la pension qui d’ailleurs possède une cuisine. Dans la petite salle, il y règne une ambiance froide, ainsi nous nous installerons à la terrasse au dehors. D’ailleurs, peu de temps après Arnold que nous n’avons pas vu arriver viens nous tenir compagnie.
En ce qui concerne le malaise régnant dans la cuisine, j’apprendrai par la suite qu’il y a eu dispute entre trois pèlerins. Ce qui est dommage, c’est qu’ils étaient ensemble depuis pas mal de temps. Ainsi, dès le lendemain, un de ces pèlerins reprendra son chemin seul.
Ventosa - St. Domingo de la Calzada ( 31 km - 5 km/h - 06h48 * 14h32 )
Ce pèlerin en question, dort sous moi. Sans doute pour ne pas être confronté avec ses copains d’antan et leurs prendre un peu d’avance, monsieur a décampé qu'il devait être 5h00 du matin. Je suis réveillé par ses mouvements et ses sempiternels déplacements. Puis je me rendors. Il est six heures et quart lorsque je me réveille en sursaut. Il est temps de se lever, on avait prévu de se lever un peu avant six heures. Pas question de partir sans déjeuner. Sylvie me sert un café venant tout droit du distributeur. Décidément ces cafés sont vraiment trop petit, je vais de ce pas m’en procurer un second. Il est près de 7h00 lorsque nous sommes prêts.
C’est le dernier jour avec les filles, elles m’accompagnent un bout de chemin soit environ dix kilomètres puis me laisse à mes pérégrinations. Je ne le sais depuis pas mal de temps sans vraiment m’en préoccupé, elles sont toutes les deux en activités, et demain leur boulot reprend. Elles reprendront la suite de leur voyage vers Compostelle, l’année prochaine pour huit jours probablement. D’année en année elles arriveront pour finir à atteindre le but final.
Petite pente pour sortir de Ventosa puis une descente progressive dans les plaines cultivées. Alternance de champs de blé et de vignobles ensuite l’arrivée dans la ville de Najera. Petit détour par la gare routière afin de vérifié les horaires des bus. On passe sur le pont et on profite de la vue pour quelques photos souvenir. Nous allons déjeuners une seconde fois à un bar voisin où nous rencontrons les deux américaines mère et fille, nous passons une dernière heure ensemble. On se promet de se revoir. Béatrice me propose la visite de sa superbe ville de Bordeaux avec mon épouse. Pourquoi pas, nous n’y sommes jamais aller. Avant de les quitter, je leur conseille de passer à l’accueil des pèlerins de Saint Jean Pied de Port avec pour mission de récupéré ma casquette oubliée. Mais tout cela n’est que paroles en l’air ? Enfin qui sait… Toutefois, pour ma part j’ai passé quelques bons moments en leur compagnie. Et puis Sylvie parlait couramment l’espagnol va falloir que j’en mette un coup.
Je quitte ainsi la ville sans un regard en arrière, mais quelque peu nostalgique. De plus la sortie est en franche montée, subitement le sac est redevenu lourd. Le chemin reprend, il est enclavé entre deux collines. Ce sont des rochers où se mêlent les ocres subtiles et typique des terres renfermant de l’oxyde de fers semblable aux sols de Provence que j’ai bien connu, du temps où mes parents résidaient dans le midi.
Un piquet de bois indique "A Santiago 582". Mince alors, encore autant !
Champs de vigne ou terre couverte de boisson épineux dans les cailloux aux couleurs cramoisies. Je traverse Azofra puis je retrouve les plaines vallonnées alternance vignes blé et quelques massifs d’arbres relativement bas. Un nouveau piquet il présente le chiffre 571. Je suis à nouveau dans mes rêveries. Il est passé midi, je décide de manger sous un arbre. C’est quasi le seul endroit où je trouve un coin d’ombre. Peu après, je reprends ma marche. Plusieurs marcheurs sont passé pendant ma halte. Entre autres un couple d’italien que j’ai déjà rencontré précédemment. La femme rencontre quelques difficultés, il semble que son genou a subi un coup du sort. Le chemin n’est pas si simple en réalité ça passe, ou ça casse. Viens la cité de Cirueῆa. Moderne et froide, malgré la chaleur de la journée, elle est sans grand intérêt. Une longue très longue ligne droite se présente à ma vue, au loin se découpe la ville de Santo Domingo de la Calzada avec pour arrière-plan un massif montagneux.
L’entrée de la ville, nous fait longer un long entrepôt. Celui-ci est désert il est 14h30. C’est sans doute l’heure la plus chaude de la journée. Un pèlerin baraqué portant un sac à dos tout aussi colossal me dépasse d’un pas alerte. Il a tôt fait de me distancer. Je rejoints la grande route, une longue ligne droite de près d’un kilomètre, un rond-point et quelques encablures, un petit parc ou campe immobile un pèlerin stylisé. A cet endroit on rentre dans la cité médiévale. Je parcoure la rue plus étroite et très vite, je trouve las albergues de pelegrinos. Il y en a deux qui se suivent. Celle à droite de la route, s’appelle Casa de la Cofradia del Santo.
C’est une belle structure, très moderne on voit que c’est une rénovation récente. Elle est capable d’accueillir 217 locataires. Je place mes chaussures dans une petite pièce à droite de l’entrée ainsi que mon bâton de marche. Les dortoirs sont au deuxième étage. Il y a un ascenseur, mais sans que je demande quoi que ce soit, on me dit que c’est réservé aux handicapés. Quoi que de plus normal en fait, on est des marcheurs. Chambre 4 - lit n°8 c’est au fond du dortoir, c’est parfait j’ai une prise de courant à proximité. Je prends une douche bien indispensable, j’ai eu chaud dans la dernière portion de terrain. Ensuite, j’ai un peu de mal à trouver l’endroit où je peux laver mon linge. C’est à l’arrière, à l’extérieur dans une grande cours attenant à un petit parc.
Revenant dans la chambre, je m’allonge établissant une synthèse des derniers jours. Peu après, j’écris quelques inscriptions dans mon journal. Ce sont de précieux souvenirs. Il me faudra les retranscrire en clair à mon retour. Plus tard, j’irai faire le tour de la ville qui constitue l’un des joyaux du Camino francés. La Plaza del Santo, c’est le cœur historique de l’ancienne ville. Tous les bâtiments renfermant une personnalité, se trouvent regroupés tout autour. La cathédrale, l’église gothique du XVIIIème siècle en autre. Au détour d’une ruelle, je rentre dans une pâtisserie. Je profite d’un conseil local, pour emporter une glace maison aux parfums exquis.
Sto. Domingo de la Calzada - Belorado ( 22km – 5,3 km/h – 7h19 * 12h39 )
J’ai vraiment bien dormi, je commence à vraiment bien m’habituer à cette promiscuité. Ou, serait-ce que très peu de marcheurs soit partit tôt ce matin ! Je me rends à la cuisine, la vaisselle a été faites mais il y règne encore pas mal de désordre de l’équipe de la veille. Bénéficiant de l’opportunité d’avoir un frigo, je récupère un baluchon contenant mes provisions personnelles. C’est bien pratique, ainsi je peux en profiter pour acheter quelques produits qui ont besoin d’être conservés au frais. A cette heure, je suis seul à table dans le grand réfectoire. Je prends mon copieux petit déjeuner. Je n’aurai pas à remonter en chambre, car j’ai déjà emporté mon sac à dos. Après ce court intermède et le temps de mettre mes chaussures, je suis prêt à partir.
Lorsque je mets de nez dehors, je me rends compte qu’il a beaucoup plu. Heureusement que j’avais rentré mon linge hier soir, car cette nuit l’orage a déferlé. Il pleut encore légèrement, donc je place le couvre-sac étanche sur mon sac. Du bleu, il devient orange. Le ciel reste longtemps gris beaucoup de marcheurs on conserver leur imperméable. Moi, je ne le passe que si vraiment il pleut beaucoup car on transpire rapidement là-dessous. Je passe à Granon. Un jeune garçon rencontre quelques difficultés vu la démarche qu’il adopte. Il n’est pas seul, rapidement d’autres compagnons l’attendent avec impatience. Ils se concertent ensemble pour voir l’attitude qu’ils vont adopter. Il semble vraiment en état de détresse. Je ne m’immisce pas dans leur conversation, d’ailleurs ils discutent en espagnol et je ne comprends pas vraiment ce qu’ils ont pris comme décisions.
En quittant ce petit bourg, je reprends ma route, elle est empierrée et légèrement vallonnée. A l’horizon s’étend une chaine montagneuse qui se dessine dans le lointain. L’on a vraiment du mal à interpréter à quelle distance, elle prend naissance. De chaque côté de ma marche, s’étend toujours les champs de blé. Sur le bord droit du chemin à l’abord d’un talus, quelques coquelicots se présentent en intrus. Au plus proche, encore minuscule, un clocher d’église dresse sa tour couverte d’une coupole. Une longue bande herborisée s’allonge. Esseulé, un étonnant mamelon d’un brun verdâtre borde l’agglomération, de ce que je pense être Viloria de Rioja. J’espère que mon chemin n’aura pas à passer par son sommet, car cela promet pas mal d’exercices.
Un peu d’inquiétude pour rien, j’atteins la petite entité en demeurant sur un terrain relativement plat. Je remarque un édifice religieux particulièrement surprenant. C’est une bâtisse très allongée en partie en pierres, brique et autres matériaux qui apportent une diversité à l’édifice. La toiture en tuiles rouge se termine en corbeille. A l’opposée, le clocher de configuration carré laisse entrevoir, au travers de multiples ouvertures, plusieurs cloches.
J’emprunte une grande route, elle me conduit jusque Villamayor del Rio. Par deçà le village, le chemin campagnard a remplacé la route et même si elle est peu fréquentée, elle continue plate et est beaucoup plus monotone.
