Mise en garde.
Le texte qui accompagne les illustrations est peut-être sujet à critiques.
Il s'agit d'un récit autobiographique et le lecteur ne doit pas s'offusquer de l'orthographe, la grammaire et la syntaxe qui n'est pas toujours très correcte.
L'auteur s'excuse sincèrement auprès de celui qui aurait des reproches à lui attribuer.
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Pourquoi je marche en Espagne ?

Sans doute principalement pour découvrir d’autres horizons. Et aussi, parce qu’en général dans la période où je pars, j‘ai la possibilité d’y trouver du beau temps. Oh bien-sûr, ce n’est pas dans le nord de l’Espagne que l’on va endurer de grandes chaleurs comme en Andalousie. Quelle que soit la situation, l’idéal n’est pas que le soleil vous tape dessus toute la sainte journée, un pèlerin apprécie la douceur du matin et un ciel couvert est propice à la marche. Toutefois, il espère qu’aucunes précipitations ne viendra rafraichir excessivement ses ardeurs enthousiastes.

Pourquoi le chemin de Compostelle ?

Principalement, pour le respect que l’on lui porte. Du point de vue spirituel, mais aussi parce l’ensemble des parcours est clairement tracé avec suffisamment de points de ralliement pour pouvoir se restaurer et se loger raisonnablement. Le coût d’un voyage qui se prolonge est également un facteur déterminent, il est à remarquer que la vie en Espagne est relativement plus abordable.

Et enfin, pourquoi le faire à pied ?

Là, je dirai que l’on aborde l’aspect sentimental. Le fait de se déplacer « à la vitesse du Grand Doucement » permet de déconnecter totalement de notre univers quotidien. Pour ma part dans ces moments de détente totale cela me permet de rentrer en symbiose avec l’environnement que je rencontre, j’observe à outrance et j’écoute chaque son. Je marche et j’oublie où je me rends d’ailleurs cela n’a pas beaucoup d’importance, j’arriverai au bout quoi qu’il en soit. Puis il a les rencontres toujours propices au dialogue. C’est très enrichissant, très culturel et les langages sont très diversifiés. Il y a une foule de sujet à aborder et quantité de façon de l’exprimer.



Quatrième partie du 28 juin au 26 juillet 2017

Le nord de l'Espagne suite



28 juin 2017


Une nouvelle journée commence. Une journée pareille a tant d’autres ? Non, car je repars sur les chemins. Cette année, j’ai décidé d’emprunter une partie du chemin de Madrid. Françoise, la suisse rencontrée en 2015 m’a précédée sur ce chemin. Ce n’est pas une idée fortuite, au contraire cela va me permettre de rejoindre le Camino Frances, là où je l’ai laissé l’année passée. J’ai étudié un itinéraire qui devrait faire dans les cinq ou six cents kilomètres avec la possibilité de le réaliser en environ un mois, à pied bien évidement.
Cette année, j’ai changé de sac à dos. J’ai fait un maximum pour l’alléger au maximum. J’arrive à stabiliser mon sac à environ dix kilos, ce compris, nourritures et boisons (soit environ un litre d’eau). Cette année je vais marcher avec les bâtons de marche, pour moi c’est une bonne solution car ça aide grandement. Ses dispositifs, pour autant que ceux-ci soient régler correctement permettent de soulager l’effort de la partie inférieure du corps.
Voilà, il est à présent 14h30, Jo va me conduire à l’aéroport du Findel. Pat mon épouse nous accompagne.
C’est avec le vol Luxair 3837 qui décolle de Luxembourg à 17h15 qui me conduit à Madrid où je commence mon périple cette année.
Dès l’atterrissage, je me rends à la zone d’arrivée des bagages en soute. C’est toujours assez long avant que le système se mette en marche et que les valises commencent à déambulées sur le tapis circulaire. Après avoir récupérer mon sac, je me dirige vers la sortie afin de rejoindre la bouche du métro qui me conduira à quelques enjambées à la chambre d’hôtel que j’ai réservée. Lorsque je débouche en ville, il est plus de 21h30 et celle-ci est en pleine effervescence. Il fait beau et très chaud ainsi les terrasses des cafés-bars sont archis bondés. C’est la coutume dans les grandes villes en Espagne, tard le soir les gens sortent et beaucoup n’ont pas encore pris leur diner.
La chambre qui m’est attribuée est spartiate, un peu austère, de style veillotte. Ce n’est pas un trois étoiles. Je n’ai pas choisi le confortable, Madrid étant assez cher de ses logements. J’ai opté pour l’efficace et le fonctionnel, juste un toit pour une nuit. Je l’ai choisi à proximité de la gare d’Atocha, c’est la gare principale de Madrid.
Je décide de dormir la fenêtre ouverte, sinon l’air deviendra vite irrespirable. On m’a attribué une chambre à l’arrière, mais rien ne m’empêche d’entendre le bruit résiduel de la ville. A l’aide d’un remède assez efficace, qui dans les jours qui suivent va bientôt devenir habituel, je parviens à m’isoler des sonorités extérieures et ainsi à trouver rapidement le sommeil. Vers minuit, je suis réveillé par un éclairage qui provient d’une fenêtre de l’immeuble d’en face. Celui-ci, est situé à peine à dix mètres et cette ouverture dirige le flux lumineux directement sur mon lit. Lorsque je me lèverai le lendemain, la lampe est toujours allumée.


29 juin 2017

Madrid - Valladolid - Simancas - Peñaflor de Hornija



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Je suis réveillé dès 6h40. J’ai cependant bien dormi, avec les boules Quies bien sûr ; nous sommes en plein Madrid et la une rue devant est assez circulante. Il fait très frais ce matin à peine 18° a l’extérieur. Cela me semble inhabituel à cette latitude et à cette époque.
Il doit être 7h15 lorsque je me dirige vers la gare d’Atocha. Il y a très peu d’activité dans la les rues : pas comme hier quand je suis arrivé. Les portes de l’entrée principale de la station sont fermées. Il me faut me diriger vers des portes menant directement aux voies qui sont situé à l’arrière du magnifique bâtiment. A l’intérieur du grand hall, j’observe les indicateurs. Mais aucun n’affiche la direction pour laquelle je dois me rendre. Je me dirige donc vers un bureau de renseignement.
Heureusement, je trouve plusieurs agents. J’explique que je désirerais me rentre à Valladolid. Une des agents me réponds très rapidement en espagnol. Elle s’aperçoit vite de mon degré d’embarras mais parvient à me formuler avec quelques mots de français que les trains intérieurs partent de la gare de Madrid Chamartin.
Je prends donc une relation (genre RER à Paris) et après un quart d’heure, je suis à l’endroit prévu. Bien entendu la relation où je veux me rendre est affichée. Reste pour prendre un train, je suis obligé de prendre une réservation au guichet. Grace à un billet offert gracieusement par l’organisme FIP, je peux me bénéficie d’un libre parcours annuel. Celui-ci est valable trois mois pour quatre voyages sur les lignes de la RENFE (Red nacional de los ferrocarriles españoles, réseau national des chemins de fer espagnols). Le problème qui se pose, ce type de billets sont rarement mis en circulation. Peu de personnel les utilise, et bien souvent lorsque vous arrivez à un point de vente de billet, l’agent se demande ce que vous désirez. Donc après quelques-unes de mes explications, et les conseils d’un agent voisin je parviens à obtenir, dans un délai raisonnable, la réservation obligatoire dans la plupart des voyages en train de plus ou moins longue distance. Cela me coute dans les six euros afin de me rendre plus au nord du pays.
Je me rends à quai et rapidement un train AVE (équivalant d’un train à grande vitesse) entre en gare. Il est 8h00 et j’arriverai à 9h16 à Valladolid.
Je me rends au-devant de cette gare, il me semble la connaitre … pourtant je n’y suis jamais venu.
Divination ? Aurais-je vécu ici dans une vie antérieure ? Allons mon bon Jean Claude arrête de déraisonner. Les techniques modernes misent en œuvre par « Google » m’avaient permis de visualiser l’endroit sur mon ordinateur avant de partir.
Maintenant, pressé par les évènements, je me rends compte que je n’ai pas encore pris le petit déjeuner. En fait, je n’ai rien avalé depuis le sandwich pris dans l’avion hier vers 18h30. Je me rends au premier bar ouvert, non loin de l’endroit d’où je viens de débarquer. Je suis à présent en immersion totale dans ce pays et je m’aperçois que cette année, cela ne me dérange moins qu’avant. Mes deux ans de cours du soir vont me permettre de m’adapter rapidement, même si beaucoup de lacunes subsistent encore. J’emporte un « bocadillo » dans mes bagages et en passant devant une boulangerie, j’achète un pain en complément. Nul ne sait ce que je trouverai comme commerce dans la campagne que je dois traverser.
Afin de raccourcir mon itinéraire et m’éviter de traverser la ville, j’ai décidé de prendre un bus pour rejoindre le tracé du chemin au départ de Simancas.
Près d’une heure après avoir monté dans le bus, je peux enfin commencer mes pérégrinations.
Après avoir traversé le vieux pont romain de Simancas, je longe le village qui se trouve tout en hauteur sur le côté de mon chemin.
Tout est parfaitement renseigné sur le terrain. En plus des bornes, propres au tracé de Compostelle qui indiquent les kilomètres parcourus, (depuis Madrid évidemment) il y a régulièrement des flèches jaunes peintes à chaque endroit significatif.
Je passe sous un réseau autoroutier, puis j’aborde maintenant « le Campo ». C’est une succession de terrains de cultures, principalement des champs de blé. La voie qui se présente à mes yeux, est large de trois mètres. C’est une allée champêtre flavescente et très claire bordée de quelques massifs sauvages très secs et entremêlés de petites fleurs violettes. Très loin à l’horizons, presque inaccessible tant elles semblent éloignées, de petites forêts délimitent les champs cultivés. Le ciel est bas, et parcouru par des moutonnements impalpables de nuages qui disparaissent et reviennent, emportés par un vent puissant. Fort heureusement, il me souffle dans le dos.
Souvent le chemin de Compostelle se rappelle à lui, d’étranges sculptures de pèlerins ou autres monuments bordent celui-ci. Parfois, un banc vous invite à un instant de repos. Après sept kilomètres, je débouche sur petite entité nommée Cigunuela. L’église « San Ginès » est une construction assez emblématique. C’est l’édifice le plus haut du village. Elle fut construite au XVI siècle et elle servait de moyen de communication avec le mirador de Simancas ou avec les châteaux de Peñaflor et Castromonte.
Je m’arrêter un bref instant dans un bar pour y déguster « una caña ». Il s’agit d’une bière à pression. Chaque bar en Espagne où je me suis rendu, même au milieu de la jungle, possède une pompe à bière. Dans une petite « tienda », j’y ferai quelques courses pour ce soir. A présent, il est midi et demi passé et je ne m’en suis pas aperçu. Ma montre a fait des siennes. Les aiguilles se sont immobilisées indiquant onze heures moins dix. La panne n’est pas trop grave, après l’avoir secouée plus ou moins rudement, elle repart.
Plus ou moins rapidement, je mange un morceau puis je me remets en route. C’est de nouveau les champs de blé, très courts, sans doute pour éviter trop l’absorption d’une eau assez rare dans la région. Puis au centre de ces étendues, je rejoints à nouveau la civilisation. Je traverse ainsi le petit village de Wamba, en plein cœur de nulle part. A la sortie, le chemin se poursuit vers Peñaflor de Hornija.
Peu avant la fin de mon étape, un nuage particulièrement dérangeant a choisi de lâcher son contenu. C’est de grosses gouttes pénétrantes qui m’arrosent vraiment sans prévenir. Je me démène a enfilé ma cape anti-pluie. Avec ce vent qui souffle en rafale, j’aurais bien besoin de quelqu’un pour me tendre la main. Pourtant, l’averse est de très courte durée. Comme mon vêtement de pluie n’a pour ainsi dire servit à rien. Mon pantalon est complétement trempé mais le soleil revenu, ce ne sera bientôt qu’un souvenir un peu dérangeant. Le village se situe sur une haute butte. Il va falloir que je la gravisse. A l’entrée du village, je suis accueilli par les aboiements d’un chien. Puis, j’assiste à une scène assez cocasse un perroquet dans sa cage ordonne, sans grand succès d’ailleurs, au chien de la mettre en veilleuse.
Je me dirige vers l’église et indéniablement me retrouve nez à nez avec le bâtiment de l’auberge pour pèlerins. Il est près de 16h00, celle-ci est fermée. Rien n’indique où je dois me rendre pour avoir la clef. J’ai juste un numéro de téléphone, mais dans mon appel, une voix laconique me stipule que le numéro en question n’est plus attribué. Pas une âme qui vive à l’horizon, et ce n’est pas le perroquet qui va me répondre, surtout en espagnol. J’attends un peu, que la rue se réveille. Cela ne saurait trop tarder. Et en effet, une voiture vient de s’arrêter en face de l’église. Je laisse mon sac à l’endroit où je l’ai posé. Je me dirige rapidement vers la personne qui sort de son véhicule. C’est une femme qui m’indique le n° 21 qui doit être la maison où je dois me rendre pour obtenir l’entrée du local.
Peux avant que je ne dérange inutilement le propriétaire du lieux en question, un autre homme me signale que je dois m’adresser au n° 17. L’homme qui vient à la porte est un peu surpris, il ne doit pas en avoir beaucoup de pèlerins sur ce chemin. Il me demande pourquoi, je n’ai pas de sac. Il pense sans doute que je ne suis pas vraiment ce que je veux représenter. Après une brève explication et quand je lui montre ma crédenciale, il semble plus rassuré. Nous nous dirigeons ainsi vers le lieu de détente. Après mon inscription et une courte description des lieux, il m’invite à remettre la clef dans la boite aux lettres dès mon départ demain matin.
L’endroit est particulièrement accueillant, d’une propreté exemplaire et possède absolument tout ce que peut espérer un homme comme moi. Il y a huit literies en deux chambres. La cuisine est parfaitement équipée et je vais pouvoir me faire à manger. La salle de bain est spacieuse. Bref, pour ma première albergue, c’est vraiment extraordinaire. Le prix demander est modeste trois euros, pour le cachet sur mon laisser passer.


30 juin 2017

Peñaflor de Hornija - Medina de Rioseco
25 km - 3.9 km/h - (VM : 5.6 km/h pendant 40min) – Dén. + 98 m


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La nuit c’est vraiment bien passé, seul, aucunement perturbé par aucun bruit avec une obscurité totale car la pièce possède des volets mécaniques.
Je quitte le refuge vers 8h30, il fait assez moche ce matin. Le ciel est couvert et la température ne s’élève pas au-dessus de 12°. Je marche avec mon pull polaire et ce n’est que vers 10h30 qu’un timide soleil apparait. Je descends la bute que produit le village et me trouve à nouveau devant une longue plaine a perte de vue s’étendent d’innombrables éoliennes. Comme je n’ai rien d’autre à faire, je les compte. Je suis vite lassé, mais à ma gauche ils s’en dressent plus de quatre-vingt. Et sans plus autant à ma droite même plus. La monotonie est brusquement brisée par une oliveraie puis par un curieux élevage de porcs. Leur espace est limité par une clôture très résistante et des abris leur offrent un refuge. Je passe devant une montagne de déchet de pain qui se trouve en dehors de leur réserve. Il semble que ce soit leur principale nourriture car toute la végétation est sèche. A intervalle régulier, le cultivateur doit venir pour quelques instants e surveillance et les nourrir. Je traverse Castromonte. A l’entrée du village, je repère le logis pèlerin qui n’est autre que l’école du village. Un chouette graff invite les pèlerins de passage à venir passer un moment dans ces lieux.

Sur le côté du dessin un texte reprend c’est quelques mots :
Cuando si ocaso del sol te muestre el camino hacia el mañana, cuando tus huesos cansados se hallen en este, tu hogar; lavas tus heridas, calma tu hambre, sacia tu sed y recuerda la promesa que te trajo aquí
Voici ce que j’interprète comme une traduction très personnelle :
Si le soleil t’a chauffé en cette journée. Je te montrerai le chemin de demain. Si tes os fatigués entre dans cette maison, guéri tes blessures, calme ta faim, satisfait ta soif, rappelle-toi la promesse qui t’as conduit ici.
Je laisse se sympathique village en reprenant brièvement la grande route, passe devant le rio Bajoz presque à sec, pour rentrer dans un chemin baptisé la rutas de naturaleza sur ce parcours le paysage est un peu plus sauvage puis de nouveau les champs de blé s’étendent à perte de vue.
Leur de ma pérégrination sur ces chemins agricoles, je ne rencontre qu’une ferme isolée. A un moment donné, l’itinéraire fléché diffère de celui de mon GPS. Celui-ci m’indique d’avancer tout droit. Toutefois, je préfère suivre le circuit tracé plutôt que de poursuivre à l’aventure. Néanmoins, cela m’obligera à faire un sérieux détour. Il n’y a pas foule, aucun pèlerin. En revanche, un propriétaire terrien et sa compagne me dépasse plusieurs fois avec leur voiture. Ils font de la prospection dans les cultures ensuite ils reprennent leur véhicule passe à mes côtés, et de nouveau s’arrêtent et s’esquivent dans les champs. Près de quatre fois, je les dépasse puis ils me rattrapent.
Ce n’est que lorsque je traverse Valverde de Campo que je les perds de vue. Je passe à deux pas du cimetière de ce petit village agricole avec en son centre l’église typique d’Espagne. Je longe pendant un moment ce qui fut autrefois une ligne de chemin de fer aujourd’hui reconvertie en une piste pour promenades. En fait, je suivrai ce tracé jusque Medina de Rioseco le terme de mon étape du jour.
Je suis à l’entrée de la ville. Hier, j’avais remarqué sur une publicité, un hôtel pas très cher possédant une piscine. En effet, je l’aperçois à quelques encablures de la route. Mais en m’approchant, il semble qu’incontestablement, plus aucun service n’est proposé dans cet établissement. L’atout de mon choix était principalement axé vers la piscine, tant pis pour la baignade. A proximité, se trouve le Monasterio de Santa Clara. D’ailleurs, c’est à cet endroit que j’avais prévu de demander l’hospitalité. J’y retourne, et je suis agréablement surpris de l’accueil de la sœur qui s’occupe de la réception. J’arrive au même moment qu’un pèlerin espagnol. En fait nous serons quatre personnes qui passerons la nuit à cet endroit. Un couple de français nous rejoindrons plus tard.
Quoi qu’il en soit, c’est bien de trouver une localité un peu plus importante. Il faut que je me réapprovisionne.
L’entrée de la ville est particulière. La rue principale présente des bâtiments construit en balcon fermés et soutenus par des colonnes de pierre. Je visite un peu, puis je vais me reposer dans le parc en bas de ce petit bourg. Vers le soir, je remonte le coin de la rue et trouve rapidement un petit restaurant qui propose un menu pèlerin à 10 euros.

1 juillet 2017

Medina de Ríoseco - Villalón de Campos
33,73 km – 4.1 km/h - (VM : 6 km/h pendant 29min) – Dén. + 80 m


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Comme nous sommes plusieurs dans la chambre, va falloir que je commence à m’habituer à la proximité d’autrui avec tout ce que cela comporte : lit qui grince et surtout les ronflements de certains. Mais honnêtement, après ma marche réalisée, ce ne fut guère qu’une formalité pour trouver le sommeil.
Ma voisine proche s’est plainte que notre voisin espagnol avait une respiration très perturbante. Pour ma part, je n’ai pas été gêné : sauf quand même que son réveil nous a tirer des limbes à 5h00 du matin. Un peu trop tôt pour moi, donc je reste semi somnolant pendant encore une bonne heure. De toute façon, il ne fait pas clair avant 7h00. Alors, à quoi bon se presser. Je fais un copieux petit déjeuner. Comme j’ai fait des courses un peu généreuses hier, j’en profites pour jeter un sort a tout ça. Ce sera d’autant moins à porter.
Avant de partir, je vais remettre la clef à la sœur qui me souhaites bons vœux de réussite pour ma démarche auprès de Saint Jacques. Etant à l’orée de la ville, il me faut la traverser entièrement afin rejoindre un parc où commence un bras du canal de Castille.
Construit à partir de 1753, il fut inauguré presque cent ans plus tard. Il va faciliter le transport de la laine, du vin et surtout du blé de la Castille aux ports du Nord. Toutefois, rapidement le chemin de fer a pris le relais pour ce type de transport et le canal est alors devenu et reste la colonne vertébrale d'un vaste système d'irrigation.
C’est ainsi que l’on peut voir, dès le départ, l’énorme édifice dut au commerce prospère de la première époque. A présent, la demeure qui autrefois fabriqua tant de farine est convertie en musée. Cependant, d’autres entrepôts se trouve en état de total abandon. Il reste néanmoins une maigre consolation touristique, elle offre de temps en temps, des excursions en barque assez typique et aménagée. Celle-ci navigue sur une distance d’environ sept kilomètres.
Pendant environ dix kilomètres, je vais longer ce canal. C’est-à-dire pendant environ deux heures. Il s’agit d’une promenade particulièrement reposante, le chemin est bordé par des arbres qui donne un aspect très serein. A intervalle régulier, un petit pont traverse le canal. Celui-ci permet à un tracteur ou à un autre outil agricole de se rendre de l’autre côté du canal. Parfois, je découvre une étrange machine qui n’est autre qu’une pompe permettant d’apporter une irrigation nécessaire à la production de certaines cultures. Entre deux dégarnissements de végétaux, j’aperçois dans la lointaine campagne, quelques maisons agglutinées autour d’une église. Mon chemin quitte alors se long serpent liquide lorsqu’il débouche sur un admirable et efficace ouvrage d’art. De cet endroit, le canal est dirigé dans une direction proche d’un angle à nonante degrés. Un homme à vélo qui parait bien aviser, m’invite à continuer vers la droite pendant encore un kilomètre et poursuivre à gauche par la digue qui surplombe la lagune. Elle doit me conduire au prochain village. J’écoutes ses conseils, mais à l’endroit désigné, ce n’est qu’un empirique tracé. Il n’a plus été emprunté depuis des lustres et dieu seul sait où cela me mènera. Je préfère ainsi faire demi-tour et rejoindre le balisage. Gain des choses … deux kilomètres parcourus pour rien. Je poursuis en suivant les flèches proposées. C’est une petite ruelle à l’état déplorable, mais accessible aux voitures à une vitesse recommandée de vingt kilomètres heure.
Après plusieurs kilomètres, j’arrive en vue de Tamariz de Campos. L’approche de ce hameau est particulière, Il ne comporte que très peu de bâtiments.
L’ancienne église dans laquelle aucun office n’a plus eu lieu depuis bien des lustres, ne présente qu’un haut pan de mur en ruine et squattée par les cigognes ou encore d’autres volatiles.
A la sortie de cette localité, soit je me suis trompé d’itinéraire, soit un autre circuit complémentaire permet de rejoindre Moral de la Reina, je n’avais pas prévu de m’y rendre. Toujours est-il, que me voilà embarqué sur une route pas vraiment intéressante. Celle-ci, me rallonge en fait considérablement mon parcours.
Consultant mon GPS, je découvre un chemin champêtre alternatif qui rejoint la route nationale 905. En revanche, c’est une voie rapide et il y a beaucoup de circulation. Je ne l’emprunte qu’un bref instant. Au sommet de la colline, je la délaisse pour m’enfoncer à nouveau dans les champs.
A Cuenca de Campo, j’ai déjà parcouru vingt-six kilomètres toutefois je retombe à nouveau sur un balisage. Le soleil est haut dans le ciel et commence a tapé dur. Je pourrais m’arrêter dans ce village pour y passer la nuit car il y a une auberge pour pèlerins. J’hésite un instant néanmoins je passe mon chemin, non sans avoir pris un doux rafraichissement dans un bar, au détour d’une ruelle. Je repars donc sur une piste tracée le long de la grande route.
Souvent, elle est abritée par des arbres touffus que me propose un peu d’ombre. J’en profite pour prendre un casse-croute hautement mérité. C’est aussi l’occasion de soigner une petite ampoule (*) qui vient insidieusement perturber mon ordinaire. Après cet intermède salutaire, je poursuis ma route et c’est à quinze heure quinze que je me présente, après m’être renseigner à un agent de la ville, au-devant de l’auberge pour pèlerin de Villalón de Campos.
Un écriteau m’mentionne que cet établissement n’ouvre ses portes qu’a trois heures de l’après-midi, C’est parfait pour moi. J’aurais dû attendre si j’étais arriver plus tôt. Un hospitalier est présent sur les lieux. Après mon installation, celui-ci me propose de mettre mon linge en machine afin de la compléter. Je trouve la proposition très plaisante et ne me le fait pas prier.
Après une courte sieste, je ressors en ville et après quelques emplettes, je me mets à la recherche d’un restaurant pour le soir. Cependant, je devrai me contenter d’un sandwich, bien élaboré toutefois, car l’heure de la « cena » ne commence qu’à partir de 21h00 et c’est bien trop tardif pour moi.
Un peu plus tard, après avoir fait le tour d’un parc à proximité, je m’attable à un bar avec une « cerveza ». Je mange mon casse-croute tout en regardant la télé qui retransmet une étape du tour de France. Je quitte le bar, non sans avoir emporté un cornet glacé qui a attiré mon regard et ma convoitise.
Ensuite je rentre bien tranquillement vers mon gîte.
Cependant au cours de mon retour, je suis hélé par un « petit vieux » assis sur un banc devant le parvis de l’église. Je suis un peu perplexe au départ, puis je m’approche. En fait, il a envie d’un brin de causette. Seul un groupe de jeune gens chahutent et visiblement ne sont pas intéressés par les propos du pépé. Nous causerons pendant près d’une demi-heure. Apparemment, je n’arrive pas trop mal à me débrouiller en espagnol, et cela me satisfait.
Vers vingt heures, je m’allonge sur mon lit afin de lire quelques pages avant de m’endormir. Je ne serai pas dérangé cette nuit, je suis seul dans la chambre.

(*) ce sera la seule de tout le voyage de cette année.


2 juillet 2017

Villalón de Campos – Sahagun (fin du chemin de Madrid)
37,39 km – 4.7 km/h - (VMax : 5.2 km/h pendant 22min) – Dén. + 181 m


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Aujourd’hui c’est dimanche, en tant que pèlerin je n’aime pas les dimanches car aucun commerce n’est ouvert à la fin de l’étape. Comme en général, j’arrive dans l’après-midi il me faut prévoir ce dont j’ai besoin la veille, ou passer dans la matinée dans une agglomération plus importante pour me ravitailler. Sinon je dois attendre le lundi en espérant ne pas voyager dans un coin désert. Je suis réveillé automatiquement. Je n’ai jamais besoin de réveil pour savoir à quelle heure je dois partir. Je quitte l’hébergement vers 7h00 laissant l’hospitalier tranquille. Je ferme la porte derrière moi, et je me dirige vers les ultimes rues de la ville. Le chemin indique une direction que j’emprunte sans me poser de questions. Je remonte la vallée et en me retournant, je peux apercevoir l’entièreté de la ville qui en réalité me semble beaucoup plus étendue que je ne le pensais.
A cette heure matinale, surtout ce jour, je ne croise personne et j’ai même l’impression que tous les villages sont désertés.
Le premier lieu où j’abouti, est Fontihoyuelo et je suis quelque peu inquiet. Je me dirige droit dans les dépendances d’une ferme. Cependant, les flèches montrant la direction confirment qu’il me faut poursuivre dans cette direction. Le problème, c’est que l’entrée est gardée par une meute de chiens. J’en compte sept et ce n’est pas de petits animaux. Aucun, n’est attaché. Je regarde à gauche et à droite pour une échappatoire afin d’éviter de passer au centre, mais c’est impossible car des murs d’enceinte se dressent et empêche tout passage. Je me resigne et je m’approche prudemment sans geste brusques et j’espère ne présenter aucune impulsion agressive. J’avance au milieu de cette foule canine, seul un énorme animal semble s’intéresser à moi. C’est une bête colossale. A mon passage, je l’entends gronder dans mon dos. Puis progressivement à force que je m’éloigne, le chien regagne son territoire. Je dois l’avouer, je n’étais pas trop rassuré.
Me voici de nouveau dans des lopins agricoles. Je passe aussi devant une petite culture maraichère clôturée. Sans doute, pour éviter tout acte de dégradation.
Sur le sommet d’une bute se dresse une très belle église du XIIe siècle qui domine le village de Santervas de Campos. Une information sur ce lieu m’indique que le 12 Octobre est célébré la Virgen del Pilar, patronne des lieux. En faisant le tour de l’entité, je remarque une belle auberge récemment rénovée. Je pourrais faire étape dans cette ville, mais il n’est que 10h00 c’est tout de même un peu tôt pour s’arrêter. Dans cette promenade à travers ses rues, je découvre de vieilles voies étroites dont les bâtiments sont construits en murs de boue avec toit de chaume. Je remarque aussi différentes sculptures en matériaux divers. J’aurais pu également me rafraîchir la gorge dans le bar, mais celui-ci ne présentait aucune activité. J’ai donc passé mon chemin.
Un peu avant Melgar de Arriba, un véhicule me dépasse puis s’arrête. Un homme débarque et me demande si je me dirige vers une direction que je ne comprends pas. Je lui réponds « Si » sans savoir vraiment si ma réponse est correcte. Il est satisfait, car il reprend son véhicule et continue sa route, peu après il bifurque à gauche. Moi, je dois me diriger tout droit. C’est à cet instant que je dois me décider pour choisir un des deux itinéraires qui se présente à moi.
Si je veux me rendre aujourd’hui jusque Sahagun, il faut que je réduise mon chemin et ne pas faire de détour inutile. Soit, je prends le chemin fléché qui passe par Grajal de Campos où un magnifique Castillo se dresse. Celui-ci pourrait selon les dires de mon hospitalier m’offrir le gîte, mais s’il se trompait je devrai prolonger de 7km. Après avoir pris quelques renseignements sur Internet, j’ai remarqué que loger au château était très problématique car celui-ci était souvent fermé. Je retrace donc mon itinéraire en le réduisant afin qu’il ne soit pas supérieur à 33 km. Distance maximum et raisonnable. En tout cas, je suis certain de pouvoir l’accomplir dans la journée.
Si je ne peux faire étape au château, je vais devoir parcourir plus de 40 km pour terminer cette étape : cela me semble très excessif. Tant pis pour le castel, je prendrais un chemin plus direct. En sortant de Melgar de Arriba, je remarque une plaque routière indiquant 12 km pour Sahagun. A ce moment, j’ai déjà parcouru 22.5 km. Si j’ajoute 12km, je dépasse légèrement mes prévisions mais cela reste possible. A partir de là, je vais suivre la route. À cet instant, il est 11h30. J’en ai pour environ 3 heures ce sera encore une heure très acceptable pour clôturer ma journée.
J‘en ai vite marre de la route, grâce à mon GPS, je dévie vers des petits chemins de traverse. Ils sont beaucoup plus agréables que de rester dans la circulation routière. Ainsi, je longe pendant plus d’un kilomètre le Canal Sea Carriόn. A l’arrière d’une exploitation agricole située à la lisière de Galleguillos de Campos, le chenal fluvial bifurque vers la gauche. Je dois continuer tout droit et je prolonge sur des chemins agricoles. A la périphérie de San Pedro de las Duenas, je rejoins brièvement la grande route. Plusieurs ponts se partage le tracé de la ligne du chemin de fer et j’en profite pour faire une pause casse-croute sous l’un deux. Au moins cet ouvrage d’art me permettra d’avoir de l’ombre pour me restaurer. L’endroit est assez calme et seul un train rapide viendra troubler la sérénité de ce lieu improvisé. Après cette brève halte, je reprends mon sac à dos qui commence à subitement devenir pesant. Le soleil est au zénith, et il n’y a guère d’endroit où je suis protégé de ces ardents rayons.
Je rejoins, la grande route à un grand rond-point qui annonce l’entrée d’une agglomération. Je suis au faubourg de Sahagun, il est 14h30, j’ai vraiment bien marché. Cependant, j’arrive à une extrémité de la ville différente de la fois précédente. Je n’ai pas exploré cet endroit. Ce n’est qu’au centre de la cité que j’établis quelques points de repère et je me dirige vers la Albergue de peregrinos Cluny qui a l’heure actuelle, doit être accessible. Toutefois, mon appareil m’indique que j’ai parcouru 37 km.
Je rentre dans le local, je connais les lieux car je m’y suis rendu l’année passée avant de poursuivre en train vers León. Après une bonne douche puis laver et pendre mon linge, je me rends en ville afin de prendre un moment de détente devant quelque chose de rafraichissant. Plus tard dans la soirée, je trouve un petit resto tranquille où le menu « del dia » est présenté pour seulement 9€. Le repas n’est pas mal mais sans plus, seulement le vin n’est pas trop à mon gout.

Animation premier volet : Chemin de Madrid : Simancas - Sahagun

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3 juillet 2017

Sahagun - Reliegos (reprise du Camino Francés)
33,27 km – 3.7 km/h - (VMax 4.8 km/h pendant 32min) – Dén. + 98 m




005-Sahagun-Reliegos.GPX


J'ai logé à l'auberge de pèlerins municipale de Sahagun. C'est assez spartiate, le confort est relatif mais après la marche d'hier, j’en avais plein les bottes. Toutefois, j'ai bien dormi. Je suis réveillé à 5h00 par des marcheurs surexcités. C’est trop tôt pour moi, je traine un peu. Je ne partirai de toute façon pas avant qu’il ne fasse clair. Chaque jour, je fais tracé l’itinéraire à mon GPS en lui fournissant quelques éléments essentiels. Il me programme le chemin voulu.
Je trouve rapidement la sortie de la ville, de toute façon c’est très bien indiqué. Le rio Cea est franchi par l’antique pont qui débouche sur un sentier qui va suivre une grand-route. Un bloc de béton, sous l’arrière d’une plaque de signalisation abondamment taguée, indique SANTIAGO 315 Kms - ULTREIA. Peu importe, je sais que je continue le camino frances en son centre et cette information ne me frappe pas vraiment. Je traverse Calzada del Coto, puis on suit un moment l’autoroute ensuite le profil d’une ligne de chemin de fer moderne se dessine. Un train rapide emmène les gens pressés vers leur lieu de villégiature. A Bercianos del Real Camino une petite chapelle nous rappelle que nous sommes sur un sol chrétien. Puis un peu plus loin, je passe au-dessous d’une sculpture métallique moderne en forme de U inversé. C’est la plaine à perte de vue. De temps en temps une allée d’arbres le long d’une petite rivière vient égaillée un peu le parcours.
Fin de matinée, je m’arrête dans un petit village pour prendre une bière ainsi qu’une belle couque espagnole très appétissante. Il me reste encore treize kilomètres. La chaleur se fait sentir, il y a très peu d’endroits ombragés. Vers 13h00, le long de cette route assez monotone, je m’assis sur un banc protégé par un bel arbres. A deux pas, subsiste un semblant de mare où les crapauds s’en donnent à cœur joie. Je sors mon casse-croute puis je continue mon chemin.
D’autres petites entités sont traversées tel « El Burgo Ranero, Villamarco » puis « Reliegos » mon point de chute. J'arrive en compagnie de deux femmes Martine et Geneviève. C’est un tout petit village, il y a plusieurs foyers d’hébergement mais l’auberge « ADA » est fermée le lundi. Nous nous rendons à une autre mais elle est complète. Cependant, nous trouvons toutefois un couchage à « Albergue Gil ».
Après m’être rafraichi je redescends à l’entrée du village pour faire quelques emplettes à l’épicerie mais cette « Tienda » n’est qualifiée de commerce que de nom, car l’achalandage y est très sommaire.
Nous sommes à côté du bar et nous décidons de manger ce soir tous les trois sur place. Je prends le menu del dia. Les deux filles prennent un plat à la carte mais c'est trop copieux à leur goût, et c'est moi qui me charge de finir l'excédent. Il doit être 21h00 lorsque je m’alonge sur mon lit. Je place mes écouteurs sur mes oreilles.
La musique couvre largement l'ambiance du bar en dessous. A minuit, je coupe la musique nous sommes six dans la chambre et certes on sent la proximité des autres pourtant va falloir que je m’y accoutume.