J’ai une entrevue avec deux français Jean et Dominique. Mais, je me rends compte que je n’ai guère d’affinités avec eux. Il se prennent vraiment trop au sérieux les mecs. Il m'a péroré un truc du genre :
« On a chacun des imperfections. D’ailleurs, si on était trop parfait, on serait Dieu. »
J’ai dû lui répondre, de façon désinvolte, un truc du genre
« Je ne voudrais pas, c’est vraiment trop de responsabilités "
Ils en ont eu le souffle coupé, les gars ... j’ai bien l’impression, qu’ils me font la gueule à présent.
Un peu avant Belorado, destination ultime de ma journée, je suis dirigé vers une piste à d’une apparence poussiéreuse qui longe le bord d’une colline. Je passe devant l’Albergue-Hotel de Santiago. Il y a une piscine, cela m’attire. Mais consultant mon livre, je trouve que le prix n’est guère démocratique. Je reviendrai peut-être. Mais tout d’abord, il me faut prospecter plus en avant. Rapidement le chemin redescend. Sur le haut d’une terrasse, je remarque deux anglais que j’ai déjà vu précédemment. Ils me font des signes, mais je dénie leur invitation car je suis presque arrivé au village. Je continue donc, et très vite, j’aperçois sur la gauche, l’albergue municipal « El Corro ». C’est celle-ci que j’avais repérée dans mon livre. A mon entrée dans le logis. J’investi l’entrée, je suis un peu surpris. Je contemple, ce qui en fait est un salon, mais remplit de toute une flopée d’objets hétéroclites le tout dispersés dans le plus grand désordre.
Mais tout rentre dans l’ordre lorsque je suis accompagné dans le dortoir. On me montre la salle à manger où je pourrai prendre le repas ce soir. A l’étage supérieur se trouve plusieurs dortoirs on me désigne un lit, j’ai repéré une prise de courant à la tête de celui-ci. C’est très bien. Peu de temps après, un homme prend place sur le lit en face.
Dans l’après-midi, après un peu de repos, je visite la ville. Je découvre une église accolée à la colline. De multiple nids de cigognes ont élut domicile sur le sommet de celle-ci et les cloches à proximité ne semblent pas les perturbés outre mesure. A ses côtés, des logements troglodytes ont été creusés dans la parois de la falaise. Juste en face, en me dirigeant vers le centre, je remarque une longue fresque peinte représentant la " Nostalgie de la Reconquista ", des croisades. Je rencontre une femme pèlerin qui parle français, nous échangeons quelques mots.
Au centre, il y a la grande place avec une autre église, plus classique celle-ci. Je rencontre l’homme qui est en face de moi, à l’auberge. Comme il est français, nous faisons connaissance. Il est venu d’Hendaye et se nomme Michel. C’est à la suite d’un pari, qu’il est parti sur le chemin de Compostelle. Je lui demande, si cela lui plait de sillonner ainsi par monts et par vaux. A t’il découvert quelque chose d’intéressant dans ce voyage.
Il me répond très vite :
« Non, ça m’emmerde incontestablement. J’ai fait un pari avec ma compagne, qui me baratinait avec " le chemin de Saint Jacques de Compostelle ". Je lui ai dit que moi aussi, je pouvais le faire, et je suis partis. Je crois que c’est vraiment la plus stupide gageüre de ma vie ! De plus, il me reste que 400€ pour arriver au bout du chemin. »
De prime abords, cela me semble un peu juste au niveau finance, mais je trouve cette démarche complètement idiote si cela devient une épreuve totalement loufoque, longue, déprimante et même épuisante puisqu’il a dû ajouter à son sac le poids d’une tente de camping et autres matériels.
Toutefois, nous buvons un verre ensemble au cfé du coin. Ensuite, je repars dans l’exploration de la ville. Je passe ainsi devant le " Teatro Municipal Reina Sofia " sur la Plaza San Pedro. Sa façade moderne est richement décorée d’illustrations cinématographiques poussant jusqu’à l’extravagance car même les containers à poubelles sont peints. J’ai aussi remarqué depuis peu que l’on porte beaucoup de soin dans la décoration dans les rues. Ainsi dans une rue étroite où les maisons mitoyennes se côtoient, certains pignons de maisons esseulées sont peints en couleur jaune sable. L’homogénéité n’étant pas la règle dans cette sorte de travaux, le mur ainsi peint est trahi par de multiples lézardes brunâtre.
A dix-neuf heures, je suis le seul à manger au refuge. Le repas est très correct, cela me plait.
Je dois à présent parler en espagnol. De temps en temps ça va. Parfois, nada, je ne comprends rien à ce qu’on me dit. Bon je crois que je vais dormir à présent, j'ai du mal à rester éveillé.
6 juillet 2016
Belorado -Agés ( 28km – 5,3 km/h – 6h29 * 13h13 )
Quand je pars ce matin vers 6h30 mon voisin français de Hendaye est déjà partit. Il est pressé d’en finir, mais il lui reste encore 550 km à faire. Je pourrais rester encore un peu allongé, mais vu que je suis réveillé car l’ensemble de la chambre déménage. Alors autant y aller. Je longe la rue étroite qui conduit jusqu'à la sortie de la ville. Celle-ci est encore endormie. Rapidement, j’aborde le petit village de Tosanto situé à cinq kilomètres. C’est à nouveau la campagne plate et les champs de blé qui se présentent devant moi. De temps en temps un petit village se dévoile. Les voyageurs sont rappelés constamment qu’il se trouve sur le chemin de Compostelle. À chaque agglomération, une auberge est présente. Je croise à un moment donner une maison entièrement rénovée. Le pignon est peint d’un rouge vif. Il est inscrit en blanc : « Casa de los Deseos » (la maison des désirs), l’effigie d’un pèlerin est aussi représentée. Peu après je traverse Villambistia, sa petite église surmonté d’un clocher blanc en octogone irrégulier est très représentative. A peu de distance, une fontaine se nargue d’un bâtiment en ruine situé en face. Je continue mon chemin dans la campagne locale, le ciel tarde à présenter une limpidité bienséante.
Je longe un moment une petite chapelle. Elle est quasi anéantie par la force des âges. Mes pas abordent une longue courbe à travers champs. C’est un détour obligatoire afin d’éviter la circulation routière. Malgré cela, j’arrive rapidement à Villafranca Montes de Oca, Burgos par la N120 n’est plus qu’à 36 km et Logroño s’éloigne déjà de 77km.
La ville est d’origine romaine et porte le nom de Auca. Cela reste une agréable localité dont les premiers bâtiments situés au sud dates de l'invasion musulmane. Plus tard au Moyen Age, un nouveau noyau urbain a été formé au nord.
C’est dans un petit bar à l’entrée de la ville que je fais une courte pause. Je prends un deuxième petit déjeuner (café con léché y una pequeño pastel) pour reprendre des forces. J’en profite de l’aubaine, pour acheter un sandwich (bocadillo con tortilla) pour midi. Se sera nécessaire, car j’aborde de sérieux raidillons.
La route s’éloigne ainsi de la piste que j’emprunte. Le paysage change, il devient très accidenté sous les pins. Ça monte et ça descend pendant 12 km mais la piste est très praticable et présente des panoramas admirables. Le terrain est cependant fort caillouteux et les vélos s’exposent aux crevaisons. Un individu qui m’a doublé auparavant en a fait les frais. Je le dépasse donc. C’est un bref instant de satisfaction, car bientôt il m’aura rattrapé.
Je passe devant une construction commémorative qui rend hommage aux 300 personnes fusillées pendant un coup d’état contre Franco en 1936. Je pense me ravitailler en eau à l’Alto de Valbuena, mais l’endroit ne comporte que de cocasses sculptures en bois formant également une configuration de totems. Pour ceux qui désirent prendre un peu de repos, un banc est à leur disposition. L’endroit est un peu perdu au milieu de nulle part et ne comporte pas de point d’eau. Parfois des vendeurs se rendent sur ces emplacements, aujourd’hui ce n’est pas le cas. Pas de problème, il me reste encore de la boisson en suffisance.
Finalement, le chemin descend vers la prochaine entité, mais un peu avant, je remarque une petite rivière, l’eau y est limpide. Ce ne serait pas mal, si je pouvais me rafraichir. Le soleil est au zénith et la chaleur commence à se faire sentir. Après un bain salutaire, je me dirige vers San Juan de Ortega, il n’y a pas grand-chose comme constructions, c’est principalement le monastère. Il abrite normalement un refuge pour pèlerins.
Il est juste midi : « Profitons-en pour manger un morceau », me dis-je.
C’est une belle pause que je prends. Il y a un petit bar devant le monastère et il est le bienvenu. De toute façon, il me reste que 4 km jusqu'à Agès ou j’ai prévu de m’arrêter. Par conséquent, il n’y a rien qui presse.
Agès est une très petite bourgade de l’Espagne profonde. Je croise un natif qui correspond totalement à la gente occupant la région. Mais, il est assez volubile. J’ai toutefois un peu de mal à atteindre tout ce qu’il me relate. Reste qu’il m’informe et me dit qu’il y a dans son village : « dos (2) albergues » (J’en ai quatre de renseignées dans mon guide). Je suis le premier, lorsque je débarque à l’auberge municipale. En fait, c’est le bar-restaurant et dès que la cloche sonne 13h00, l’inscription pour le logement est prise en considération. Derrière moi, ce succède les arrivées mais à partir de 15h00 le dortoir est complet.
J’ai rapidement fait le tour du village, je me suis attardé quelques peu dans l’église, c’est un endroit calme et où l’on retrouve un peu de fraicheur. A l’extérieur, elle à très belle allure et abrite comme d’habitude un nid de volatile bien connu de la contrée.
Je rentre au dortoir, tout le monde se repose. Je vais en faire autant. L’endroit y est assez calme sauf que par instant on entend un bruissement strident d'une machine à laver le linge dont les roulements sont peu usés.