4 juillet 2017

Reliegos - León
25, 20 km – 4 km/h - (VMax 5.2 km/h pendant 20 min) – Dén. + 149 m




006-Reliegos-Leon.GPX


Dès 5h30 cela devient une habitude à prendre, c’est donc le branle-bas de combat. Dix minutes après, je sors de ma couchette. Comme ce sont des lits superposés et que je me trouve en haut, je dois toujours prendre garde déranger le moins possible mon voisin inférieur. Certaines personnes n’y prennent pas vraiment garde, cela dépend de la mentalité de chacun et sans doute de l’éducation que l’on a reçue. A notre âge on ne s’y fait plus, on est circonspect, respectueux mais certains ont oubliés certaines règles élémentaires de bienséance. Aujourd’hui, pas de problèmes la personne qui a dormi sous moi à déjà fait sa valise … enfin en quelque sorte … disons qu’il a déjà emporter sa mochila (*).
Il est encore trop tôt pour que le bar soit ouvert, impossible de se faire une tasse de café. En guise de repas de mise en route, je mange un bout de pain, avale une orange le tout imbibé d’une gorgée d'eau. C’est un petit déjeuner assez frugal qui a le mérite de n’être guère dispendieux.
J’ai rencontré les femmes qui, étant prêtent ont pris les devants. On s’est donné un rendez-vous hypothétique sans doute au village suivant. C’est à environ une bonne heure de marche. De toute façon, c’est une heure où je préfère marcher seul. C’est très important pour moi d’observer le lever du soleil, c’est un instant magique que je ne me lasse pas de découvrir.
Je traverse Mansilla de las Mulas. Celui-ci sort lentement de sa torpeur. Je retrouve les filles au café bar San Miguel à l’entrée de Mansilla Mayor. Elles ont commencées leur petit déjeuner, je décide de faire comme eux. Je prends une collation bien consistante ainsi que ma tasse de café qui reste indispensable le matin. Puis le soleil vient illuminer la campagne, elles reprennent leur marche bien avant moi, dans peu de temps je les aurai rattrapées. On discutera cinq mots puis je partirai à l’avant. Peut-être que l’on aura plus l’occasion de se revoir. C’est ainsi le chemin de Compostelle, on passe un peu de temps avec quelqu’un puis, on se perd de vue … sans doute pour ne jamais se revoir.
Après Villamoros de Mansilla, on traverse un parc forestier aménagé pour les promeneurs. Plusieurs édifices ruraux ont été peints avec des décorations impactant les circonstances. Ensuite, une longue passerelle enjambe le Rio Poma assez large à cet endroit. À côté du terrain de tennis, on rejoint la civilisation. Je passe devant un vestiaire au murs ornés une nouvelle fois de décorations exceptionnelles. Je rentre dans Puente Villarente. Ensuite, c’est une progression le long de la route. Régulièrement, sur les pylônes électriques, je peux voir que les cigognes ont élu domicile sur leur hauteur. Plus on s'approche de la ville, plus les voitures abondent. Sous un pont qui regagne un chemin champêtre, qui nous conduira au faubourg de León.
Sur le parement de l’ouvrage, je remarque une inscription. Etonnant, celle-ci est rédigée en Français. Elle pourrait être médité : Communauté de l’Être # Société de l’Avoir. Signée Holylanders.
Puis la piste monte assez fortement, une area de descanso (endroit de détente) a même été créée, je passe à Valdelafuente, (Vallon de la fontaine). Il porte bien son nom cet endroit car un point d’eau offre au marcheur de quoi se désaltérer. L’endroit idyllique et est situé au pied d’une église avec en son sommet le nid habituel des cigognes. Une pharmacie semble essentiel pour le confort du marcheur, car elle est indiquée à plusieurs endroits. En haut de la colline on s’aperçoit qu'on va devoir redescendre sur León. La ville majestueuse apparait dans le lointain. On traverse l’autoroute sur une passerelle obligatoire pour les piétons pour aborder Puento Castro, faubourg de la grande ville. Ensuite, je passe devant l’hopital Sta Isabel, en longeant la cité de plus en plus urbanisée, je découvre une statue moderne, elle est constituée d’un ensemble de cubes et dans cette structure moderne plusieurs têtes d’animaux se détachent. A l’avant du premier parc de la ville, un groupe de la sécurité publique accueille chaque pèlerin. Ils donnent quelques conseils, demandent où vous compter loger ainsi ils vous indiquent les possibilités pour un hébergement. Je suis content, l’étape fut de courte durée. Au premier estaminet, je prends un temps de repos devant una cagna. (Bière pression)
Dès cet instant, j’ai ranger mes bâtons de marche dans mon sac. Je me dirige en suivant les flèches qui rejoigne la cathédrale. Dans un dédale de petites ruelles, un moment donné je suis surpris de connaitre l’endroit. Mince, je viens de passer devant l’auberge pèlerin où j’avais logé l’année passée.
Ne cherchant pas la complication, je décide d’y retourner. Je connais bien les lieux, et après inscription je me vois attribuer un couchage et par un pur hasard, ce sera au même endroit que l’année précédente.
L’après-midi, je vais faire un tour dans la ville, mais très vite je m’aperçois que la chaleur me fait chercher quelque endroit plus frais. En Espagne, il existe encore des magasins uniquement vendeur en fruits et légumes, la marchandise y est souvent de très bonne qualité. J’en profite pour y acheter quelques fruits. Je m’achalanderai plus tard dans une épicerie pour le reste. Comme à midi je suis allé manger dans un petit resto, le soir je me rend à la cuisine. Le four à micro-onde seul appareil électrique me permet de réchauffer un bol d’eau chaude pour me dilué une soupe lyophilisée. Outre cet usage, la cuisine semble bannie en ces lieux. Dans un premier temps, je suis seul puis un groupe de deux jeunes Anglais arrivent avec un camping gaz ainsi qu’un poêlon démesuré. Le tout fringants neufs et achetés il y a peu, car encore dans leur emballage. Tous cet attirail, allait devoir être transporté dès le lendemain sur le reste de leur parcours et je les plaignais d’avance. Si je venais à les croiser à l’avenir, je pourrais rapidement les reconnaitre en voyant la poêle à frire se balancer à l'arrière d'un des sacs à dos. Dans leurs emplettes une énorme quantité de légumes, du riz, des œufs et bien d’autres choses. Le tout, recouvrait une grande partie de la table. Je leur demande pour combien de personnes ils comptent faire la cuisine. Ils me répondent que c’est seulement pour eux deux. C’est beau la jeunesse qui a bon appétit.
Mais c’était sans compter sur l’arrivée d’un hospitalier qui observant la scène est en désaccord total sur leur pratique. En effet, un écriteau, que je n’ai pas remarqué, proscrivait toute cuisine en ces lieux et c’était bien pour cela qu’il n’y avait aucuns ustensiles le permettant. Ils se font remonter les bretelles mais la cuisson de leur plat a déjà commencé et il un peu tard arrêter quoi que ce soit. Plus tard, une jeune fille va se voir inviter à leur table. Pour moi, même si j'avais été convier, c’était trop tard. J’avais déjà fini de souper.
Je me couche tôt, vu le nombre que nous sommes, je pense que beaucoup partirons encore aux aurores et je compte bien les accompagner plutôt que de prolonger inutilement un simulacre d’assoupissement .
(*) sac a dos


5 juillet 2017

León - San Martin del Camino
26,67 km – 3.6 km/h - (VMax 4,7 km/h pendant 35 min) Dén. + 196 m




007-Leon-SanMartin.GPX


Nuit très calme en fait. Vu le nombre que nous étions j'avais un peu peur.
L’ensemble de la chambre a dut être été réveillés vers 5h40. Je suis resté encore un peu couché, puis je me suis préparé. J’emporte mon sac jusqu’à l’entrée de la cuisine.
Le déjeuner assez simple mais il est distribué gratuitement. Pain, beurre et confiture, ce n'est déjà pas mal. Et bien sûr, la tasse de café présidentielle. J’améliore mon ordinaire par un yaourt acheté la veille. Je quitte le refuge par le porche qui reste grand ouvert, dès six heures du matin. Je me dirige vers la cathédrale point de départ de cette étape mais brusquement, je m'aperçois que je n’ai pas rempli ma provision d’eau. Etant sans réserve, je fais demi-tour et je rempli ma grande bouteille. Mince alors, il me semblait bien que ce sac fût bien léger. A présent, il a encore pris de deux kilos. Bon tant pis, s'il fait chaud comme hier, il va falloir que je m'hydrate.
Je quitte León en passant sur la Plaza San Marcos et je traverse le Rio Bernesga par le pont réservé aux piétons. C’est une trajectoire très emblématique et impérative pour quitter la ville.
Trabajo del Camino est une banlieue ouvrière proche de León. De l’autre côté de la rue, je vois deux personnes qui marchent et ce n’est autre que Martine et Geneviève. Elles ont logé à un autre endroit que moi, et nous sommes quasiment partit ensemble. Je les accompagne quelques kilomètres, nous nous arrêtons un cours instant pour prendre un café, puis je prends les devants. Peu de chances que l'on se rencontrent à nouveau, elles finissent leur marche aujourd'hui.
A partir du Camino Francès, j’avais plus ou moins prévu de suivre les étapes indiquées sur mon guide. Celui-ci respectait des longueurs de marche bien développées et très correctes. Pourtant en y regardant de plus près l’interruption à Villadangos de Paramo qui faisait un parcours de vingt-deux kilomètres me semblait assez courte. Je décide d'aller une étape plus loin que prévue. San Martin del Camino est situé cinq kilomètres plus loin, la distance est très raisonnable.
Le chemin longe la grande route et il y a beaucoup de circulation. Je passe dans un quartier d’anciennes maisons troglodytes dont la plupart sont abandonnées. Certaines sont proposées à la vente, dans l’état où elles se trouvent, il ne doit guère avoir d’amateurs.
A Virgen del Camino, nous marchons toujours le long de la route. Cela devient assez désagréable. Enfin une heure après, j’aborde un terrain plus campagnard. A l’avant d’un talus, un câble électrique est décoré par une paire de chaussure, aux semelles jaunes. Elle pend par les lacets et se balance au grès du vent. Je passe devant deux pylônes GSM ainsi que d’une construction en hauteur qui semble être un silo à grain.
Plus loin à Valverde de la Virgen, je débouche sur la rue de la paix. (Calle La Paz). A la maison d’un riverain, il propose un « selo » pour embellir notre crédenciale. Cela justifiera mon passage.
Puis je croise un homme et nous faisons connaissance, il parle français. Il habite entre Colmar et Metz. A la distance où nous nous trouvons, je peux dire que nous sommes du même coin. Il marche à mon rythme, alors nous décidons de faire un bout de chemin ensemble. Il a prévu de faire étape San Martin del Camino, décidément nous sommes faits pour nous entendre. Comme il a réservé sa place la veille pour une auberge à cet endroit, je vais voir si je ne pourrai pas loger là aussi. Ce serait étonnant que tout soit réservé. L’année passée, je ne réservais jamais et j’ai toujours eu de la place. D’ailleurs dans ces cantons, le pèlerin a énormément de choix de logement.
L’albergue Viera Amelia se situe à l’entrée du village. C’est un logement très correct avec une piscine. C’est très bien pour moi, ils font la cuisine et nous mangerons sur place. Je passerai la journée entre plongeons dans la piscine et repos sur un transat.
Les vacances en quelques sortes …
Plus tard dans l’après-midi, un couple se présente à l’auberge. Ils sont Brésiliens, ils comptent bien se rendre à Compostelle. Toutefois, l’homme a l’air exténué. Sa compagne explique qu’il n’a pas l’habitude de porter un sac, et qu’il a vraiment mal au dos. Pourtant, ils viennent de commencer le camino, ils sont partis de León .


6 juillet 2017

San Martin del Camino - Astorga
26 km – 4 km/h - (VMax 4.8 km/h pendant 90 min) – Dén. + 178 m




008-SanMartin-Astorga.GPX


Cette nuit, j’ai été piqué par des moustiques et peut être aussi d'autres bestioles. Cela a dut me déranger pas mal, de plus j’ai vraiment eu trop chaud. Comme mon bras me démangeait, je me suis gratté. Ce n’est pas très beau à voir. Encore quelques cicatrices en perspective, car maintenant le sang a coulé et je risque fort d’enlever chaque croute et ainsi de suite.
Heureusement, mon docteur m’a prescrit un antihistaminique pour éviter cela. Il me sera d’un grand secours.
Je me lève à 5h40. En fait seulement cinq minutes avant l'heure prévue.
Après un brin de toilette, je côtoie brièvement Jean Louis le Français, il est prévu que nous partions ensemble aujourd’hui.
Le petit déjeuner est compris dans le prix et nous nous retrouvons tous à table. Celui-ci est très bien approvisionné. Pain grillé, beurre, confitures, fruits et yaourt sont présenter aux convives.
Après une bonne nuit, les brésiliens sont en pleine forme. Les conversations, souvent en anglais, vont bon train. Chacun est plein d’enthousiasme et traite son sujet personnel. Toutefois, le chemin reste le domaine principal des entretiens.
Je suis prêt à partir avant Jean Louis. Je l’attends un moment, puis il me dit de partir en premier nous nous rattraperons plus tard. Il est 6h30 et l’aube déloge les premières lueurs du jour. Je traverse et abandonne San Martin. Pendant plus de six kilomètres, je longe à nouveau la nationale sur un sentier parallèle.
Je ne suis pas seul, tout le monde parts plus ou moins en même temps. Par un chemin de traverse, nous arrivons au pied d’un château d’eau et nous continuons vers le Puente de Orbigo. Il se présente en un long chemin pavé relié au pont romain connu également sous le nom Passo Honroso. Monument national, il est l'un des plus longs ponts du Camino de Santiago et traverse la rivière Orbigo. Il se prolonge jusqu’au bourg d’Hospital de Orbigo.
Il est établi que ce serait les Romains qui auraient construit cet édifice. Il faisait partie de la Via Aquitania et reliait Asturica (Astorga) avec Tarraco (Tarragona). Il aurait servi à transporter l'or de Las Médulas à travers l’Espagne. Il fut rénové au Moyen Age (XIII siècle), et a été reconstruit à plusieurs reprises.
En 1434, un tournoi célèbre qui aurait duré trente jours apporte également une notoriété à cet ouvrage admirable. Ainsi, il unit la mémoire des pèlerinages jacobin à cet événement chevaleresque très intéressant.
C’est à présent des cultures maraichères qui s’offrent à ma vue. Il y a tout un réseau de canaux d’irrigation prévus à cet effet. Des arrosages mécaniques arrose les champs. Ils arrosent même les pommes de terre et la route où je passe reçoit régulièrement son jet d’eau. J’attends le moment propice pour franchir l’endroit humide.
Normalement, le chemin nous dirige vers Villares de Orbigo, mais sans doute par distraction, je me retrouve le long de la grande route. De plus, je n’ai plus contact avec aucun marcheur et cela me semble particulier. Je consulte mon GPS, il est un peu trop tard pour faire demi-tour, surtout que je me dirige dans la bonne direction par une route parallèle. Mais, je n’ai guère envie de continuer le long du macadam, mon appareil m’indique un chemin champêtre pour rejoindre Santibáñez de Valdeiglesias.
C’est vrai que ce chemin de traverse est assez sympathique, il longe un moment une rivière puis à un carrefour j’atteints à nouveau le chemin balisé. C’est à cet instant que Jean Louis me rejoint. Après le village, nous abordons un long ruban de terre sablonneuse au milieu d’un terrain sauvage qui rappelle un peu, certains paysages d’Afrique. Parfois, un profond escarpement semble s’être effondré, faisant ressembler l’endroit à une ancienne mine perdue en plein désert. En haut d’une petite crête, un homme à la culture simple propose aux pèlerins toutes sortes de nourriture. Cet homme se distingue, car il mène une vie de hippie. Je prends un morceau de pastèque, sans oublier, avant de partir de glisser quelques pièces dans l'obole prévue à cet effet.
Je repars seul quelques instants, Jean-Louis me rattrapera très vite. A l’approche de pins rabougris, se dresse une haute cheminée en béton où a été peint, deux mains qui s’entrecroisent. Je ne m’éternise pas sur place, car le ciel se couvre. Le chemin devient alors une longue descente réalisée en galets. Puis nous arrivons tous les deux à San Justo de la Vega proche banlieue d’Astorga. On longe une courte zone industrielle puis on aborde une passerelle à plusieurs étages qui permet de franchir la ligne du chemin de fer. Maintenant, la pluie s’est invitée dans notre parcours, l’orage gronde au loin. Sous un auvent qui je me protège, je nous couvre, mon sac et moi d’un élément imperméable.
Un train vient de quitter la gare voisine. Paresseusement, il déroule son contingent de voitures. Déformation (ex)professionnelle, j’en profite pour le filmer.
Rapidement, alors qu’une troisième pèlerine s’est jointe à notre groupe, c’est en longeant les murs d’une ville humide que nous progressons. Après un premier renseignement, nous nous dirigeons vers l’Albergue San Javier. Elle se situe à proximité de la cathédrale. Nous redemanderons encore trois fois le chemin, tant les rues sont étroites et se confondent. Pourtant, nous étions vraiment à deux pas. Il n’est pas vraiment tard, et nous décidons, Jean Louis et moi d’aller manger à un proche restaurant.
Astorga est une belle ville. Comme il pleut toujours, je remets ma promenade à plus tard. Ce n’est qu’en fin d’après-midi que je me décide à sortir.
Je trouve un magasin asiatique, très courant dans les villes en Espagne. On y trouve un peu de tout à des prix défiants toute concurrence. J’y trouve tout d’abord une ceinture pour mon pantalon, bêtement je n’en ai pas emporté, et je me promène depuis quelques jours avec une corde que j’ai ramassée devant une ferme. Elle s’effiloche et c’est assez folklorique. Ça fait un peu trop vagabond alors il serait bon de corrigé cette situation. En passant devant un étalage, je remarque le rayon des parapluies. Un de ces dispositifs pourrait bien me servir si le ciel venait à se maintenir dans cet état. J’ai remarqué que sous la cape, la chaleur se transforme rapidement en transpiration et devient beaucoup plus accablante que la pluie elle-même. Je repasse devant la Catedral de Santa María, elle se présente en plusieurs style. Elle possède deux tours baroques qui encadrent un beffroi central avec une façade de style renaissance. Le superbe portail principal, de style gothique fleuri, est orné de nombreux éléments végétaux et d’angelots. On peut la visiter mais comme elle abrite un musée, j’y renonce par le fait qu’il semblerait qu’un bus de touristes ai eu la même idée et qu’il y a une queue pas possible devant l’entrée.
Je décide ainsi d’aller visiter le palais de Gaudi. Il est juste à côté, le palais épiscopal a pour principal architecte Antoni Gaudí qui a marqué de façon durable la ville de Barcelone par ses conceptions graphique exceptionnelle qui a permis le développement d’une authentique architecture, et finalement de créer des techniques de constructions originales et inédites. Suite à l’incendie de l’ancien palais épiscopal en 1886, l'évêque d'Astorga de l’époque confia la construction d'un nouveau palais à Gaudí. L’extérieur correspond pleinement à l'apparence d’un château et l'intérieur évoque un peu les églises gothiques. Il cherche ainsi à rendre hommage au passé médiéval d'Astorga. La structure murale est élevée en blocs de granit blanc avec une toiture d’ardoises. Quatre tours circulaires entourent le bâtiment, surmontées de chaperons élancés. Le palais comprend quatre étages. Il est à remarquer que fin des années 1800, Gaudi se détache du projet, principalement contrarié par les non-paiements de ses appointements. Le programme sera repris et terminé en 1915 par Ricardo Garcia Guereta (architecte 1861-1936). La guerre civile espagnole fera évoluer cet édifice en bâtiment militaire. A partir de 1943, il subira d’importantes restaurations réalisées jusqu’en 1955 où il fut finalement transformé en musée permettant ainsi de mettre en évidence : les chemins de pèlerinage de ST Jacques de Compostelle.
La visite de ce lieu m’enchante, elle révèle la valeur d’hommes de talent dans la construction d’une œuvre si harmonieuse.
Je rentre à l’auberge assez tardivement, par conséquent il est l’heure de souper.
Ensuite, je m’installerai quelques instants dans un des fauteuils disposés au rez-de-chaussée.
En attendant que mon portable se recharge, je lis quelques pages. Après, j’irai me coucher. Cela ne saurait trop tarder.

Animation deuxième volet : Camino Francès de Sahagun à Astorga

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7 juillet 2017

Astorga - Rabanal del Camino
20.24 km – 4 km/h - (VMax 4.5 km/h pendant 104 min) – Dén. + 337 m




009-Astorga-Rabanal.GPX


Depuis plusieurs jours, je mets mes écouteurs et très vite les bruits ambiants sont étouffés ainsi je m’endors. Vers 1h00, je coupe ma musique. Tout est calme dans la chambrée, malgré la dizaine de dormeurs dans la pièce. Vers 4h00 mon sommeil est à nouveau perturbé, j’ai l’impression d’être en plein jour. C’est uniquement dû à la lampe du couloir, elle est dirigée carrément vers mon visage. Je me retourne et me rendors, brièvement bien-sûr, tous se lèvent vers 5h30. Jean Louis a pris la couchette du bas. Je commence à m’ébranler, lorsqu’il a quitté sa couchette. Nous prendrons notre petit déjeuner sur place. C’est plus commode, et nous nous arrêterons plus loin sur le chemin. Après avoir remballer nos affaires, c’est un peu avant sept heures que nous partons tous les deux. Derrière nous, les couleurs diurnes naissantes sont encore bien encombrées de nuages bien sombres. Il semble que l'orage de la veille n'a pas vraiment arrangé les choses. Cependant, à fur et à mesure que nous nous dirigeons vers les montagnes, le ciel se nettoie.
Pendant un court instant nous suivons la grand-route, il n’y a que très peu de circulation à cette heure matinale de toute façon, c’est un large trottoir qui se présente sous nos pas. Nous dépassons Valdeviejas, sans vraiment entrer dans le village. Peu après, une petite chapelle, nous invite à lui rendre visite, mais nous ne nous y arrêterons pas. Presser sans doute par notre allure et ne désirant sous aucun prétexte être perturbé dans nos pensées. Ainsi, en bordure de route, notre poursuite est imperturbable. Plusieurs vélos nous dépassent. Ils circulent rapidement le trajet est plat pour l’instant.
Un monument nous indique les lieux que nous allons devoir traverser, Murias, Castrilio de Los Folvares, Santa Catalina de Somoza, El Ganso, mais la distance ne nous est aucunement dévoilée. Bah peu importe, notre étape fera approximativement vingt kilomètres. A Santa Catalina, nous reprenons un chemin beaucoup plus sympathique en empruntant une piste donnant sur un paysage vallonné de type méditerranéen.
A El Ganso, je suis surpris par l’ambiance et la multitude de personnes à pied ou à bicyclette. Il faut dire que le bar qu’aborde le village est très caractéristique. De par son nom, on peut facilement imaginer quel folklore il représente. C’est La « Meson COWBOY, pour le bon et le meilleur ». Il est presque 9h00 et nous prenons une collation. A la reprise de notre route, le ciel est devenu limpide et la chaleur nous accable un peu. Après cinq kilomètres, nous abordons Rabanal del Camino. Le village est situé sur une petite colline, et bien que la plupart des constructions soit rénovées, il reste très rustique. Il possède toutefois plusieurs tiendas où nous pourrons réaliser quelques achats. C’est le Refugio Gaucelmo qui nous offrira le coucher pour cette nuit. C’est un endroit superbement rénové par des bénévoles venants d’Angleterre, et c’est assez surprenant de voir ce qu’ils ont pu réaliser à partir des ruines qui subsistaient à cet emplacement. Comme nous n’avons marché qu’une vingtaine de kilomètres, nous arrivons trop tôt. Nous devrons donc attendre l’ouverture des portes.
Ce n’est pas très grave, nous discutons avec deux autres personnes qui font le même périple que nous.
C'est très English, mais on nous accueille toutefois en français. On nous prévient, le thé sera servi à 16h00 précise dans le jardin.
Un grand groupe de pèlerins est réunis pour l’heure, dans une ambiance très British sous un auvent où la table est dressée. Je ne suis pas très adepte de la boisson offerte, mais je dois admettre qu’en fin de compte, je ne déteste pas. Nous passons une bonne heure dans cet environnement où la musique garde une large part. C’est plutôt sympathique, quoiqu’assez nostalgique. Certains convives sont profondément émus.
Plus tard, j’irai faire un tour. Mais il sera de courte durée, l’entité locale se résume à quelques habitations. Vers 19h00, nous nous dirigeons Jean Louis et moi vers un restaurant en face de l’église le repas y est excellent.
Le soir le ciel se couvre et il fait un peu frisquet, il est vrai que nous sommes à l’altitude modeste de 1150m.

Animation troisième volet : Camino Francès de Astorga à Rabanal del Camino

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8 juillet 2017

Rabanal del Camino - Molinaseca
27.14 km – 3.6 km/h - (VMax 4.6 km/h pendant 81 min) – Dén. + 591 m




Rabanal-Molinaseca.GPX


Le nuit fut plaisante, je lis un peu avant de m’endormir (sur mon portable). De toute façon, peu importe, il est branché sur le secteur donc il pourra se recharger. Toutefois, je ne sais pas vraiment m’appliquer et je coupe l’application et je repasse les évènements du jour. Rapidement, je suis ailleurs. Je me réveille, comme tout le monde, vers 5h00 du matin.
Je vais rapidement à la salle de bain commune, les commodités sont en nombre réduit. Si je prolonge trop, cela risque d’être la cohue. Le petit déjeuner est offert par la maison.
Après avoir donné une obole pour remercier ses braves gens, nous partons encore ensemble Jean-Louis et moi. Il doit être dans les 6h00. Nous vagabondons dans une campagne parsemée de buissons éparts. En ce début de matinée de gros nuages gris nous accompagnent. Au loin, se découpe la montagne très sombre.
Puis le soleil fait son apparition, cela annonce une journée radieuse. Nous ne sommes pas seul, Nous dépassons souvent d’autres promeneurs semblables à nous. A l’avant d’une petite fontaine, je remarque les deux filles avec lesquelles nous avons, pas mal conversé hier. L’une d’elle est Suisse et parle français.
Les groupes ou les unités se dispersent pratiquant chacun son allure. Ensuite, on se rattrapent à la faveur d’une halte. A présent, je marche en avant, je croise un pauvre gars qui avance à environ deux kilomètres heure. Ses chaussures ont eu raison de ses pieds, elles se balancent derrière son sac à dos. En conséquence, il marche donc en sandales. Pour moi, ce n’est pas vraiment la solution mais bon chacun fait ce qu’il peu, d’autres auraient déjà abdiqués. Peut-être serrait ce plus raisonnable, car a quelques enjambées, je me retrouve au-devant d’un mausolée indiquant qu’Uberlinda Cortes né en 1945 avait rendu son dernier soupir le 21 mai 2008, au cours de son 2ème camino.
Jean-Louis me rejoint, il a été rejoint par le couple de Brésilien. Ils conversent en anglais. Mon camarade, s’exprime très bien dans cette langue. J’apprendrai par la suite qu’il parle couramment en Allemand. C’est somme toute assez normal, il habite tout près de la frontière allemande.
Jorge est en pleine forme et a vraiment repris du poil de la bête, c’est certain ils arriveront au bout de leur rêve. Actuellement c’est Katia qui a le plus de petits soucis. Elle fait transporter son sac par taxi.
Foncebadon est un village indolent avec encore beaucoup d’efforts à produire pour une rénovation appropriée. Nous abordons la montagne, en gravissant une colline de près de seize kilomètres. Splendides paysages de type méditerranéen avec les pins. La végétation est très desséchée. Les massifs de bruyère sont d’un violet très vif, c’est sans doute dû à un reflet du soleil.
Nous arrivons tous les quatre à « La Cruz de Ferro ». C’est la halte du mont Irago. Située à 1530m d’altitude et en ce passage de la Margateria à El Bierzo se dresse un des monument antique et légendaire du Camino de Santiago. La croix est une poutre de chêne d’environ sept mètres de hauteur et elle finit avec une croix de fer. Elle émerge d’un monticule de cailloux présenté sous forme d’un cône de trente mètres de diamètre. Cette butte a été formée par les pierres déposées depuis des siècles par les marcheurs, au point culminant du camino frances. C’est l’un des passages les plus légendaires et mystérieux produit pour les pèlerins de Saint-Jacques. La tradition, témoigne que chaque pèlerin dépose au pied de cette croix une pierre ou un caillou transporté depuis le lieu de son départ. Ce poids supplémentaire et inutile dans le sac à dos représente les choses superficielles auxquelles nous accordons souvent une trop grande importance dans la vie.
Ensuite nous entamons une longue descente, sous un soleil radieux. Je croise le refuge de Manjarin et son gardien qui se définit comme le dernier des templiers. Le drapeau de l’ordre du Temple flotte sur un mat. L’intérieur de la masure, est en quelque sorte une boutique d’objets de convoitise. Je n’emporte qu’un nouveau cachet à ma crédenciale comme souvenir.
A El Acebo, l’entrée du village ne présente qu’une succession de bar-restaurants. C’est un peu spécial comme situation, deux établissements sont en face l’un de l’autre. C’est le milieu de la matinée et j’ai envie d’un encas. Je commande un bocadillo. En attendant, je m’assois sur la terrasse. C’est un quiproquo, en fait je m’installe à la terrasse du voisin. Une serveuse se présente avec plusieurs sandwichs et me demande s’ils me sont destinés. Mais comme il en a plusieurs, je soupçonne une erreur. Lorsque je m’aperçois que j’ai commis une bévue, je m’éclipse subrepticement. Je retourne au comptoir d’en face rechercher mes victuailles ainsi qu’une boisson salutaire et je monte en peu plus haut sur la bonne terrasse. Peu de temps après Jean-Louis m’a rejoint, brève escale salvatrice avant de repartir. Nous traversons le maquis avant de pénétrer dans Molinesoca. Nous passons devant une première église puis nous abordons un très joli pont qui franchi le rio Meruelo. Reste pour nous de situer l’auberge on Jean-Louis nous a réserver un lit à chacun. Nous nous renseignons sur l’endroit, et l’on nous renvoie vers la sortie du village. Après avoir parcouru près d’un kilomètre, nous passons devant la albergue Santa Marina. Ce n’est pas possible, notre réservation est au début du village ! Nous sommes vraiment trop loin ! Je rentre dans cet établissement demander l’ « albergue Compostela ». Une femme me dit que nous sommes trop loin. Le logis se situe en plein centre de la bourgade. Néanmoins, comme elle est parent avec le propriétaire, elle nous propose de nous y conduire en voiture.
En fait nous sommes juste en face de l’église mais l’immeuble jouxte sur deux rues. Une en contre bas où nous prenons l’inscription et qui fait office de restaurant. A l’étage se trouve les logements face à l’autre rue. Quoi qu’il en soit, c’est très convenable.
Après mon installation, je profite d’une machine à laver le linge pour enfourner la plupart de mes vêtements. Le soleil se chargera de le sécher. Vu le temps qu’il fait, cela devrait être très court. En passant sur le pont, j’ai aperçu que le long de la rivière il y avait une plage sur l’herbe. Des badauds sont allongés au soleil, pendant que les enfants s’en donnent à cœur joie dans les flots. En fait, la rivière a été aménagée en piscine. L’eau n’est pas très chaude, comme me le confirme un couple de vacanciers que parle français. J’en profite pour être un peu loquace, vu que c’est l’occasion qui fait le larron. Après avoir nagé pendant dix minutes, toute fatigue est oubliée.
Je reprends la direction de la ville. Au premier magasin, j’en profite pour faire quelques courses.
Ce soir, vers 19h00 nous mangeons au restaurant du gîte.

9 juillet 2017

Molinaseca - Cacabelos
24 km – 3.5 km/h - ( 3.9 km/h pendant 144 min) – Dén. + 163 m




Molinaseca-Cacabelos.GPX


Nous sommes seulement deux dans la chambre, alors c’est très calme. Jean-Louis se charge du réveil. Dès que nous sommes prêts, nous descendons à l’auberge.
Michelle, la tenancière nous a préparer un solide repas matinal. Pour sortir de la bourgade, nous empruntons à nouveau la route que nous avions abordée hier. Mais c’est dans une forme olympique que nous passons devant l’albergue Santa Maria aux abords bien calmes.
Un peu plus tard, nous remarquons l’albergue municipale San Roque. Etablie dans une ancienne église, plusieurs couchages sont à l’extérieur sous une soupente de toit. Au moment où l’on passe aucun ne sont occupé, c’est peut-être utilisé lorsqu'il fait trop chaud. C'est une solution ingénieuse pour profiter de la fraicheur de la nuit. Nous marchons depuis un long moment sur le trottoir parallèle à la grande route. Quelques nuages, dans un ciel grisâtre, nous accompagnent dans les petits chemins que nous traversons. Mais ce ne sera que de courte durée, le soleil fait vite son apparition.
C’est aux alentours de 9h00 que nous arrivons à Ponferrada. Nous débouchons dans la cité, au-devant du château templier qui est une construction remarquable. Elle fut érigée en 1178.
Nous traversons un parc qui longue la rivière en contre bas. Les quartiers urbains se succèdent et nous déambulons en suivant les flèches jaunes. Après Colombrianos, nous retrouvons la campagne. A Camponaraya, profitant de l’opportunité qu’un petit bar est ouvert, nous prenons un ravitaillement.
Une longue conversation avec un habitant local, nous distraira pendant de longues minutes. L’homme parle le français, car il a travaillé quelques années à Bruxelles. En fait il nous raconte sa vie, sans aucun doute parce que nous sommes encore les seuls à avoir la volonté d’écouter son histoire. Un peu plus tard nous croisons un bar à tapas et nous faisons la pause de midi. Il nous reste 5 km dans la campagne et les vignes, celle-ci ont l’air abandonnées car elles poussent irrégulièrement et ne sont pas taillées.
A Cacabelos, nous traversons une ruelle où il n’y a que succession de bars et d’hôtels, notre hébergement s’appelle La Gallega, nous le trouvons rapidement. Nous serons trois hommes dans la chambre. Dans le couloir, je fais la connaissance de deux femmes qui voyagent ensemble... Geneviève et …, mince je ne rappelle plus qu’un seul prénom.
Après une courte sieste, je descends au bar, il y a la télé. Je regarde l’arrivée de l’étape du tour de France (commentée en espagnol). Ensuite, je vais seul faire le tour de la ville. Je retrouve Jean-Louis dans un parc, il est en grande conversation téléphonique avec son épouse et cela risque de durer. Un peu plus tard, puisque cela devient une habitude, on décide de trouver un petit restau sympa. Mais là, nous sommes en désaccord, mon ami a décidé de manger du poulpe, spécialité de la région. Moi, je n’y tiens pas.
En fait, où nous sommes descendus, ils préparent également des repas. Je sélectionne un menu très conventionnel. Macaronis au gratin et crème glace comme dessert.
Comme les deux filles n’ont pas vraiment envie de bouger, de ce fait, c’est donc en leur compagnie que nous nous mettons à table.
Jean-Louis nous rejoint plus tard, je suis en train de lire sur mon couchage.