Dans cet établissement, on entend un peu toutes les langues mais surtout de l’anglais. Il y a beaucoup d’italien aussi, ils sont assez tapageurs et déménagent très tôt le matin alors qu’il fait encore nuit noire. Néanmoins, il y a aussi un avantage à les fréquenter, souvent ils parlent français. Il y a beaucoup d’asiatiques aussi. Là, ce sont des champions des raccourcis en tous genre. Pour couper au cours, ils suivent la nationale. Il évite ainsi certains dénivelés qui caractérisent les pistes piétonnières. Je m’en suis aperçu, car plusieurs fois, je les dépasse, puis sans que je me sois arrêté, je les retrouve à nouveau devant moi.
Comme la maison permet de manger sur place, je ne cherche pas d’autre endroit pour souper. A présent, je suis de nouveau seul. L’ambiance est un peu morose en ce moment. Le repas est très commun, mais cela reste acceptable.
En fin de compte, je n’ai pas très bien dormi cette nuit. Au début, il faisait super chaud. Ensuite, nous avons eu droit à un orage effroyable. La fenêtre était restée ouverte, j’ai entendu la pluie tombée à sceaux. Il ne faisait pas bon passer la nuit dehors. Puis quelques Italiens, ont foutu le chambard dans la chambre. Il était à peine cinq heures.
Etant réveillé, quand à faire, autant partir. Mais, il fait encore nuit et très sombre. Ne possédant pas de lampe de poche, Je me colle aux trois italiens, les mêmes que tantôt qui ont quelque peu perturbé notre sommeil. A la fin du village, nous prenons me semble-t-il une route qui rejoint la nationale. Ce n’est pas évident dans le noir de se diriger et même avec nos pauvres lanternes nous avons un peu de mal à repérer les flèches jaunes. Pris par une inspiration, je consulte ainsi mon GPS. Celui-ci, pourrait sans doute nous indiquer vers quelle destination nous nous dirigeons. C’est en effet une bonne initiative car nous sommes aiguillés dans une direction erronée. Nous reprenons un chemin plus correct, le jour commence à poindre à l’horizon. Rapidement, nous pouvons voir un peu mieux les emplacements marqués. Ainsi nous quittons la route pour un petit chemin de campagne qui borde le terrain militaire. On le remarque franchement dû à la présence de fils de barbelés et certaines plaques de mise en garde. D’ailleurs, lors de notre passage, nous entendons des tirs d’entrainement.
Après une bonne heure, nous sommes au sommet d’une basse colline empierrée. A deux pas paissent des vaches. Comme il fait clair, je m’arrête pour déjeuner. Je constate que la basse de mon pied droit me gêne. Ce n’est pas vraiment dramatique, je n’ai pas pris garde comment j’étais chaussé. Il suffit qu’il y ait un petit truc qui me dérange dans la chaussure, pour devenir rapidement une source d’ennui. Je ne remarque rien et partant cette plante de pied me fait mal. Je me rappelle avoir placé mon pied de travers dans les cailloux de ce chemin malaisé de la montée. J’imagine qu’appliquer un massage à l’aide d’une pommade agira plutôt comme placebo que comme remède mais en général, c’est souvent suffisant pour être tranquille.
Je repars sans contrainte et me voilà rassurer. La campagne est à nouveau plate à perte de vue. Je traverse un petit village « Carduῆuela Riopico ». Je passe devant une auberge municipale invitant un marcheur peint sur la façade. Il lourdement chargé d’excédents inutiles caricaturant un pèlerin inexpérimenté. Après le passage sous l’autoroute, je devrai quitter le chemin fléché pour parti vers la gauche afin de suivre le rio. Je sais que ce n’est pas très bien indiqué. Et comme de bien entendu, je suis à nouveau perdu dans mes pensées et je loupe la route. Tant pis, je continue. Le long d’une grand route, à partir de maintenant ce serra de la route jusqu’au centre de Burgos. On contourne l’aéroport de Burgos-Villafria, site sous surveillance. Plus loin, encore un petit détour pour passer au-dessus du pont du chemin de fer. C’est le centre de maintenance de la RENFE de Burgos. Très peu de trains en fait, les espagnols prennent plus volontiers le bus, même pour de longues distances. Après Villafria, c’est une zone industrielle pendant plusieurs kilomètres et ça n’en finit pas.
Je suis dans la ville proprement dite. J'observe l’activité fébrile des passants qui vaquent à leur occupation. Les magasins sont ouverts à présent. Un homme accompagné de sa femme m’adresse la parole. Il me demande de quelle nationalité je suis. Après, il m’explique en français qu’il a fait aussi le chemin quand il était jeune. Mais visiblement, sa femme s’impatiente et le force à clôturer la conversation. Il me dit de continuer tout droit pour arriver à la cathédrale. Je vais m’apercevoir qu’il y a encore pas mal de chemin vers celle-ci.
Beaucoup plus tard, je rejoints le bord d’un parc. J’espère arriver bientôt, mon pied me fait mal à présent et la douleur monte vers la cheville qui a l’air d'être gonflée. Je peste contre le manque de signalétique de cette ville. Puis, je tombe nez à nez avec mes trois italiens du matin. On prend un café, ensuite nous trouvons l’endroit où se trouve la cathédrale. Après c’est très facile l’albergue municipale est à deux pas. Elle est située en plein centre, derrière l'édifice religieux, dans un beau bâtiment du XVIe siècle. L’auberge « Casa de los Cubos » offre 150 places. Nous sommes les premier, mais il n’est qu’onze heures. Il nous faut attendre midi pour qu’elle ouvre ses portes. Ce n’est pas trop grave, il y a un bar en face. Nous avons placé nos sacs par ordre d’arrivée. Comme le mien est en première place, j’inaugure la journée.
Des hospitaliers sont charmants et donnent de bons conseils. C’est une albergue toute neuve avec deux lits superposés en petites alcôves bien séparées, placard à chaussures au rez-de-chaussée dans de grands tiroirs, c’est un gîte pèlerin très bien, confortable et bien entretenu. Nous sommes répartit deux par deux à l’étage de l'immeuble. Il y a une terrasse juste à côté pour sécher le linge. L’après-midi, je vais visiter la ville. Tout d’abord pour trouver une pharmacie, il me faudrait quelque chose pour soigner mon pied. Je ne peux continuer de la sorte, les derniers kilomètres deviennent de plus en plus un calvaire. Ce qui fait qu’en cherchant cette officine, je découvre à quoi ressemble Burgos. Le quartier autour de la cathédrale est assez sympathique avec ses rues piétonnières et présente même quelques constructions plus anciennes. Cependant, c’est un centre urbain très important et dès que l’on aborde certaines artères, il présente le reflet d’une ville moderne et très active. Le soir, je prendrai le repas del dia dans un petit établissement en face de la cathédrale, en haut des escaliers qui reprend la route qui mène au refuge.
Je suis de nouveau avec les Italiens. Je crains pour demain matin, ils vont encore déménager de très bonne heure. Dans le fond, je peux les comprendre, ils partent tôt car ils font des étapes assez longues, leur but est d’arriver à Compostelle pour le 25 juillet au plus tard.
(PS : Je les rencontrerai à nouveau à Léon. Ils sont venus à pied … moi j’ai fait un trajet en train … Mais cela c’est pour la suite de l’histoire, dans quelques jours)
8 juillet 2016
Burgos - Hornillos del Camino 20 km – 4.8 km/h - 6h26 * 11h24
Je suis réveillé par mon voisin du dessus, je l’ai appelé : « le professeur ». Ce n’est pas entièrement faux, car il est bien enseignant dans sa vie professionnelle. Il est 4h15, décidément c’est de plus en plus tôt. Il a dormi dans la couchette supérieure et il monte et descend plusieurs fois, ce qui fait trembler les couchages. Une demi-heure plus tard, le calme est à nouveau rétabli, et je repars du sommeil du juste.
Vu que je me suis bien rendormi, je prends mon petit déjeuner rapidement. Puis je me dirige vers la sortie, prend le chemin de la cathédrale et je tâche de retrouver le fléchage pour quitter la ville. Heureusement, malgré l’heure matinale, je trouve une âme charitable et compatissante pour me redirigé au détour d’une ruelle quelque peu isolé où je me suis engouffré et qui n’est pas vraiment le chemin souhaité. Dès que j’ai rejoint le rio, un long chemin parcoure le parc qui borde la rivière. Et je peux ainsi sortir de la ville.
Les gens d’ici ont sans doute l’habitude de guider les pèlerins. Ils le font même de façon débonnaire, je remarque plus loin, lorsque l’on quitte le bord de la grand-route pour rejoindre un sentier qui dévie, un automobiliste me klaxonne pour m’indiquer le changement de direction. Néanmoins, j’avais bien remarqué la transition, mais comme je devais réaliser une boucle pour me rendre de l’autre côté de la route, tout en empruntant le passage pour piéton. Peut-être, a t’il pensé que je continuerais tout droit !
Bientôt, je suis dans la campagne et toujours au milieu de champs de blé. Au loin un long pont enjambe deux courtes collines. Le soleil dessine une ombre prolongée de ma silhouette sur le terrain de pierraille que mes pas s’apprêtent à suivre. Je croise une femme asiatique que j’ai déjà vue les jours précédents. Elle marche à bonne allure, nous pourrions combiner nos pas, mais la barrière du langage fait encore une fois frontière aux relations plus élaborées. Il en découle un simple bonjour exprimé par « buenos días».
Une rivière, el rio Arlanzon vient égailler l’uniformité du chemin. Il ajoute également une note de douceur dans l’air qui tend de plus en plus à s’alourdir. J’aborde le village de Tadajos une petite pause est nécessaire, d’ailleurs au bar de la petite entité, se trouvent déjà bon nombre de marcheurs.