10 juillet 2017

Cacabelos - Vega de Valcarce
26.5 km – 3.3 km/h – Dén. +913 m




Cacabelos-VegaDeValcarce.GPX


Nous prenons notre petit déjeuner à l'hôtel dès 6h00. La gérante ouvre le rideau métallique qui sépare les logements du bar, pile à l’heure. Nous quittons la ville par le pont sur le rio CÚa. La route se prolonge pendant encore un moment à travers les infrastructures urbanistiques. Je passe par Pieros, minuscule petit village et je poursuis pendant presque cinq kilomètres le long de ce ruban d’asphalte. Il semble que ce soit mon choix, j’ai abandonné les flèches indicatrices ainsi je poursuis la direction que m’indique mon GPS. Ultérieurement, le chemin sera de nouveau indiqué. Le parcours d’aujourd’hui va être une succession de montées et de descentes intégralement répartis sur la journée.
Une bifurcation rejoint la prochaine ville, c’est un large chemin qui traverse les étendues de terres calcaires couvertes de vignes. Les abords sont bordés par endroits de maroniers séculaires. J’aborde Villafranca par un rappel peint sur un pan de mur d’une grange qui me souhaites la bienvenue (en français). Je remarque un marcheur avec son bâton, qui a une démarche chaotique. Il ne se déplace pas très rapidement. Néanmoins, je remarque qu’il nous suit depuis déjà pas mal de jour.
L’entrée du bourg est une voie pavée et l’on passe devant une église typique. La localité est assez médiévale de par ces bâtiments antiques et de l’étroitesse de ses ruelles. Elle possède un passé chargé d’histoires avec batailles et conquêtes. C’est sans doute ses évènements qui lui témoigne cet aspect assez drastique. Nous sommes lundi, et bien qu’il ne soit que 8h30, un supermercado ouvre déjà ses portes. Génial, je n'ai plus grand chose comme réserve de nourriture, voilà qui est bien. J’ai distancé Jean-Louis et celui-ci me rejoint lors d’une halte prise pour déguster un petit plaisir acheté tout récemment.
A la sortie, une plaque en marbre très moderne indique que Compostelle se trouve à 187 km. Après avoir franchi le pont antique sur le rio Burbia, nous poursuivrons en longeant les méandres du rio Valcarce interminablement. Le paysage est à présent très montagneux. L'autoroute surplombe tous les précipices par des ouvrages saisissants. Nous, nous longeons une petite route dans la vallée. À midi, nous faisons une pause. Etant à proximité de la rivière, j'en profite pour aller me baigner. L'eau y est très fraiche cela détend chaque muscle de mon corps. Je mange mon sandwich totalement revigorer.
Vers 13h30 nous sommes à l'auberge Elle est tenue par un Chilien. Il parle un peu anglais avec mon compagnon moi je lui parle en espagnol. Le Logement est vraiment exceptionnel, nous sommes les premiers. La chambre est située au rez-de-chaussée, les lits sont disposés de façon désordonnée, il n’y a pas de portes mais ce sont des rideaux que ferme la pièce. A l’étage on rentre dans la cuisine, nous pourrions nous faire à manger, mais nous préférons être servi afin de gouter à la coutume locale et le prix est très démocratique. A côté, c’est la salle à manger, c’est très convivial. Une carte mondiale est fixée à un mur, elle est parsemées d’épingles. Chaque attache indique l’endroit de provenance d’un pèlerin. Chaque partie du globe est représentée. Dans la pièce, un bar est posé au fond de l’endroit, il y a quelques fauteuils une grande table et quelques chaises. Il y a même la télé mais pas de chance pour le tour de France car aujourd'hui, c'est relâche.
Je fais un petit tour autour du village, il y a une petite plage. Donc, je vais me baigner. J’ai emporté mon thermomètre afin de me rendre compte de la température de l’eau. Elle fait toutefois 18°, l’air est à 25°, ce n’est pas caniculaire. Je dirai même que c’est un peu frais, car le vent est froid. C’est sans doute dû à l’altitude où nous nous trouvons. Je retrouve les deux femmes d’hier, elles sont descendues dans une autre auberge.
Après quelques courses dans une mini supérette, je rentre à la chambre. Un américain occupe un autre lit. Nous serons trois cette nuit dans cette auberge. Vers 19h00, nous montons souper. Le repas est simple et convivial, les discussions vont bon train mais surtout en anglais. Nous croisons régulièrement des américains, et Jean-Louis demande à cet homme comment se fait-il qu’il y ai beaucoup de voyageur venant de ce pays. Il nous répond que depuis la sortie du film américano-espagnol « The way » réalisé par Emilio Estevez. L’histoire raconte les événements et les émotions d’un américain sur le chemin de Compostelle. Après la vision de ce film, beaucoup de ses compatriotes ont été tenter par l’aventure. La soirée continue ainsi, l’américain joue quelques notes sur une guitare posée au coin de la salle. Chacun raconte un peu son histoire. J’aborde un aspect de ma vie. Je dévoile qu’a l’occasion, je suis un peu artiste peintre. En regardant mes peintures sur mon site Internet, le propriétaire du lieu désirerait que je lui réalise un tableau avec son auberge. Le ferais-je à mon retour ?


Animation quatrième volet : Camino Francès de Rabanal del Camino à Vega de Valcarce

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11 juillet 2017

Vega de Valcarce - Linares
16 km – 3.3 km/h – Dén. +936m




VegaDeValcarce-Linares.GPX


Nous prenons notre petit déjeuner à l’albergue. Dès 7h00 l’épouse de Rodriguez nous prépare un chouette petit déjeuner. Cela nous fait partir de l’albergue Magdalena à 7h30, c’est un peu plus tard que d’habitude mais il n’y a pas vingt kilomètres à parcourir. Reste que c’est toutefois, une voie assez montagneuse. Je pars en premier. Jean Louis est souvent derrière moi au départ. Dès la fin du village, je poursuis mon chemin le long de la grande route, fort peu fréquentée à cette heure matinale. Par contre, j’ai loupé le petit sentier qui devait se trouver sur la gauche. Mais, d’après mon GPS, je devrais reprendre le vrai chemin un peu plus loin.
Je rejoins donc le petit village de Ruitelan. En passant, je remarque les ouvrages d’art qui supportent l’autoroute. Ce sont d’étonnantes constructions suspendues dans le vide entre deux vallées. L’assise de la route est soutenue par de puissants piliers d’une hauteur impressionnante.
Je rattrape les brésiliens. Jorge Da Silva Custodio et Katia commence une montée vers las Herrerias et La Faba. Chacun avance à son rythme, ce qui fait que l’on se retrouve régulièrement seul, en communion avec le paysage vraiment exceptionnel. Dans ces montagnes, les petits villages semblent indolents d’autant qu’ils sont isolés de tout. Au détour d’une petite rivière, je découvre à côté d’une masure absolument décrépie, un vieil arbre rachitique et complètement envahi de lichen. C’est la preuve que l’air est d’une qualité exceptionnelle car ces organismes vivants sont très sensibles à la pollution atmosphérique.
A un croisement nous rencontrons un couple d’Américains. L’homme porte un siège d’un profilé capable d’abriter un enfant. En plus de quelques bagages, Il transporte une petite fille de 3ans. Quant à la femme, elle avance avec une poussette. Celle-ci est très performante. Ce n’est pas la petite poussette banale, rencontré dans les gestes communs de tous les jours. Quoi qu’il en soit, il lui faut fournir pas mal d’efforts pour conduire cet attelage comprenant le frère qui est seulement âgés de 10 mois ainsi que le reste de l’équipement par tous les chemins irréguliers. Nous sommes souvent dépassés par des marcheurs plus jeunes et plus hardis.
À un petit bistrot je rencontre les deux femmes revues hier. Un brin de conversation m’indique qu’elles ne poursuivent pas au-delà de Compostelle.
La montée se poursuit encore et nous changeons de contrée. Nous venons de passer une frontière. Une stèle représente les insignes de la Galice. Cela nous offre quelques instants de répit, car tout le monde désire se voir en photo à cet endroit. Ensuite les bornes indicatrices du chemin changent et porte une inscription « Galicia » à leur base.
Rapidement, j’en rencontre une qui indique Compostelle. Il ne nous reste que seulement 160, 348 km. à parcourir. Bien que lentement, notre objectif se rapproche inéluctablement.
Depuis ce matin, nous n’avons pas arrêter de monter. C’est vers 11h30 que nous arrivons à O Cebreiro. C’est un petit hameau tout en pierre. Il est très typique, aux constructions ancestrales et entourées d’une muraille. L’église Santa María la Real est un édifice pré-roman des IXe et Xe siècles. Elle abrite un calice roman du XIIe siècle. Les maisons, assez basses, sont couvertes de chaume appelées « pallozas ». Elles fournissent une architecture vernaculaire d'une forme d'habitat les plus anciennes de Galice.
C’est un haut lieu de notre pèlerinage, au sens propre comme au figuré, car nous sommes à présent à une altitude de 1277m et il nous faudra encore gravir, jusqu’au sommet. Celui-ci se niche à 1354m a une distance d’environ un kilomètre.
On s’en contentera amplement. En comptant, que notre point de départ se situait à 661m et en ajoutant quelques autres différences de niveaux, nous comptabiliseront 936m de déniveler positif sur cette journée.
Mais avant de quitter le petit hameau, nous avons une préférence pour aller nous restaurer ce midi. Nous pénétrons dans un petit troquet auquel on nous promet un repas digne d’un chef. Je ne sais quelle école de cuisine ce digne chef avait pratiqué, mais les mets présentés dans le menu pèlerin était vraiment tout à fait ordinaire et le vin avait une saveur un peu aigre.
C’est vers 13h30 que reprenons nos pérégrinations, nous avons choisi une auberge récemment crée à Linares, l’Albergue Liar do Rei. C’est ce que notre guide nous avait révélée, et nous la préférions de beaucoup vis-à-vis à celle de cet endroit. Principalement parce que celle-ci, était capable d’abriter jusque cent personnes. Totalement revigoré, c’est une courte montée qui nous attend en premier abord mais très vite la route campagnarde redescend.
Je suis plein d’énergie et je distance Jean-Louis. Celui-ci me rejoindra sur un surplomb dominant la vallée. Je remarque au loin l’auberge. Je découvre que c’est une construction entièrement moderne. Je ne doute à aucun moment que ce sera un logement remarquable. Nous sommes très bien accueillis. Nous partagerons notre chambre avec six autres, il y a une cuisine et un salon commun.
Après quelques tâches quotidiennes, je regarde une étape du tour de France à la télé. Enfin c’est vite dit, car comme à mon habitude dans ces instants de relâche, très vite, je m'endors.
Beaucoup plus tard nous voyons arrivé les américains avec leurs 2 enfants. Ils ont dû emprunter la route car manipuler la poussette n’aurait pu se faire de façon commode par le chemin où nous sommes passés.

12 juillet 2017

Linares – Tricastela
19 km – 3.31 km/h – Dén. +419m




Linares-Tricastela.GPX


Cette nuit fut hautement chahutée, rien qu’à lui seul un des hommes de notre chambre a perturbé l’ensemble du sommeil de chacun. Le son grave et sourd ainsi qu’irrégulier passait outre de mes protections auditives. Comme la fatigue de la journée et sans aucun doute l’accumulation des jours étaient indiscutables, j’étais couché très tôt. Il n’était pas 20h00 lorsque je me suis allongé. De ce fait, la première partie de mon repos est restée sereine.
Très tôt, il y a du remu ménage. Comme nous voulons profiter du lever du soleil, c’est vers 7h00 que nous quittons l'auberge en même temps qu’une petite chinoise. Comme l'auberge est située un peu à l'écart du chemin. Elle nous fait signe que le parcours nous fait retourner en arrière. Mais je lui explique par gestes que c'est inutile. En allant de l’avant, nous rejoindrons rapidement le chemin fléché.
Nous reprenons une ascension d’environ une centaine de mètres et nous arrivons à la Alto de San Roque.
Sur un promontoire, est placé une sculpture en bronze d'un pèlerin qui avance contre le vent. Face à nous, un spectacle exceptionnel se développe devant nos yeux ébahis. Le creux de la vallée est complètement recouvert de massifs nuageux. Entre les vallées verdoyantes s'étale un moutonnement impalpable qui s'allonge à l'infini. Très haut le ciel limpide aux couleurs jaune-orange à sa base se transforme rapidement en bleu profond. Le disque lunaire se détache encore clairement dans le jour naissant.
Le prochain village est Padornelo petit village rural, il abrite une albergue. C’est très calme, un petit oiseaux folâtre devant une étable. Un vieil homme accompagné d’un âne nous dépasse en sens inverse.
Ensuite, la campagne reprend ses droits. C’est un paysage verdoyant où la sècheresse n’a pas laissée d’empreinte. Sur un coteau particulièrement pentu, un tracteur fauche une herbe drue. Lorsque je traverse Fonvria, je remarque que cette région est assez rustique et relativement pauvre. Une vielle femme nous présente des crêpes, mais ce n’est pas un acte gratuit. Elle ne peut sans doute pas se le permettre. Une autre main se tend afin d’obtenir une obole.
Je n’ai guère de monnaie. Je lui donne ce que j’ai. Toutefois, elle ne semble pas réjouie par le don que je lui fais.
En revanche, moi, je suis content. Par surcroît, cela fait très longtemps que je n’ai pas manger une telle pâtisserie et leur gout est très proche de celles que ma femme prépare à l’occasion. En quittant la localité, je remarque deux femmes qui ramasse des pissenlits. Il ne me semble n’avoir aperçu aucun homme dans cette entité.
Filloval, c’est le temps d’une petite pause ... Il n'est pas midi, mais lorsque j'arrive au petit bar je prends une cervesa ainsi qu’un plat plus consistant.
Nous sommes à côté du chemin. Des vaches sortent d’une étable afin de retourner paitre en prairie. Mais pas de bol, voici des randonneurs à cheval. Quelques petites explications et le troupeau rejoint son étendue favorite alors les promeneurs peuvent aussi continuer leur balade.
Au détour d’un chemin entourer de frondaison, nous rencontrons un français à vélo. Il est parti il y a pas mal de temps de La Roche-sur-Yon. Il a déjà parcouru deux milles kilomètres exclusivement Espagne. A présent, il reprend le camino français en sens inverse. Vers 13h00, nous entrons dans Tricastela.
Nous passerons la nuit au Complexe Xacobeo , c’est un établissement proche d’une auberge de jeunesse.
La ville est une grosse bourgade avec un commerce digne de ce nom. Je fais quelques courses, puis je fais le tour du bourg. Je repère ainsi le chemin que nous devrons emprunter demain. J’arrive à une rivière remarquable, et comme le temps le permet, j’en profite pour aller me baigner.
Sur mon retour, je remarque une longue piste. Elle a été nouvellement réalisée et dédiée au pèlerinage à Compostelle. Toutefois, aucuns pèlerins ne l’empruntent jamais, car elle est quelque peu isolée de l’agglomération. Et bien sûr, il est important de favoriser le passage devant chaque auberge, chaque commerce ou chaque point touristique intéressant afin de développer le négoce. Ce projet financé en partie par la communauté européenne, fait encore polémique pour les habitants de l’endroit.
A mon retour, je suis juste à temps pour pouvoir regarder l’arrivée du tour de France à la télé.
Vers 19h00 nous allons manger à un restaurant qui fait un peu partie du complexe Xacobeo. Le service est excellent. A part peut être une remarque très justifiée de Jean Louis, il manque de jus sur la salade de fruits présentée en désert comme stipulé sur la carte.

13 juillet 2017

Tricastela - Saria
26 km – 3.9 km/h – Dén. +762m




Tricastela-Saria.GPX


J’ai vraiment bien dormi cette nuit, et pour cause. Notre chambre était complète, mais elle était principalement occupée par de jeunes gens. A force de fréquenté les dortoirs, il m’est venu à l’esprit que beaucoup de ronfleurs, pourrait être les plus âgés. Je n’insinue pas que la majorité des « vieux » ronflent, mais disons que c’est plus courant … sans être une éventualité quotidienne. Comme les plus jeunes sont rentrés tardivement, ils partiront un peu plus tard. Ce qui fait que, par politesse, nous nous montrons discrets pour quitter la chambrée. Je descends l’escalier qui conduit au rez-de-chaussée. Le déjeuner est offert au restaurant où nous avons mangé hier soir. Nous nous y dirigeons vers 6h00. Dès la fin de cet intermède indispensable et très apprécié, nous revenons chercher nos bagages sans oublié notre petit paquet de victuailles achetés la veille et placé dans le compartiment frigorifique de l’établissement. Un frigidaire est souvent présent actuellement dans la majorité des auberges. Cela nous permet de pouvoir conservé certains produits acheté la veille. C’est une situation essentielle qui permet aussi d’entretenir le moral des troupes.
D’un commun accord nous avons décidés de prendre un chemin de substitution en passant par le monastère de Samos. Cet itinéraire semble plus attractif, quoiqu’il se révèle un peu plus long. Il nous repoussera la distance d’environ six kilomètre, mais le parcours est vraiment attractif et champêtre.
Ce matin, nous sommes dans la zone nuageuse que nous avons remarquée hier et qui couvrait toute la vallée. C’est à cet endroit que nous nous trouvons aujourd’hui. Néanmoins il ne pleut pas, même si le ciel est un peu bas.
La route est notre guide pendant les quatre premiers kilomètres. Ensuite nous déambulons dans la campagne sur des petits chemins très agréables. Après dix kilomètres nous émergeons dans Samos. Il va sans dire que la première chose que l’on peut admirer, malgré la brume qui le recouvre, c’est l’élégante construction qui est le monastère de Samos.
C’est l’une des plus anciennes communautés religieuses en Espagne encore en activité. Il fut construit il y a près de 1500 ans. C’est au début du XIXe qu’il devient le siège de l’ordre des Bénédictins. Il est aujourd'hui un centre de spiritualité. Ce lieu a souffert de nombreux incendies et pillages tout au long de son histoire. Les réparations créent un mélange de différents styles. En son temps, ce fut une école d’illustres évêques. Il servit d'hôpital de guerre lors de l'invasion française. En 1951, un nouvel incendie en oblige la reconstruction quasi complète. Nous quittons cette ville, en longeant pour un temps la grand-route dans une vallée encaissée. Obliquant par une petite route forestière, c’est une succession de montées et de descentes pendant près de sept kilomètres, et nous rejoignons Aguiada pour retrouver le chemin commun.
Vers 11h35 nous entrons dans le gros bourg qu’est Sarria. C’est une ville assez importante sur le chemin de Compostelle puisqu’elle se situe approximativement à une centaine de kilomètres de la ville sainte et le départ de ce lieu permet ainsi d’obtenir la Compostela.
Nous montons un long escalier de pierre qui débouche au pied de l’église Santa Marina, puis une rue étroite se présente et rapidement nous apercevons l’Albergue International où Jean-Louis nous a réservé des places. Il avait choisi cet établissement en pensant qu’il allait pouvoir parler pour une fois en Français. Mais l’internationalité n’était que faux prétextes, car les gérants ne parlent que l’espagnol avec toutefois un soupçon d’Anglais.
Me revoici donc pour la deuxième fois dans cette ville.
La première, c'était en 2015, après être arrivé en train de Pampelonne, assez tard d'ailleurs… (1)
Aujourd’hui, je venais d’accomplir la fin de ma boucle à pied. A présent, que mon défi avait été relevé, j’aurais pu terminer mon parcours à cet endroit.
Cependant, il me semblait inévitable de rejoindre Saint Jacques. La distance avait à cet instant peu d’importance, d’ailleurs était-elle conséquente, vis-à-vis de ce que je venais d’accomplir ? Et puis, il y avait ce sentiment de rejoindre la multitude de personnes que j’avais croisé le long de ce périple et ainsi de les retrouvés au but ultime du pèlerinage. En soit, ce n’était pas vraiment un exploit. Un Français qui venait de rejoindre notre chambre était partit depuis le 4 avril et venait de parcourir 2500km. L’après-midi fut très ensoleillé et j’en ai profité pour sillonner à travers la ville. Je me suis donc retrouvé devant la gare qui me rappelait certains souvenirs et puis je suis repassé devant l’auberge qui m’avais accueilli deux ans plus tôt.
Dans mon excursion, je retrouve la fille Suisse. Jusqu’ici, nous n’avons pas vraiment fait connaissance, c’est d’ailleurs ici qu’elle quitte le camino frances. Dès demain, elle rejoints l’extrême nord en train, pour parcourir le chemin Anglais. De ce fait, nous décidons de prendre un verre ensemble. Elle s’appelle Gisele, elle fait une thèse sur le mythe de Compostelle. Puis d’autres compagnons se joignent à nous. Et l’heure du souper se pointe, nous nous retrouvons à cinq dans le même resto. Il y a une allemande venant d’une région de l’est qui voyage avec un anglais. Cette femme était attirée par un autre endroit où le menu lui plaisait particulièrement.
Cependant, l’établissement reste portes closes. Elle ronchonne un peu et prononce une phrase assez édifiante : « Wegen Reichtum geschlossen » ? Jean-Louis se gausse et ne peut s’empêcher de me le traduire illico. Littéralement cela correspond à ceci : « Fermé pour cause de richesses ». C’est d’ailleurs la vérité, dans cette rue réellement fréquentée par les pèlerins, si une taverne ouvre après 21h00, c’est trop tard pour ceux-ci.


Animation cinquième volet : Camino Francès de Vega de Valcarce à Saria

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14 juillet 2017

Saria - Porto Marin
23 km – 3.9 km/h – Dén. +432m




Nous sommes réveillés dès 5h30, comme il faisait super bon hier nous partirons tôt aujourd’hui pour ne pas avoir trop chaud. Petit déjeuner au bar de la pension puis nous prenons nos sacs. La route monte vers le monastère de la Magdalena, ensuite nous redescendons pour emprunter un petit pont piétonnier « el ponte de Aspera » afin de franchir la petite rivière et rejoindre une ligne de chemin de fer à voie unique. Le passage est protégé par un signal automatique avec une signalisation particulière. Je ne peux m’empêcher d’en réaliser une prise de vue. J’ai une petite idée maligne. Ce soir, j’enverrai la photo à mon ancien collègue afin de lui demander s’il peut me renseigner sur la valeur du signal. Évidemment, c’est une déformation professionnelle. Mais cela arrive à beaucoup de monde. Je ne peux éviter de penser à mon père, qui après de nombreuse année de travail dans une usine fabriquant des pneus, se prenait souvent à examiner les roues de toute sorte de véhicule. Petit intermède courant qui permet sans doute de se ressourcer avant de renouer avec les valeurs réelles.
De là, nous passons sous le pont de l’autoroute pour rejoindre un champ de blés. Plus loin une banderole nous indique que nous avons atteint Bardedelo. Le parcours est assez charmant, des arbres centenaires regardent les passants. Ils en auraient à raconter des choses s'ils pouvaient parler. Il y a un monde fou ce matin, c’est la particularité après Sarria, beaucoup d’espagnols ne font Compostelle qu’au départ de cette ville. Dans peu de temps nous passerons devant la borne des cents derniers kilomètres. Régulièrement, je retrouve des endroits que je connais déjà, pour y avoir passé il y a deux ans.
Cependant, je suis un peu surpris de l’arrivée sur Portomarín, j’avais l’impression que l’on voyait le lac bien avant d’arriver au bourg reconstruit. Pour rappel, l’ancien village avait été immergé par une retenue formant ainsi le lac artificiel de Belesar. Cela se passait dans les années soixante.
Sinon les sentiers sont parfois caillouteux. Au cœur de la marche, je croise le couple d'Américains avec les deux petits enfants. Ils tiennent bon, ils sont vraiment dans la course. L'arrivée sur Portomarín est toujours aussi particulière. On sort de la forêt et on se retrouve devant le lac. Je remarque cependant que le niveau de l'eau est très bas, il semblerait avoir un déficit d'au moins deux mètres. Ensuite nous montons l’escalier réserve aux pèlerins et nous passons sous un porche comme un accueil de la part de la ville qui fut entièrement reconstruite lors de la mise en eau du barrage est accrochée à la colline.
Nous prenons les lieux à la Pension El Caminante. Jean Louis a réservé la veille. Nous partagerons une chambre assez peu spacieuse avec deux autres jeunes hommes. Un peu en contre bas du bourg, une splendide piscine municipale a été érigée. Et à l’identique de mon passage précédent, je vais m’y rendre fin d’après-midi pour m’y délasser et profiter du temps agréable qui m’a accompagné jusque présent.
Il n’y a en fait que très peu de distractions à cet endroit et nous ne rencontrons personne que nous connaissons donc nous choisissons un peu au hasard un établissement où nous installer pour manger le repas du soir.


15 juillet 2017

Porto Marin - Palas de Rei
28 km – 3.9 km/h – Dén.+471




Voilà nous sommes déjà samedi, il va falloir prévoir quelques courses pour demain. Il est 5h30 lorsque nous nous escamotons de la chambre. Je remets un peu d’ordre dans mon sac, la cour de l’albergue est très pratique pour cette besogne indispensable à certains moments. Il me reste un yaourt et je m’empresse de le faire disparaitre. Le petit déjeuner est servi dans la salle en bas qui est utiliser comme bar. D’autre personnes de passage passent également prendre un café. Ce qui fait que c’est les plus hardis qui prennent la priorité. Des gens rentrés après nous s’enhardissent d’une façon quasi effrontée et prennent la priorité. La serveuse ne peut tout de même pas être au four et au moulin. Pendant ce temps, nous attendons. Nous partons donc qu’il est 7h15. Nous sortons de la ville en descendent la rue qui descends vers le lac. Un autre pont à proximité de l'ancienne passerelle qui est à présent abandonnée se présente et nous l’empruntons pour remonter une pente particulièrement ascendante. Le chemin empierrer est assez large. À cette heure, certains pèlerins rempli d’une d’énergie nouvelle s’empressent de poursuivre leur périple. Je remarque qu’une grande partie, ont choisi de faire transporter leur équipement par taxi. Il ne leur reste par conséquent, qu’un petit bagage à main. Ces individus sont facilement remarquables. Je vois un gars particulièrement bonimenteur se trimballant avec un petit sac banane et tenant de la main droite avec un air singulièrement hautain une cigarette. Imaginer la scène… pourtant ce n’est pas une pièce de théâtre, mais il s’y croit vraiment.
Ils ressemblent plus à des touristes qu’à des gens du chemin.
Quoi qu’il en soit, je prends rapidement de l’avance sur Jean Louis, il parle à sa femme via son téléphone portable tout en poursuivant sa marche. Leur conversation doit rester personnelle et je ne voudrais en aucun cas m’immiscer dans leur vie privée.
Pour l’instant, je longe la route nationale. Une piste borde celle-ci et permet aux marcheurs de circuler en toute sécurité. C’est un long ruban d’asphalte bordé d’arbres et aussi de conifères. Je passe à côté d’une très belle résidence accolée à un hangar moderne ayant une prédisposition agricole. Celle-ci est entourée d’une palissade avec deux portes coulissantes entièrement closent. Le ciel est d’un bleu limpide, si ce n’est que quelques nuages qui s’accrochent au vallon qui se découpe à l’horizon. Une grande ferme avec des bâtiments et plusieurs silos montre que l’activité principale de l’endroit est le travail de la terre.
Un panneau triangulaire bordé de rouge indique le passage probable d’un gibier sauvage. Ensuite le chemin est plus campagnard. Dans mes réflexions personnelles, il me semble que le nombre de marcheurs a beaucoup diminué depuis hier. Certains, ont-ils déjà abandonné ?
J’aborde alors une intersection et j’aperçois plusieurs voitures qui débarquent des personnes qui ont décidées de réduire fabuleusement leur parcours. En passant devant une femme qui vient de s’emparer d’un léger sac à dos, je ne peux éviter de faire une remarque assez affligeante :
- « es mas fácil así ! ».
Apparemment, tout a été étudiée. Même l’heure de leur débarquement afin d’arriver en même temps qu’un marcheur convaincu. Les paysages sont tout de même attrayants. La plupart du temps, nous vagabondons dans de petit sous-bois. Les arbres ont des allures de statues ancestrales. Parfois nous rencontrons une plantation d’eucalyptus au long tronc effilé et tout en hauteur.
Dans un petit village du nom de Ligonde, je croise un autochtone avec une fourche sur le dos. Il parle très bien le français. Je lui fais part de mes réflexions et avoue franchement que beaucoup d’espagnol ne pratique le chemin que grâce à une aisance pécunière. Il se moque royalement de tous ses concitoyens qui pratiquent cette méthode et il avoue que pour la plupart ils le font sans aucune conviction religieuse.
De ce fait Jean Louis m’a rattrapé et la conversation continue pendant près d'un quart d'heure, sur des sujets parfois particulièrement égrillards. Cette détente fut toutefois assez rigolote et nous a bien divertit. Peu de temps après, vu que l’heure a tourné et qu’il est passé midi, nous nous installons à la terrasse d’un bar. Le décor est surprenant. Le jardin est exploré par des fourmis géantes encore plus grandes que la taille d’un humain. Reste qu’elles sont totalement inoffensives puisqu’il s’agit de sculptures.
Nous entrons dans Palas de Rei. Toutefois il est a remarqué, qu’il n'y a jamais eu de palais royal en ce lieu. Je repasse devant l’albergue municipale où j’avais logé il y a deux ans, mais nous avons décidés de faire notre arrêt en l’orée de la ville.
En contre bas, se trouve la « Albergue A Casina Di Marcello ». Mais avant, et cela nous évitera de remonter en ville, nous passons dans une petite superette afin de faire quelques provisions. Il doit être 14h30, lorsque nous débarquons dans le logis prévu. L’homme qui nous accueille a fourni un travail admirable pour arranger les ruines que devaient être autrefois cet endroit. Nous demandons à ce maitre d’œuvre, s’il fait la cuisine. Il nous répond que pour deux personnes ce ne sera pas possible. Seulement, à partir de quatre et nous n’avons pas fini de l’interpeller que deux autres personnes se présentent. Il lui faudra de fait honorer notre souhait, puisque nous sommes le nombre approprié.
Nous nous sommes installés à l’étage, nous ne serons que deux dans le dortoir principal. Le couple a réservé une chambre personnelle.
Dans l’après-midi, je vais fureter en ville. Mais décidément, elle n’a vraiment pas de très particulier. Cela me donne une impression générale d'une ville urbaine, sans grand intérêts, avec la Plaza de Concelo à deux pas de la rue des pèlerins. Les deux épiceries sont bien achalandées. Il y a quelques bars qui présentent en même temps, un menu abordable.
C’est vers 19h30 que nous nous mettons à table, la cuisine est bonne mais simple. Notre hôte mange avec nous et n’est pas avare d’une bouteille de vin.
A la fin du repas, l’homme se retire. A nous quatre, nous serons les seuls locataires de l’endroit.

« C’est plus facile de cette manière ! »



16 juillet 2017

Palas de Rei - Rivadiso (Arzua)
27 km – 3.9 km/h – Dén.+447




Nous quittons les premiers le logis qui fut, il faut le signaler, très avenant et paisible. Nous prenons le petit déjeuner à deux pas de notre albergue. C’est vers 6h30 que nous partons afin d’éviter la chaleur.
Même en comptant large, on devrait arriver à notre prochain logis au plus tard vers 13h00.
C'est une marche tranquille sur des chemins entourés d'arbres. Principalement des eucalyptus géants. Pentes et descendes se succèdent.
Vers 10h00 nous arrivons à Melide qui doit être au centre de notre étape. Il doit y avoir une fête, car j’entends à proximité des détonations de pétards. Après Melide, il y a soudain plus de touristes sur le Camino Frances !
Je viens de passer devant une borne indiquant qu'il reste 50 km pour Compostelle.
Peu après, alors que j’attends Jean Louis. Un groupe passe à mes côtés. Une femme me demande en espagnol :
« A combien de kilomètres sommes-nous de Compostelle ? ». Elle a l’air bien au courant de la façon d’observer les bornes propres au chemin, pourtant elle porte un sac à dos. Peut-être va-t-elle réaliser une seule étape du chemin… si elle parvient à ne pas s’égarer !
Quand Jean Louis me rejoint, notre marche rapide nous permet de les rattraper. Je passe à côté de la femme. Elle doit marcher depuis un quart d'heure et déjà elle souffle et s’évente avec un éventail. Je me rappelle les paroles de l’homme de Ligonde avec qui j’ai causé hier, et ça me fait sourire.
Nous entrons dans le Concello de Arzúa, de petites aires de détente ont été construites. C’est nouveau depuis mon dernier passage.
Notre rendez-vous au gîte est prévu vers 14h00 au plus tard. Bien entendu, vu le passage conséquent de pèlerins en cette saison, le gérant réserve une certaine tolérance à l’arrivée mais après l’heure définie s’il a l’opportunité, il héberge d’autres demandeurs. Nous sommes dans les temps, et nous profitons d’une petite aire de repos pour faire un break. Nos amis les brésiliens nous rattrapent. Nous sommes près d’un cours d’eau, j’en profite pour prendre un moment de détente en trempant mes pieds dans l’eau froide. Ça fait un bien fou. Nous reprenons notre balade et nous apercevons une française. Elle vient de Suisse à pied et est accompagnée de son chien. Cela fait plusieurs mois qu’elle est partie. Nous entamons une conversion, et très vite on sent que quelque chose ne va pas. La jeune femme est désemparée, je pense immédiatement qu’il y a un souci avec son chien, mais elle me répond par la négative. En fait, en Espagne les auberges n’acceptent pas les animaux. Donc depuis son passage de la frontière, elle loge systématiquement dans sa tente et son hygiène personnelle commence à prendre une tournure contrariante. Depuis quelques jours, elle a vraiment perdu le sommeil et elle est désemparée. Son moral est dans ses chaussettes et pourtant il ne lui reste que deux jours à marcher. Nous la réconfortons, en paroles, comme nous le pouvons et Jean Louis se renseigne sur l’opportunité de trouver un endroit où elle pourrait prendre une douche en même temps que planter sa tente. Cela tombe bien, à l’endroit où nous allons, cette solution est envisageable. Nous lui communiquons l’adresse puis nous nous quittons.
Jean Louis continue mais son portable se met à sonner. Sa femme est au bout du fil, ça risque d’être assez long. Bien lui fasse, je le laisse tranquille et prend de l’avance.
Après un certain temps ne le voyant plus, je m’arrête pour l’attendre. Non d‘une pipe, ça fait plus d’une demi-heure et pas de personnage. Je demande à deux jeunes gens que je connais s’ils ne l’on pas remarqué. Ils me répondent par la négative.
Notre arrivée à l’heure semble compromise car il reste plus de trois kilomètres et il est bientôt l’heure. Je me résous donc à lui téléphoner pour prendre de ses nouvelles. Il me répond qu’il a probablement louper une bifurcation et s’est perdu. Mais cette situation est toutefois sans grand préjudices car il a appelé l’auberge pour signaler notre retard. J’essaye de lui expliquer par où je suis passé mais cela semble impossible. C’est moi qui ai le GPS et sans une carte du lieu c’est très empirique de retrouver où il a commis une erreur.
Peu de temps après, il me signale que tout est arrangé, un habitant l’a reconduit en voiture sur le bon chemin. Il y a fréquemment des gens au grand cœur qui se dévouent pour une cause pour laquelle souvent ils ne sont pas concernés. Mon ami a néanmoins la chance que nous sommes dimanche. En général, les gens sont plus enclins à rendre service un jour chômé.
J’amorce la descente vers le rio Iso. Des jeunes gens se baignent car il fait vraiment très chaud. J’en profiterais bien moi aussi mais je n’ai qu’une hâte, c’est celle d’arriver. La route remonte vraiment un grand coup et je dégouline littéralement lors de mon arrivée au relais Milpes à Rivadiso. J’ai accéléré le pas car la personne avec qui nous avons réservé, parle français. Elle a bientôt fini sa journée et j’ai envie de la rencontrer. Pour une fois cela me changera.
A mon arrivée, une discussion s’engage en effet avec la responsable. Lorsque je lui dis que je suis belge, elle est très étonnée. Elle pensait que tous les belges était flamand.
Ils parlent un drôle de langue me dit-elle. Je ne vais pas la contredire, je n’ai jamais été capable de l’adoptée malgré de nombreuse années passé à Bruxelles.
Le temps de déguster une bonne petite bière, et mon copain se pointe. Nous montons à l’étage pour y trouver une chambre commune très bien aménagée. Ensuite, j’en profite pour faire une lessive. Mon linge sera sec en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, car la penderie est en plein soleil.
Je fais une sieste et puis je redescends au bar. Je vais pouvoir regarder l’arrivée de l’étape du tour de France.


17 juillet 2017

Rivadiso – O Pedruzo
20 km – 4km/h – Dén. +410m




À 5h30, ce matin, lorsqu’un réveil me tire d’un profond sommeil, je fais un sérieux bond dans mon lit.
Je m’éclipse discrètement de la chambre avec mon sac, toujours préparé la veille. Nous prenons le petit déjeuner au bar.
Il fait encore sombre lorsque nous partons vers 6h30. Les américains passent en contre-bas de notre établissement. Nous les attendons afin de leur demander si tout va bien. Ce n’est pas vraiment le cas, la poussette est montée sur roues gonflables et il semble qu’un des pneus aie subi un grave dommage. La veille, ils ont dû le regonflé à plusieurs reprises. Ils n’ont pas envie de rester en rade, si près du but. Alors, ils cherchent un réparateur. Mais à cette heure matinale cela ne va pas être commode. Arzua qui est toutefois une ville assez importante n’est qu’à quelques kilomètres mais cela va considérablement les retarder.
Ce n’est encore une fois pas la grande foule de piétons sur le chemin. Mais après Preguntoño.
C’est assez marrant car la traduction française du nom de ce village se rapproche sensiblement de « une demande ! ».
Par contre, je n’ai rien à demander dans ce petit bled, je passe rapidement. Je passe à une intersection du camino et de la route nationale et de nouveau il y a plus de monde, on peut deviner d’où ils ont débarqué.
Après Santa Irene, nous quitterons rapidement le bord de la grand-route pour passer dans le petit village de A Rua. C’est une petite route bordée d’arbres et nous croisons une patrouille de la Guardia Civil. Ce sont deux membres des forces de police à cheval. Ils nous croisent en sens inverse. Il s’agit probablement d’une conséquence suite à un incident récent. En 2016 un fait divers tragique et regrettable avait défrayé la chronique. Un pèlerin avait été retrouvé mortellement blessé. Sa dépouille aurait été « Jeté comme un chien sous un tas d'immondices » Auparavant, l’homme aurait été renversé par une voiture.
Un peu avant O Cebreiro, j'ai loupé une intersection. Rapidement, mon GPS me trouve un itinéraire de remplacement. Nous ne sommes plus qu’à deux kilomètres de la fin de notre étape.
Notre endroit de prédilection se porte sur l’albergue Rem. C’est une auberge privée mais de bon standing. Le dortoir unique est énorme mais présente un excellent confort moderne.
A cette heure de fin de matinée nous ne sommes qu’une dizaine. Nous retrouvons le couple de Brésiliens qui sont à présent devenu nos amis.
Dans l’après-midi, je repère le chemin pour le lendemain et passe dans un magasin. On en a un peu marre des restaurants qui présente toujours le même menu. Une cuisine est à notre disposition ce qui nous permet de réaliser notre repas du soir.
Jusqu’à présent, je n’avais pas encore été incommodé par la chaleur. Pourtant aujourd’hui, en première partie de nuit, l’air était étouffant.
Tard le soir, le soleil disparu derrière la colline, nous pouvons nous permettre d’ouvrir toutes les baies vitrées. Rapidement, la fraicheur nous apporte un peu de sérénité.