La route se poursuit. Réconforté, je poursuis à bonne allure. Mon pied a oublié toutes contraintes. Les petits villages se succèdent comme Rabbé de la Calzadas dans la caja de Burgos. J’ai découvert ce panneau affiché à un croisement. Je visualise une peinture murale. Elle est probablement illicite, mais elle est particulièrement bien conçue. Elle affiche : « Camino de Santiago » en lettres colorées et stylisées. Une chapelle brise le chemin en deux, je continue vers une ferme. Il y a un petit abri hébergeant sans doute quelques éléments de valeur. Néanmoins, c’est une vieille porte d’ascenseur, récupéré pour l’occasion, qui fait office de barrière infranchissable de l’endroit en question. Bien entendu, un cadenas bloque l’accès vers cet autre monde qui pour mon esprit tortueux, doit aboutir à une contrée hypothétique et mystérieuse. Cette image, je pourrais la comparée à un vieux film de science-fiction des années septante, dont j’étais à l’époque un fervent admirateur. Chasser le naturel, il revient au galop.
C’est un long chemin, qui serpente sous ce ciel limpide et azuré. Il est seulement incisé par le passage de certains câbles de haute tension qui me conforte dans l’évidence que je suis toujours dans un monde civilisé. Le passage du temps est réglé par les dispositions régulières de bornes en béton. Elles sont très représentatives car la coquille les honore. Parfois, un arbre aux branchages tortueux borde le chemin. Au loin, Hornillos del Caminos se niche dans le creux d’une vallée.
Le village abrite une petite épicerie, mais il ne faut pas vous attendre à un grand achalandage. Les comptoirs ne contiennent que les denrées les plus restreintes. Cela m’importe modérément. J’ai réalisé la majorité de mes courses hier en ville.
Je prends mon logement à la Casa rural Meeting Point. La réceptionniste me demande, si je prends le repas du soir. Je souhaite savoir ce que le menu contient. Elle me répond : « Crudité en entrée et paella comme plat principal ». Je réfléchis brièvement, la paella n’est pas mon met favori, mais il faut dire que depuis quelques jours, j’ai à peine varier mes repas. Ainsi, plutôt que de chercher ailleurs une cuisine plus favorable, je préfère rester ici. D’autre part, je risque de trouver d’autres choses qui me plaisent encore moins. De plus, je n’aurai pas de déplacement à effectuer. Cela me semble le choix le plus judicieux.
Rendez-vous donc à 19h00 à la salle à manger. Une bonne majorité de pensionnaires ont optés pour rester sur place. C’est un repas en communauté, nous nous retrouvons à dix-sept personnes à table. Tout le monde parle anglais, alors on s’y fait comme le langage reste de base. Car en fait, la plupart l’on adopté mais n’est pas vraiment leur langue natale alors je parviens en général à comprendre la conversation. Quant à répondre à un commentaire, c’est beaucoup plus compliquer. Par contre, la paella est vraiment copieuse et savoureuse. En fait, tout est bon et c’est satisfait que je regagne la chambre pour une nuit calme et sereine.
9 juillet 2016
Hornillos del Camino - Castrojeriz 21 km – 5 km/h - 6h07 * 12h55
Hier soir, les conversations allaient bon train mais à mon niveau, beaucoup de mots se dispersaient dans la nature. Je me suis donc installer sur mon lit, j'ai pris mon bouquin électronique et, comme d'habitude, je me suis endormi sur ma lecture. J’ai toutefois remarqué, qu’il avait fait très chaud cette nuit.
À 5h30 un premier réveil se met débiter sa sonnerie. A priori, le propriétaire du portable n’a aucune envie de réagir. En définitive, après dix minutes toute la chambrée est sur le pied de guerre.
Ce jour, je prends un bon petit déjeuner, c'est nécessaire de bien commencé la journée. En l'occurrence, ce qui est consommé soulage mon sac d’un peu de poids.
Je repars dans la campagne à peine vallonnée, au milieu des champs d'orge et autres graminées. Il y a déjà pas mal de monde sur le chemin. Toutefois de jour en jour, je reconnais les mêmes têtes. Je rattrape une jeune demoiselle. Elle marche très bien et régulièrement. Elle a la même cadence que moi. Tant qu'à faire, je guide mes pas sur elle. Parfois elle est en avance sur moi, car je m’arrête pour faire une photo ou un ou petit film ciblant les éoliennes qui tournent à l'horizon.
Je passe à côté du refuge de San Bol, simple bâtisse totalement isolée dans cette étendue perdue au milieu de nulle part. L’on m’a stipulé qu’on leur avait coupé l’eau et l’électricité ne parlons pas de l’internet. Bref, comme confort c’est un peu restreint.
Les champs de blé viennent d’être moissonner. Le ciel est d’un bleu azur, l’approche du petit village d’Hontanas est assez symbolique. Le village est niché dans le creux d’une vallée et seul le clocher dépasse. L’approche se fait par un chemin spécifique. Il est tracé pour les pèlerins. L’entrée est délimitée par deux blocs de pierre marqués du sceau de Saint Jacques. De l’autre coté la colline, celle-ci en partie boisée, se trace un chemin qui serpente sur une distance considérable pour rejoindre dans le lointain de minuscules éoliennes.
Premier break de la journée. « Café con léché » et un croissant. Je suis prêt à répartir lorsque qu'arrive Stéphanie la Gaumaise. On peut dire que le monde est petit. Pour rappel, c’est la fille belge du patelin à côté de chez moi que j’ai rencontrée à Roncesvalles. Jean Paul, un compagnon avec qui elle marchait était reparti en Belgique car ses vacances étaient finies. Mais comme les rencontres sont foisons à cette époque, elle a retrouvé rapidement une personne pour l’escorter. Nous ferons un bout de chemin ensemble vers les ruines del Convento de San Anton datant du 15ème siècle. Peu après, je pourrai honorer ma crédentiel du cachet de l’endroit.
En accord avec les étapes prévues du guide Michelin (160) "Camino de Santiago", je m'arrête à Castrojeriz. Il est un peu plus tard que midi, j’ai parcouru un peu plus de vingt kilomètres. Les autres décident de poursuivre. C’est une petite ville, il y a cependant deux épiceries et quelques autres commerces. Je prends quartier à l'albergue E Ultréia presque à l'entrée du village. Si tôt, nous ne sommes que deux, une parisienne m’y a précédé. Enfin un peu de français plane dans l'air qui devient de plus en plus étouffant.
Dans le jardin de l’auberge, il y a une fontaine d’eau froide. C’est avec plaisir, qu’on peut s’y baigner les pieds jusqu’au jambes. Attention cependant, en redescendant l’escalier qui reconduit aux locaux, l’eau qui déborde du bassin coule sur certaines marches et cela pourrait se révéler dangereux.
Le souper est en communauté, enfin nous ne sommes que trois à table. Après le repas nous avons droit à une démonstration vinicole puis une visite de la cave ainsi qu’une dégustation. Le cellier est en fait un long tunnel qui fut aménagé car la plus grande partie s’était écroulé. A l’origine, celui-ci conduisait au château qui domine la ville.
J’ai dû me relever la nuit, il faisait vraiment très chaud. Comme j’avais de nouveau mal à mon pied, je me suis rendu au petit bassin et me suis assis quelques instants avec les pieds dans l’eau. La nuit était noire, j’entendais le voisinage qui célébrait une fête quelconque. Nous abordions le dimanche et probablement qu’ils étaient heureux de finir la semaine.
Lorsque je me suis recouché, toute l’assistance de la chambrée était plongée dans un sommeil réparateur. Chacun devrait affronter une journée probablement encore très ensoleillée. Ils auraient intérêt à la clôturer le plus tôt possible. Contrairement à ce que je pensais, à peine allongé, je me suis immédiatement rendormis.
Vers 5h00, un premier mouvement d’un lit voisin, entraine une suite d’animations en chaine.
Cette nuit, j’ai été piqué par des moustiques. J’appréhende cet état de fait car j’ai une sale manie. Souvent, je me gratte au sang. C’est très gênant, d’autant plus que cela aggrave en général le mal. De plus cela provoque un certain nombre de cicatrices qui peuvent perdurées dans le temps. Inconsciemment, je me suis gratté les bras ainsi que mon oreille droite. Le tout est déjà très altéré.
Je me rends à la salle de bain. Je visionne dans un miroir l’étendue des dégâts. Il faut me rendre à l’évidence, cela est beaucoup plus important que je ne l’aurais cru. Tout mon dos est recouvert de petites pustules semblables aux piqures de punaise de lit. C’est un peu invraisemblable, l’auberge était pourtant d’une propreté exemplaire. Habituellement, je traite mon couchage. Il semble que cette nuit, j’ai oublié de la faire.
J’ai rencontré un couple de Belge qui ont couchés en face de moi, je leurs montrent ce qui m’est arrivé. Ils semblent perplexes. Apparemment, moi seul ai été affecté.
(Je voudrais cependant rassurer le lecteur, bien qu’il s’agisse probablement de piqures de punaises de lit, cela n’a eu aucun effet contraignant par la suite. Après un traitement antihistaminique que m’a délivré mon médecin, tout a disparu au bout de quelques jours.)
Je lève le camp un peu après une française qui habite la banlieue parisienne. Nous avons échangé nos prénoms, elle s’appelle Myriam. Elle ne marche pas trop rapidement, je la rattraperai sans doute. Le soleil est encore derrière la colline qui borde le village. En face de moi, se trouve une autre butte qui n’est pas piquée des vers. C’est une route départementale accessible aux véhicules et un panneau signale une montée à 12% sur une distance de 1050m. Je retrouve en effet ma parisienne à mi-hauteur, forcée de prendre une petite pause vu le dénivelé important. J’en profite pour faire de même. Nous admirons ainsi le lever du soleil sur l’étendue qui s’offre toute entière à nos yeux émerveillés. Nous continuons ensemble jusque sommet de la côte. Une nouvelle plaque de signalisation nous indique une descente de 360m à 18°. Je ne saurais pas trancher si la montée ou la descente avait des caractéristiques les plus éprouvantes. Toutefois, la chance est de notre côté, il ne fait pas encore trop chaud. Dès la fin de la descente, nous sommes de nouveau entourés de champs de blé. La moisson est en cours. On voit déjà les prairies se couvrir de ballots de paille. Au loin toujours les sempiternelles éoliennes qui tournent à l'horizon. Les plantes sur bord du chemin sont de longs filaments desséchés. Le grand chardon à fleurs bleues ne peut survivre que par miracle. Des massifs de marguerites ont depuis longtemps perdu leurs pétales et ne présentent à ma vision que leur cœur jaune virant à l’orange.
Depuis pas mal de temps, je navigue à nouveau seul. Je m’arrête un cours instant devant un bâtiments entièrement rénové qui servait autrefois d’hôpital pour les pèlerins. Le lieu s’appelle San Nicolas de Puentetilero. J’en profite pour faire estampiller ma crédentiel d’un superbe cachet vermeil.
Peu après je rejoins la grande route pour découvrir un pont d’un agencement massif. Il s’agit du Puente de Itero del Castillo qui franchit el rio Pisuerga. Celui-ci, constitue le dernier repère architectural du Camino de Santiago dans la province de Burgos. Ensuite, on rentre dans la région de Palencia de Tierra de Campos. C’est Alfonso VI (1072-1109) qui a réalisé la construction. Durant le Moyen Âge, il fut profondément détérioré ce qui lui valut plusieurs réparations afin de le préservé de la ruine. C’est ainsi qu’en 1590, il fut entièrement rénové. On peut remarquer, qu’il était particulièrement adapté à cette époque médiévale car sa largeur en est très limitée. Cela entraine la présence d’un feu de circulation afin d’établir un passage alterné pour les véhicules automobile.
Je remarque qu’entre chaque arche, les fondations du pont est renforcée par une assise plus large laissant la place à un petit balcon. Je m’aventure quelques instants dans l’un deux. En m’arcboutant contre la rambarde, je peux ainsi voir le passage de l’eau sous cet édifice.
Ensuite, le paysage change un peu. Il fait place à quelques cultures. Bien entendu, il y a des champs de maïs. Comme, ils sont très gourmands en eau. On a installé de grandes lances irrigatrices très modernes qui peuvent arroser automatiquement ces ensembles.
Je n’ai rencontré que peu de villages, ce matin. Et ce n’est que vers 10h que je pourrai enfin prendre un café.
Je reprends ma marche. Plusieurs fois, j’aperçois quelques petites structures qui permettent aux pèlerins de passer la nuit dans un endroit bienséant. C’est beaucoup dire, car il s’agit de dormir à la belle étoile vu qu’il n’y a d’abris.
Lorsque j’aborde Boadilla del Camino, il n’est que midi. Bien qu’il soit encore tôt, j’ai décidé de m’arrêter à l’Albergue En el Camino. J’ai lu dans mon guide la présence d’une piscine. Un après-midi de détende me fera le plus grand bien.
L’auberge vaut vraiment le détour. On rentre par une sorte de porte cochère à l’agonie, un chemin dallé donne accès à la propriété. Certains murs sont peints de fresques contemporaines à l’allure naïve. Ils représentent des scènes du chemin. On longe un petit parc très bien fleuri où sont disposés pas mal d’objets hétéroclites rappel du pélérinage. La piscine forme une sorte de chiffre huit placée au centre du tapis herbeux. Dans le fond se trouve la réception.
Il ne parle pas vraiment français, je transforme ainsi un essai avec mon langage (proche) de l’espagnol.
Comme une machine à laver est disponible, Je décide d’y faire passer tous mon linge afin de contrer toute propagation possible des éléments perturbateurs qui se sont présentés la nuit précédente. Pour d’autres raisons sans doute, beaucoup ont choisis de faire comme moi, reste qu’il faut pendre tous ce linge. Mais tout est prévu, des cordes de réserve sont à notre disposition et bientôt tout le tour du terrain est entouré de linge à sécher.
J'ai drôlement bien fait de m'arrêter à cet endroit. J'ai profité pleinement de la piscine et me suis vraiment requinqué. Il a fait un temps magnifique. J'ai retrouvé Jonas le suisse. Il était avec une jeune femme. Je lui demande donc s’il a trouvé une compagne dans ce voyage. Mais il me répond qu’en fait c’est sa mère. Elle l’a rejoint et ils marchent ensemble pour encore quelques jours.
A 19h00, je me rends à la salle nous mangerons en groupe. L’ambiance est conviviale et animée. Le repas est parfait.
11 juillet 2016
Boadilla del Camino - Carrion de los Condes 25 km – 4,7 km/h - 6h23 * 12h02
Nous étions dans une grande chambre, mais j’ai vraiment bien dormi. Le matin contre toute attente, ce fut assez calme. Je me prépare un petit déjeuner, mais ce que je ne sais pas, c’est que malgré l’heure matinale, les patrons sont déjà au travail. Ainsi, je vais au bar prendre mon petit café avant d’entamer ma journée de marche.
Lorsque je quitte l’endroit, je ne peux qu’en déduire qu’il était vraiment remarquable. Je passe devant l’église et longe brièvement la route qui quitte le petit village.
Après une bifurcation vers la droite, je me retrouve sur un chemin qui longe le canal de Castilla. Je pense qu’a l’heure actuelle celui-ci, n’est plus navigable. Du moins à l’endroit où je me trouve. Il sert essentiellement à l'irrigation des terres. Il fut un temps où son principal objectif était de vaincre l’isolement physique et économique de la région de Castille-León et de la relier à l’océan à travers la navigation fluviale.
On a fait œuvre d’aménagement en y plantant de nombreux arbres. Tout est longuement explicité par des panneaux présentant chaque espèce.
Derrière mon dos, le soleil pointe son nez. En face de moi la base du ciel s’empourpre et fini par rejoindre le bleu limpide caractéristique de cette période d’été. Une légère brume plane sur l’eau. Un vol de cigognes passe à ma gauche dans la douceur du matin naissant.
Je me dirige vers Fromista dont on m’a vanté les écluses. La construction (de 1753 à 1849) de cet ouvrage d’ingénierie est l’un des plus grands de son époque et a duré près d’un siècle. Ce canal permettait également d'apporter une force motrice aux fabriques et aux moulins de la région. C'est en effet un ouvrage exceptionnel grâce à sa série d'écluses ovales. Comme les portes sont à présent fermées, l'eau est dirigée vers un trop plein latéral qui se déverse dans une succession d’escaliers. Au pied de l’ouvrage, un livre de pierre raconte une histoire dont les écrits son figés par le temps.
Malheureusement le chemin nous fait quitter cet endroit idyllique, et c’est une ville encore endormie que je traverse. Après le pont au-dessus de l’autoroute qui mène à Palencia, le chemin va suivre la grande route dans une longue ligne droite monotone et sans grand intérêt.
A Villarmentero de Campos une albergue privée présente un hébergement assez original. Les pèlerins peuvent loger au cœur d'une ferme dans des tipis et hamacs. Il y a un bar, je m'achète un sandwich et bois une bière. Une équipe de marcheurs sont en pleine effervescence et chahutent avec les animaux. Ils se rassemblent autour d’une table et je me propose pour leur faire une photo de groupe.
Je reprends le chemin, au bord de ce ruban d’asphalte balisé régulièrement des blocs en béton présentant l’effigie de la coquille. L’Église Santa María la Blanca de Villalcazar de Sirga est très remarquable. La première chose que l’on découvre tout en marchant, c’est l’énorme rosace sculptée sur le mur d’enceinte. Celle-ci fut érigée à la fin du XIIème siècle et achevé dans sa fabrication fondamentale début du XIIIème siècle. C’était une commanderie templière de la Couronne de Castille mais nul renseignement n’a été donné avant 1307, seulement cinq ans avant le terme de cet ordre dans les royaumes hispaniques. Après la dissolution de l'Ordre du Temple d’Espagne en 1312, Santa Maria de Villasirga a été cédée à D. Rodrigo Rodriguez de Girón et plus tard à la famille de Manrique. Dans ce siècle, des extensions et des ajouts ont été réalisés, y compris la chapelle de Santiago qui a été édifiée. En 1664, Villasirga, donnera l'église de Santa Maria la Blanca à l'évêché de Palencia. En 1888, le mur au pied du temple s’effondra, l'espace fut fermé et l’on mit deux ans pour le reconstruire par un simple mur. Cet incident a causé la perte de la Puerta del Angel, bijou sculptural très apprécié par les voyageurs et les anciens pèlerins. Plusieurs sculptures ont été relocalisés dans d'autres domaines de la construction. En 1919, le bâtiment fut déclaré monument national. À partir de 1932 jusqu'à aujourd'hui, le temple reçoit plusieurs interventions dans sa constitution et prend une orientation différente. C’est aujourd’hui un monument historique et artistique national.
Au cœur de cette petite commune, un panneau encourage la Junta de Castilla y León en publiant ces deux mots explicites “Qué ver” (Que voir).
Je continue ma progression mais ce que je craignais, est devenu réalité mon pied droit réagi assez mal aux efforts cumulés. Je n'ai pas trente-six solutions. Soit je reste sur place et j'attends que ça passe ; chose improbable, ça peut durer pas mal de jours. Si je reprends trop tôt, je dois me rendre à l'évidence, je ne tiendrai pas le coup dans certaines étapes plus abruptes. C’est à ce moment que je prends ma décision. La fin de mon périple cette année se terminera à León. Je ne suis pas vraiment déçu, j’ai obtenu la « compostella » en 2015 en réalisant les 100 derniers kilomètres. Dès l’année prochaine, je bouclerai les 250 km que je n’ai pas encore effectués sur ce « Camino » .