18 juillet 2017

O Pedruzo - Santiago
27 km – 3.9 km/h – Dén. +447m




Je suis de nouveau réveillé par le réveil, ce matin. Il est 5h00. Il fait encore totalement sombre au dehors. Néanmoins, pour ne pas déranger les dormeurs, je transporte mon sac à l’extérieur.
La plupart des pèlerins sont encore allongés dans ce grand dortoir pourtant, je ne vois déjà plus nos amis brésiliens.
Après un petit déjeuner pris dans la cuisine de l’auberge, nous quittons l’hébergement.
Jean-Louis et moi, nous nous dirigeons à l’aide de ma lampe de poche. Cependant, Il suffit de suivre les autres marcheurs qui cheminent devant nous. De plus, il y a pas mal de monde sur le chemin et certains portent une lampe frontale. On remonte la route passant à côté de la Casa do Concello et rapidement, nous dépassons San Anton en pénétrant dans une forêt d’eucalyptus.
Parcourant les petites routes de campagne nous émergeons rapidement sur le bord de l’aéroport de Santiago. Celui-ci, est facilement reconnaissable par ses hautes clôtures infranchissables. Il y a aussi des structures qui ressemble à une sorte d’échafaudages exhaussés qui tracent sans doute une piste pour le mouvement des avions. Il nous faudra ainsi le contourner entièrement.
Nous abordons ensuite, les premiers faubourgs de la ville.
Je passe devant le terrain de camping qui n’a pas grand succès. Pourtant nous sommes en pleine saison estivale mais aucune tente n’est apparente. Il semblerait que l’on en a abandonné la gérance car aucune activité ne parait aux abords.
Un peu plus tard, nous rencontrons Gorge et Katia qui flânaient à proximité du « Monumento Monte de Gozo ». Des escaliers franchissent les différentes structures routières puis le chemin nous guident vers l’entrée de Compostelle.

C’est devant la plaque mythique de Santiago bardé de graffitis, que les séances photos font long feu. Chacun veut immortaliser l’ultime étape de sa randonnée. Nous avons encore près de quatre kilomètres pour nous rendre au centre de la vielle ville. Je reconnais bien les lieux. Je passe également devant l’endroit où j’avais logé il y a deux ans. D’un commun accord, nous nous rendons au plus vite au Bureau des Pèlerinages pour attester à l’aide de nos crédenciales, afin d’obtenir la Compostela. Contrairement à ce que j’avais pu imaginer, la file d’attente n’est pas vraiment longue.
Nous visiterons ensuite la ville et nous côtoyons quantité de gens certains que nous connaissons car nous avons fait un bout de chemin ensemble. C’est ainsi que nous reconnaissons le couple d’américains avec leurs enfants. Ils sont épuisés de ce long voyage mais satisfait de cette expérience inoubliable.
Jean-Louis nous a trouvé comme à son habitude un logement adéquat. Il est parfaitement situé, car à deux pas de la cathédrale.
Nous irons manger à un estaminet qui s’appelle « Au café de Paris » qui n’en a que le nom, car on ne s’y exprime pas en français. La cuisine bien que très acceptable ne peut correspondre en rien à celle que l’on peut retrouver sur une table en France.
Mundo albergue, où nous longerons cette nuit met à la disposition de chaque voyageur, un bâtiment de belle structure aux fonctions bien représentatives. Les dortoirs sont rentabilisés au maximum. Les lits superposés, et c’était la première fois que j’observais ce système, peuvent accueillir trois personnes. Deux en bas et une en hauteur ainsi le prix pratiqué varie selon que vous soyez seul ou en couple.
Jean-Louis se trouve devant un dilemme. Il voudrait rester un jour supplémentaire avant de poursuivre vers Fistera. En ce qui me concerne mon choix est fait, connaissant la ville je n’ai pas envie de m’y attarder. Je lui fais part de mon choix et bien vite, il se range à mon idée. Autant continué sur notre lancée.
Non encore satisfait, ou par peur que ce voyage ne soit déjà fini, nous allons poursuivre pour atteindre le bout du monde.


Animation sixième volet : Camino Francès de Saria à Santiago

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19 juillet 2017

Santiago - A Pena
30 km – 3.2 km/h – Dén. +880m




Santiago - A Pena.GPX


J'ai bien dormi cette nuit malgré quelques bruits nocturnes, vu la proximité de la rue. Normalement, les guides indiquent que l’on peut accomplir notre destination en trois jours. Mais, d’un commun accord nous le ferons allégrement en quatre jours, préservant ainsi notre condition. Quoi qu’il en soit, les auberges ne sont pas légions après la grande ville.
Notre première étape semble la plus longue. Jusqu’à la Albergue Alto da Pena qui se situe après Neigrera, le GPS estime 28 km. Seulement, ce que l’on ne sait pas encore, c’est qu’il y quelques collines pas piqués des vers.
De toute façon le nom de l’auberge annonce clairement la couleur, il signifie « la halte de la peine ».
Nous quittons Compostelle qu’il est presque 7h30. De notre logement, nous rejoignons rapidement le chemin balisé par un raccourci que nous avons repérer la veille, ça nous évite un petit détour. Bien vite nous sommes en périphérie.
La ville se distingue à peine à travers les fourrées denses. Le ciel est chargé de lourds nuages mais nous apercevons toutefois la cathédrale couverte d’échafaudage. Il pleut légèrement et cela ajoute quelques notes de tristesse à notre départ de la cité.
Comble de tout, je remarque quelques abris de fortune faite de récupération et camouflé tant bien que mal sur les bas-côtés du chemin.
Je plains vraiment celui qui est obligé de loger dans ces réduits froids et humides. Il semblerait même que ces installations ne datent pas d’hier.
Le sentier caillouteux et en pente m’oblige à marcher avec la plus grande prudence. Il serait vraiment dommage de se blesser à quelques jours de la fin. La route monte donc et je m’aperçois que nous allons bien vite rejoindre la couverture nuageuse.
Je recouvre mon sac à dos d’une protection pour la pluie.
Dans la forêt, un groupe de forestiers sont occupés à tronçonner quelques gros arbres. Je passe de justesse lorsqu’ils interdisent le passage, en prévention de tout accident. Jean-Louis qui est loin derrière se retrouve bloqué pour le temps que tout danger soit écarté.
Je prends ainsi un peu d’avance mais je ferai une pause un peu plus tard.
Au sommet de la colline, la pluie s’est particulièrement renforcée. Je me réfugie le long du pignon d’une maison qui semble protégé par un abri recouvert d’une couverture végétale. Mais ce n’est guère efficace.
Je reprends donc ma route et rapidement j’aperçois un abris-bus. C’est vraiment providentiel au plus fort de l’averse. Chez nous, on dirait de « la drache ». Lorsque Jean-Louis arrive, je me suis restauré et l’ondée se calme.
Dans la vallée, nous traversons le ponte Maseira qui conduis à un charmant petit village. Des palmiers donnent un peu de convivialité vu le ciel toujours bouché. La rivière est enchanteresse, car elle forme un arc avec ses chutes d’eau. C’est un panorama particulièrement plaisant.
A l’entrée de Negreira, il y a une petite cahute abritant un office du tourisme. Nous en profitons pour faire estampiller notre crédenciale… souvenir de notre passage !
Au Supermercado Gadis nous comblons nos souhaits en nous ravitaillant à profusion. C’est le dernier magasin qui nous sera accessible car nous allons bientôt entrer dans une contrée pauvre en commerces.
A la caisse, la vendeuse semble énervée. Les courses ne passent pas assez vite à son goût. Elle accélère le passage des objets… Je paie … J'en ai pour plus de 10 euros. Dans un premier temps cela m'étonne. En général c’est très rare que j’en ai pour plus de 5 ou 6 euros. Eh bien oui, il n’y a en général qu’une ou deux bananes, idem d’oranges, un paquet de gâteaux, deux yaourts et s’il ne fait pas trop chaud une tablette de chocolat.
Toutefois, j’emporte mon petit sac en plastique qui me semble bien plus pesant que d’habitude.
Nous longeons la rue qui descend. Comme il est déjà plus de 12h30, nous trouvons un banc dans un petit jardin public et nous nous posons. Il ne pleut plus, mais le ciel est menaçant. Naturellement, nous sommes à peine installés, qu’il se remet à pleuvoir. Heureusement ce n’est que quelques gouttes. Nous restons a cette place, car nous sommes abrités par les arbres. Lorsque j'ai fini de manger, je réarrange mon sac. C’est ainsi que je m'aperçois qu'il y a un sac fermé qui se positionne tel un intru. Incrédule, je visionne cette marchandise incongrue. Il s’agit d’un sac contenant du poisson frais. C’est donc de là que provenait ce prix excessif… 4 euros 40 pas étonnant que j'en avais pour 13 euros. La caissière dans son empressement m’a fourgué de la marchandise choisie par la cliente suivante. Je suis vraiment contrariée, qu’est-ce que je vais pouvoir faire de cette marchandise. Du reste, nous avons prévu de prendre notre repas, ce soir à l’auberge.
Ne sachant qu’en faire, je ne vais tous de même pas le jeter à la poubelle. Je retourne donc à la supérette pour rapporter ce colis qui ne m’étais pas destiner.
Je m’explique tant bien que mal avec mon langage espagnol un peu maigre. Pourtant, les choses s’arrangent et je suis remboursé.
Pour une fois, c’est Jean-Louis qui est repartit en tête. Il n’a pas attendu que je revienne de cette transaction empirique. Il avait bien raison. D’autant plus, que j’en profite d’une petite éclaircie pour réaliser quelques prises de vues. Les artistes espagnols sont vraiment fortiches dans leur art de représenter la nature humaine. J’admire une sculpture grandeur nature rendant hommage aux émigrants Galiciens qui ont quitté leur pays afin de trouver du travail. Une femme triste reste à son logis avec ses deux enfants, pendant que son homme s’en va avec son baluchon. La planète terre domine au sommet d’un mur afin de symboliser l’infinité d’endroits où l’expatrié va devoir se rendre.
A la sortie du village, je passe devant la vielle église datant du 18ème siècle disposé sur le haut de l’antique village de Negreira.
Je rattrape mon compagnon au-devant d’une rude pente. Mais notre adversité est loin d’être arrivée à son terme car nous en avons encore pour environ deux heures avant d'arriver.
Après une longue marche, nous sommes presque au sommet de la colline. Ce n’est pas vraiment le cas de ma condition physique. C’est dans ces moment pénible que le sac à dos pèse le plus lourd, pourtant je devrais y être habitué depuis le temps que je le porte.
Néanmoins au bar de l’auberge, une bonne bière pression me remet rapidement en bonne condition. Nous prenons place dans notre chambre et le souper sera pour 19h30 dans un petit chapiteau afin de conserver une intimité aux résidents. Le couple de tenancier sont vraiment sympathiques et n’hésite pas à rendre service. Maria parle très bien français, c’est elle qui prépare le repas. Manuel souvent derrière le bar, va nous réserver nos prochains hébergements.
Il possède aussi une passion pour les chevaux, et en fait profiter une gamine qui accompagne sa mère dans leur voyage.



20 juillet 2017

A Pena - Olveiroa 23 km – 3.9 km/h – Dén. +367m




O Pena-Olveiroa.GPX


Le lendemain nous nous levons dès 6h00. Après avoir pris le petit déjeuner sur place.
Nous repartons sur les petites routes de campagne.
Nous nous sommes réconciliés avec le temps qui se présente sous de meilleurs augures.
Le style de greniers à grain à bien changé dans cette province. Peut-être parce que le climat doit est plus rude, en tous les cas la végétation est luxuriante preuve que la pluie est monnaie courante dans cette région.
Les structures ont une puissante stature ce qui leur donne une rudesse majestueuse. Les socles ainsi que tout l’édifice sont en pierre et on ne pourrait même pas soupçonner le poids d’une telle structure.
Le long du chemin, on parle de chose et d'autre. Dans un village, j’entame même la conversation avec un local, cela fait bien longtemps que je ne l’ai pas fait. Nous ne sommes pas pressés, la distance est courte aujourd’hui. Quelques candidats qui se sont lancés dans l'aventure nous dépassent.
Il fait vraiment bon, le ciel est dégagé. Un jour sans, un jour avec … de toute façon on se sent bien.
Au détour d’un chemin, nous croyons devoir à escalader entièrement la colline et ainsi rejoindre les éoliennes. Mais, la piste bifurque et l’on redescend. Dans le lointain on discerne toute la vallée drainée par un lac.
Nos pas nous conduisent au hameau de Lago où l’on pourrait éventuellement boire un verre au bar de la Casa Xalleiro. Cependant, tout est fermé. C’était le seul commerce sur notre passage jusque Cee (fin d’étape de demain). Heureusement, nos provisions ont été faites récemment. Il semble même que cela ne date pas d’hier. Isolés ainsi, avec un passage modéré, cela rendait sans doute le commerce peu profitable.
Un moment, je pense que nous nous sommes trompés. Je tente d’établir un dialogue avec des gens qui font un piquenique, mais ils sont seulement de passage. Ils ne peuvent me renseigner car ils ne connaissent pas suffisamment la région.
Jean Louis m’a ainsi devancé de plus de 500m, et il me crie que nous sommes arrivés.
J’ai quelques doutes cependant. Mais c’est bien vrai. Un peu plus loin, je suis nez à nez devant l’Albergue Ponte Olveiroa où nous avons réservé.
Comme il n’est vraiment pas tard, j’en profite pour laver une grande partie de mon linge. Une large superficie de séchoir sont situé en plein soleil et sont à notre disposition.
Il n’y a rien à visiter dans le coin, la fin de l’après-midi se passe devant la télé. Une fois n’est pas coutume. Nous regardons une étape du tour de France.


Animation septième volet : Camino Francès de Santiago à Ponte Olveiroa

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21 juillet 2017

Olveira - Cee
21 km – 3.9 km/h – Dén. +327m




O Pena-Olveira.GPX


A l'auberge, ils ne font pas le petit déjeuner donc nous nous rendons au village pour pouvoir prendre une collation. Dès 7h30 nous nous relançons sur le chemin. Ce sont des pistes dans les bois sur des chemins réservés aux marcheurs.
Au loin, les monts plus ou moins abrupts sont coiffés d’une multitude d'éoliennes. Dans la vallée une retenue d’eau provenant du rio Xallas alimente la centrale hydroélectrique de Ponte Olveira II. Peu après, je vois une borne qui indique qu’il nous reste en totalité 32km à parcourir.
Nous passons à O Logoso, puis nous continuons sur el Punto de Información ao Peregrino de Hospital (Dumbría). C'est l'office du tourisme. Nous nous trouvons à l'endroit où l’on peut bifurquer pour atteindre directement Muxia.
C’est une autre pointe bordant l’atlantique. Elle est tout aussi appréciée des visiteurs.
On peut aussi s’y rendre égalment de Fisterra. Toutefois, je n’ai pas prévu de faire ce trajet cette année.
L’auberge où nous allons, est placée juste à l’entrée de Cee. L’accès se situe au bord de la route supérieur et les dortoirs sont aménagés en face de la route inférieure, face à l’océan.
Après-midi, je vais me promener sur la plage. J’ai bien envie de me baigner. L’eau est à bonne température. Elle doit faire dans les 20 degrés. Cependant, je suis le seul baigneur et personne n’est allongé sur le sable. Après une courte baignade, ne voulant pas faire tâche, je me rhabille.
Ce n’est qu’en sortant de l’étendue sablonneuse que j’aperçois un panneau indiquant une interdiction de se baigner, car la plage n’est pas surveillée.
Trop tard, c’est fait. Toutefois, je doute que quelqu’un m’ait aperçu. Il n’y avait personne dans les parages.
En faisant le tour de la ville, je suis surpris. La cité est pourvue de nombreux commerces, de banques et de restaurants, mais il semble pourtant que les touristes l’ont déserté.
D’ailleurs, comme je parle de banque, il me faut absolument rependre de l’argent, sinon je pourrais être considéré comme vagabond.
Ensuite, je m’assis sur un banc et je téléphone à mon épouse, cela bientôt un mois que nous ne nous sommes pas parlé.