On rentre dans Carrión de los Condes par Avenida de los Peregrinos. Une chapelle, où figure une peinture majestueuse représentant un moine pèlerin, anticipe la ville. A quelques centaines de mètres se trouve l’Albergue Paraquial. En fait, l’inscription sur la façade du bâtiment indique « monastère de Santa Clara ». C’est à cet endroit que je ferai relâche aujourd’hui.
Plusieurs options s’offrent à moi pour le logement. Soit un grand dortoir, soit des petites chambres à trois lits ou même une chambre indépendante. J’opte pour la chambre à trois personnes, c’est une solution très convenable, tant par sa stratégie pécuniaire que du niveau confortable. L’homme qui me reçoit, est de petite taille et vraiment bavard. Il explique toutes les modalités qui se présentent, à chaque arrivée.
Mais, il y a une chose à bien comprendre. La clef pour rejoindre la zone des chambres se trouve en permanence derrière une fenêtre entrouverte qui donne à l’extérieur, étant donné que la porte d’entrée est à fermeture automatique. Après ouverture de la porte, il est obligatoire de remettre la clef à cet emplacement pour qu’elle puisse être utile au suivant. Ainsi, on peut sortir et rentrer tout à loisir sans déranger une personne dévouée (s’il y a encore quelqu’un qui est présent à l’intérieur).
Je m’installe dans cette chambre, cela change des dortoirs à plusieurs dizaines de lits. Je fais un peu de toilette et lave mon linge. J’avale rapidement une collation dans les provisions qu’il me reste et je décide de visiter la ville. A cette heure, tout est vraiment très calme. Tout le monde fait la sieste. Après plus d’une heure de visite, je décide de rentrer et faire de même. Naturellement, comme de bien entendu, la clef, ce passe-partout tant utile, a disparu. On vient donc m’ouvrir. Plus tard, sans que personne n’ai remarqué quoi que ce soit, le précieux bien, reprendra sa place comme par enchantement.
Dans la fin de l’après-midi, je décide de repartir faire quelques emplettes. Dans la ville tout s’est animé. Il y règne une ambiance de fête, d’ailleurs tous les enfants sont déguisés à la mode Star Wars. Je prolonge un peu ma promenade et je découvre un ravissant parc. Comme il donne accès à une belle plage, j’en profites pour aller me baigner dans la rivière peu profonde. L’eau est très fraiche et me ragaillardis. Lors de mon retour, je rencontre Myriam. Nous décidons d’aller manger ensemble ce soir.
Vers 19h00, nous choisissons un établissement. Nous rencontrons deux Québécois qui sont au bout de leur voyage. Naturellement, nous papotons ensemble. A notre retour, je retrouverai également le couple de Belge rencontré deux jours plus tôt. Après quelques mots échangés, comme il n’est pas très tard, je les envois vers la rivière afin qu’ils puissent également profiter d’un peu de détente.
12 juillet 2016
Carrion de los Condes - Terradillos de los Templarios 29 km – 4,6 km/h - 6h33 * 13h54
Heureusement que je n’ai pas oublié de rentrer mon linge hier, car cette nuit il a plu quelques gouttes.
Lorsque je me lève, le couple d’Anglais qui ont loger avec moi, sont partis depuis au moins une heure. Ils n’ont guère été bruyant en partant, alors je me suis rendormis.
Je prends un petit déjeuner tranquille en consultant mon bouquin pour repérer le refuge le plus intéressant pour la fin de la journée.
La petite averse de la nuit donne un peu de douceur à l’air du matin naissant. En sortant du monastère, je croise les deux Québécois rencontré la veille. Ils partent en sens inverse. En effet ils retournent sur Burgos, je leur conseille de s’arrêter où j’ai fait halte naguère. Libre à eux de suivre mon conseil. De toute façon, je ne le saurai jamais quelle décision ils auront pris. Les rencontres se passent souvent ainsi. Je reprends donc mon chemin. Tout en cheminant, je repasse devant un bar où j’ai pris un verre hier, profitant ainsi d’une connexion internet. Rapidement, je me reconnecte pour envoyer un Email, en effet il n’y avait pas de wifi à l’albergue.
Comme je suis immobilisé quelques instant, Myriam vient de me rejoindre. Il faut simplement signaler qu’en général chacun parts de sa propre initiative et on ne s’occupe pas l’un de l’autre.
Plus tard lorsque l’on se croise, chacun décide si l’on continue un bout de chemin ensemble. J’ai repéré la veille, la direction pour sortir de la ville. D’un commun accord, nous poursuivons ensemble. Nous continuerons de concert, je marche moi vite que d’habitude et déjà après 10 km, mon pied me pose soucis. Je tâche de l’oublier, ainsi, nous discutons où nous regardons le paysage.
Ce matin nous nous trouvons de nouveau sur une longue ligne droite recouverte de cailloux blancs qui traverse les champs de blé. Par chance, régulièrement des arbres bordent le chemin. Le ciel reste chargé d’un assortiment de nuages blancs. L’air est très respirable. On peut voir à nouveau un vol de cigognes.
A une halte nous rencontrons le couple de belge. Ils ont quasi fini leur voyage de cette année. Ce jour, ils comptent poursuivre plus loin que nous deux, afin d’abréger leur parcours restant qu’ils feront l’année prochaine. Nous faisons une seconde halte vers 10h00 à Calzadilla de la Cuerza. Nous prenons ainsi un rafraîchissement et une petite collation en vente en ce lieux.
La suite du chemin est plate et propice au passage rapide de bicyclettes, ainsi deux filles nous dépassent en trompe. Vers 11h00 le soleil déjà haut dans le ciel nous inonde de ses rayons brulant. Après une courte pause, je m’aperçois que ma cheville supporte mal la lésion dut à mon pied malgré une crème calmante. Le bas de ma jambe me semble comparable à un ballon de baudruche. Nous ne traverserons que peu de village.
A Ledigos un panneau nous indique qu’il ne reste que 374km pour atteindre Santiago. Nous croisons des démarcheurs qui nous vante les mérites de leur gîte. Voyant que nous ne sommes pas intéressés ils partent en fulminant. Ils sont sans doute présents pour garantir leur gagne-pain, j’ai déjà remarqué que la région est pauvre et chacun essaye de tirer son épingle du jeu. A la sortie de Ledigos, il est plus de midi, Myriam en a marre et décide de s’arrêter dans un bar. Je pense que si je m'arrête maintenant je ne pourrai plus poursuivre au-delà. Je décide de continuer seul. De toute façon nous nous retrouverons à Terradillos de los Templarios. C’est le prochain village, il ne reste que trois kilomètres.
Mais la vie n’est pas aussi simple, à l’entrée du village je remarque une première auberge.
J’arrête, je n’arrête pas ?
Après réflexion, je poursuis. Il me semble, lui avoir dit en partant que je m’arrêterais à Jacques de Molay, mais je n’en suis pas aussi sûr à présent. L’auberge en question est proche. Le village qui se présente est très petit et est dédié pour une grande part aux Templiers : d’où le nom de l’établissement.
Tout est réunis autour de cet endroit, logements, petite épicerie et le café-restaurant. C’est une grande auberge où respire la tranquillité. Tout est très propre et très convivial. C’est assez remarquable, on lave son linge dans un lavoir alimenté par une pompe électrique qui puise directement l’eau dans un puit.
Malheureusement, ma copine d’un jour, s’est arrêter à l’autre auberge, Albergue Los Templarios, et je ne la reverrai pas. C’est mon copain Suisse (qui voyage avec sa maman) à la recherche d’un établissement où manger me dit qu’il l’a rencontrée et qu’elle a en effet pris quartier à l’entrée du village.
Nous buvons un verre, puis il me demande comment va mon pied. Je lui dis que j’abrège mon voyage. Toutefois, je compte bien atteindre Sahagun à pied. Ensuite je prendrai le train jusque León. Je tiens vraiment à visiter cette ville. Je lui raconte l’histoire du puit pour laver le linge et que l’eau sort particulièrement fraiche. Il me conseille ainsi de plongé ma jambe dans une bassine remplie de ce liquide rafraichissant. Faute d’une rivière, je consens que ce soit une très bonne idée. Nous nous quittons définitivement, demain sa mère reprend le train pour la Suisse. Le chemin est clôturé également pour elle. Ils partiront très tôt demain matin. Ils doivent être à Sahagun avant 7h30, car la liaison vers Madrid n’offre que très peu de trains.
J’apprécie amplement le repas servis du soir. Le menu ne permettait pas de choisir grand-chose dans les desserts. Je négocie pour prendre une glace à la place mais en fin de compte l’addition n’en sera pas modifiée, Bien que je ne sois pas à un ou deux euros près, j’en tire une grande satisfaction.
Dans la salle, je peux remarquer que plusieurs pèlerins rencontrés l’avant-veille se sont également arrêter à cet endroit. En autre, un jeune homme de nationalité américaine bâti d’une très forte corpulence. Il était très jovial et chaque soir il s’intégrait admirablement à un nouveau groupe. J’avais émis de nombreux doutes quant à la réalisation de son projet, tant il marchait lentement. Mais il semble que je me trompais, il était d’une résistance à toutes épreuves et muni d’une volonté acharnée. L’on m’avait expliqué qu’il venait de perdre sa sœur. Il faisait en quelque sorte ce voyage pour lui rendre cet hommage.
Animation sixième volet : Itero de la Vega - Boadilla del Camino - Fromista – Villarmentero de Campos – Carrión de los Condes – Calzadela de la Curza - Ledigos - Terradillos de los Templarios
Vers 6h00, ça bouge dans le dortoir. Je pense en fait qu’il est à peu près temps de se lever. Mon sac est prêt de la veille et je quitte discrètement la chambre. Nous logions à l’étage, ainsi je descends dans la pièce de détente pour avaler une petite collation. Pour la modique somme d’un euro on peut prendre un café au distributeur. Comme la pension n’était pas trop chère, je me permets d’en prendre un deuxième. Question victuailles, il me reste un bout de pain un brin rassis et pour accommodement quelques carrés de chocolat blanc ainsi qu’une orange. Il faut dire que le petit magasin n’était pas pourvu de grand-chose hier, donc je n’ai rien acheté.
Pendant ce temps, je suis allé chercher un grand bassin d’eau fraiche afin d’y plongé mon pied. Il faut préserver sa monture. Avant d’enfiler mes chaussures je le masse avec un bon paquet de crème puis j’établis un bandage correct.
C’est ma dernière étape, je le sens bien. Le départ reste assez laborieux avant que les muscles ne s’échauffent. Après un kilomètre, je ne ressens plus rien d’inquiétant. Reste à voir si sur une distance plus longue ce que ça peut donner. Nonobstant, pas d’inquiétude à avoir, je n’ai pas une grande course à parcourir.
Je reprends une petite route de campagne. Le soleil est dans mon dos, il ébloui par son éclat naissant les vallons que je quitte. C’est une vielle route, au revêtement franchement abimé. A cette heure matinale la circulation est inexistante. Rapidement, je bifurque pour emprunter un chemin tracé dans les prairies légèrement vallonnées bordées de quelques bosquets.
J’entre dans un premier village encore endormi. La route asphaltée reprend à l‘entrée de Moratinos.
Dès l’entrée je remarque une grande bâtisse de construction récente qui se présente comme Albergue-Hostal. L’endroit avait l’air très accueillant. Je passe devant l’église puis je retrouve les champs. Le ciel est d’un bleu limpide, l’ombre d’un pèlerin se déplace à présent latéralement de concert avec mes pas. A San Nicolas del Real Camino, il me faut longer la grand-route qui rejoint l’autovia « Camino de Santiago » vers León. Au loin un pont empêche les marcheurs de continuer. Un petit monument rappelle tout du pèlerinage avec ces quelques mots gravés dans la pierre :
« El Camino de Santiago a su paso por Palencia » ainsi on contourne le pont pour glisser dans une sente étroite bordée de buissons très bien fleuris. Puis dans le lointain la ville de Sahagun se dessine.
Pourtant le chemin bifurque vers la droite dans la campagne où aucune cité n’apparait. Nous sommes dirigés vers l’ancien chemin. Après un petit pont moyenâgeux, se dresse une chapelle entièrement rénovée. L’endroit s’appelle « Ermita de la Virgen del Puente ».
C’est un lieu de relâche qui a toute son importance. A deux pas se trouve le porche avec les deux seigneurs d’autrefois qui délimite le centre du Camino Frances en Espagne.
Le sentier rejoint Sahagun par un chemin de traverse qui rentre sur le côté de la ville.
J’y rencontre le couple de belge, mais ils ne s’y attarderont pas comme moi pour visiter les lieux. Ils comptent prolonger leur course pendant encore vingt kilomètres afin d’atteindre León dans deux jours après ils rejoignent la Belgique. La suite, ce sera pour l’année prochaine.
Dans ma visite, je rentre dans la « iglesia de San le Thriso » transformer en musée. On m’appose le cachet de passage. Après avoir fait le tour de la ville, je rentre dans un restaurant pour prendre un repas frugal. Je passe devant le refuge municipal. Je rentre voir l’endroit afin de me faire une idée pour l’année prochaine. Ça a l’air très bien, c’est totalement neuf. Je me dirige ensuite vers la gare toutefois, je m’immobilise quelques instants au calme dans un petit parc. Mon train ne part qu’à 14h30 ce n’est pas la peine d’arriver trop tôt. C’est plus judicieux de partagé les attentes. J’attendrai quand même près d’une heure, avec le retard, dans les locaux de la gare. Comme il n’y a pas grand monde au guichet, j’en profites pour prendre ma « reserva ( prononcer réserba, les v s’exprime toujours b en espagnol) » dans le train de demain de Léon à Hendaye. J’ai déjà mon ticket de voyage, la date est vacante et le ticket comporte quatre voyages à prendre dans les trois mois qui suit la date d’émission. Il me faut cependant une réservation pour pouvoir embarquer. Le parcours entre Sahagun et León n’est que de courte durée un peu plus d’une demi-heure. Il me restera donc une grande partie de l’après-midi pour visiter la métropole.
En sortant de la gare, je sais que je dois me diriger vers la Cathédrale. J’ai visualisé quelques points de repères avant de partir, en visionnant sur internet quelques endroits stratégiques, mais la réalité n’est souvent pas comparable. Donc je demande à un passant la direction de l’édifice religieux. Il me confirme donc ma destination. Reste qu’il me faut aussi trouver un logement. Et c’est très bien, je passe justement devant la mairie (Ayuntamiento). Un employé de la ville est de planton devant le bâtiment, et j’en profite pour mettre à profit mes leçons d’espagnol prise cette année. Avec quelques mots simples, je me tire d’affaire. Je ne saurai jamais si j’ai parlé en petit chinois, mais toujours est-il, qu’il a saisis ce que je lui ai dis et que je peux aussi comprendre ce qu’il m’indique.
Par un dédale de rue, je déambulai jusqu'à l’auberge del Monasterio de las Benedictinas Santa Maria.
Après mon installation, je suis repartit pour une promenade culturelle dans cette ville de Léon qui est vraiment une ville charmante et très dynamique.
Après une première visite hier de cette agréable ville. Je suis rentré vers 21h00 afin de ne pas rentrer trop tard. De toute façon, la journée ne fut pas de tout repos, car j’ai fait pas mal de flâneries autour de la cité. Je me suis cantonner à tous les quartiers autours de la cathédrale et ce n’est déjà pas si mal.
J’en garderai de ce passage, le cachet de ma visite en ces lieux ainsi bien sûr qu’un petit « recuerdo de León ». Il s’agit d’une petite statuette avec la représentation de l’édifice religieux, acheté pour trois fois rien dans une des boutiques qui foisonnent au périmètre de cet endroit.
Ce ne sera pas encore aujourd’hui que je ferai la grâce matinée, même si rien ne sert de courir, je dois évacuer les lieux au plus tard à 8h00.
Avant de partir, je retrouve un des italiens avec lesquels j’avais marché avant Burgos. Ils avancent bien, vu que j’ai pris le train de Sahagun à Léon et que l’on se retrouvent au même endroit à présent.
J’ai toute la journée pour visiter la banlieue proche de León. Lorsque je quitte l’endroit, je m’aperçois rapidement que la température a vraiment chutée pendant la nuit. Maintenant, il ne fait que 12°.
Je rejoins les environs de la gare.
Un peu avant le pont qui borde la ville, en contournant le rond-point, je remarque une enseigne fabriquée de petits cubes en bois qui reflète le nom de la ville. Avec son la lettre O partagé par ces mots : « Cynadel Parlamentarisimo». Ces simples mots, la porte au berceau du parlementarisme. A côté, la date du jour écrite en lettre végétale. Tous les jours au moins deux parterres doivent être changés. Puis je rentre sur le pont enjambant el rio Bernesga. Aux bords de la route, deux Lions féroces me regarde passer. Ces statues expriment toute la puissance de la cité.
L’histoire de la gare de León est assez bizarre. Je n’ai trouvé aucun renseignement sur cet état de fait. Une toute nouvelle station a été construite et coupe les voies ce qui la rend complétement en cul de sac. L’ancienne gare est située en face, de l’autre côté de la route. Les voies qui la longent sont donc désaffectées, car il n’est plus possible a du matériel ferroviaire de l’atteindre. Ce qui semble particulièrement ironique pour un connaisseur, c’est que le réseau de caténaires est encore présent et passe au-dessus d’une avenue bien au-delà de cette gare. Je continue donc sur l’avenue du Docteur Fleming jusqu’au Parque Quevedo que je traverse de part et d’autre. C’est très distrayant. Je fais la rencontre de plusieurs galliformes. Coqs, poules et même plusieurs paons bleus déployant leurs couleurs extraordinaires et gambadent en toute liberté. Les rectrices de cet animal spectaculaire sont pourvues de plumes d’environ un mètre cinquante et forment la traîne du gallinacé. Plusieurs fois, l’animal fait la roue en faisant entendre son puissant appel dissyllabique et trompetant. Je quitte le parc pour entrer dans une partie plus moderne de la ville. C’est beaucoup de structures modernes qui abritent certaines administrations ou encore un centre commercial. Je traverse un rondpoint, au centre est figé dans son élan un North American T-6 Texan. Cet avion est le vestige d’une autre époque.
D’autres bâtiments non contemporains immergent à l’arrière. J’emprunte l’avenue des pèlerins et je passe inévitablement devant l’Hostal San Marcos. Au départ, c’était un monastère et un hospice.
Il a été convenu de citer ce monument comme le plus extraordinaire d’Europe. Sa construction de style renaissance, a débuté au XVIème siècle. Sa façade est fabuleusement travaillée. Le cloître, l’église et les stalles du cœur sont l’œuvre d’architectes et de sculpteurs hors pairs. C’est maintenant un magnifique hôtel et un musée avec des salons majestueux, un cloître et une salle capitulaire grandioses. L’hôtel offre des chambres amples et élégantes, une bibliothèque et un excellent restaurant. Le prix est aussi assez soigné, noblesse oblige. Je continue, en traversant le Puente de San Marco. Il date aussi de la fin du XVIème siècle et est déclaré monument historique. Il comprend six arches sur le fleuve proprement dit et deux autres aux extrémités dont les voûtes abritent une rue. Chaque pieux est en avancée, il laisse des élargissements semi-circulaires sur les deux côtés de la route. C’est un passage obligé pour les pèlerins qui continue au-delà de León. Après l’avoir traversé, je descends vers le bord de l’eau. Nous sommes loin des périodes de crue, cela reste une simple rivière qui sinue à travers d’innombrables îles. Je traverse de nouveau un autre parc, un employé tond les pelouses, j’en profite pour faire un arrêt sur un banc et bénéficié de la quiétude de l'endroit. Puis en remontant un escalier, la route me reconduit vers l’artère principale de la ville. En remontant vers la cathédrale, je rencontre un bâtiment remarquable qui me fait plonger dans une fiction proche de la série d’Harry Potter. Dans ses murs abrite La Caja Botines. C’est un édifice de style moderniste et néogothique érigé dans les dernières années du 19ème siècle (1891-93) et déclaré monument historique en 1969.