22 juillet 2017

Cee - Fistera
17 km + 3 km pour le phare – 3.9 km/h – Dén. +280m et en tout +553m




Cee - Finistera.GPX


Nous nous réveillons un peu plus tard que d’habitude, cette nuit deux personnes dans la chambre sont rentrées tardivement. Ces filles avaient l’air d’être particulièrement éméchées.
Ce n’est pas grave de partir plus tardivement, nous n’avons que 14 km à faire.
Nous avons tout prévu pour déjeuner sur place. Il est 8h15, et nous traversons la ville.
Nous remontons le long de la côte avant de pénétrer dans Corcobion. En fin de compte, les deux villes se touche.
Il y règne une effervescence assez cosmique comme d’un lendemain de réjouissances.
Et en effet, il y avait une fête médiévale la soirée passée. Je comprends mieux l’attitude des deux filles.
Il pleuvine à présent, mais cela ne semble qu’être un peu de remontées maritime et cela ne saurait trop durer. Le chemin coupe en dehors de la grande route mais c’est un piège, en fait on remonte une petite route pour mieux redescendre de l’autre côté.
Le temps doit être généralement clément ici, car j'ai vu un citronnier rempli de fruits parfaitement à maturité.
Nous abordons rapidement le bord de l’océan. En face se trouve un complexe touristique bien remplis.
J’aborde le terrain qui entoure l’étendue d’eau pour réaliser quelques photos. Pendant ce temps, Jean Louis qui se trouvait derrière moi, m’a rattrapé.
Puis, le chemin remonte un peu. Il est devenu plus sauvage. Je passe sous une étonnante toile d’araignée placée en hauteur. Elle est chargée de gouttes de rosée et est délicatement entrainée par les balancements de la brise. Ce sont comme de larmes qui scintillent dans luminosité du matin naissant.
Nous abordons la Playa de Langosteira. Certains pèlerins ont décidé de rejoindre Fisterra en longeant le bord maritime.
Quant à moi, je vais prendre un bain de mer. Jean Louis a eu la patience de m’attendre et il m’a même filmé. Nous repartons sur des chemins bien aménagés et nous trouvons notre pension vers les environs de midi.
A 14h00, on prend le temps de visiter la ville puis nous passons à l’albergue de peregrinos municipal pour obtenir notre 2ème certificat. Nous sommes à deux pas de l’arrêt du bus. Les tickets de retour vers Compostelle sont en vente dans une officine, j’en profites pour m’en procurer un.
Jean Louis et moi, nous nous quittons demain. Lui, continue vers Muxia.
L’après-midi, nous partons pour la pointe de la péninsule et le faro de Fisterra.
Bien que nous n’ayons pas de sac à dos à porter, la montée est rude.
Au sommet, le spectacle est de toute beauté. L’océan jette ses vagues contre les rochers. D’une rage infernale, il entraine des remous laiteux tumultueux et violents. Puis il y a ce bleu limpide de l’océan qui rejoint le ciel à l’horizon.
Cela, ne nous fait douter, qu’en moment, nous venons d’atteindre le bout du monde.
Malgré le monde inhabituel sur ce site, on découvre toute la sérénité de ce lieu.
Par contre, plusieurs panneaux nous interdisent de faire du feu sur les rochers. Ainsi, nous ne pourrons satisfaire à la tradition. Celle-ci veut que l’on brûle nos anciens vêtements aux devant des brisants.
Cela atteste une justification du voyage accompli. Il est symbole de renaissance.
Mais que cela ne tienne, cela n’a que peu d’importance.
Notre quête est aboutie. Nous ne serons jamais plus le même homme.
Tout autour de nous, nous apercevons des messages de sérénité à l’exemple de celui qui figure sur le sémaphore de Finistère :
« donde el silencio esconde algo más que palabras … »
« où le silence dissimule quelque chose de plus que les paroles … »


Animation huitième volet : Camino Francès de Ponte Olveiroa à Fisterra

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23 juillet 2017

Fistera – Santiago
Bus environ 2h00



Le dortoir est complet et je n’ai pas vraiment bien dormi cette nuit. Les mouettes tournent autour du bâtiment jetant leurs cris stridents dans les vapeurs vespérales. Je ne sais si elles prennent un moment pour dormir, leur tournoiement a duré toute la nuit.
Toutefois, je parviens à m’assoupir, mais à 7h00, je me réveille. Le calme est à peine revenu.
C’est notre dernier déjeuner Jean Louis et moi. Vers 8h30, il partira seul pour Muxia. Je ne doute qu’a moment il trouvera un autre compagnon sur sa route.
Quant à moi, j'ai encore à attendre plus d'une heure avant que mon bus arrive et me reconduise à Compostelle.
A l’arrêt du bus, il y a foule. C’est une vraie folie pour monter dans le bus. Il y a un monde dingue.
Je prends un second bus, il est loin d’être remplis celui-là. Normalement, il longe la côte et mettra beaucoup plus de temps. Cela n’a pas vraiment d’importance pour moi, j’ai la journée à passer à ma guise.
Il doit partir à 9h45. En fait, Il quitte le quai à 10h00.
Je me demande, si je verrai grand-chose comme paysages, les temps est de nouveau bouché. Un jour avec et un jour sans, pour ne pas changer.
Cependant, le bus ne passe pas par la côte, il va direct à Compostelle. J’ai dû louper un renseignement quelque part. Toujours est-il, qu’après deux heures de voyages, nous sommes arrivés. Je redécouvre la ville, je repasse à l’endroit où je mettais perdu il y a deux ans.
Cette année, je pourrais demander mon chemin. Il y a de grande chance pour que je comprenne ce que l’on m’explique. Mais, j’ai un GPS qui ne fonctionne alors n’extrapolons pas avec une chimère inutile.
Je reprends logement à l’auberge, où j'étais il y a quelques jours. J’avais réservé ma place avant de partir. Il me fallait faire particulièrement attention, car le 25 juillet c’est la fête de Saint Jacques avec quantité d’animations et par conséquent largement plus de monde.
Revivre l’évènement féérique, en prolongeant de quelques jours sur place, ne m’intéressait guère. Je l’avais suffisamment expérimenté en 2015.
Je vais diner au même endroit dans lequel nous avions été en arrivant, mais l’ambiance n’est plus la même.
A chaque fois, il y une rupture analogue. Sentimentalement, on ne peut s’en tirer sans quelques regrets inévitables.
Pourtant, sur la grande place de l’église, je rencontre des connaissances. Leur temps de parcours a été sensiblement plus long que pour moi. Ça fait plaisir de se revoir, nous avions pris un verre ensemble du côté de León.
Je me rends à la gare, prendre une réservation pour le train de demain. Il n’y a qu’un seul train par jour qui fait Compostelle – Irun.
C’est probablement une précaution inutile, les pèlerins arrivent plutôt dans l’autre sens vu l’approche du férié.
Quoi qu’il en soit, lorsque je me présente au guichet « vente anticipative » celui-ci est fermé. Il n’est ouvert qu’en semaine. Ainsi, je fais chou-blanc. Tant pis, je me présenterai un peu plus tôt demain. Vu que c’est lundi demain, il y aura sans doute un peu plus de monde. Je râle un peu, j’aurai été plus satisfait avec mon ticket de retour en poche.
A mon retour à l’hôtel, je sape un peu sur mon portable. Rapidement ça m’énerve et je décide de repartir en ville.
Au moment de replacer la protection autour de mon Gsm, impossible de remettre la main dessus. C’était un étui en tissu bien pratique, avec une fermeture par un scratch. Ma femme me l’avait confectionné et cela me convenait vraiment bien.
Après avoir recomposer tous mes bagages, la chose reste définitivement hors de portée. Je sors donc. Mes pas me guident à nouveau vers l’office où l’on délivre les Compostela. Mince alors, ce n’est pas possible, il y a une file incroyable. Les pauvres, chacun attendra au moins une heure pour obtenir son papier. Puis il est 19h00, je reprends la direction de l’auberge. Je mange mon sandwich avec pour compagnie mon bouquin numérique faute d’avoir un interlocuteur.
Dans la pièce en contre bas, j’aperçois une retransmission de l’étape du tour de France à la télé. Celle-ci tourne en permanence toute la journée.
Je m’installe sur un fauteuil, quelque chose me gêne dans mon dos. Ce n’est rien d’autre que ladite pochette. Celle-ci grâce au scratch, ou peut-être à cause de celui-ci, est resté collé sur le bas de mon pull.
La pochette a ainsi voyagé toute l’après-midi, affichée telle un poisson d’avril. Je devais avoir un air folklorique, lorsque je me baladais avec ça.
Dans la soirée, et pour preuve que l’on ne reste jamais seul très longtemps, le patron de l’hôtel viens me tenir un moment compagnie. L’homme a plus de 70 ans et me raconte sa vie. Dans sa jeunesse, il a beaucoup bourlingué. Il est venu travailler un moment en Belgique. Lorsqu’il est revenu, il a monté cette affaire. En ce moment, c’est son neveu qui administre l’entreprise.
Nous buvons une tasse de café en discutant, lui parle un peu le français et moi un peu l’espagnol.

24 juillet 2017

Santiago - Irun
Train : 600km soit 11h00 de train




La place que l’on m’avait attribuée hier, était un peu isoler du groupe. Situer à l’arrière du bâtiment, cela m’a permis de bien me reposer. Je me lève vers 7h00. Il fait encore gris. J’emporte mes affaires puis je me rends au rez-de-chaussée pour prendre le déjeuner préparé sur place. Je ne vais pas trop m'attarder, car il me faut aller chercher mon ticket de train. À prendre ce jour au guichet. Enfin, pas encore trop d’inquiétude, le départ n’est qu’à 10h06.
A table, se présente une canadienne nous engageons la conversation.
C’est une habituée des voyages, elle est constamment en vadrouille, été comme hiver.
Je ne lui aie pas demander d’où elle venait, mais impossible de se tromper avec un tel l’accent.
Elle a décidé de se rendre à Fistera alors je lui explique comment nous avons fait Jean Louis et moi.
Je lui refile les bonnes adresses enfin à ce que je crois. Je lui conseille de partir le lendemain et assez tôt. La première étape est la plus dure et la plus longue. De toute façon elle fera à sa guise, près de trois mois après, et à ce jour je n’ai pas eu de nouvelles malgré l’échange de nos adresse mail.
Maintenant, il est 8h00 passé. Je vais quitter une nouvelle fois cet établissement.
J'ai encore un peu le temps, le train part seulement dans deux heures. Mais ma réservation demande une transaction assez spéciale mieux vaut que je prenne les devants.
Mais bon, pour l'instant je suis devant l'auberge et pour ne pas changer, il pleut.
Le temps de recouvrir mon sac et prendre mon parapluie que j'ai bien du mal à retrouver dans tout mon barda.
Je sillonne les trottoirs glissant de la ville qui a bien du mal à sortir de sa torpeur.
Hier, c'était dimanche et demain c'est férié pour la fête de la St Jacques alors beaucoup font le pont. Et comme ils ont déjà fait la java hier, ils ne sont pas près de se lever.
Très rapidement j'arrive à la gare. Ce n'est guère loin.
Ainsi au guichet, par avance, je lui explique ma demande. Dans un espagnol très moyen. Le gars est vexé et me remet rapidement en place en me disant qu’il connait son boulot. C’est bien ma veine de tombé sur un gars de mauvais poil.
Je ne vais pas trop insister, ce qui compte c'est que j'obtienne ce dont j'ai besoin. Et ma fois en deux temps trois mouvements, je suis servi. Belle efficacité en fait.
C'est avec flegme que je vais attendre les deux prochaines heures. De toute façon qu’ai-je d’autres à faire. Je suis devenu patient et presque indifférent au passage du temps depuis tous ses jours de pérégrinations.
Une demi-heure et je peux me rendre à quai. Mais avec les événements de ces derniers mois, certaines règles de sécurité sont en vigueur. Les sacs sont passés au scanner et chaque billet est contrôlé avant d'accéder au quai. En bordure de la voie, je rencontre trois personnes parlants français. Comme moi il retourne à la maison.
Nous embarquons et nous dirigeons vers notre place. Le train est très court, il n’est composé que de quatre voitures.
Nous parlerons ensemble pendant plusieurs moments tandis que le train poursuit son long sillage. C'est un tortillard qui déambule lentement. Il dessert beaucoup de villes que je viens de traverser à pied quelques jours plus tôt.
Le voyage se déroule comme suit : départ à l’heure vers Ourense. Puis, le train repart dans l’autre sens vers Monforte de Lemos, Ponferrada, Astorga. L’arrivée à León se fera à 15h30 soit déjà plus de 5 heures de voyage. Ensuite, le train fera de nouveau tête à queue. Il arrivera également à l’heure à Irun à 21h24 soit encore 5 heures de plus. La première partie du trajet est cependant exceptionnelle. Les paysages sont sauvages et superbes. En fait, nous continuons à nous promener reprenant le chemin inverse sans trop se fatiguer.
Pendant mon voyage, Pat se charge de me réserver un hôtel sur Irun. Et elle fait cela très bien. Ainsi cette année, pas de problème de logement. Pour rappel l’année passée, j’avais passé la nuit à la belle étoile.
Mais je crois avoir pris une bonne décision, car cette année la nuit dehors n’aurait rien de réjouissante car il pleut.
Je demande à deux gardes qui surveillent la sortie de la gare, la direction de l’hôtel Bowling. Mais je dois prononcer ce mot beaucoup trop à la française car ils ont bien du mal à réagir. (En français on le prononce en général « bou - ligg » tandis qu’en espagnol il faut dire « bow – ligg »)
Je trouve l'hôtel sans problème, c’est à cinq minutes de la gare. Grâce à mon application GPS, il m'est impossible de me tromper.
Je prends ma clef, tout est en ordre et déjà payé.
La chambre est petite mais je ne fais pas le difficile. J'ai eu des logements plus déplorables (et aussi de beaucoup mieux) lors du chemin.
Ce qui me réjouis, c'est que pour la première fois depuis un mois, je vais dormir seul et oublié la promiscuité des dortoirs.

25 juillet 2017

Irun- Hendaye- Bordeaux
A pied 3km et TGV 8534 - 9h13 - 11h58 soit 2h45




J'ai vraiment bien dormi. Ah, j'ai bien apprécié ce moment. J'ai juste entendu un train qui par deux fois a fait rugir son klaxon. Mais cela ne m'a guère perturbé. Habitué à me lever tôt.
C'est à 7h00 que je quitte mon couchage. Je prends une bonne douche puis descend prendre une légère collation en bas au bar.
J'ai décidé de me rendre en gare d’Hendaye à pied ce n'est qu’à deux km.
Sur le réseau ferré français, ma carrière à la SNCB me procure l’avantage d’avoir une réduction de 50% sur mon ticket de train. Après quelques explications nécessaires, l’employé me propose une solution très acceptable. Mon voyage s’effectuera de la façon suivante :
Je prendrai le TGV 8534 à 9h13 de Hendaye à Bordeaux 11h58 soit un peu moins de trois heures aujourd’hui. C’est très commode cette façon de pouvoir scinder ainsi son voyage sans supplément de prix.
Demain je reprendrai le TGV 8560 à 10h02 de Bordeaux à Paris Montparnasse 12h10.
Il me restera 1h30 pour traverser Paris en métro pour me rendre à la gare de l’est. Ensuite, je dois reprendre le TGV 2617 à 13h40 de Paris Est vers Metz 15h07 terminus de ce train.
Changement de correspondance pour un train local de Metz vers Luxembourg.
Changement de correspondance pour un train local vers Arlon
Changement de correspondance pour un train local vers Marbehan
Le fait de séparer mon voyage à Bordeaux, me permet rendre visite à deux pélerines que j’ai côtoyé l’année passée. Un arrangement a été pris précédemment. Donc ce soir, je dois rencontrer Béatrice et Sylvie.
Le temps à Bordeaux, n’est pas au mieux de sa forme. Il fait gris et un peu frisquet pour une fin de juillet. C’est loin d’être la canicule.
Quoi qu’il en soit, je m'installe sur un banc pour manger un sandwich. Ensuite, j’essaie de me situer afin de me rendre à la Maison du Pèlerin.
En fait, c'est très facile, je longe les berges de la Garonne jusqu’au Parcs des Sports Saint Michel et je dépasse le Pont de Pierre. Ensuite, il me faut bifurquer à gauche vers la Porte Cailhau et traverser la Place du palais pour rejoindre à droite la rue des Argentiers soir environ une demi-heure à pied.
Naturellement, j’arrive trop tôt celle-ci n’ouvre ses portes qu’à 14h00. Ce qui est tout à fait normal.
Pourtant l’hospitalier m’a aperçu par la fenêtre et il m'ouvre gentiment la porte et m'invite à déposer mon sac. L'inscription se fera plus tard.
Je passe l'après-midi à déambuler dans Bordeaux. Cela ne me dérange pas, ainsi je redécouvre la ville. Ce n’est qu’à 18h00 que je retourne à la réception.
Je reçois un très bel accueil au gîte de Bordeaux. Comme toujours les hospitaliers sont d'une extrême gentillesse. Il y a Pépé, il est espagnol et est né à Burgos. Il était curé d'une paroisse en Espagne. Il a un caractère bien trempé et porte admirablement son âge de 76 ans. Puis il y a Jacqueline (que j'appelle toujours Catherine, je ne sais pas pourquoi !) qui s'occupe des visiteurs quand 14h00 est affiché à l'horloge. Elle ouvre les portes qui resteront béante jusque 22h00 précise. Elle a vraiment l'esprit du chemin et a déjà parcouru pas mal de Camino.
Je retourne un peu plus tard dans la rue principale de Bordeaux, la rue St Catherine (un peu comme la rue Neuve à Bruxelles). J'ai envie d'acheter un peu de lecture afin de rendre la fin de mon parcours un peu moins monotone. Je trouve rapidement la Fnac et je me dirige vers la bibliothèque bien fournie de ce lieu très engageant.
Vers 20h00 Béatrice me rejoint. Nous partons ensemble à un restaurant proche.
Les discussions souvent conduites sur nos dernières aventures car Béatrice et Sylvie sont également repartit cette année sur le Camino Frances pour une dizaine de jours.
Sylvie prise par son travail, nous rejoint un peu plus tard.
Vers 22h00, elles me raccompagnent vers le logis. Sylvie ne connaît pas l'endroit et a très envie de le visiter. Ainsi, les portes du refuge se fermeront un peu plus tard que l’heure prévue.





26 juillet 2017

Bordeaux – Paris- Metz – Luxembourg – Marbehan – Lahage
TGV - Metro - TGV - Trains régionaux




Dès 7h00 les lampes sont allumées. Cela invite les pèlerins à venir pendre le petit déjeuner. Après s'être débarbouillé et avoir remis un peu d'ordre dans notre cagibi d'une nuit, nous nous retrouvons cinq personnes à table. Normalement vers 8h30, la maison du pèlerin ferme ses portes car il faut procéder au nettoyage des locaux. S’il y a eu un minimum de pèlerins l'hospitalier s'accorde quelques moments de loisirs.
Toutefois, il est très rare que tout le monde soit parti pour l'heure. Souvent, une dernière photo est souhaitée. Et c'est la valse des appareils. Chacun souhaite garder un excellent souvenir de l'endroit. C'est vers 9h00 que je me dirige vers la gare de Bordeaux St Jean, à pied bien entendu. Ce sera ma dernière marche avec la mochila de ce camino essentiellement réalisé sur un parcours espagnol.
Dans le long couloir souterrain qui mène à quai, je reçois un petit coucou d’une personne qui va prendre son train dans le même sens que moi. En me voyant, sans doute connaît-elle la coutume, elle me souhaite un « buen camino ».
Le train part à l’heure et aborde Paris ponctuellement. Paris est toujours une ville très active. Lorsque je débarque à la gare de l’Est, il me reste suffisamment de temps pour manger un sandwich dans un jardin artificiel aménagé devant le parvis de la station.
Le voyage est très rapide. A Metz je ne resterai que brièvement, le temps de changer de correspondance. Les autres changements, ne sont que peux d’intérêt pour que l’on parle.
Je retrouve ma femme sur le quai de la gare de Marbehan. Elle semble réjouie de me revoir enfin.