Sur la façade principale, au-dessus du portail d'entrée se trouve une statue de Saint-Georges. Dans le porche principal, se dresse un lion en fer forgé, hommage à la ville de León. À l'intérieur, l'emploi du bois a été privilégié dans un style contemporain. Au centre de la structure et sur toute la hauteur, un puits de lumière fournit une abondante lumière. En passant, comme il est bientôt midi, je me rends dans un estaminet et je prends le menu du jour.
Comme j’ai trainé mon sac à dos toute la matinée, j’en ai un peu marre. J’arriverai donc un peu plus tôt à la gare. J’en profite pour recharger mon portable afin de pouvoir lire dans le train. De plus, le wifi dans le bistro de la gare m’occupe pendant cet attente. Lorsque le train est annoncé, je me rends à quai. A présent, tous sont contrôlés. Impossible de passer le portail sans un ticket de transport. Le train arrive peu de temps après.
Départ 15h44, le trajet promet d’être long et monotone. Cependant, je rencontre trois pèlerins qui ont pris place directement derrière moi. Ils parlent français. Il y a Marie et Pierre, ils doivent bien avoir 70 ans, comme quoi la marche cela conserve. Une jeune femme les accompagne. Dans un premier temps, j’ai l’impression qu’ils forment ensemble une même famille. Je dois vite me détromper, la conversation me permette de comprendre, qu’ils se sont rencontré sur le chemin.
La jeune femme descend comme moi à Hendaye, son fils viens la chercher pour rentrer ensemble à Saint-Jean-de-Luz. Nous arriverons à l’heure à Hendaye, avec un opinons ironique, remarquons simplement que les relations entre pays sont très cordiales. Et pour la compléter, signalons que le train qui arrive de Compostelle qui est d’ailleurs le seul train accessible dans une journée pour rejoindre la frontière, est sans aucune correspondance pour continuer notre trajet en France. On appelle cela créer l’Europe.
Cette année, je débarque donc un 14 juillet et c’est la fête nationale en France. Mais, j’ai peut-être une ouverture pour me trouver un abri pour la nuit, on m’a informé à León qu’il y avait un logis pour les pèlerins à Hendaye. Après m’être renseigner auprès d’un agent de la gare. Il m’en nie totalement l’existence. Cependant, il est très aimable et toutefois se documente. Puis me confirme en me disant que celui-ci est fermé faute de bénévoles. Un agent de sécurité voyant que je suis embêté me propose de me cloîtrer… par inadvertance… dans le gare qui ferme ses portes à 23h30. Mais pour cela, il faut que l’endroit reste calme. Et comme de bien entendu, ce ne sera pas le cas ce jour. On a remarqué d’étranges individus qui déambulent à la recherche d’une funeste ambition.
Les locaux de la gare devront en fin de compte rester comme à l'habitude, déserts. Avec un peu de recul, cela semble la solution la plus raisonnable car personne ne le sait encore, mais nous sommes à quelques heures de l’attentat de Nice.
Je contacte Pat voir si par Internet, elle ne pourrait pas me trouver un hôtel. Elle déniche une chambre à prix raisonnable, mais vraiment c'est trop loin à pied de l’endroit où je suis. J’aurais sans doute dû descendre à Irun, car là, vive l'Espagne, il y a une albergue toujours disponible.
J’ère un peu, j’arrive dans un parc qui semble bien tranquille. Je pourrais attendre en ces lieux le laps de temps qu’il me reste avant que le hall de la gare ouvre à nouveau ses portes. Mais une patrouille de police passe et prie tout le monde d’évacuer. Je ne réagis pas promptement et sans ménagement l'agent insiste pour me voir déguerpir au plus vite.
Dans mes pérégrinations,
je décèle assez rapidement un endroit calme, un peu à l’extérieur de la ville. Je m’installe le plus discrètement possible en bordure d’un terrain clôturé et abrité sous des taillis. Je suis à peine établis que j’entends la respiration et le grognement d’un chien par-delà de la palissade. Je m’aperçois en fait qui je suis en bordure d’une propriété privée et surveillée. Je n’ose pas faire un mouvement qui pourrait alerter le voisinage et comme de fait un garde, tout ce qui a de plus humain, s’approche. Il contrôle l’alerte de l’animal. Je suis allongé et si je ne bouge, il est impossible de me repérer dans le noir. J’attends que tout redevienne calme. Ensuite, je prends mes cliques et mes claques afin d’aller voir ailleurs si j’y suis. Je longe la jetée, et rapidement je me retrouve en Espagne. Je suis le long de la piste cyclable et tout est calme et il n’y a pas de terrains privés surveillés. La situation est enfin propice pour être tranquille quelques heures. C’est à l’écart de tout, près d’un éclairage public automatique qui s’allume et s’éteint lors de la détection d’un passage. Je m’allonge ainsi trois bonnes heures. Demain, je rejoindrai la gare. J’entends dans le lointain de déroulement du feu d’artifice.
Complètement enveloppé dans mon sac de couchage, je m’endors tout de même assez vite. Heureusement, il ne pleut pas, cela me permet de coucher à la belle étoile sans trop de problèmes. Mais, mon sommeil n’est guère serein et est entrecoupé de multiples réveils. Malgré l’heure tardive, je remarque que l’éclairage public aura été déclenché à deux reprises. Plusieurs vélos ont circulé sur la piste. Les cyclistes passent incrédules et ostensibles, m’ignorant totalement. En fait, je suis comme une chose abstraite complètement isolée et aucune personne n’a remarqué ma présence. Vers 4h00, je plie bagage et reprend le chemin de la gare. Tout est calme à cette heure excessivement matinale. La fête est finie et tout le monde a rejoint son domicile.
J’occupe le hall de la gare en solitaire, parfois le passage des agents de surveillance trouble le silence. J’attends 6h00 que les guichets s’ouvrent.
Favorisant les conseils d’un ami particulièrement habitué à ce genre de voyages, je n’ai pas encore mon billet de retour. Reste que le temps pour l’obtenir m’est assez compté car ma correspondance appareille à 6h38.
Je suis le premier devant le comptoir. Je présente ma requête. Ma situation est quelque peu particulière. En fait, j’ai un avantage offert par mon ex-profession. Je bénéficie d’une carte de réduction qui m’offre un rabais très substantiel. Vu ce fait, je me permets d’emprunter la première classe. Elle est beaucoup plus confortable et paisible dans ce type de voyage de longue durée. Je présente le document officiel, néanmoins l’agent à bien du mal à programmer sa machine. Vive l’informatique, il faut cependant remarquer que cette transaction ne lui est pas souvent demandée et il reste normal qu’il lui faille faire quelques recherches. Pour l’instant ce n’est pas trop grave. De surcroît, peu de monde attend derrière moi, mais il ne faudrait pas trop trainer tout de même.
Enfin, avec mon billet en main, je monte vers une place qui vient de m’être attribuée. Je suis à peine installé, que le train prend son premier élan. C’est un TGV, il n’y aura que peu d’arrêt. Ainsi, dès Bordeaux dépassé, il ne s’immobilisera plus avant Paris. (Horaire : Hendaye 6h38 – 12h45 Paris Montparnasse)
Rapidement, vu ma nuit agitée, je m’endors.
Le compartiment n’est pas complétement occupé. A quelques mètres, un groupe de personnes hispaniques n’arrêterons pas de parler pendant tout le voyage. Bien que me retrouvant en France, je conserve encore pour ces quelques heures, l’ambiance des jours précédents.
Après la gare de Bordeaux, un des jeunes perturbateurs que j’ai eu l'embarras de rencontrer hier soir prend place, sans aucune gêne, dans un siège vacant. Bien entendu, il ne possède aucun titre de transport. Le passage des agents contrôleurs, lui vaudra de quitter le compartiment. Sans probablement aucune autre sorte de sanction. Lorsque l’auxiliaire lui demande où il est monté, il stipule, de façon désinvolte, avoir embarqué à Bordeaux et fait aussi remarquer qu’il est sans argent. Il se moque bien de ce qui peut se passer par la suite car à présent le train est direct jusqu'à son terminus.
La traversée de Paris est rapide, je n’aurai pas vraiment le temps de visiter la ville.
Je reprends donc un second TGV pour Metz. (Horaire : Paris Est 13h40- 15h03 Metz)
Je me vois dans l’obligation de reprendre un train moins rapide vers Luxembourg mais la distance est beaucoup plus proche. (Horaire : Metz 15h33- 16h23 Luxembourg) A Luxembourg, changement de quai en direction d’Arlon pour un trajet d’une demi-heure. (Horaire : Luxembourg 16h38- 17h00 Arlon) Vient enfin ma dernière destination, Marbehan. (Horaire : Arlon 17h02- 17h22 Marbehan)
Soit onze heures de transport en commun. Vis-à-vis d’un parcours à pied similaire, c’est somme toute bien rapide.
Petite anecdote de fin, le conducteur qui mène le train vers Marbehan est un de mes anciens collègues. Nous parlons quelques mots ce qui me fait oublier de prévenir mon épouse de mon arrivée imminente.
Je dus encore, par cette inconséquence, faire le pied de grue pendant plusieurs et interminables minutes en gare de Marbehan.